La revue du Nord - 1894
GUSTAVE HOUSEZ
(1822-1894)
Voici quelques notes consacrées à la mémoire d'un bon artiste, qui mérite de ne pas mourir tout entier.
Gustave Housez est né à Condé-sur-l'Escaut (Nord), le 19 décembre 1822. Son père, architecte-arpenteur-géomètre, voulut donner à son fils une éducation solide et l'envoya au collège de Valencienne. Housez, tout en suivant les études latines, se fit admettre au cours de l'Académie, Il entra dans la classe de dessin et peinture, dirigée par M. Julien Potier, l'ancien élève de Guérin.
Les progrès de l'élève furent rapides. En 1836 il obtint la médaille de Bosse. En
1837 il eut la médaille du Modèle vivant. A quinze ans, Housez avait appris tout ce qu'il pouvait apprendre en
province. Son père n'hésita pas à l'envoyer à Paris.
Sur la recommandation de M. Potier, Gustave Housez entra, en janvier 1838, dans l'atelier de M. Picot, membre de l'Institut; il suivit avec assiduité les cours de l'École des Beaux-Arts, où il fut admis l'année de son arrivée à Paris. En 1839, le jeune artiste obtint deux médailles dans l'atelier Picot, une au concours trimestriel de figure, l'autre au concours d'esquisse peinte.
En décembre 1839, Housez remporta la première médaille de dessin d'après nature à l'Ecole des Beaux-Arts. En 1840, il se mit à faire de la lithographie et perdit un peu son temps En 1842, il reprit courage, et fut reçu le 5e à l'esquisse au 1er concours d'essai du grand prix.
En 1845 il fut reçu le premier à l'esquisse, et le 3e à la figure peinte. Il exposa au Louvre son portrait à mi-corps et plusieurs autres portraits prouvant des qualités solides et sérieuses.
En 1846 il exposa au Louvre le « Christ sortant du tombeau ».
En 1848, il obtint une mention honorable au concours du grand prix de Rome. La même année il exposa au Salon
« Laure et Pétrarque,
Clarisse Harlowe et Lovelace. »
En 1849, il exposa « Saint Pierre délivre de la prison ». Puis, abandonnant l'Ecole des Beaux-arts, il collabora aux travaux de
Bouguereau, de Cabanel, de Muller.
En 1851 il exposa à Paris un tableau intitulé « Jeanne d'Arc visitée dans sa prison par les Saintes Catherine et Marguerite » Pendant un séjour à Conde, il fit beaucoup de portraits et exécuta de grands panneaux représentant des scènes de chasse.
En 1852, il exposa un portrait d'enfant et un tableau représentant
« Les préparatifs du
Champ-de-Mars pour la fête de la Fédération ». Il peignit en outre une toile ayant pour titre
« Le général Bonaparte et la citoyenne Rouget à l'hôtel Mirabeau ».
I! envoya au Salon en 1853, « Montaigne visitant le Tasse en prison », en 1854,
« Le général Bonaparte et la citoyenne Fanchette » et en 1855 « L'Assomption de la Vierge», qui valut à l'auteur une mention honorable et fut très louée par la presse. Cette toile, qui a réapparu dans une Exposition universelle, se trouve actuellement dans le choeur de l'Église de Condé.
En 1856 et en 1860, Housez séjourna en Italie, où il fit beaucoup d'études et de tableaux en tous genres. Puis, on eut de lui en 1857, une grande toile représentant
« Un Ange arrachant Ste Agnès des mains des
débauchés », - en 1858, « Les porteurs d'eau dans la cour du Palais ducal à Venise »,
« la mort de Henri IV », « Marie Stuart et Chatelard » - en 1859,
« Saint Pierre fuyant Rome », « Nymphes surprises au bain »,
« Le petit gourmand » - en 1861, « Le Christ guérissant deux possédés »,
« L'enfance de Mlle Clairon » - en 1862, « Voyage à Cythère ».
- en 1863, « Louis XI à Condé », « Une mère », « Une vieille à son rouet »,
« Une Bacchante ».
Citons encore sans date « La mort du duc de Guise », « la Mort de César »,
« Jean Bart ». « Louis XIV et la Vallière », « Raphael dans son atelier »,
« les Martyrs à Rome, « Une victoire sous la Terreur », « la Glorification des Arts »,
« la mort du fils de Brutus », etc., etc..
Le 27 novembre 1862, Housez fut nommé, à la suite d'un concours, professeur de l'Académie de peinture aux écoles des Beaux-Arts de Valenciennes. Là, il forma plusieurs artistes de grand mérite Coquelet, Jacquet, Bricoux, Nonclercrq, Damas, Goffin, etc., etc.. De Valenciennes, il envoya au Salon: en 1864,
« Le Christ ressuscitant la fille de Jaïre », « Raphaël et la Fornarina » - en 1865,
« La conversion de Saint Paul », « L'intérieur d'une verrerie »
- en 1860, « Les joueurs de billes », « l'Ecole du tambour » - en
1868, « Les noces de Cana », « Dalila raillant Samson prisonnier des Philistins »,
« Pifferaro » - en 1869, « Néron faisant brûler les chrétiens »,
« Une briqueterie », « Le tirage au sort »
- en 1870, « Etudes d'Italiennes », « Psyché »,
« Hercule attaqué par les Pygmées ».
En 1872, il envoya à l'Exposition de Valenciennes « Une tête de Christ »,
« La Sieste », « Italienne endormie », « La jalousie de Caïn »,
« Jeanne d'Arc faite
prisonnière », « Hercule et Omphale », « les quatre caractères de l'Amour »,
« Une partie de jacquet ».
En 1870, Housez donna sa démission de professeur des Académies.
Pendant ses dix années de séjour a Valenciennes, indépendamment des toiles énumérées ci-dessus, il fit une quantité de passages et de tableaux de genre, pris sur les bords de l'Escaut, de la Rhonelle, aux bois de Raismes et de Bruai,
à Audregmes, à Montigny-sur-Roc, à Angre ; il exécuta de nombreuses études empruntées à des Mines, à des Etablissements métallurgiques, à des Verreries ; il peignit des grisailles, des panneaux décoratifs et beaucoup de portraits.
En 1875 et 1876, on le retrouve, d'abord à Paris, ensuite en Italie, où il exécuta maints et maints tableaux de genre Sa toile la plus remarquable représentait
« La récolte de l'olive », avec une quinzaine de personnages.
De 1876 a 1880, il exposa « Ulysse reconnu par sa nourrice »,
« Petite fille perdue
à Paris », « L'Epopée du Lion », « Les petits Italiens »,
« Scène de campagne », « Jeunes villageoises ».
De 1880 à 1883, il séjourna à Fontainebleau, à Meudon, travaillant sans cesse et produisant toujours. Vers 1885, il se retira à Blamont, près de
Lunéville, où il s'éteignit le 6 juillet 1894
La vie d'Housez a été bien remplie c'était un noble artiste, bon dessinateur, peintre habile à grouper les figures, qui aimait l'art et savait s'inspirer de la nature. Certainement, avec un peu plus de bonheur et une production un peu plus concentrée, il aurait pu, lui aussi, parvenir à la grande notoriété et récolter sa part de gloire.
E. Fromentin.
La mort de
Henri IV - 1858
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