Archives
d'Emberménil - 1876
Journal de
la Société d'archéologie et du Comité du Musée lorrain
1876
Quelques recherches
dans les archives d'Emberménil.
Emberménil est, on le sait, une commune du canton de
Blâmont, arrondissement de Lunéville situé sur la ligne
du chemin de fer de Paris à Avricourt, il est le dernier
village avant la frontière allemande; il a eu pour curé
le trop fameux abbé Grégoire, député évêque
constitutionnel de Blois. Grégoire était originaire de
Vého, commune dépendant du même canton et située à
environ 5 kilomètres d'Emberménil; les deux bans se
touchent. L'abbé Grégoire avait fait ses premières
études chez l'abbé Cuerrier, alors curé d'Emberménil.
Dans une récente excursion, j'ai soigneusement compulsé
tous les registres du presbytère et ceux de la mairie,
mis très-obligeamment à ma disposition ; j'y ai trouvé
peu de choses dignes d'être remarquées, cependant j'ai
eu soin de relever ce qui suit
« Le 21 juin 1667, Toussaint Tonnerre, paroissien de
Saint-Maurice, épousa secrètement Christienne François,
à cause de l'insolence des gens de guerre logés en ce
lieu. Ce mariage secret semble prouver le peu de
sécurité qu'avaient les Lorrains à cette époque. Cet
acte est signé par P. Séraphin, carme de Batkara (sic).
« Dommange Cherrier, paroissien d'Emberménil, homme âgé
de 80 ans, a rendu son âme à Dieu le 14 aoust 1676 et a
été enterré à l'église au costé droit du crucifix. » On
ne retrouve aujourd'hui aucune trace de sa sépulture.
Les registres du presbytère font mention d'une confrérie
du Saint-Sacrement (qui, du reste, existe encore). Les
papes Clément Xl et Benoit XIV, ce dernier par bulle
perpétuelle, ont réglé les conditions sous lesquelles
cette confrérie est établie. (J'ai eu entre les mains
les expéditions de ces deux bulles précieusement
conservées.)
Le maître-autel de l'église d'Emberménil est privilégié
par le même Benoit XIV.
En 1716, le 8 novembre, les maire, échevins et commis de
ville présentent requête à M. Thomassin, seigneur du
Chenois, en partie de Domjevin, Bure et autres lieux,
avocat à la Cour, juge en garde en la justice
d'Emberménil, etc. à l'effet d'obtenir l'autorisation de
vendre vingt-cinq bois de chêne couronnés et dépérissant
dans le petit bois communal appelé le Ban-Bois, pour
achever de payer environ trois cents livres redues aux
ouvriers pour construction de l'église, de la tour et de
la flèche.
Cette autorisation leur fut accordée le 11 novembre
1716.
Le 17 février 1763 a été trouvé assassiné sur le ban
d'Emberménil Alexis Durant, boucher à Lunéville, qui,
après toutes informations et à la prière de M. le
procureur d'office de la seigneurie d'Ogéviller, a été
inhumé le 18 du même mois.
Anne, fille du sieur Nicolas Léguay-Montfort, cy-devant
valet de chambre à Sa Majesté le Roy de Pologne, décédée
au domicile de Joseph Martin, bonnetier, père
nourricier, âgée de 6 mois, le 29 juin 1767.
De 1782 à 1789, les actes de baptêmes, mariages et décès
sont signés par l'abbé Grégoire, et en entier écrits de
sa main.
Le 27 mars 1785, élection d'une matrone, le jour de
Pâques, à l'église, au premier coup de vêpres, 62 femmes
et veuves réunies ; 33 voix sont données à Elisabeth
Leclerc, âgée de 28 ans, fille de Léopold Leclerc et
femme de Charles Jacquot, charron, reconnue femme de
probité, suffisamment instruite des principes de la
religion catholique et capable d'administrer, dans la
nécessité, le sacrement de baptême.
Le 16 novembre 1788, nouvelle élection de matrone, à la
suite du départ de la commune d'Elisabeth Leclerc. Choix
de Barbe Aubry, âgée de 25 ans, femme de Jean-Baptiste
Colin, cordonnier à Emberménil.
Le 4 janvier 1790, nouvelle et dernière élection de
matrone.
Le 18 février 1726, Dominique Parterre, laboureur à
L.aneuvevilie-aux-Bois, fait abandon à la maison curiale
d'Emberménil d'une petite chènevière ayant en longueur
six toises et une toise 1/2 de large, au bout du jardin
de la maison de cure, à charge d'une messe basse
annuelle pour le repos de son âme. (Registre des Actes.)
« L'an de Jésus-Christ 1806, le vingt-un décembre, j'ai
donné la sépulture ecclésiastique à frère Nicolas
Chapeleur, ci-devant hermite de Sainte-Agathe, près d'lnville-au-Jard
(sic), avec les cérémonies accoutumées, dans le
cimetière de la paroisse ; il est mort au Chénois ferme
dépendante de la commune d'Emberménil où il était en
qualité de domestique, après avoir reçu le sacrement
d'extrême-onction, âgé d'environ ; 60 ans le présent
acte rédigé par moi soussigné et signé de François
Hasselot, son maitre. (Signé Colin, curé desservant.)
L'église d'Emberménil, qui n'a rien de remarquable, sauf
le choeur qui est, je crois, du XVe siècle, et
l'élévation de sa flèche, possède trois cloches achetées
en 1.846 et payées 2,676 francs 93 centimes au sieur
Monin, fondeur à Lunéville ; c'est le produit d'une
souscription ouverte entre les habitants.
Stanislas THOMAS. |