On se rappelle que le mois dernier un orage terrible éclata sur
la ville de Strasbourg, et que la foudre tomba.sur la flèche de la cathédrale,
en y causant des dégâts assez considérables; le même jour, c’était un dimanche,
vers dix heures du matin, un ouragan non moins violent vint effrayer les
habitans de Frémonville, prés Sarrebourg, et ceux des villages environnans; il y
eut un coup de tonnerre si fort, qu’à Barbus, Parux, Harbouey, Cirey et
Frémonville, chacun pensait que la foudre était tombée sur une des maisons du
village, et que dans l’une de ces paroisses, où l’on célébrait le service divin,
les assistans furent remplis de terreur; ce n’était pas cependant sur l'un de
ces villages que la foudre avait éclaté, mais dans une forêt voisine, où elle a
produit les effets les plus extraordinaires. Un de nos amis qui a visité ce
lieu, nous transmet les détails suivans :
« Il existe entre Frémonville et Harbouey une forêt de peu d'étendue, mais
peuplée de très-gros arbres, et sur la lisière de laquelle se trouvait un chêne
d’une beauté remarquable; c’est lui que le tonnerre a écrasé.
» D’après toute probabilité, la foudre est tombée d’abord dans la direction de
la plaine; attirée ensuite par je ne sais quel ressort électrique, elle est
venue frapper le chêne vers le milieu, comme si la main de l’ouvrier l’avait
scié entièrement; elle est descendue par l’intérieur même du tronc, qui restait
enfoncé dans la terre, l’a soulevé par les racines, et après avoir divisé une
partie de l’arbre en fragmens considérables et l’autre en fils déliés semblables
à des gerbes, elle a replanté la partie supérieure du chêne qui était en l’air
dans l’emplacement même du tronc, et cela avec une telle force, que plusieurs
hommes y sont montés et n’ont pu parvenir à l’ébranler. Il fallait voir de
nombreux fragmens suspendus comme des guirlandes aux sommités des arbres
voisins, d’autres lancés, malgré leur grosseur, dans le plus épais de la forêt
après avoir tout brisé sur leur passage ; partout des arbres fracassés et
renversés; une multitude de petits morceaux coupés en dentelle, déliés comme des
fils, paraissant fendus à plaisir, et néanmoins attachés ensemble par une
extrémité : jamais l’image de la destruction ne parut plus effrayante que dans
un pareil spectacle. Un morceau énorme du chêne, lancé dans un champ voisin,
rasa la terre et fit un sentier très-long au milieu de l’avoine, qui était
encore sur pied. Plus de six mille personnes de la ville et de la campagne
accoururent pour visiter ce spectacle extraordinaire de destruction; M.
Chcvandier, le député, des ingénieurs, des savans examinèrent soigneusement les
lieux, et tous s’en retournèrent pleins d’étonnement et avec une singulière
impression de tristesse. Du reste, le feuillage du chêne et celui des arbres
voisins n’avait pas souffert. Si une pareille force avait éclaté dans un
village, il est à croire que le ravage aurait été effroyable »
Gogney. Nous avons à signaler encore, comme avertissement, un
exemple de l’imprudence des habitans de la campagne quand ils pénètrent, la nuit
dans les granges, avec de la lumière. Dernièrement un cultivateur de ce village
étant allé chercher quelques gerbes de blés, avait laissé sa lampe allumée à
côté d’un immense amas de paille, et était ressorti dans la campagne. Le feu
prit à la paille et se communiqua rapidement à la grange; heureusement on s’en
aperçut assez à temps pour que le dommage fut peu considérable. Les habitans de
Frémonville, village voisin, accourus avec leurs pompes, n’eurent pas à déployer
leur courage et leur zèle.
Le 18 novembre, deux autres loups ont été tués dans la forêt de
Frémonville par M. le maire de cette commune et son fils; chaque année ces
messieurs se signalent dans cette chasse difficile et souvent dangereuse.
Dans la soirée du vendredi, un nouvel accident est venu effrayer
les habitans de Frémonville. Un bruit semblable à celui de la foudre s’est fait
entendre, et chacun a cru ressentir une secousse de tremblement de terre.
C’était la maison de Mme Hatin qui s’écroulait toute entière. Cette maison, déjà
endommagée par l’incendie du mois de décembre, avait été complètement restaurée;
on creusait à côté une cave immense sur l’emplacement de la vaste maison qui
avait été brûlée. Tout à coup les murs ont cédé, et après un craquement
épouvantable, tout a été renversé. Heureusement qu’au premier mouvement les
nombreux habitans de cette maison ont pu s’échapper. Le mobilier a été écrasé,
et c’est à peine si on a pu eu ramasser quelques débris.
