Journal de la Société d'archéologie et du comité du musée lorrain
1856
Le Progrès du Pas-de-Calais annonce qu'il s'est formé une association pour élever une chapelle funéraire à Azincourt, en mémoire des victimes de la funeste bataille livrée en ce lieu, le 25 octobre 1415, par les Français aux Anglais commandés par leur roi Henri V. L'armée de France y perdit 10,000 hommes, dont 8,000 nobles, parmi lesquels se trouvèrent Ferry, comte de Vaudémont, frère du duc de Lorraine Charles II ; Edouard III, duc de Bar; son frère Jean de Bar, sire de Puisaye; Thiébaut, sire de Blâmont, et un grand nombre de gentilshommes des duchés de Lorraine et de Bar; etc., etc.
Trois fosses reçurent ces nobles débris d'un affreux carnage.
A la chute de l'Empire, lorsque les alliés occupèrent les provinces du nord de la France, l'une des trois fosses fut ouverte ; des fouilles sacrilèges y furent faites, et tous les objets qui en provinrent formèrent, à Londres, la collection connue sous le. nom de Musée d'Azincourt. Heureusement, cette profanation ne s'étendit pas aux autres fosses ; les alliés s'arrêtèrent devant les courageuses protestations de MM. le chevalier de Contes de Bucamps, maire d'Azincourt, et Gengoult, sous-préfet de Saint-Pol. Plus tard, M. le marquis de Tramecourt fit recueillir et déposer en terre bénite les ossements dispersés de la fosse ouverte.
C'est sur cet ossuaire que l'on a entrepris d'élever une chapelle ou un monument expiatoire.
Une commission franco-belge s'est formée, sons la présidence de MM. le duc de Noailles, le duc de Saint-Simon, le prince de Bauffremont pour la France, et de M. le comte de Mérode pour la Belgique.
A Arras, la commission est présidée par M. Harbaville, et elle a pour secrétaire un membre de la Société d'Archéologie lorraine, M. le chevalier de Linas, qui y représente la noblesse d'Artois datant des croisades.
Chroniques d'Enguerrand de Monstrelet
1453
CHAPITRE CLIII.
Comment les François et Anglois s'assemblèrent à batailler l'un contre l'autre, auprès d'Azincourt, en la comté de Saint-Pol, et obtinrent lesdits Anglois la journée.
En après, le lendemain, qui fut le vendredi vingt-cinquième jour du mois d'octobre mil quatre cents et quinze, les François, c'est à savoir le connétable et tous les autres officiers du roi, les ducs d'Orléans, de Bourbon, de Bar et d'Alençon ; les comtes de Nevers, d'Eu, de Richemont, de Vendôme, de Marie, de Vaudemont, de Blamont, de Salmes, de Grand-Pré, de Roussy, de Dampmartin, et généralement tous les autres nobles et gens de guerre s'armèrent et issirent hors de leurs logis. Et adonc, par le conseil du connétable, et aucuns sages du conseil du roi de France, fut ordonné à faire trois batailles, c'est à savoir avant-garde, bataille et arrière-garde. En laquelle avant-garde furent mis environ huit mille bassinets, chevaliers et écuyers, quatre mille archers et quinze cents arbalétriers. Laquelle avant-garde conduisoit ledit connétable, et avec lui les ducs d'Orléans et de Bourbon, les comtes d'Eu et Richemont, le maréchal Boucicaut, le maître des arbalétriers, le seigneur de Dampierre, amiral de France, messire Guichart Dauphin, et aucuns autres capitaines. Le comte de Vendôme, et aucuns autres officiers du roi atout (avec) seize cents hommes d'armes, fut ordonné faire une aile pour férir lesdits Anglois de côté ; et l'autre aile conduisoient messire Clignet de Brabant, amiral de France, et messire Louis Bourdon, atout (avec) huit cents hommes d'armes de cheval, gens d'élite, avec lesquels étoient, pour rompre le trait d'iceux Anglois, messire Guillaume de Saveuse, Hector et Philippe, ses frères, Ferry de Mailly, Aliaume de Gapaumes, Alain de Vendôme, Lamont de Launoy et plusieurs autres, jusques au nombre dessusdit.
