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Incidents de frontière - 1900-1914



La Croix - 9 août 1900

UN MISSIONNAIRE ARRÊTÉ A LA FRONTIÈRE ALLEMANDE
Le Lorrain raconte qu'un religieux de la Congrégation des Pères Blancs d'Alger, le R. P. Bientz, français de nationalité, mais originaire de Langenberg, où il a encore des parents, descendait dimanche soir à Deutsch-Avricourt pour se rendre dans sa famille. M. le kreisdirector lui avait accordé une permission de séjour de quarante-huit heures.
En descendant du train de France, à 7 heures, le Père croyait trouver son frère avec le permis de séjour. Ce fut M. le commissaire de police qui le reçut. L'accueil fut assez frais. Après un interrogatoire sommaire, sans lui permettre de repasser la frontière ni de télégraphier à son frère qui l'attendait à la gare d'Azoudange, un gendarme, sur l'ordre de M. le commissaire, emmène le paisible religieux au cachot comme un simple repris de justice.
Puis à 4 heures de l'après-midi, le religieux fut expédié à Lorquin où il serait sans doute encore si un recours en grâce télégraphié à l'empereur ne l'en avait délivré lundi, à 6 heures du soir...
«  L'annexion date de trente ans, ajoute le Lorrain. Tous les ans, dans un Parlement ou l'autre d'Allemagne, on nous proclame les gens les plus paisibles du monde, et voilà comme un simple commissaire peut traiter un de nos enfants pour qui on a obtenu une permission régulière mais qui, par un malentendu quelconque, ne l'a pas dans sa poche. Et avec cela nous n'avons le droit de rien dire et nous devons être contents ! Soit ! »


La Croix - 1er janvier 1902

Meurthe-et-Moselle. Déserteurs allemands. Un gendarme des brigades d'Avricourt a amené à Nancy deux déserteurs d'un régiment allemand en garnison à Sarrebourg. L'un d'eux était en tenue militaire.


Journal des débats - 6 août 1907

Est-ce un espion ? On télégraphie de Lunéville que des douaniers d'Avricourt, ayant remarqué un individu qui se dirigeait vers la frontière, portant sur l'épaule une carabine de cavalerie, l'interpellèrent.
L'homme s'enfuit, mais fut arrêté. Il refusa de faire connaître sa véritable identité
On l'a ramené à Lunéville, et l'enquête a démontré que l'arme dont il était porteur appartient au 18e régiment de chasseurs à cheval, en garnison à Lunéville ; mais on n'a pu encore savoir comment il se l'est procurée. Il garde à ce sujet le plus complet mutisme.


