1915 - 50ème
Bataillon de Chasseurs à pied
Historique du 50e bataillon de
chasseurs à pied
Ed. 1920
EN LORRAINE
Forêt de Parroy - Emberménil - Reillon La guerre de
position qui va précéder la guerre de tranchées
commence.
Les lignes sont encore flottantes, mal connues;
aussi des reconnaissances nombreuses, dont
quelques-unes ont un beau rôle à jouer, sont
envoyées fréquemment pour reconnaître les travaux
que l'ennemi peut entreprendre.
Quelques attaques sur des postes avancés sont les
seules manifestations de la lutte.
Janvier 1915. - L'année qui commence trouve le
Bataillon dans la région forêt de Parroy; la
Neuville-aux-Bois. Devant lui l'ennemi est sur la
ligne Emberménil, station et village, qu'il occupe
seulement pendant la nuit et que finalement il
abandonne après la capture d'un de ses postes
avancés. |
|
Le 20 mars, le Commandement français décide de
pousser notre ligne plus en avant ; l'ennemi, qui a
connaissance de cette nouvelle avance, met tout en
oeuvre pour l'empêcher. Il brûle le village d'Emberménil
mais, malgré tous ses efforts, notre progression
continue.
Le 12 juin, au soir, le peloton du sous-lieutenant
Thuveny, qui doit protéger nos travailleurs, tombe
sur une forte reconnaissance ennemie à la lisière
sud du village.
Le capitaine Girardet, qui commande la compagnie,
vient renforcer son peloton, enlève son unité qui
s'élance à l'assaut du village et finalement
l'emporte. Le capitaine Girardet est grièvement
blessé ; il est ramené dans nos lignes grâce à la
bravoure du sergent Haxaire et de deux de ses
chasseurs. Pendant cette attaque, les Allemands
faisaient sauter le clocher d'Emberménil, seul
édifice qui ait échappé à l'incendie.
Le 16 au soir, notre ligne passait au nord du
village et l'armistice, le 11 novembre 1918,
trouvera nos troupes dans cette ligne organisée par
le 50e B.C.P.
Le 30 juin 1915, le chef de bataillon Imbert est
nommé au commandement du 50e.B.C.P., en
remplacement du commandant Chappuis, qui reçoit une
nouvelle affectation. Le bataillon est rattaché à la
74e D.I. ; il forme, avec le 43e et le 71e B.C.P.,
le groupe du lieutenant-colonel Desporees, qui en
prend le commandement dans les derniers jours de
juin.
Pendant les mois qui suivent, le bataillon tient le
secteur Arracourt-Etang-de-Parroy, avec des
alternatives de repos et de tranchée.
Le 15 octobre, au cantonnement de Valhey, il est
brusquement alerté; la bataille fait rage à quelques
kilomètres de là, au nord du village de Reillon.
Plusieurs règiments y ont été décimés, mais la
presque totalité du terrain perdu le premier jour de
l'attaque a été repris.
Au 50e B.C.P. va revenir l'honneur de reconquérir
les quelques éléments de tranchées qui restent
encore aux mains de l'ennemi.
Enlevé en camions, débarqué le 16 à Bénaménil, le
Bataillon se forme en position de rassemblement au
bois de l'Etang et, à la nuit tombante, malgré un
tir d'artillerie extrêmement violent, vient prendre
position dans les tranchées de départ.
La compagnie Marlier, qui attaque, atteint d'un seul
bond ses objectifs.
Elle se maintient toute la nuit dans les tranchées
qu'elle vient d'enlever.
La compagnie Guintrand, tombée sur un réseau intact,
prise d'enfilade par des feux de mitrailleuses, ne
peut progresser.
Le lendemain, l'attaque est reprise à midi. Le
bataillon, électrisé par la charge que sonne à
pleins poumons le brave clairon Delhomme, se rue à
l'assaut de ses objectifs. Mais à peine sorties des
tranchées de départ, les vagues d'assaut, brisées
par le feu des mitrailleuses que l'ennemi a
accumulées sur ce point pendant la nuit, sont
clouées au sol.
Ce sera la dernière tentative ; devant les pertes
élevées subies par le Bataillon, le commandant le
retire de la lutte. Au cours de cette attaque, le
50e avait perdu 11 officiers et 297 chasseurs.
De magnifiques citations viennent récompenser ceux
qui s'illustrèrent dans cette lutte : le commandant
Imbert, le capitaine Marlier, le sous-lieutenant
Poirel, le sergent Jazon, les chasseurs Henry,
Keller et tant d'autres.
Ramené à Moncel pour se recompléter, le Bataillon
reçoit un important renfort du dépôt et des éléments
prélevés sur la compagnie cycliste de la 71e D.I.,
qui vient d'être dissoute et qui passe avec la
plupart de ses cadres au 50e B.C.P.
Pendant toute cette fin d'année, le Bataillon
tiendra, avec les deux autres bataillons du groupe,
les secteurs d'Emberménil et de la station d'Emberménil.
Il s'organisera, accumulera les défenses, fera
quelques patrouilles et trouvera dans la boue et
dans l'eau qui comblent les tranchées, un adversaire
plus redoutable que le Boche.
Le 28 décembre, la Division est relevée. |
|