Et en la bataille furent ordonnés autant de chevaliers et écuyers, et gens de trait, comme en l'avant-garde; desquels étoient conduiseurs les ducs de Bar et d'Alençon, les comtes de Nevers, de Vaudemont, de Blamont, de Salmes, de Grand-Pré et de Boussy.
Et en l'arrière-garde étoit tout le surplus des gens d'armes, lesquels conduisoient les comtes de Marle, de Dampmartin, de Fauquembergue, et le seigneur de Lauroy, capitaine d'Ardre, qui avoit amené ceux des frontières de Boulenois.
Et après que toutes les batailles dessusdites furent mises en ordonnance, comme dit est, c'étoit grand' noblesse de les voir. Et, comme ou pouvoit estimer à la vue du monde, étoient bien en nombre six fois autant que les Anglois. Et lors que ce fut fait, lesdits François séoient par compagnies divisées, chacun au plus près de sa bannière, attendants la venue desdits Anglois, en eux repaissants, et aussi faisants, l'un avec l'autre, paix et union ensemble des haines, noises et dissensions qu'ils pouvoient avoir eues en temps passé les uns contre les autres. Et furent en ce point jusques entre neuf et dix heures du matin, tenants iceux Francois pour certain, vu la grand' multitude qu'ils étoient, que les Anglois ne pourroient échapper de leurs mains. Toutefois y en avoit plusieurs des plus sages qui moult doutoient, et craignoient à les combattre en bataille réglée.
Pareillement lesdits Anglois, ce vendredi au matin, voyants que les François ne les approchoient pas pour les envahir, burent et mangèrent; et après, appelant la divine aide contre iceux Francois qui les dépitoient (dédaignoient), se delogèrent, de ladite ville de Maisoncelles ; et allèrent aucuns de leurs coureurs par derrière la ville d'Azincourt, où ils ne trouvèrent nuls gens d'armes; et, pour effrayer lesdits François, embrasèrent une grange et maison de la prioré Saint-George de Hesdin. Et d'autre part, envoya ledit roi Anglois environ deux cents archers par derrière son ost, afin qu'ils ne fussent pas apercus desdits François ; et entrèrent secrètement à Tramecourt, dedans un pré assez près de l'avant-garde d'iceux François ; et là se tinrent tout coyement jusques à tant qu'il fût temps de traire ; et tous les autres Anglois demeurèrent avec leur roi. Lequel tantôt fit ordonner sa bataille par un chevalier chenu de vieillesse, nommé Thomas Epinhen (Erpingham), mettant les archers au front devant, et puis les gens d'armes; et après fit ainsi comme deux ailes de gens d'armes et archers ; et les chevaux et bagages furent mis derrière l'ost. Lesquels archers fichèrent devant eux chacun un pieu aiguisé à deux bouts. Icelui Thomas enhorta à tous généralement, de par ledit roi d'Angleterre, qu'ils combattissent vigoureusement pour garantir leurs vies ; et ainsi chevauchant lui troisième par-devant ladite bataille, après qu'il eut fait lesdites ordonnances, jeta en haut un bâton qu'il tenoit en sa main, en disant : Ne strecke ! et descendit à pied comme étoit le roi, et tous les autres; et au jeter ledit bâton, tous les Anglois soudainement firent une très grand' huée, dont grandement s'émerveillèrent les Francois.
