Vestiges
gallo-romains à Domjevin
Conférence de M.
l'abée Hatton faîte le 7 janvier 1937 à la Faculté des
lettres de Nancy, sur la découverte des vestiges
gallo-romains à Domjevin et à Laneuveville-aux-Bois
L'Eclair
de l'Est - 31 janvier 1937
Dans le Blâmontois
Devant un bel
auditoire, M. l'abbé Hatton. directeur de la « Semaine
Religieuse », a fait à l'amphithéâtre de la Faculté ries
Sciences une fort intéressante conférence sur les
vestiges gallo-romains dans le Blâmontois.
En commençant, M. l'abbé Hatton remercie délicatement
ses collaborateurs : MM Georges Goury, professeur de
préhistoire; Fourchy, conservateur adjoint du Musée
Lorrain: Des Robert, président de la « Société
d'Archéologie Lorraine »: Salins, archéologue; Didier,
adjoint au maire de Laneuveville-aux-Bois.
Puis, le terrain dans lequel il entendait promener ses
auditeurs ayant été délimité, il entreprit une plaisante
relation de ses premières recherches et des
circonstances qui les provoquèrent.
En 1925, une décision épiscopale l »envoya comme curé à
Domjevin, petit village de grosse culture situé à 2
kilomètres de la route nationale de Nancy à Strasbourg
par Blâmont. Dès son arrivée, il se mit en quête des
curiosités de J'endroit. Le nom même du village
l'intrigua longtemps. Les premiers résultats stimulèrent
son ardeur. Mais sa patience de chercheur devait être
mise à rude épreuve avant qu'il put se féliciter d'un
bilan appréciable.
Ce bilan comporta huit villas reconnues, parmi
lesquelles Domjevin, Reclonville, Hablainville, Rohé,
Laneuveville-aux-Bois, Emberménil (Villas rustiques, à
l'exception d'une), quatre voies, et surtout deux
trouvailles d'un caractère spécial: un puits avec
sculpture à Fréménil, une masse de monnaies anciennes à
Laneneville-aux-Bois.
L'étude de détail de ces villas, de ces voies qui toutes
convergent vers Moussey, valut à l'assistance un savant
et opportun rappel d'histoire ancienne.
Quant à celle du puits de Frêménil, M. l'abbé. Hatton
relata avec bonne humeur les difficultés qu'il eut avec
la municipalité, dont l'opposition à des fouilles
ultérieures ne purent être vaincues malgré
l'intervention pressante et courtoise de la « Société
d'Archéologie Lorraine » et l'autorité préfectorale.
L'orateur rend hommage au chef de service de Nancy et à
M. le Sous-Préfet de Lunéville qui, malheureusement sans
succès, essaya de convaincre par sa présence et les
assurances qu'il donnait l'obstination des élus de la
commune.
La collection de monnaies de Laneveuville-aux-Bois
comprend trois cent neuf pièces. Ce chiffre est
significatif, mais la répartition des monnaies est
encore plus digne de remarque ; elle offre des
particularités qui révèlent une grande histoire. On
comprendra dès lors que M. l'abbé Hatton se soit plus
longuement arrêté ici dans son exposé.
Comment expliquer la présence à cet endroit d'un tel
trésor ? Comment surtout expliquer la présence de pièces
grecques très anciennes ? On en est évidemment réduit
aux hypothèses. Ou bien il s'agit d'une collection
dispersée, ou bien le lieu de la trouvaille était soit
un camp, soit un lieu de partage du butin, soit encore
un marché frontière où se faisait, avant César, le
trafic du sel. La route du sel passant à Domjevin, cette
dernière hypothèse parait rassembler la somme la plus
complète de probabilités.
Les conclusions générales du conférencier ne manquent
pas d'intérêt du point de vue historique. Résumons-les :
1° la région étudiée a été assez peuplée. même avant
l'arrivée des Romains; 2° beaucoup de routes se
prêtaient aux communications ; 3° le pays a été dévasté,
réduit à l'état de désert par les invasions ; 4° la race
ancienne, au moins dans Je pays de passage, a disparu en
grande partie, laissant la place aux guerriers à
cheveux roux francs et alamans.
Aux yeux de M. l'abbé Hatton, ces conclusions ne
représentent qu'un léger apport, mais sa modestie lui
fait. très certainement sous-estimer les résultats
positifs d'un travail si consciencieux et si piquant.
Avec lui, souhaitons que ces recherches éveillent ou
raniment le zèle de quelques amateurs avertis; l'objet
en vaut la peine.
M. l'abbé Hatton fut longuement applaudi parmi ses
auditeurs, au nombre desquels nous avons reconnu MM. les
chanoines Eugène Mar tin, de Bazelaire, Moncelle, le
doyen Gény, Mgr Guise, le docteur Saleur, Jean Godfrin,
Charles Berlet, Jacquemin, Poirot, et un délégué de M.
Linkenfeld, le célèbre archéologue de Strasbourg. |