Journal des débats - 27 août 1907

Le séjour des officiers français an AIsace-Lorraine
Un de nos abonnés, colonel en retraite de l'armée française, nous écrit pour nous narrer la fâcheuse mésaventure dont il fut victime à Avricourt-Allemand, au moment ou il voulut pénétrer sur le territoire d'Alsace-Lorraine.
Arrivé de Lunéville par chemin de fer, pour se rendre à Wangenbourg dans les Vosges, en passant par Saverne, notre correspondant fut appréhendé par un gendarme et un commissaire de police, au moment où- il quittait la salle des bagages, où il avait rempli les formalités de douanes. L'interrogatoire d'usage apprit aux agents allemands qu'ils se trouvaient en présence d'un officier en retraite. Ils lui objectèrent avec un peu de rudesse qu'il ne pouvait passer la frontière sans être muni d'un permis de séjour. C'est en effet la loi, mais pour les militaires en non-activité elle avait été appliquée, durant ces dernières années, avec plus ou moins de sévérité.
Notre correspondant fut contraint de télégraphier au ministère d'Alsace-Lorraine à Strasbourg- pour demander une autorisation. Mais on ne lui permit pas d'utiliser le bureau télégraphique de la gare allemande. Il dut refaire à pied les deux kilomètres qui séparent Avricourt-AIlemand d'Igny-Avricourt pour remettre son télégramme à la gare française.
Ceci se passait la 17 août à neuf heures du matin. À quatre heures du soir, notre correspondant, malgré les assurances favorables du commissaire, n'avait pas encore de réponse du ministère. Aussi retourna-t-il à Lunéville, décidé à renoncer définitivement à sa villégiature. L'autorisation lui parvint le 20 août, quatre jours après l'envoi de son télégramme.
Le cas de notre colonel n'est pas isolé et l'on oublie généralement que les mesures les plus sévères sont encore prises en Alsace-Lorraine contre les officiers français de tout ordre. La suppression du régime des passeports n'a rien changé dans l'attitude du gouvernement allemand vis-à-vis d'eux. On accorde généralement toutes les demandes d'autorisation, mais l'officier qui séjourne en pays annexés doit se soumettre à toutes les formalités.
Voici, traduit exactement, le texte du règlement que l'on adresse en langue allemande, à tous les officiers français qui demandent un permis de séjour au ministère d'Alsace-Lorraine:
Les officiers étrangers, à savoir aussi bien tous ceux qui appartiennent à l'armée active que ceux qui sont pensionnés (en retraite) ou se trouvent momentanément en non-activité, ainsi que les fonctionnaires militaires et les médecins militaires qui ont rang d'officiers, sont soumis, lorsqu'ils séjournent on Alsace-Lorraine, aux déclarations suivantes :
1° Une déclaration de police qui doit se faire a la mairie de toute localité où ils séjournent plus de vingt-quatre heures. Cette déclaration peut se faire par écrit et aussi par l'entremise du logeur. Dans les villes de Strasbourg, Metz et Mulhouse la déclaration doit être effectuée à la direction de police.
2° Une déclaration militaire. Cette déclaration est obligatoire, lors même que le séjour n'atteindrait pas vingt-quatre heures, à moins qu'il ne s'agisse d'un arrêt très court, inévitable durant un passage en Alsace-Lorraine, à cause de l'horaire des chemins de fer ou des correspondances par voiture de poste.
La déclaration militaire doit se faire, dans les forteresses, chez le gouverneur ou le commandant, dans d'autres lieux de garnison, chez l'officier le plus ancien et dans tous les autres cas au bureau de recrutement.
La déclaration doit être effectuée personnellement. Si celui qui y est soumis ne séjourne pas dans un lieu de garnison ou au siège d'un bureau de recrutement, elle peut aussi être effectuée par écrit.
Si le permis de séjour a été accordé avec la mention que celui-ci peut être utilisé en plusieurs fois, la déclaration doit être faite dans chaque cas particulier, à chaque voyage. Dans le cas où le permis de séjour serait prolongé après coup, la déclaration militaire doit être répétée.

On voit qu'il s'agit d'une surveillance de tous les instants. Notre correspondant oppose très justement le libéralisme du gouvernement français à l'étroitesse dont fait preuve l'administration allemande.
«  En ma qualité de Lorrain, écrit-il, je crois bon d'ajouter que, en présence de ces vexations allemandes, les populations de l'Est sont péniblement surprises de la tolérance inexplicable dont les officiers allemands en activité sont l'objet de la part des autorités françaises.
«  Constamment à Nancy, on voit ces messieurs, venus des garnisons voisines (Metz, Sarrebourg, Strasbourg, etc.) attablés dans les cafés de la place Stanislas ou assistant aux revues militaires de la division de fer et comptant sans doute ce qu'il reste de soldats dans les rangs.
«  Leurs intentions, certes, sont moins innocentes que celtes des anciens soldats, plus ou moins cassés par l'âge qui désirent simplement aller jouir de l'air pur des Vosges. »
Notre correspondant aurait pu ajouter que ce traitement est contraire à l'esprit même de l'article 11 du traité de Francfort qui assure la «  réciprocité » entre les deux nations. Mais des représailles de la part de la France seraient peu conformes aux traditions mêmes de notre pays.