Et quand lesdits Anglois virent que les François ne les approchoient, ils allèrent devers eux tout bellement par ordonnance ; et derechef firent un très grand cri en arrêtant et reprenant leur haleine. Et adonc les dessusdits archers abscons (cachés) audit pré, tirèrent vigoureusement sur les François, en élevant, comme les autres grand' huée; et incontinent lesdits Anglois approchants les François, premièrement leurs archers, dont il y en avoit bien treize mille, commencèrent à tirer à Ja volée contre iceux François, d'aussi loin qu'ils pouvoient tirer de toute leur puissance; desquels archers la plus grand' partie étoient sans armures en leurs pourpoints, leurs chausses avalées, ayant haches pendues à leurs courroies, ou épées ; et si en y avoit aucuns tous nu-pieds et sans chaperon.
Les princes étant avec ledit roi d'Angleterre, étoient son frère le duc de Glocestre, le duc d'York, son oncle, les comtes Dorset, d'Oxinforde (Oxford) et de Suffort (Suffolck), le comte Maréchal, et le comte de Kent, les seigneurs de Chamber, de Beaumont, de Villeby (Willoughby)et de Cornouaille, et plusieurs autres notables barons et chevaliers d'Angleterre.
En après, les François voyants iceux Anglois venir devers eux, se mirent en ordonnance chacun dessous sa bannière, ayant le bassinet au chef; toutefois ils furent admonestés par ledit connétable et aucuns autres princes à confesser leurs péchés en vraie contrition, et enhortés à bien et hardiment combattre, comme avoient été lesdits Anglois.
Et là les Anglois sonnèrent fort leurs trompettes à l'approcher ; et les François commencèrent à incliner leurs chefs, afin que les traits n'entrassent en leurs visières de leurs bassinets ; et ainsi allèrent un petit à l'encontre d'eux, et les firent un peu reculer; mais avant qu'ils pussent aborder ensemble, il y eut moult de François empêchés et navrés par le trait desdits archers Anglois. Et quand ils furent venus, comme dit est, jusques à eux, ils étoient si bien et près serrés l'un de l'autre, qu'ils ne pou voient lever leurs bras pour férir sur leurs ennemis, sinon aucuns qui étoient au front devant, lesquels les boutèrent de leurs lances qu'ils avoient coupées par le milieu, afin qu'elles fussent plus fortes, et qu'ils pussent approcher de plus près lesdits Anglois. Et ceux qui devoient rompre lesdits archers, c'est à savoir messire Clignet de Brabant et les autres avec lui, qui devoient être huit cents hommes d'armes, ne furent que sept vingts qui s'efforçassent de passer parmi lesdits Anglois. Et fut vrai que messire Guillaume de Saveuse, qui étoit ordonné à cheval comme les autres, se dérangea tout seul devant ses compagnons à cheval, cuidant qu'ils le dussent suivre, et alla frapper dedans lesdits archers; et là incontinent fut tiré jus de son cheval, et mis à mort. Les autres, pour la plus grand' partie, atout (avec) leurs chevaux, pour la force et doute du trait, redondèrent parmi l'avant-garde desdits François, auxquels ils firent de grands empêchements; et les dérompirent en plusieurs lieux; et firent reculer en terres nouvelles parsemées, car leurs chevaux étoient tellement navrés du trait des archers Anglois, qu'ils ne les pouvoient tenir ni gouverner ; et ainsi par iceux fut ladite avant-garde désordonnée ; et commencèrent à choir hommes d'armes sans nombre, et les dessusdits de cheval, pour peur de mort, se mirent à fuir arrière de leurs ennemis ; à l'exemple desquels se départirent et mirent en fuite grand' partie des dessusdits François.
Et tantôt après, voyants les dessusdits Anglois cette division en l'avant-garde, tous ensemble entrèrent en eux et jetèrent jus leurs arcs et sagettes (flèches), et prirent leurs épées, haches, maillets, becs-de-faucons et autres bâtons de guerre, frappants abattants et occisants iceux François : tant qu'ils vinrent à la seconde bataille, qui étoit derrière ladite avant-garde ; et après lesdits archers suivoit et marchoit ledit roi anglois moult fort atout (avec) ses gens d'armes.
