Comme indiqué dans un précédent article, 
				la chapelle du Château d'Herbéviller-Lannoy aurait été 
				démontée avant 1927 pierre par pierre, et transportée au «  Detroit 
				Institute of Arts ». Mais son aspect actuel n'est pas celui 
				d'origine, ne serait-ce que par les vitraux allemands enchâssés 
				en 1947. 
 
					
						Etat actuel à Détroit 
						
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      Carte postale ancienne 
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				Quel était l'état de la chapelle au moment 
				de son transfert ? 
				L'article, reproduit et traduit ci-dessous, du Bulletin de 
				l'institut des arts de Detroit nous donne deux photographies de 
				1927, et l'indique 
				
				«  originale dans toutes ses parties » : 
				
					
						
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						Carte postale 1929 :  | 
						
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						 On constate cependant 
						des différences importantes entre la carte postale 
						ancienne (d'avant la première guerre mondiale) et la 
						photographie de Détroit : les fenêtres à croisillons 
						carrés sont devenus losanges, les croix de Lorraine 
						surplombant l'autel ont été remplacées par des vitraux 
						plus complexes, l'autel lui même s'est grandement 
						élargi... 
						Nous disposons de quelques cartes postales donnant 
						l'aspect extérieur du château avant la guerre : 
						
						
							
								 
								Mais surtout, de son aspect en 1918 : 
								Et la chapelle n'a pas disparu 
								intégralement sous les obus !  
								  | 
								
								  
                   
  | 
							 
							
								Elle avait été préalablement démontée 
								pierre par pierre, par l'antiquaire parisien 
								Demotte (ce que confirme aussi Jacques 
								Sadoul dans
								Le Pays 
								Lorrain). 
								Les deux documents ci-contre, non 
								datés, font apparaître la toiture rénovée et la 
								chapelle absente (mais ils sont 
								sans doute d'après guerre, à en croire la 
								croissance de l'arbre à gauche). 
								 
								L'antiquaire Demotte * a transporté la chapelle avant 
								guerre (1912 ? 1913 ?)  à Paris, dans sa 
								galerie 27 rue de Berri, où il va l'exposer 
								en 1913, avant de la négocier 
								dès 1922 avec le directeur du musée de Détroit, 
								pour une acquisition définitive en 1923. 
								 
								Mais qu'ont réellement acheté les Américains 
								? La chapelle originale, comme ils l'affirment 
								en 1927, ou une version modifiée par Demotte ?
								(l'article du 
								Journal Gil Blas de 1913 parle aussi 
								étrangement de verrières et non de 
								vitraux) | 
								
                    
								 
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						Ce qui semble confirmer cette hypothèse, est la 
						photographie ci-contre de la chapelle, issue d'une 
						publicité de Demotte en 1931 pour sa succursale de New-York ; la 
						chapelle est indiquée à Detroit mais mentionnée comme 
						autrefois dans la collection new-yorkaise de Demotte. 
						S'il est difficile d'y discerner l'état des fenêtres 
						(les deux traverses visibles laissant cependant penser 
						qu'il s'agit déjà des fenêtres à losange), 
						les modifications des croix de Lorraine ont déjà été 
						opérées, tout comme celle de l'autel qui supporte une 
						étrange statue (vierge à l'enfant ?) qu'on ne retrouve 
						sur aucun autre cliché. S'il s'agit, comme on peut le 
						soupçonner, d'un cliché pris dans la galerie Demotte de 
						New-York avant 1923, on pourrait en déduire que : 
						- la chapelle aurait bien été transférée de la galerie 
						parisienne à la galerie new-yorkaise avant sa cession à 
						l'Institut de Detroit ; 
						- c'est bien Demotte qui l'aurait rendue plus "esthétique" 
						pour en favoriser la vente, de sorte que les Américains, 
						qui n'ont sans doute jamais eu sous les yeux la carte 
						postale ancienne en début de cet article, auraient acquis une 
						version remaniée qu'ils croyaient originale. 
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						On notera par ailleurs que la même 
						chapelle, dans son état modifié, servira de couverture 
						au bulletin de l'Institut de Detroit en 1951 :
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						Bulletin of The Detroit Institute of Arts Of the City of Detroit
				 
