Dictionnaire géographique
et administratif de la France et de ses colonies
Adolphe Joanne, (1813-1881)
Ed. 1890-1905
VEZOUSE, Vézouze. Rivière du
dép. de Meurthe- et-Moselle, du bassin du Rhin, d'abord dans les
grès bigarrés et grès des Vosges, puis dans le calcaire
coquillier et les marnes irisées, la vallée inférieure, qui est
large, appartenant aux terrains quaternaires. Elle se forme,
dans la ville de Cirey, à un peu moins de 300 m. au-dessus des
mers, par la rencontre de la Vezouse de Val et de la Vezouse de
Châtillon, toutes deux arrivées d'une étroite, sombre et
pittoresque gorge ombragée des Vosges.
La Vezouse de Val commence à l'angle S. E. du dép., au versant
N. d'un chaînon boisé de 732 m. dont le versant S. s'incline
vers la Plaine, affl. dr. de la Meurthe. Née près du col de la
Charaille, à la front. du dép. des Vosges et de
l'Alsace-Lorraine, la Vezouse de Val descend très rapidement
vers l'O.N.O., puis le N.O., entre monts sombres de sapins; même
si rapidement qu'à 3 k. à peine de son origine, à la scierie de
Marquis, elle n'est plus qu'à 375 m. d'alt.; elle côtoie de sa
rive g. la forêt de Bousson, passe au Machet, scierie que met en
branle une cascade de 40 m. de haut., à la scierie de Poidevin,
et rencontre, en amont de la scierie Fourchaux, dans un joli
petit bassin de prairies, le torrent, plus court qu'elle en un
bassin moindre, qui, d'après la carte de l'Etat-major, serait le
cours supérieur du torrent, la Haute-Vezouse ; cependant la
gorge s'élargit, et les sapins s'y mêlent de hêtres; la Vezouse
fait tourner la scierie de la Gagère, la scierie Norroy; elle
laisse à g. le v. amphithéâtral de Petitmont, baigne le
Val-de-Bon-Moûtier (d'où son surnom Vezouse de Val), croise près
de son terminus le ch. de fer d'Avricourt à Cirey, et rencontre,
à Cirey, comme il a été dit ci-dessus, la Vezouse de Châtillon,
celle-ci à droite. Cours une quinzaine de k., bassin 4300 hect.;
eaux ordinaires fort abondantes, relativement, le pays étant à
la fois élevé et boisé : la Statistique des cours d'eau du dép.
de Meurthe-et-Moselle les fixe à 550 lit., avec étiage de 160,
crues de 6 m. cubes. Une dizaine, d'usines, scieries, moulins.
La Vezouse de Châtillon n'est pas entièrement française : elle a
sa source en Alsace-Lorraine, au bas d'une montagne de 745 m.,
faîte entre la Meurthe, au S., et la Sarre, affl. de la Moselle,
au N.; mais, au bout de 1500 m. seulement, elle entre en France,
par moins de 500 m. d'alt., au pied mérid. de la Large-Pierre,
et s'en va, de scierie en scierie, vers le N. O. elle coule en
forêt à la base S. du Grand-Rougimont (622 m.), puis entre monts
forestiers où sont encore communs les chevreuils et les cerfs;
elle baigne le harn. de Ste-Catherine; elle laisse à g., sur un
grand roc. le vieux chât. de Châtillon (d'où le surnom du
torrent) enfin, ayant passé sous un ponceau du ch. de fer d'Avricourt
à Cirey, elle atteint la Vezouse de Val, après un développement
d'env. 15 k. en une conque de 2000 hect.; égale en long. à
l'autre branche mère de la Vezouse, elle lui est inférieure en
bassin et en débit ; 300 lit. en volume ordinaire, 130 en
étiage, 5 m. cubes en crue. 11 scieries de bois.
Ainsi constituée, la Vezouse, quitte Cirey pour aller passer
devant les ruines de l'abbaye cistercienne de Haute-Seille,
recevoir l'Herbas, ruisseau de 10 k. venu de Bertrambois,
croiser le ch. de fer de Cirey à Avricourt devant le v. de
Frémonville, baigner la ville de Blâmont, où tombe le ru de
Gogney, qui n'est maintenant français que par son cours ïnfér.,
l'Alsace-Lorraine possédant le cours super, des deux branches
dont il se compose et les deux étangs d'où sortent ces branches,
l'étang de Hattigny et l'étang de Foulcrey. Puis la Vezouse,
avant d'entrer dans le b. de Domèvre, s'accroît du Vacon, qui a
près de 15 k. en un bassin de plus de 3000 hect. après quoi,
ayant dépassé Domèvre, elle s'empare de l'Albe, ruisseau de 10
k. arrivé droit du N., de la frontière de l'Alsace-Lorraine aux
environs d'Avricourt; elle s'ouvre en face de St- Martin à la
Blette, qui vient des premiers contre-forts occidentaux des
Vosges, passe à Bàdonviller; et, longue de 18 k., égoutte 6500
hect. un autre notable tribut., c'est, un peu plus loin, en
amont de Fréménil, la Verdurette, ru de plus de 20 k. de long.
qui déverse 6000 hectares.
Depuis Domèvre, on peut presque dire depuis sa constitution à
Cirey, la Vezouse serpente dans de larges prairies, qui de
l'amont à l'aval deviennent de plus en plus amples, en même
temps que, la pente diminuant, la rivière devient de plus en
plus lente, sinueuse, indécise. Elle hume le ru de Leintrey (10
k.), qui arrose les prairies de Leintrey, de Reillon et de
Blémerey elle passe devant Freménil, Domjevin, Bénaménil,,
Manonviller (que commande, au N., le fort de Manonviller sur une
colline de plus de 500 m.),. Thiébauménil, Marainviller,
villages dominés, à petite distance de la rive g. de la Vezouse.
par les collines qu'habille la longue forêt de Mondon. A
Marainviller elle croise le ch. de fer de Paris à Avricourt et
s'augmente du ru de la Neuveville (cours 12 k., bassin 5200
hect.); longeant ensuite de sa rive dr. le massif que couvre la
forêt de Parroy, elle frôle Croismare, Chanteheux, Jolivet, et
enveloppe au N. et à l'O. Lunéville, bordée au S. par la
Meurthe. Peu après elle se perd dans ladite Meurthe, rive dr.,
au pied des coteaux qui portent la forêt de Vitrimont, par 225
m. d'altitude. On peut dire qu'on réalité elle finit à Lunéville
même, tant celle-ci a prolongé ses faubourgs dans la direction
du confl. des deux rivières.
Cours, dont la moyenne est assez exactement l'O., 83 k., avec
nombre de menus détours; larg. 10, 12, 15 m.; bassin 52 500
hect.. y compris la partie peu étendue que l'Allemagne s'est
annexée; belles eaux ordinaires 5 m, cubes; étiage assez faible,
soit pendant les plus grands froids de l'hiver, quand les
sources sont gelées, soit a la suite des longues sécheresses de
l'été; crues modérées. Une vingtaine de moulins et usines
diverses à partir de la rencontre des deux Vezouses à Cirey. De
cette même ville de Cirey à l'emb. dans la Meurthe, sur un
parcours de 68 k., la rivière est censée flottable; mais en
réalité on n'y rencontre jamais de radeaux.
Formes anc. du nom : Vizuzia (816), Viososa (1157), Vernize
(1301), Vensosa, Vyzuse.
|