Journal des débats - 20 septembre 1907

ALSACE-LORRAINE. La Strasburger Zeitung annonce qu'un mécanicien de la Compagnie de l'Est a été arrêté à. Deutsch-Avricourt et retenu pendant une heure, parce qu'un douanier avait découvert 120 grammes de tabac achète par ce mécanicien à Avricourt pour son usage personnel. Le mécanicien a été remis en liberté après avoir versé 54 marks.
Le journal strasbourgeois conteste aux autorités douanières allemandes le droit de faire descendre un mécanicien français d'une locomotive française.


Journal des débats - 21 septembre 1907

LA DOUANE D'AVRICOURT
La Strassburger-Zeitung donne les détails suivants sur un incident qui s'est produit ces jours-ci en gare d'Avricourt-Allemand. Le train de neuf heures et demie du matin, venant de-France, était entré en gare, lorsque, conformément à ce qui se fait chaque jour, un contrôleur des douanes allemandes monta sur la locomotive française afin de constater si les employés de la Compagnie de l'Est ne se livraient pas à la contrebande.
Dans une petite boite en bois, journellement visitée par la douane allemande, l'employé trouva deux paquets de tabac dont l'un était entamé. Le mécanicien fit observer que ce tabac était destiné à son usage personnel, et qu'il suffirait au douanier d'assister au départ du train pour s'apercevoir que le tabac repassait la frontière. Rien n'y fit. Le mécanicien dut quitter sa machine et fut contraint de verser à la douane allemande la somme de 54 marks pour une quantité de tabac pesant environ 120 grammes. S'il n'avait pas payé d'amende, il eût été arrêté. Et encore n'échappa-t-il à la prison que grâce à un expéditeur de marchandises qui lui avança gracieusement la somme d'argent nécessaire. Tout cela dura trois quarts d'heure et mit le train considérablement en retard.
Le correspondant de la Burger-Zeitung ajoute qu'il est très douteux que les autorités douanières allemandes aient le droit de faire descendre de sa locomotive un mécanicien français. Elles ont eu tort, en tous les cas, de nuire aussi bénévolement aux bonnes relations régnant à la frontière entre employés français et allemands. Il est évident que si le mécanicien avait eu l'intention de faire de la contrebande il ne s'y serait pas pris d'une façon aussi enfantine.


Journal des débats - 8 décembre 1907

Alsace-Lorraine
LE GENDARME D'AVRICOURT
La Bürger-Zeitung raconte une extraordinaire aventure arrivée à un jeune Strasbourgeois revenant de France pour faire son service militaire en Allemagne. On sait combien les jeunes gens qui sont à l'âge du service militaire sentent peser sur eux le regard soupçonneux du gendarme, lorsqu'ils passent la frontière pour sortir des limites de l'empire, et avec quelle facilité ils peuvent être arrêtes comme insoumis. Dans le cas présent la situation est renversée.
Une famille strasbourgeoise avait envoyé son fils âgé de dix-neuf ans et en possession du certificat de volontariat d'un an achever ses études en France et en Belgique. Ayant terminé son séjour, le jeune homme revenait ces jours-ci de Paris, en compagnie de sa soeur quand, en descendant du train à Avricourt le gendarme de service lui demanda d'exhiber ses papiers. De papiers, il n'en avait pas, les ayant laissés à Strasbourg. Durant les deux années qu'il venait de passer à l'étranger, il n'en avait pas ou besoin et voilà qu'on lui en réclamait au retour dans sa patrie !
Le jeune homme eut beau affirmer dans le plus pur allemand, qu'il revenait en Allemagne pour accomplir son service militaire, le gendarme ne voulut rien entendre. La soeur dut continuer seule le voyage. Enfin un télégramme adressé par qui de droit à Avricourt fit délivrer le jeune homme.
La Burger-Zeitung déclare, en terminant son récit, que «  c'est un comble ».