Et adonc Antoine, duc de Brabant, qui avoit été mandé de par le roi de France, accompagné de petit nombre, se bouta entre ladite avant-garde et bataille Et pour la grand' hâte qu'il avoit eue, avoit laissé ses gens derrière : mais sans délai il fut mis à mort desdits Anglois. Lesquels conjointement et vigoureusement envahirent de plus en plus lesdits Francois, en dérompant les deux premières batailles dessusdites en plusieurs lieux, et abattant et occisant cruellement et sans merci iceux. Et entre-temps aucuns furent relevés par l'aide de leurs varlets et menés hors de ladite bataille; car lesdits Anglois si étoient moult ententieux (attentifs) et occupés à combattre, occire et prendre prisonniers, pourquoi ils ne chassoient ni poursuivoient (nulli) personne.
Et alors toute l'arrière-garde étant encore à cheval, et voyant les deux premières batailles dessusdites avoir le pire, se mirent à fuir, excepté aucuns de chefs et conducteurs d'icelle, c'est à savoir qu'entre temps que ladite bataille duroit, les Anglois, qui jà étoient au-dessus, avoient pris plusieurs prisonniers francois. Et adonc vinrent nouvelles au roi anglois que les François les assailloient par-derrière, et qu'ils avoient déjà pris ses sommiers et autres bagues, laquelle chose étoit véritable ; car Robinet de Bournonville, Rifflart de Clamasse, Ysambert d'Azincourt et aucuns autres hommes d'armes, accompagnés de six cents paysans, allèrent férir au bagage dudit roi d'Angleterre, et prirent lesdites bagues et autres choses avecques grand nombre de chevaux desdits Anglois, entre temps que les gardes d'iceux étoient occupés en la bataille. Pour laquelle détrousse ledit roi d'Angleterre fut fort troublé; voyant avecques ce devant lui à plein champ les François, qui s'en étoient fuis, eux recueillir par compagnies ; et doutant qu'ils ne voulsissent faire nouvelle bataille, fit crier à haute voix, au son de la trompette, que chacun Anglois, sur peine de la hart, occît ses prisonniers, afin qu'ils ne fussent en aide au besoin à leurs gens. Et adonc soudainement fut faite moult grand' occision desdits François prisonniers. Pour laquelle entreprise les dessusdits Robinet de Bournonville et Ysambert d'Azinconrt furent depuis punis et détenus prisonniers, longue espace par le commandement du duc Jean de Bourgogne, combien qu'ils eussent donné à Philippe, comte de Charrolois, son fils, une moult précieuse épée, ornée de riches pierres et autres joyaux, laquelle étoit au roi d'Angleterre; et avoit été trouvée et prise avecques ses autres bagues par iceux, afin que s'ils avoient aucune occupation pour le cas dessusdit, icelui comte les eût pour recommandés. En outre, le comte de Marie, le comte de Fauquembergue, les seigneurs de Lauroy et de Chin, atout (avec) six cents hommes d'armes qu'ils avoient à grand' peine retenus, allèrent frapper très vaillamment dedans lesdits Anglois, mais ce rien n'y valut; car tantôt furent tous morts ou pris. Et là en plusieurs lieux les François s'assemblèrent par petits morceaux ; mais par iceux Anglois, sans faire grand' défense, furent tous assez bref abattus et occis ou pris. Et en la conclusion, ledit roi d'Angleterre obtint la victoire contre ses adversaires; et furent morts sur la place, de ses Anglois, environ seize cents hommes de tous états, entre lesquels y mourut le duc d'York, oncle du dessusdit roi d'Angleterre. Et pour vrai, en ce propre jour, devant qu'ils s'assemblassent à bataille, et la nuit de devant, furent faits, de la partie des François, bien cinq cents chevaliers on plus.