On nous écrit des environs de Blâmont :
« Comme nous l’avions annoncé et pour l’accomplissement de ses dernières
volontés, les dépouilles mortelles de M. l’abbé Dieulin ont été transportées à
Xousse (canton de Blâmont), où une messe solennelle a été chantée avant
l’inhumation. Une foule énorme de fidèles y assistait et notamment un grand
nombre d’habitans de Bourdonnay qui étaient venus rendre à leur ancien curé un
dernier tribut d’attachement et de vénération.
» 60 prêtres se trouvaient réunis autour du cercueil du pieux grand-vicaire, qui
fut toujours pour eux un ami et un père.
» Toute cette assistance avait une attitude morne et désolée, et lorsque
l’honorable abbé Delalle a payé en chaire son tribut de regrets à la mémoire du
digne prêtre, lorsqu’il a rappelé toutes ses œuvres de charité, de piété ;
lorsqu’il a parlé de sa bonté, de son zèle, de sa haute intelligence, les
sanglots étouffés ont éclaté de toutes parts.
» Après que le cercueil eut été descendu dans la fosse, M. Vagner, rédacteur en
chef de 1’Espérance, voulut à son tour exprimer ses regrets et ceux de scs amis,
et son chaleureux discours rempli de sentiméns élevés et de pensées chrétiennes,
a paru à tous l’interprétation la plus parfaite de la douleur commune.
» Aujourd’hui la terre recouvre ce pauvre corps, mais le souvenir dé sa belle
âme ne périra jamais dans le diocèse de Nancy. »
L’incendie qui a éclaté, le, 5 avril, à la petite Domêvre écart
de Domêvre, canton de Blâmont, a réduit en cendres 8 petites maisons dont deux
seulement étaient assurées. Ce sinistre qui est attribué à la mauvaise
construction d’une cheminée, a causé une perte de 7,755 fr.
Le vendredi soir 22, Laurent Cerf, journalier à Tanconville,
était monté sur une voiture d’écorce, se rendant de Blâmont à Frémonville; un
coup de vent emporta casquette, et faisant un mouvement pour la saisir, il
perdit l’équilibre et tomba sur la tête. Transporté à l’hospice de Blâmont, il y
mourut dans la soirée. Cerf était marié et père de sept enfants
Cour d’assises de la Meurthe.
Audience du 11 août [...]
Accusation de viol contre Cahen Coblentz, âgé de 60 ans , employé à la synagogue
de Blâmont. Ministère public, M. Simonin. Défenseur, Me Louis. Coblentz a été
acquitté.
Le 15 du courant, trois chasseurs de Blâmont suivaient dans une
voiture le courrier de Baccarat. Les deux voitures allaient au trop. Le courrier
de Baccarat s’étant arrêté subitement, le conducteur de la seconde voilure
s’empressa de prendre la gauche, mais il ne dévia pas assez, et la roue du
dernier montant sur le moyeu de la roue du courrier, les trois chasseurs furent
culbutés sur le milieu de la route; l’un d’eux fut lancé sous les pieds des
chevaux qui conduisaient une voiture d’avoine, le second entre les deux roues de
cette même voiture que le conducteur eut le bonheur d’arrêter tout-à-coup. Les
fusils des chasseurs étaient encore chargés, et le canon de l’un fut courbé dans
la chute, Cette réunion de circonstances devait occasionner un malheur, mais la
Providence en avait décidé autrement, tous les trois en furent quittes pour de
faibles contusions. (Meurthe.)
Un jeune cheval et un poulin inconnus, se sont introduits, il y
a quatre jours, dans la commune de Barbas. Ils ont été recueillis dans les
écuries de M. Gérard (Victor) cultivateur à Barbas, près Blâmont, où l’on pourra
les réclamer.
Comice de Lunéville, son concours à Blamont.
Nos excellents compatriotes lorrains pratiquent avec une ardeur éminemment
patriotique le conseil de chercher dans le développement de la vie agricole les
éléments de réparation des maux qu’a causés la dernière guerre à la France.
L'Espérance de Nancy nous donne les nouvelles suivantes du concours qu’a tenu le
comice de Lunéville à Blamont, le 9 courant :
Cette fête agricole a admirablement réussi. La position choisie pour le concours
était merveilleuse, - la ferme de M. Brice, - située sur ce plateau que traverse
l’ancienne grande route de Strasbourg, et d’où l'on découvre à la fois la chaîne
des Vosges, la pittoresque petite ville, la jolie vallée de la Vezouse, et au
nord de vastes étendues cultivées.
