La reconstruction
dans l'arrondissement de Lunéville - 1923
L'Immeuble
et la construction dans l'Est
4 février 1923
LA RECONSTRUCTION
dans L'ARRONDISSEMENT DE LUNÉVILLE
Sous ce titre, on lit
ces curieux détails dans la Croix de l'Est :
« Comme après l'hiver les arbres reverdissent et se
couvrent de leurs feuilles, ainsi après la tourmente de
la guerre, nos villages lorrains reprennent vie et
mouvement: les clochers se redressent, les écoles, les
églises rouvrent leurs portes, les rués hier encombrées
de ruines s'alignent de solides maisons et le sol si
bouleversé retrouve ses sillons fertiles.
Nous avons parcouru dernièrement l'arrondissement de
Lunéville si meurtri par la guerre. Un effort
gigantesque a été accompli, et il faut rendre un hommage
mérité aux Municipalités, aux Coopératives, aux
Entrepreneurs, aux Curés de nos paroisses dévastées.
Pour ne parler que des églises, sur 101 complètement
détruites dans le département, 39 appartenaient à notre
arrondissement et 28 autres étaient presque démolies.
Aujourd'hui toutes, à deux ou trois exceptions près,
sont, ou réparées ou en pleine reconstruction.
Et la restauration des villages a accompagné où suivi de
très près le relèvement du temple. de Dieu, tant il est
vrai, selon la parole du grand animateur de nos
coopératives, M. le Chanoine Thouvenin, que « les
églises sont le régulateur de la reconstruction ».
Lunéville comptait 112 maisons incendiées. Presque,
toutes aujourd'hui sont relevées où en bonne voie
d'achèvement. La place des Carmes, le faubourg d'Einville,
le quartier de Viller qui avaient particulièrement
souffert alignent maintenant de belles et grandes
maisons.; Les immeubles de la rue Castara qui se
terminent, permettent de jeter un heureux coup d'oeil
sur la curieuse façade de la synagogue. Seul le grand
mur de la maison voisine, qui fait face à la rue de
Viller laisse fort à désirer par son aspect disgracieux.
Deux ponts importants, celui du chemin de fer sur la
route de Baccarat, près de la filature et celui de la
Vezouse, près du château,, sont remis à neuf et
avantageusement élargis. Après des travaux très
considérables, le pont de Viller bien reconstruit va
être livré prochainement à la circulation.
Ces jours derniers, c'est vers Avricourt que se
portaient nos pas. Nous voyions au passage Chanteheux
dont les tanneries et les maisons sont debout, Croismare
et Marainviller qui ont fermé toutes leurs brèches. A
Marainviller, l'église fort bien réparée va accueillir
bientôt dans sa toilette neuve des fidèles empressés.
Laneuveville-aux Bois et toutes les fermes de la région
sont prêtes à recommencer le labeur dans leurs terres
dures mais fertiles.
Emberménil qui n'existait plus, qui l'an passé ne
comptait encore que quelques maisons, présente
aujourd'hui au visiteur toutes ses demeures avec leurs
gracieuses toitures rouges, sa gare rebâtie, l'école, la
mairie, l'église, groupées dans un harmonieux ensemble
et en belle place. A noter que l'église a été changée
d'orientation et que ses allures romanes cadrent
parfaitement avec les constructions voisines.
Emberménil, Leintrey c'est encore la zone chaotique, «
la zone rouge » témoin de multiples et sanglants
combats. Les. tranchées, vers les Rémabois sont encore
quasi intactes, les fils de fer barbelés y gardent tous
leurs secrets et tous leurs traquenards et les fameux
entonnoirs de Leintrey resteront longtemps une des
belles et étranges curiosités de la guerre de mines.
Toute cette région, si bien lorraine d'aspect,
ressuscite avec une exceptionnelle vigueur du milieu des
ruines immenses. Xousse, Vaucourt, Igney, Leintrey, Veho,
Reillon, Chazelles, Gondrexon, Blémerey auront remplacé
à la fin de 1923, leurs inconfortables baraques contre
des maisons de pierre solides et commodément aménagées.
Les habitants de Remoncourt, où tout est réparé, ont
fourni un remarquable exemple d'activité ; revenus dès
l'armistice dans leur village bouleversé, ils se sont
remis à l'ouvrage avec ardeur et ténacité, ont défriché
leur sol inculte et l'ont remis en valeur dès la
première année.
Avricourt, ancienne frontière - où nous nous arrêterons
aujourd'hui- a réparé sa gare, trop grande actuellement,
et. sa curieuse église, et depuis quelques mois ses deux
cloches nouvelles, comme les trois cloches neuves de
Frémonville et de Repaix, sonnent avec fierté sur toute
cette région qui renaît à la vie, l'espoir et la
résurrection ».
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