En après, ledit roi d'Angleterre, quand il fut demeuré victorieux sur le champ, comme dit est, et tous les Francois, sinon ceux qui furent pris ou morts, se furent départis, fuyants en plusieurs et divers lieux, il environna avecques aucun de ses princes le champ dessusdit où la bataille avoit été. Et entre temps que ses gens étoient occupés à dénuer et dévêtir ceux qui étoient morts, il appela le heraut du roi de France, roi d'armes, nommé Montjoie, et avecques lui plusieurs autres hérauts anglois et francois, et leur dit : « Nous n'avons pas fait cette occision ; ainsi (mais) a été Dieu tout puissant, comme nous croyons, par les péchés des Francois. » Et après leur demanda auquel la bataille devoit être attribuée, à lui ou au roi de France. Et lors icelui Montjoie répondit audit roi d'Angleterre, qu'à lui devoit être la victoire attribuée, et non au roi de France. Après, icelui roi leur demanda le nom du cvâtel qu'il véoit assez près de lui, et ils répondirent qu'on le nommoit Azincourt. « Et pour tant, ce dit-il, que toutes batailles doivent porter le nom de la plus prochaine forteresse, village ou bonne ville où elles sont faites, celle-ci, dès maintenant et perdurablement, aura en nom la bataille d'Azincourt. »
Et après que lesdits Anglois eurent été grand espace sur le champ dessusdit, voyants qu'ils étoient délivrés de tous leurs ennemis, et aussi que la nuit approchoit, s'en retournèrent tous ensemble en la ville de Maisoncelles, où ils avoient logé la nuit de devant ; et là se logèrent portants avecques eux plusieurs de leur gens navrés.
Et après leur département, par nuit, aucuns François étants entre les morts, navrés, se traînèrent par nuit, au mieux qu'ils purent, à un bois qui étoit assez près dudit champ, et là en mourut plusieurs ; les autres se retirèrent à aucuns villages et autres lieux où ils purent le mieux. Et le lendemain ledit roi d'Angleterre et ses Anglois se délogèrent très matin de ladite ville de Maisoncelles, et atout (avec) leurs prisonniers derechef allèrent sur le champ; et ce qu'ils trouvèrent desdits François encore en vie, les firent prisonniers ou ils les occirent. Et puis de là prenants leur chemin, se départirent ; et en y avoit bien les trois quarts à pied, lesquels étoient moult travaillés, tant de ladite bataille comme de famine et autres mésaises. Et par cette manière retourna le roi d'Angleterre en la ville de Calais, après sa victoire, sans trouver aucun empêchement ; et là laissa les François en grand' douleur et tristesse, pour la perte et destruction de leurs gens.
CHAPITRE CLIV.
Comment plusieurs princes et autres notables seigneurs de divers pays furent morts à cette piteuse besogne, et aussi les aucuns faits prisonniers.
S'ensuivent les noms des seigneurs et gentils hommes qui moururent à ladite bataille de la partie des François. Premièrement les officiers du roi : c'est à savoir messire Charles d'Albreth, connétable du roi de France ; le maréchal Boucicaut, qui fut mené au pays d'Angleterre et tenu prisonnier, et là mourut ; messire Jacques de Châtillon, seigneur de Dampierre, amiral de France ; le seigneur de Rambures, maître des arbalêtriers ; messire Guichard Dauphin, maître d'hôtel du roi.
Les princes : le duc Antoine deBrabant, frère au duc Jean de Bourgogne ; le duc Edouard de Bar, le duc d'Alençon, le comte de Nevers, frère audit duc de Bourgogne; messire Robert, comte de Marle; le comte de Vaudemont, Jean, frère au duc de Bar; le comte de Blamont ; le comte de Grand-Pré ; le comte de Roussy, le comte de Fauquembergue ; messire Louis de Bourbon, fils au seigneur de Préaux.