				Vol. IX - OCTOBER, 1927 - No. 1  
				FRENCH GOTHIC CHAPEL C. 1500 GIFT OF MR. RALPH H. BOOTH  
						 
				FRENCH GOTHIC CHAPEL  
				In the short time that our new building has been open to the 
				public, the French Gothic chapel, the dedication gift of Mr. 
				Ralph H. Booth, has become one of the most popular spots in the 
				Museum. Little wonder, indeed! This tiny structure, complete and 
				original in all its parts, with its weathered but well-preserved 
				old stone walls, pillars, and ribbed vaulting, its stained glass 
				windows, its altar and holy water font, brings to the people of 
				this young country something of the real atmosphere of past ages: 
				an atmosphere which the most perfect reproduction of antique 
				architecture somehow fails to give. In this little room one may 
				dream of the noble and courtly people, long passed away, who 
				prayed here; the very stones are alive and tell of the many 
				hands which touched them, of the skirts which brushed them, and 
				of the countless feet which trod them.  | 
						
						 
						
						  
						(cliquer sur l'image pour 
						accéder au PDF)  | 
					 
					
						The chapel, originally a part of the Chateau de Lannoy in 
				Herbeviller in Lorraine (eastern France), was dismantled, and 
				stone for stone shipped to Detroit, where it was rebuilt into 
				the Museum in connection with the Gothic Hall. The exact date of 
				the castle, the records of which go back to the thirteenth 
				century, has not come down to us. We only know that it acquired 
				its present form while belonging to the Créhange family, who had 
				bought or inherited the estate from Marguerite de Chambley, Dame 
				de Parroy, late in the fifteenth century. Stylistic reasons lead 
				us to suppose that our chapel was built in the first years of 
				the sixteenth century. About the year 1525 the castle came into 
				the possession of the Bannerot family, who held It until the 
				eighteenth century, when René de Bouchard, husband of Anne de 
				Lannoy, became the owner. In 1758 their daughter married Jean 
				Pierre, Comte de Lignéville, in whose family the estate remained 
				until the Revolution. Lignéville is the last noble name 
				connected with the castle. Abandoned and maltreated during the 
				Revolution, in the nineteenth century it became the home of 
				several bourgeois families and is today a farm house. 
				In style the chapel represents the very last phase of French 
				Gothic art. Its general plan, ending in five sides of an octagon, 
				still follows the scheme established for choirs and chapels in 
				the first examples of Gothic architecture of the twelfth century. 
				The vault, however, which in the High Gothic period was 
				supported by single ribs ascending in a straight line from the 
				pillars to the keystone, has here become an intricate starlike 
				network of delicately moulded ribs. The capitals of the early 
				period and the wreaths of scanty foliage which superseded them, 
				marking the intersection of the engaged shafts and the vault, 
				are here entirely eliminated. In the traceried windows we have 
				the bows and "fishbladders" of the typical flamboyant manner, 
				and finally, above the niche on the right wall, we observe a not 
				conspicuous but significant detail: the relief decoration of 
				dolphins and acanthus leaves, the first glimpse of the coming 
				new style of the Italian Renaissance, a fact which definitely 
				proves that our chapel stands on the boundary of two periods, or 
				one might even say between two worlds. 
				W. H.  | 
					 
				 
				 