Journal des débats - 5 juin 1908

Alsace-Lorraine
UN DRAPEAU FRANÇAIS CONFISQUÉ
L'Association des jeunes gens catholiques du Neudorf, près Strasbourg, a procédé, dimanche dernier, à la consécration de son drapeau. Dix-neuf Sociétés similaires ont prêté leur concours à cette cérémonie d'un caractère purement religieux. Mais les gendarmes d'Avricourt semblent y avoir vu une manifestation politique qui mettait en danger la sécurité de l'empire. En effet, la Société l'Avenir de Lunéville, également invitée par les jeunes gens de Neudorf avait donné suite à cette invitation et s'était proposé d'y assister avec sa bannière cravatée aux couleurs françaises. Mais à la frontière allemande, le drapeau fut confisqué, de sorte que les Lunévillois durent assister à la cérémonie sans leur emblème.
«  Nous ne relèverions pas ce geste du gendarme allemand, écrit à ce sujet le Journal d'Alsace-Lorraine, s'il ne démontrait, une fois de plus, quelle incohérence règne dans l'administration de la police. L'an dernier on a toléré à Strasbourg, l'exhibition du drapeau français, lors des courses nautiques internationales. Cette année on l'interdit au Neudorf, soit aux portes de Strasbourg. A part l'incohérence, c'est faire montre d'un esprit si mesquin et si vexatoire qu'il est préférable de n'en point parler. »


Journal des débats - 16 juin 1908

Alsace-Lorraine
A PROPOS DES COULEURS FRANÇAISES
La Strassburger-Correspondens, organe officiel, se donne la peine de démentir la nouvelle de la confiscation d'une bannière aux couleurs françaises qu'une Société de Lunéville voulait apporter en Alsace, pour assister à une fête où elle avait été conviée. La bannière n'avait pu être saisie à la douane d'Avricourt parce que la Société en question ne la portait pas avec elle. Or, L'autorisation de venir en pays annexés n'avait été accordée aux Lunévillois qu'à condition qu'ils viendraient sans leur drapeau.

L'Express s'élève contre le zèle de la feuille allemande «  Voici des années, écrit l'organe mulhousien, que les journaux indigènes signalent des exemples de cette phobie du tricolore français, et jamais la Correspondance officielle n'avait pris la peine de démentir. Il est à présumer qu'elle avait de bonnes raisons pour cela. Nous sommes heureux de pouvoir enregistrer des démentis officiels dans le genre de celui qui nous occupe. Nous serions plus heureux encore si le gouvernement voulait, une fois pour toutes, donner à ses agents des instructions nouvelles au sujet des prétendues «  couleurs séditieuses ». II pourrait en même temps faire cesser les tracasseries concernant les noms de baptême et les inscriptions commerciales. Ce serait bonne besogne et besogné habile, et les autorités auraient tout bénéfice si l'on consentait enfin à revenir au régime de la tolérance et de la saine raison.
«  Le fait que drapeau tricolore «  séditieux » a pu flotter l'autre jour, à Strasbourg, à l'occasion de la visite du Syndicat des épiciers, nous prouve, d'ailleurs, que cet emblème peut être arboré sans aucun inconvénient pour personne. Au contraire. »


Journal des débats - 25 juin 1908

A LA FRONTIÈRE D'AVRICOURT
Plusieurs journaux de langue allemande se plaignent amèrement de l'excès de zèle que déploient gendarmes et commissaires à l'égard dès-voyageurs qui-se rendent en France et en reviennent. A Avricourt-Allemand, les autorités surveillent rigoureusement les personnes qui quittent le pays et s'enquièrent de la nationalité des jeunes gens en âge de porter les armes. Au retour, l'interrogatoire est plus sévère encore. On pourrait presque conclure de ces mesures que l'obligation des passeports n'a pas encore été abrogée.
Les mêmes journaux font ressortir que l'on ne trouve rien de semblable à la station frontière française d'Igney-Avricourt, «  où personne ne songea molester les voyageurs, même ceux qui portent le petit chapeau vert, le costume de molleton et le fameux «  rucksack », auxquels ont reconnait à cent mètres la nationalité de ceux qui les portent
Un Allemand ayant séjourné à Paris, et revenant dans son pays par Avricourt, en se voyant soumis à toutes ces inquisitions, s'écria «  C'est triste à constater, mais les premiers casques à pointa que l'on retrouve ici, au lieu de vous réjouir, ne vous occasionnent que des désagréments. »
Que dire des Alsaciens qui se trouvent dans la même situation !