Autres grands seigneurs, tant des marches de Picardie comme d'autre pays : le vidame d'Amiens, le seigneur de Croy, et son fils messire Jean de Croy, le seigneur de Heilly, le seigneur d'Auxois, le seigneur de Brimeu, le seigneur de Poix, l'Etendard, seigneur de Créqui; le seigneur de Lauroy, messire Vitart de Bours, messire Philippe d'Auxois, seigneur de Dampierre, bailli d'Amiens ; et son fils, le seigneur de Raineval et son frère, le seigneur de Longueval et son frère, messire Alain, le seigneur de Mailli et son fils aîné ; le seigneur d'Inchy, messire Guillaume de Saveuse, le seigneur de Neufville et son fils, le Chatelain de Lens, messire Jean de Moreul, messire Roger de Poix, messire Jean de Béthune, seigneur de Mareuil en Brie, messire Simon de Craon, seigneur de Clarsy, le seigneur de la Roche-Guyon et son frère, le vidame de Laonnois, le seigneur de Galigny, le seigneur d'Alègre en Auvergne, le seigneur de Bauffremont en Champagne, messire Jacques de Hen, le seigneur de Saint-Brice, Christophe de Fosseux, messire Régnaut de Créquy, seigneur de Couches, et son fils messire Philippe, le seigneur de Maunies et son frère Lancelot, Mathieu et Jean de Humières, frères, messire Louis de Beausault, le seigneur de Ronq, messire Raoul de Manne, messire Oudart de Renty et deux de ses frères, le seigneur d'Opplincourt, et son fils, messire Jacques, messire Louis de Guistelle, le seigneur de Vaurain et son fils, le seigneur de Lidequerke, messire Jacques de Lécuelle, le seigneur de Hames, le seigneur de Hondescote, le seigneur de Pauques, messire Jean Bailleul, messire Raoul de Flandre, messire Collart de Fosseux, le seigneur de Rosimbo, et son frère Louis de Boussy, le seigneur de Thiennes, le seigneur dudit lieu d'Azincourt et son fils, messire Hutin Kieret, le Begue de Quageux, chevalier, et son frère Payen ; le seigneur de Wargnies, le seigneur d'Offemont et son fils messire Raulequin, messire Raoul de Nesle, le seigneur de Saint-Crépin, le vicomte de Quesnes, messire Pierre de Beauvoir, bailli de Vermandois, messire Jean de Lully et son frère, messire Griffon, le seigneur de Saint-Simon, et son frère Gallois, Collart de la Porte, seigneur de Belincourt, messire Yvain de Cramailles, le seigneur de Charny en Laonnois, messire Drieu d'Argie, seigneur de Bethencourt, messire Gobert de la Bove, le seigneur de Chavency, le seigneur de Blainville, le seigneur d'Yvery et son fils messire Charles, le seigneur de Becqueville et son fils, messire Jean Martel, le seigneur du Tret, le sénéchal d'Eu, le seigneur de la Rivière, le seigneur de Tignonville, le seigneur de Courcy, le seigneur de Saint-Menehout, le seigneur de Beau-Mesnil, le seigneur de Combouches, le seigneur de la Leuse, le seigneur de Viel-Port, messire Bertrand Pennel, le seigneur de Chambois, le seigneur de Saint-Cler, le seigneur de Moncaurel, le seigneur d'Offreville, messire Enguerrand de Fontaines et son frère messire Charles, messire Amaury de Craon seigneur de Brolay ; le seigneur de Montaigu, le seigneur de la Haie, le seigneur de l'Ile-Bouchart, messire Jean de Craon, seigneur de Montbason, le seigneur de Beuil, le seigneur de Beau mont sur Loire, messire Antoine de Craon, seigneur de Beau-Vergier ; le seigneur d'Asse, le seigneur de la Tour en Auvergne, le seigneur de l'Ile Gomort, messire Jean de Dreux, messire Gauvain de Dreux, le vicomte de Tremblay, messire Robert de Bonnay, messire Robert de Châlons, messire Jean de Bonneval, le seigneur de Montgognier, messire Jean de Valencourt, le seigneur de Saintron, messire Ferry de Sardonne, messire Pierre d'Argies, messire Henri d'Ornay, le seigneur des Roches, messire Jean de Montenay, le seigneur de Bethencourt, le seigneur de Combourt, le vicomte de la Bellière, le seigneur de la Crite, messire Bertrand de Montauban, Bertrand de Saint-Gille, messire Jean de Werchin, sénéchal de