				Traduction du Bulletin du «  Detroit Institute of Arts » de la ville de 
				Detroit 
				Vol. IX - OCTOBRE 1927 - N ° 1 
				CHAPELLE GOTHIQUE FRANÇAISE Vers 1500 - DON DE M. RALPH H. BOOTH 
				CHAPELLE GOTHIQUE FRANÇAISE 
				Durant le peu de temps où notre nouveau bâtiment a été ouvert au 
				public, la chapelle gothique française, don dévoué de M. Ralph H. 
				Booth, est devenu l'un des endroits les plus populaires du 
				Musée. Rien d'étonnant, en effet ! Cette petite structure, 
				complète et originale dans toutes ses parties, avec ses vieux 
				murs de pierre résistants mais bien conservés, ses piliers, ses 
				voûtes nervurés, ses vitraux, son autel et son bénitier, apporte 
				au peuple de ce jeune pays quelque chose de l'atmosphère réelle 
				des siècles passés: une atmosphère que la plus parfaite 
				reproduction de l'architecture antique échoue en quelque sorte à 
				donner. Dans cette petite pièce, on peut rêver des gens nobles 
				et courtois, disparus depuis longtemps, qui ont prié ici : les 
				pierres sont vivantes et témoignent des nombreuses mains qui les 
				ont touchées, des jupes qui les ont frôlées et des pieds 
				innombrables qui les ont foulées. 
				La chapelle, à l'origine une partie du château de Lannoy à 
				Herbeviller en Lorraine (est de la France), a été démantelée, et 
				expédiée pierre par pierre à Detroit, où elle a été 
				reconstruite au sein du musée dans le cadre de la salle 
				gothique. La date exacte du château, dont les traces remontent 
				au XIIIe siècle, n'est nous est pas parvenue. Nous savons 
				seulement qu'il a acquis sa forme actuelle alors qu'il 
				appartenait à la famille Créhange, qui avait acheté ou hérité de 
				la succession de Marguerite de Chambley, Dame de Parroy, à la 
				fin du XVe siècle. Des raisons stylistiques nous amènent à 
				supposer que notre chapelle a été construite dans les premières 
				années du XVIe siècle. Au environ de l'an 1525 le château est 
				entré en possession de la famille Bannerot, qui l'a détenu jusqu'au 
				XVIIIe siècle, où René de Bouchard, époux d'Anne de Lannoy, 
				en est devenu propriétaire. En 1758, leur fille a épousé Jean 
				Pierre, comte de Lignéville, dans la famille duquel la 
				succession est restée jusqu'à la Révolution. Lignéville est le 
				dernier nom de famille noble en relation avec le château. 
				Abandonné et maltraité pendant la Révolution, il est devenu au 
				dix-neuvième siècle le foyer de plusieurs 
				familles bourgeoises et est aujourd'hui une maison de ferme. 
				En terme de style, la chapelle représente la toute dernière 
				phase de l'art gothique français. Son plan général, se réduisant 
				aux cinq côtés d'un octogone, suit rigoureusement le schéma 
				établi pour les choeurs et chapelles des premiers exemples de 
				l'architecture gothique du XIIe siècle. La voûte, cependant, qui 
				dans la période du gothique était soutenue par de simples 
				nervures ascendantes, en ligne droite des piliers à la clef de 
				voûte, est devenu ici un réseau étoilé complexe, d'ogives 
				délicatement moulées. Les éléments essentiels de la première 
				période, et les couronnes de feuillage maigre qui les 
				remplacent, marquant l'intersection des axes engagés et de la 
				voûte, sont ici totalement absents. Dans les fenêtres en ogive, 
				nous trouvons les arcs et "vessies de poissons" typiques du style 
				flamboyant, et enfin, au-dessus de la niche sur le mur de 
				droite, on observe un détail bien peu visible mais 
				d'importance: la décoration en relief de dauphins et de feuilles 
				d'acanthe, premier aperçu du prochain nouveau style de la 
				Renaissance italienne, ce qui prouve définitivement que notre 
				chapelle se situe à la frontière de deux périodes, ou, 
				pourrait-on même dire, entre deux mondes. 
				W. H.  
				Magazine of the 
				Women's City Club of Detroit - Septembre 1927 
				
						  
				 