Journal des débats - 12 févier 1909

Deux cavaliers déserteurs. - Deux cavaliers du 8e dragons en garnison à Lunéville ont déserté avec leurs chevaux tout harnachés et ont pu gagner la frontière allemande grâce à la rapidité de leurs montures. Ce sont deux rengagés.
Ils ont passé la frontière vers neuf heures, à Rechicourt-la-Petite. On s'aperçut presque aussitôt de leur départ, un de leurs camarades ayant été surpris au moment où il s'apprêtait à les rejoindre. Il fut arrête à temps, mais ses complices purent gagner la frontière.
La gendarmerie d'Avricourt fut immédiatement prévenue, ainsi que celle de Lunéville et les postes de douaniers.
Deux sous-officiers du 8e dragons furent envoyés à la poursuite des déserteurs; Ils suivirent leurs traces jusqu'à Réchicourt-la-Petite, mais y arrivèrent un quart d'heure après le passage des deux cavaliers.


La Croix - 14 mai 1909

MEURTHE-ET-MOSELLE. Deux uhlans passent en France avec armes et montures.
On mande d'Avricourt que deux uhlans du 3e chevaux-légers de la garnison de Dieuze
(Lorraine), nommés Fischer et Obermayer, ont passé la frontière.
Après avoir attaché leurs chevaux dans une ferme voisine de la frontière, ils se sont rendus au village et se sont constitués prisonniers à la gendarmerie.
Les chevaux de ces deux cavaliers déserteurs, saisis par les gendarmes, seront rendus aux autorités allemandes à Avricourt.
Les deux hommes se sont engagés à la légion étrangère.


Journal des débats - 24 août 1910

Alsace-Lorraine
VEXATIONS POLICIERES
Une Société de gymnastique strasbourgeoise, la «  Vogesia » inaugurait l'autre jour sa nouvelle bannière. Quarante-huit Sociétés venues du dehors assistaient à cette solennité qui, par la présence des autorités allemandes, avait pris un caractère presque officiel. Il ne s'agissait donc nullement d'une de ces fêtes purement alsaciennes que le gouvernement se plait depuis quelque temps à voir d'un-très mauvais oeil.
Néanmoins la police exerça une surveillance rigoureuse sur les Sociétés de gymnastique venues de France. C'est ainsi que le commissaire du faubourg national qui était de service ordonna aux membres du Sport raonnais de quitter leur vareuse s'ils voulaient prendre part au cortège qui devait traverser la ville. Les gymnastes français furent donc contraints de défiler en portant leurs vêtements sur le bras. La vareuse avec son coquet capuchon affectait, parait-il, une forme subversive.
Mais une autre Société fut traitée plus rigoureusement encore. C'était cette des gymnastes allemands de Paris, qui, dès son arrivée à Avricourt, se trouva aux prises avec la police, bien que tous ses membres fussent citoyens de l'empire germanique. Elle dut laisser à la frontière son drapeau, sous prétexte que celui-ci portait à la hampe des rubans tricolores qui avaient été offerts naguère aux gymnastes allemands par leurs collègues français. Les visiteurs furent même invites brutalement à enlever les insignes bleu-blanc-rouge qu'ils portaient à la boutonnière. A. leur affirmation qu'ils étaient des Allemands bon teint et qu'il n'y avait dans leurs rangs ni Alsaciens, ni Polonais, ni Danois, le commissaire de police d'Avricourt ne put opposer qu'un sévère «  Verboten ! »,consigne qu'il n'est pas permis de discuter.