Hainaut, le seigneur de la Hamede, le seigneur de Quesnoy, le seigneur de Montigny, le seigneur de Beauvais, le seigneur de Jumont, le seigneur de Chin, messire Simon de Haverech, le seigneur de Potes, messire Jean de Grès, messire Allemand d'Escaussines, messire Christophe de Lens, messire Héry, frère à l'évêque de Cambray, messire Michel du Chastellier et son frère Guillaume de Vaudrepont, Ernoul de Vandregen, Pierre de Molin, Jean de Briac, George de Quieurain, et Henry son frère, le seigneur de Saures, et messire Briffaut, son frère, le Baudrain d'Esne, chevalier; messire Maillart d'Azonville, Palamède des Marquais, le seigneur de Bousencourt, le seigneur de Fresencourt, le seigneur de Vallaste, le seigneur de Hectins, Grenier de Brusquant, le seigneur de Moy en Beauvoisis et son fils, Gamiot de Bournouville et son frère Bertrand, Louvelet de Massinghen et son frère, messire Collart de Fiennes, Allain de Vendôme, Lamorit de Lannoy, messire Collinet de Saint-Py, le seigneur Dubois d'Anequin, Lancelot de Claie, Lancelot de Frémousent, le seigneur d'Aumont, messire Robinet de Vaucourt, messire Rasse de Moncaurel, messire Lancelot de Clary, le seigneur de la Rochie, messire Guérard de Herbaines, messire Gérard de Recourt, messire Robert de Montigny, messire Charles de Montigny, messire Charles de Châtillon, Philippe de Poitiers, le seigneur de Fagnoelles, le seigneur de Saint-Pierre, Guillaume Fort-Escu, Burel de Guerames, Robert de Poutraines, le fils du bailli de Rouen, le prévôt des maréchaux de France, Bertrand de Belloy, Jacques de Han, le seigneur de Baissis, et Martel du Vauvuon, son frère, Jean de Malestrait, Raoul de Ferrières, Raoul de Longeuil, chevalier; Henri de Lalande, messire Ernaut de Corbie, seigneur d'Ommel ; Jean d'Estouteville, messire Yvain de Beauval, messire Brunel Fretel, le Baudrain de Belloy, chevalier ; messire Regnault d'Azincourt, chevalier; le gouverneur de la comté de Rethel, Ponce de Salus, chevalier, seigneur du Châtel-Neuf ; le seigneur de Marquètes, Yvon de Morvilliers, Foleville, bouteiller du duc d'Aquitaine, Gallois de Fougières, messire Lancelot de Rubempré, Lyonnet Torbis, le seigneur de Boissay, Antoine d'Ambrine, messire Hector de Chartres, le jeune, et ses deux frères, Toppinet de la Neufville, Thibaut de Fay, le seigneur de Beauvoir sur Autie, Hue des Autels, le seigneur de Caucroy et son frère, Eustache d'Anbrunes, Lancelot de Coucy, Jean de Launoy, Collart de Montbertault, messire Charles Boutry, messire Guy Gourle et Jean Gourle son frère, le Bon de Sains, Antoine de Broly, Guillaume de Villers, Boissart de Rossefay, Aubert de Merbres, Regnaut de Villers, seigneur d'Urendonne, Floridas du Souys, le seigneur de Regnauville, Bougois de la Beuvrière et Gamart son frère, le Ploutre de Gerblanval, Pierre Aloyer, Perceval de Richebourg, le seigneur de Fièfes et son fils, le Bègue de Quenoulles, Gaudeffroy de Saint-Marcq, le seigneur de Tencques, le seigneur de Herlin, Simon de Moncheaux, messire Maillet de Gournay et son frère Pons, Jean de Noyelle, Pierre de Noyelle et Lancelot de Noyelle, messire Caruel de Hangest, Jean d'Autheville, seigneur de Waurins; Regnault de Guerbauval, Guillaume, seigneur de Bin ; Pierre de Remy, Sausset d'Esne, le seigneur de Haucourt en Cambrésis, messire Guichard d'Ausne, le seigneur de Raisse, le seigneur d'Espigny, le seigneur de Cheppon, Jean de Chaule, le seigneur de Bretigny, Jean de Blausel, Guillebert de Guerbauval, Baudin de Beleval, messire Guérard de Havresis, messire Louis de Vertaine, messire Estourdy d'Ongines et son frère Bertrand, messire Henri de Boissy, seigneur de Chaule, messire Artus de Moy, le Borgne de Noaille, messire Floridas de Moreul, messire Brissaut de Moy, messire Bridoul de Puisaie, le seigneur de Verneul, Baviois de Guerbauval, le vicomte de Dommart, Ponchon de la Tour, Godefroi de Pronville.