A l’avance on aurait pu craindre que toute l'activité agricole, que toute la
curiosité bienveillante du canton ne pussent suffire à animer, à remplir ce
superbe théâtre. Erreur absolue; le cadre semblait fait exprès pour les scènes
qui s’y développaient. La route dominée par la tente des commissaires et sur
laquelle s’alignaient en ordre, au milieu d’une foule avide de tout voir, les
chevaux, le bétail et les machines ; la vaste plaine où labouraient et
moissonnaient à la fois trente-quatre charrues bien attelées et neuf
moissonneuses des modèles les plus récents et les plus perfectionnés ne
laissaient aucun vide et satisfaisaient l’œil le plus difficile. Les délégués de
la Société de Nancy reconnaissaient n’avoir vu nulle part, dans des pays plus
populeux et plus riches, un ensemble aussi complet. Le temps est resté favorable
pendant la durée des épreuves.
Le même journal rend compte en ces termes d'une distribution de prix qui montre
que l’enseignement rural entre dans les idées et la la pratique de l’instruction
générale dans la même contrée :
« Cette semaine, la ville de Blamont a été favorisée de deux fêtes charmantes :
le comice agricole et la distribution des prix aux élèves de l’Institution
secondaire et professionnelle dirigée par M. Gérardin.
» M. Mathis de Grandseille, conseiller général et maire de la ville, présidait
cette dernière solennité. Aux applaudissements unanimes d’un nombreux et
brillant auditoire, cet honorable administrateur, se faisant l'interprète de la
population, a remercié chaleureusement le directeur, dont l'intelligence et
l’activité ont su, en si peu de temps, redonner à l’établissement son ancienne
splendeur.
» De son côté, le respectable curé de la paroisse, qui porte un si vif intérêt à
la prospérité de notre collège, a. fait ressortir avec force l’importance de
l’éducation religieuse, au point de vue de la patrie et de la famille.
» A son début, 1872, l’institution comptait 65 élèves ; cette année, ce chiffre
s’est élevé à 115, dont 50 internes. »
Pourquoi un tel succès ? C’est que nos intelligentes populations ont compris la
nécessité d’une solide instruction agricole, industrielle et commerciale, et les
bienfaits d’une discipline ferme et paternelle. »
Le Progrès de l'Est annonce que la sœur directrice de l’école de
Blâmont (Meurthe-et-Moselle) a été révoquée, après une enquête administrative,
pour avoir distribué des brochures politiques à ses élèves.
A Blamont (Meurthe-et-Moselle), le principal du collège a pris
la fuite en emportant la caisse de l’établissement. Ce collège, qui était
florissant sous l’ecclésiastique qui le dirigeait jadis, a été laïcisé il y a
quelques années.
Comice de Lunéville
SON CONCOURS A BLAMONT
Le comice de Lunéville, l’un des plus anciens et des plus distingués du sol
français, a tenu à Blamont un concours qui a eu un éclat digne des concours
passés. La ville de Blamont a fait un accueil somptueux et cordial au comice, à
ses exposants et à ses visiteurs. Les expositions de chevaux, de bestiaux de
diverses espèces, d’instruments agricoles, portaient la marque d’une agriculture
avancée. L’exposition d’horticulture était remarquable entre toutes: fruits,
fleurs, légumes étaient d’une beauté exceptionnelle. Un chou pesant treize
kilos, présenté par M. Perrin, jardinier, a montré que la légende du chou
colossal n’est pas aussi imaginaire qu’on le croit.
Le comice a inauguré sa belle fête par une messe solennelle, où M. le doyen de
Blamont a prononcé une éloquente allocution sur l’alliance du travail agricole
avec la religion, et a donné au comice un juste éloge pour le courage avec
lequel il brave les menaces de l’impiété, en continuant d’invoquer la protection
du ciel pour les travaux de la terre.
Le vénérable M. Noël, président et fondateur du comice, l’un des derniers élèves
de Dombasle, a prononcé une charmante allocution où son cœur s’est montré
toujours jeune et toujours plein de sympathie et d’encouragement pour les jeunes
agriculteurs entrés après lui dans la carrière.
Ensuite M. Paul Genay, l’infatigable apôtre qui prêche par l’exemple et par la
parole, a fait un rapport vivant sur les fermes visitées par la commission des
primes de culture. Il n’a pas dissimulé les effets douloureux de la crise
agricole, si aveuglément niée par nos agronomes officieux ; il a signalé aussi
la fâcheuse obstination des cultivateurs à trop étendre leurs soles de céréales.