Le Gaulois - 27 janvier 1912

Les journaux annonçaient, ces jours-ci, l'arrestation, à la frontière franco-allemande, d'un pseudo agent de notre gouvernement, accusé de racolage pour la légion étrangère.
Sait-on quelle étroite surveillance s'exerce là-bas à l'égard de tout ce qui touche la légion ? Un de nos amis se trouvait récemment à la gare française d'Avricourt, quand il se vit soudain interpellé par un jeune gendarme, qui était de planton.
- C'est bien vous, monsieur, fit ce dernier, qui avez contracté un engagement ? J'ai l'ordre de vous faciliter les formalités.
- Moi ? répondit l'autre, stupéfait; c'est la première nouvelle.
- Allons, pas de plaisanteries J'ai votre signalement c'est bien le vôtre.
Notre ami, pour avoir sa liberté, dut exhiber ses papiers. Or, quatre jours plus tard, comme il revenait, à pied, du village allemand d'Avricourt à la frontière, distante d'environ un kilomètre, un menaçant casque à pointe surgit tout à coup devant lui, au haut d'un talus, et un gendarme allemand, cette fois, blond géant formidable, flanqué de deux molosses, lui cria :
- Warten sie mir, mein Herr Wo gehen Sie so schnell (Attendez-moi, monsieur, pas si vite !)
Mêmes protestations de la part de notre ami, et même étalage de pièces. Mais l'Allemand ne se laissa pas convaincre et notre compatriote, après avoir traversé le village, dut le suivre au bureau du commissaire spécial de la gare, homme parfaitement courtois, d'ailleurs, qui n'eut pas de peine à se convaincre qu'il n'était pas le déserteur recherché.
C'est égal, notre ami ne se voyait pas sans peine incarcéré dans quelque forteresse des bords du Rhin, d'où il lui aurait été sans doute moins aisé de s'évader que le capitaine Lux !


Le Gaulois - 2 février 1912

On n'a pas oublié l'inénarrable aventure survenue, mercredi, au receveur des postes d'Arracourt et la mobilisation de tous les hommes valides dans les sept communes avoisinant la frontière. Or, une des principales raisons de cette levée en masse est celle-ci la veille au soir, vers cinq heures, le fort de Manonviller, où se trouve cantonnée la 8e batterie du 6e régiment d'artillerie, et qui est placé à quelques kilomètres d'Arracourt ce fort, en cas d'invasion, est chargé de détruire la gare-frontière allemande d'Avricourt avait fait des exercices de tir au canon jusqu'à une heure avancée de la nuit. Tous les Lorrains annexés des hameaux contigus étaient passés en France, pour mieux admirer le jeu puissant de ses réflecteurs. Et, de ce fait, plusieurs communes, notamment Moussey, en Allemagne, où les vitres furent brisées, subirent d'assez gros dommages.
Gros émoi dans la population, peu accoutumée à de pareilles démonstrations. Aussi, quand la dépêche arriva, tout le monde était prêt. Le charcutier de l'endroit avait même égorgé son plus jeune porc, qu'il réservait pour la Noël, afin de s'approvisionner de lard avant de rejoindre son corps. Quant au receveur-buraliste, il avait, détail touchant, bourré les poches de ses concitoyens de tabac et de cigarettes !...