Finablement, tant princes, chevaliers, écuyers, comme autres gens, furent morts en ladite journée, par la relation de plusieurs hérauts, et autres personnes dignes de foi, dix mille hommes et au-dessus ; desquels grand' partie furent emportés par leurs amis, après le département desdits Anglois, pour enterrer où bon leur sembleroit : desquels dix mille on espéroit y avoir environ seize cents valets, et tout le surplus gentilshommes; et fut trouvé, qu'à compter les princes, y avait mort de cent à six vingts bannières.
Durant laquelle bataille, le duc d'Alençon dessus nommé, à l'aide de ses gens, tresperca très vaillamment grand' partie de la bataille desdits Anglois, et alla jusques assez près du roi d'Angleterre, en combattant moult puissamment ; et tant qu'il navra et abbattit le duc d'York. Et adonc ledit roi, voyant ce, approcha pour le relever, et s'inclina un petit. Et lors ledit duc d'Alençon le férit de sa hache sur son bassinet, et lui abattit une partie de sa couronne. Et en ce faisant, les gardes du corps du roi environnèrent très fort icelui; lequel, apercevant qu'il ne pouvoit échapper du péril de la mort, en élevant sa main, dit au dessusdit roi : « Je suis le duc d'Alencon, et me rends à vous. » Mais, ainsi qu'icelui roi vouloit prendre sa foi, fut occis présentement par lesdites gardes. Et en icelle même heure, le seigneur de Longny, maréchal de France dont dessus est faite mention, venoit atout (avec) six cents hommes d'armes des gens du roi Louis de Sicile, pour être à ladite bataille. Et déjà étoit à une lieue près, quand il rencontra plusieurs François navrés, et autres qui s'enfuyoient ; lesquels lui dirent qu'il retournât, et que les seigneurs de France étoient tous morts ou pris par les Anglois ; lequel Longny, étant grièvement au coeur courroucé, s'en retourna à Rouen devers le roi de France.
S'ensuivent les seigneurs et gentilshommes qui furent prisonniers aux Anglois à ladite journée, lesquels on estimoit à quinze cents ou environ, tous chevaliers et écuyers. Premièrement Charles, duc d'Orléans, le duc de Bourbon, le comte d'Eu, le comte de Vendôme, le comte de Richemont, messire Jacques de Harcourt, messire Jean de Craon, seigneur de Dommart ; le seigneur de Fosseux, le seigneur de Humières, le seigneur de Roye, le seigneur de Chauny, messire Boors Quiret, seigneur de Heuchin ; messire Pierre Quiret, seigneur de Hamecourt; le seigneur de Ligne, en Hainault; le seigneur de Noyelle, nommé le Blanc chevalier, et Baudon son fils ; le jeune seigneur d'Inchy, messire Jean de Vaucourt, messire Athis de Brimeu, messire Jennet de Poix, le fils aîné et héritier du seigneur de Ligne, messire Gilbert de Launoy, le seigneur d'Aviel, en
Ternois.
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