Nous avons vu là la crise agricole supportée comme un fléau passager par les
cultivateurs qui ne se rendent pas compte de l’état nouveau de notre
agriculture. Nous les avons trouvés travaillant sans relâche et remuant la terre
comme autrefois, continuant à ne produire que du blé et basant leur exploitation
sur cette culture peu rémunératrice.
Il les a engagés vivement à changer de système et à prendre courage, en
s’inspirant de la devise de Jeanne d’Arc : « Vive l’ardeur ! »
Oui, cultivateurs du canton de Blamont, vous travaillez sans relâche, vous
cultivez des terres louées 15 francs l’hectare comme des terres qui en valent
80. Nous avons trouvé des cultivateurs se donnant un mal énorme pour cul iver
des tas de pierres ; quand vous aurez remué deux ou trois fois un tas de
pierres, que viendra-t-il de-sous? - Rien, n’est-ce pas ?
Le savant rapporteur leur a montré qu’on n’arrive à rien en nourrissant six
chevaux pour labourer un sol pauvre, et qu’il y aurait plus de profit de nourrir
des vaches laitières ou d’autres bêtes de rente.
La terre arable, dit-il, a perdu la moitié de sa valeur, pendant que les
prairies se vendent toujours bien. Faites donc de la culture fourragère.
Quelques cultivateurs ont objecté le manque de chemins. Il répond que les
fermiers bien pourvus de chemins n’ont pas réformé leur système de culture; et
il constate avec douleur le dépeuplement des communes purement agricoles, où il
n’y pas là des oseraies et les industries alimentées par l’osier. Il cite un
village où trois maisons sont inhabitées et où il y a eu une unique naissance en
quatre ans. Cependant les leçons et les encouragements du comice amènent tous
les ans des améliorations et modèrent le fléau de l’émigration. Le comice
continuera son œuvre patriotique. - De chaleureux applaudissements ont accueilli
ce magistral rapport.
Le banquet, comme de coutume, s’est terminé par des toasts, où la politique
s’est contenue dans des limites supportables. Le toast de M. Paté, rédacteur du
Bélier, a eu un succès de rire. Citons-le:
Savez-vous, a-t-il dit, pourquoi les cultivateurs n’ont pas voté pour un
conservateur, c’est qu’ils n’auront bientôt plus rien à conserver. Ils ont dit :
peut-être quelqu’un pourrait nous rendre ce que nous avons perdu, ils ont pensé
à M. Viox et voté pour M. Viox.
Les cultivateurs ont ri : ils ont bien fait. Il était trop tard pour revenir sur
la sottise qu’on leur a fait commettre.
La prime d’honneur consistant en un buste de Mathieu de Dombasle a été décernée
à M. Collesson, de Sallières. Autre prime d’honneur à M. Boileau, d’Igney. MM.
Colin, de Barbas, Marchal, Cuny, Claude, Dumas, ont eu les autres primes de
culture.
Plusieurs instituteurs ont été primés pour leur enseignement agricole.
On a primé les communes de Barbas et de Chazelles pour créations et
améliorations de chemins, - excellente coutume du comice de Lunéville, que nous
recommandons aux autres comices.
JOURNÉES RURALES
Contrairement à ce qui était annoncé dans le Bon Grain du 7 avril, la journée
rurale de Domèvre-sur Vezouze n’aura pas lieu le 2 mai, mais le jeudi 13 mai,
jour de l’Ascension Nous espérons que les cultivateur de la région de Domèvre
viendront nombreux à cette réunion, dont voici le programme :
Messe paroissiale à 9 h. 45;
Conférence à 11 heures, par le colonel Lyautey, sur le but des journées rurales
et l’utilité, des syndicats communaux ;
Déjeuner à midi, prix : 15 francs;
Conférence à 14 heures, par M. Duriez, professeur d’horticulture, sur la culture
de l’osier.
Les personnes désirant prendre part au déjeuner sont priées de le faire savoir
pour le 5 mai au plus tard, à Mme Fourmont, à Domèvre sur-Vezouze, par Blâmont.
On annonce la mort de M. le chanoine CONSTANTIN, chevalier de la
Légion d’honneur, aumônier du lycée Henri-Poincaré, à Nancy, décédé le 31 mars,
dans sa 81e année. L’inhumation a eu lieu le 3 avril, dans le caveau de famille,
à Blâmont (M.-et-M.).