Journal des débats - 10 août 1912

Alsace-Lorraine
UN CAS DE DOUBLE NATIONALITÉ
Le gouvernement d'Alsace-Lorraine vient de demander au gouvernement impérial une intervention diplomatique à Paris en faveur d'un nommé Petitpas, arrêté récemment à Igney-Avricourt pour insoumission.
Le père de Petitpas, rémouleur ambulant de nationalité française, était venu se fixer, il y a une vingtaine d'années, à Foulcrey, petite commune de l'arrondissement de Sarrebourg, située à un kilomètre à peine de la frontière. Tracassé par les autorités en Alsace-Lorraine, à cause de l'exercice de sa profession, il finit, dit-on, par se faire naturaliser allemand. Sa nombreuse famille se composait de plusieurs filles et de trois fils, qui tous, quand vint l'âge du service militaire, furent soldats allemands dans la garde impériale à Berlin.
Avant comme après leur service, tous trois se rendaient pour ainsi dire quotidiennement en France, où ils trouvaient de l'occupation comme journaliers. Or, il y a une quinzaine de jours, le second fils, Albert, fut arrêté à Avricourt-français par un gendarme, transféré aussitôt à Nancy au 69e de ligne, où il se trouve provisoirement en subsistance en attendant son passage au Conseil de guerre comme insoumis.
Les fils Petitpas, nés en France, avant que leur père vint s'établir en Lorraine annexée, étaient incontestablement Français, aucune démarche de naturalisation n'ayant été faite pour eux en Allemagne. C'est donc par erreur que les autorités militaires allemandes les ont incorporés dans un régiment allemand. Mais, d'après le texte de la loi française, on perd sa qualité de Français «  par le fait d'avoir pris du service militaire à l'étranger sans y avoir été autorisé par le gouvernement français »..
La démarche faite par le gouvernement allemand, si celui-ci se décide à la tenter, permettra de mettre fin, une fois pour toutes, à une situation qui a déjà donné lieu à de nombreuses vexations. A plusieurs reprises, depuis quelques années, de jeunes Alsaciens-Lorrains établis en France, où ils ont fait leur service militaire, ont été appréhendés parles autorités allemandes dès qu'ils remettaient le pied sur le sol natal et incorporés aussitôt dans des régiments allemands.
Toutes les démarches en leur faveur ont généralement été vaines. Maintenant que l'Allemagne a à se plaindre d'un incident de même nature, elle ne trouvera peut-être pas mauvais que l'on remette sur le tapis des cas déjà anciens et au sujet desquels elle n'a jamais donné satisfaction.


La Croix - 25 mars 1913

Tentative de désertion
Quatre soldats de la 1re compagnie du 153e de ligne, en garnison à Pont-à-Mousson, profitant d'une manoeuvre sur la frontière, ont essayé de passer en pays annexé. Gendarmes et douaniers les ont reconduits à leur corps.
Trois chasseurs à cheval de Lunéville ayant demandé à deux promeneurs près de Vaucourt quel chemin permettait de franchir la frontière, les deux promeneurs invitèrent les cavaliers à se rafraîchir. Les gendarmes, prévenue hâte, ramenèrent les trois fugitifs.


Le Matin - 8 janvier 1914

CONTREMAÎTRE ALLEMAND POURSUIVI POUR ESPIONNAGE
Nancy, 7 janvier. Du correspondant particulier du Matin » (par téléphone). Devant le tribunal correctionnel de Lunéville a comparu aujourd'hui un Allemand nommé Herman, de vingt-six ans, contremaître de l'entreprise des travaux du chemin de fer de Lunéville à Blâmont et Badonvillers, poursuivi pour espionnage.
Hermann avait été trouvé porteur des plans d'ouvrages d'art de la ligne à la construction de laquelle il participa. Les entrepreneurs, MM. François Mège et Justin Ferge, dit Bayle, de Palaiseau, étaient poursuivis pour complicité, ayant laissé à la disposition d'Hermann les plans saisis sur lui.
Les débats se sont prolongés toute la journée dans le huis clos absolu. Une vingtaine de témoins, tous agents ou commissaires de la police spéciale, ont été entendus.
Le tribunal a remis le prononcé du jugement à huitaine.


Le Matin - 15 janvier 1914

Le tribunal correctionnel de Lunéville vient de rendre un jugement acquittant l'Allemand Jean-Baptiste Hermann, contremaître de l'entreprise de construction de la ligne de chemin de fer de Lunéville à Blamont et Badonvillers, en possession duquel avaient été trouvés des plans d'ouvrages d'art de la ligne en question, que le service du contre-espionnage le soupçonnait de vouloir vendre à l'Allemagne. Les deux entrepreneurs de la ligne, poursuivis pour complicité, sont également acquittés.

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