Etudes franciscaines
Revue publiée par les frères mineurs capucins
Janvier 1930
Capucins morts sur les pontons de Rochefort en 1794 - P. ARMEL
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Thomas Henry, P. Thomas de Grand-Failly, était né a Damvillers (Meuse), le 7 mai 1722. Sa famille alla habiter Grand-Failly, diocèse de Treves, ou résidait son parrain,
« Le Sieur Henry Dumelier, exempt de son Altesse royale de Lorraine », quand il était encore en bas âge, aussi ce village est indiqué dans son acte de profession comme son lieu
d'origine. II fit profession à Saint-Mihiel (Meuse), le 1 mars 1747. Le 27 avril 1790, au moment de
l'inventaire du couvent de Blamont (Meurthe-et-Moselle) où il remplissait les fonctions de prédicateur, le P. Thomas et tous les autres religieux du couvent refusèrent de s'expliquer sur leurs intentions. C'était prudence, car on ne connaissait pas clairement les intentions de la Constituante au sujet des religieux, et ceux-ci hésitaient à prendre une détermination définitive. Le 25 janvier de
l'année suivante, la déclaration du P. Thomas fut plus explicite
:« Je
soussigné, Frère Thomas, déclare que je veux continuer la vie commune ou il plaira
à Messieurs les Administrateurs de m'envoyer, déclare en outre n'avoir rien enlevé au mobilier de
l'Ordre ou de la maison ». Sa pension fut fixée à 800 livres. Le couvent de Blamont étant supprimé, le P. Thomas se dirigea vers la maison de Saint-Dié (Vosges). Les religieux de ce couvent avaient unanimement
manifesté leur intention, le jour de l'inventaire, 30 avril 1790, de vivre dans leur ordre et de rester dans le couvent de Saint-Dié. Le corps municipal demandait la conservation de cette maison qui pouvait contenir 20 religieux. Mais devant les menaces révolutionnaires, plusieurs de ces religieux renoncèrent à la vie commune, et au mois de mai 1791, le P. Prosper de Bellefontaine, Gardien, n'ayant pu recruter les 20 religieux requis par la loi, fut expulsé de son couvent avec les quelques Capucins qui avaient répondu à son appel. Le P. Thomas était de ce nombre, et la retraite qu'il avait choisie lui étant
fermé, il déclara au District se retirer à Blamont. II y resta un an. De mars a juillet 1793, il remplit les fonctions de vicaire à Grand-Failly, puis il vint à Spincourt (Meuse) après le départ du curé constitutionnel. II y fut arrêté le 7 germinal an 2 (27 mars 1794), à la requête de
l'agent national du District d'Etain, sous prétexte qu'il n'y était venu
« que pour y entretenir le fanatisme et y retarder les progrès de la Raison ». Conduit à Bar-le-Duc, et condamné à la déportation le 26 germinal an 2 (15 avril 1794), il partit le lendemain avec le 5e convoi des prêtres meusiens. Placé sur le Washington, dont le capitaine ne traitait pas mieux ses pensionnaires que celui des Deux-Associés, il mourut le 19 octobre 1794 et fut inhumé
à l'île Madame (1).
(1) GUILLON, IV, 645. - MANGENOT, op. cit., p. 302. - LEMONNIER, Martyrol., p. 153.
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