Le Département
de la Meurthe - Henri Lepage - 1843
LEINTREY, village de
l'ancien duché de Lorraine, dans un beau vallon qui coupe celui
de la Vezouse, à 54 kilom. E. de Nancy, 25 N.-E.-E. de
Lunéville, chef-lieu de l'arrond.. 10 N.-O. de Blâmont,
chef-lieu du canton. Pop. : 634 hab., 62 élect. cens., 12 cons.
mun. 157 feux. Nombre d'enfants : 121 en hiver. 35 en été. Surf.
territ. : 1,542 hect.; 927 en terres lab., 243 en prés, 2 en
vignes, 178 en bois. Ecart : Siraucourt ou Serol. Lettres par
Blâmont.
Anc. pop. : 1710, 68 hab., 10 gar. ; 1802, 577 hab., 114 feux;
1822, 632 hab., 134 feux. Anc. div. 1594, bail. du comté de
Blâmont: 1710, prév. de Blâmont, bail. de Lunéville; 1758, bail.
et cout, de Blâmont, maît. de Lunéville; 1790, chef-lieu du
canton, dist. de Blâmont. - Spir. : Dio. de Metz.
Ce village, ainsi qu'on vient de le voir, faisait partie du
comté de Blâmont. Le seul titre des Archives où il en soit
parlé, est un accord entre Conrad, évêque de Metz, et Marguerite
de Lorraine, dame de Blâmont, par lequel ils règlent l'entrecours
de leurs sujets de différentes seigneuries, et, entre autres, de
celle de Leintrey. (Voyez Brouville.)
On dit que, dans certains cantons du finage de cette commune, on
a trouve des murailles à la profondeur du soc de la charrue, une
cave voûtée, des instruments de culture, pioches, bêches, boyaux
; et, dans une vigne, un pot, des plats et des assiettes en
étain. L'église a été construite en 1747; mais le choeur est
beaucoup plus ancien.
Les communes de
la Meurthe - Henri Lepage - 1853
LEINTREY. Un nommé
Gérard, coré de Leintrey (presbiter de Lenteriî), figure comme
témoin dans une charte (1175) de Pierre de Brixey, évêque de
Toul, pour l'abbaye de Beaupré. (Abb. de Beaupré.)
En 1361, Odenet de Laveline engage à Franc d'Herbéviller sept
quartes de froment et autant d'avoine sur ce qu'il avait en la
ville de Leintrey.
En 1394, Jean Wisse de Gerbéviller, bailli de Lorraine, devient
homme-lige d'Henri de Blâmont pour le tiers des villes de
Leintrey et Blémerey. (T. C. Blâmont fiefs.)
Le 22 mai 1479, Jean Wisse de Gerbéviller reconnaît avoir reçu
de Ferry et d'OIry de Blâmont cent francs pour le rachat de dix
francs de terre à Blémerey et à Leintrey. (T. C. Blâmont.)
On lit dans les comptes du domaine de Blâmont, à la date de 1593
: « Les habitants de Leintrey sont francs de corvées de
charrues. Ils plaident audit lieu pour les defforains et les
habitants pardevant le prévôt de Blâmont. Doivent la taille
ordinaire Saint-Remy au bon plaisir de S. A., graisse et
couvrechef; la seille deux fois l'année au gagnage de sadite
Altesse, sis à Blâmont, des faucheurs et faneurs aux breuils
d'icelle sis au comté dudit Blâmont. Doit chacun conduit par
chacun an deux blancs sur chacune leur maison y demeurant et
faisant feu en une cheminée seulement, et ceux qui en font en
deux lieux doivent un gros. Doivent de leurs enfants pour
guetter au château de Blâmont, s'ils ne sont clercs ou de
métiers.
« Les charges de la mairie dudit lieu consistent à faire entrer
es mains de l'officier comptable tous deniers tant ordinaires
qu'extraordinaires, poules, chapons et autres redevances, étant
à cette considération exempt ledit maire, l'an de son office, de
tous traits, aides extraordinaires, impositions, subsides,
corvées, charrois et autres prestations personnelles.
« Les nouveaux entrants audit Leintrey doivent 20 francs à S. A.
et à la commune dudit lieu par moitié. »
En 1604, huit individus de ce village, dont voici les noms,
furent brûlés comme sorciers: Jeannotte Toussaint, Sibille,
femme de Jean Pierson; Marie Grande-Marie, Marguerite la
Jobarde, Mathieu Margueron, la fille Colas la Veuve, Pierron
Petit-Pierson, Jeannon Petit-Pierson, sa soeur. En 1608, une
nommée Jean Zabel fut encore exécutée sous l'accusation du même
crime. Jean Bon-Claude l'avait été en 1594.
Le 25 juin 1720, Claude Lombard, écuyer, lieutenant au régiment
du duc Léopold, fait ses foi et hommage pour la terre et
seigneurie de Leintrey, qu'il possédait par ascensement du
domaine en tous droits de haute, moyenne et basse justices.
Le 22 janvier 1777, André Poirson, capitaine au régiment
d'Orléans, fait également ses foi et hommage, à cause
d'Anne-Françoise Brenon, sa femme, pour moitié dans la terre et
seigneurie domaniale de Leintrey et pour la maison et terre
patrimoniale de Serolle, ban dudit Leintrey.
Les habitants de ce village disent, dans la Déclaration fournie
par eux en 1700: « Appartient à la communauté un bois appelé
Remabois, contenant environ 147 jours 24 verges, lesquels jours,
mesure de Leintrey, ont 320 verges, et au jour de Lorraine, ils
font 5 quarts 7 verges et demie. Un autre bois appelé Saulçure
de 196 jours 20 verges; lesquels deux bois sont plantés en
partie de chênes... On a pris les meilleurs pour rebâtir le
village, qui était en ruines, n'y étant resté, après les
guerres, que cinq maisons, et du depuis encore huit qui ont été
incendiées l'an 1688, après avoir été rebâties...
« Le paquis de Saulçure contenant 64 jours... Un autre paquis,
appelé Devant Brimont, contenant 25 jours... Le paquis des
Omereux, contenant 13 jours... Le paquis de Neuffontaine,
conlenant 18 jours...
« Les habitants ont droit de pâture pour leurs bestiaux dans les
Ammeniebois depuis la Saint-Georges jusqu'à la Notre-Dame de
septembre, et d'y couper bois mort et mort bois pour leur
chauffage, moyennant leur cotte part d'un resal de blé, autant
d'avoine et 4 francs d'argent, payables annuellement à S. A. R.
conjointement avec Remoncourt, Amenoncourt, Autrepierre, Reillon
et Chazelles, qui ont aussi les mêmes droits...
« Pour lesquels bois, paquis et usages les habitants ne peuvent
produire aucuns titres, sinon les comptes des domaines, les
autres ayant été perdus par le feu qui a réduit leur village en
cendres pendant les guerres de Galas, arrivées vers l'an 1636,
mais en ont joui de temps immémorial. »
Leintrey a été érigé en succursale en 1802. Patron, saint
Michel.
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