				
				Les Arts 
				Exposition d'art gothique 
				Voilà, je pense, une nouveauté, - en 1913. Une exposition d'art 
				gothique, peinture, verrières, et statuaire. Des merveilles, 
				comparables aux plus hauts chefs-d'oeuvre de Chartre.s, Reims, 
				Amiens, Sens, Bourges, ou de Notre-Dame de Paris. Cela va nous 
				changer des sempiternelles et commerciales exhibitions de 
				marines bretonnes, frondaisons versaillaises et «  couchers de 
				soleil sur le grand canal ». Est-il possible d'imaginer pour les 
				artistes, les archéologues, Les grands amateurs, les érudits, 
				une rétrospective plus émouvante et d'un enseignement plus 
				profond ? 
				Ce spectacle d'une rareté précieuse, c'est à M. Demotte (et qui, 
				sinon M. Demotte, pourrait à l'heure actuelle, l'offrir ?) que 
				nous en serons, sous deux mois, redevables. 
				A cette exposition, qui attirera l'élite à l'hôtel de la rue de 
				Berri, l'on verra d'abord la représentation de la Vierge par des 
				exemplaires français de premier ordre, du douzième siècle au 
				seizième, c'est-à-dire jusqu'à cette école de Troyes, qui est 
				encore tout imprégnée du sentiment et de la technique médiévaux, 
				et n'est pas encore italianisée. Vierges debout, assises, 
				portant un bouquet, présentant un fruit, une grappe de raisins à 
				l'Enfant. Une Vierge adorable, oeuvre d'un intérêt exceptionnel, 
				tenant de la main droite un encrier à l'Enfant Jésus, qui tient 
				de la main gauche un phylactère sur lequel il écrit de l'autre 
				main. Cette statue est du nord de la France, XVe siècle. 
				La série compte d'autres ouvrages dignes de là plus. fervente 
				admiration. 
				Nous ne pouvons aujourd'hui que les indiquer, nous réservant de 
				les décrire longuement au moment voulu. 
				Vous verrez à la galerie Demotte-, le portrait entier de la 
				Chartreuse de la Réole (début du XVe). Il sera présenté, en 
				place pour ainsi dire, dans une crypte construite chez M. 
				Demotte. Et l'on ne saurait, sans les avoir vues, soupçonner 
				la beauté unique des fêtes du Christ, de la Vierge et de saint 
				Jean qui couronnent ce portail roman. 
				Dans la même crypte seront exposés une statue du Christ entrant 
				à Jérusalem le dimanche des Rameaux, pierre d'une éloquence 
				familière et d'un réalisme exquis. A droite et à gauche., deux 
				figures de prophètes. Ces trois pièces, d'une qualité égale à ce 
				qu'on voit de plus beau à Chartres, proviennent de l'église de 
				Notre-Dame de la Couldre, à Parthenay, dans les Deux-Sèvres, 
				église romaine dont il ne reste plus, que le portail à quadruple 
				voussure. 
				On nous montrera ensuite des fragments de chapiteaux de la 
				cathédrale de Saint-Denis ; et des fragments de Reims. De Reims 
				encore, une délicieuse petite figure d'apôtre appuyé à un 
				pilastre et venant d'une église rémoise aujourd'hui, détruite. 
				De la cathédrale de Conques, des «  corbeaux » de l'expression 
				la plus saisissante. 
				Le treizième siècle sera représenté par une statue de Roi assis 
				sur un trône, en marbre blanc ; par une statuette d'apôtre, en 
				bois sculpté polychrome, style d'Amiens ; un extraordinaire 
				buste de bourreau, au visage menaçant. 
				Ce sont ensuite deux têtes d'apôtres (début du XIVe siècle) 
				pures comme, des antiques, provenant d'un portail détruit de 
				l'église parisienne de Saint-Jacques. Du XIVe une Vierge trouvée 
				il y a quelque soixante années, à Saint-Germain-des-Prés, type 
				parfait de l'art de l'Ile-de-France ; un Groupe de Donateurs, 
				neuf figures de pierre, bloc sublime, exhumé de l'abbaye de 
				Jumièges. 
				Du XVe, le buste étonnant, d'un Diacre, revêtu de sa chape aux 
				broderies de pierre ajourée, et dont le chaperon porte comme 
				ornements les images de la Vierge et de l'ange Gabriel. 
				Et pour clore le lot du XVe, un bas-relief montrant un Donateur 
				et sa femme, présentés par saint Jacques à la Vierge assise. Au 
				second plan, se lit dans la pierre l'histoire des épisodes de la 
				vie aventureuse et guerrière de ce donateur. 
				Du XVIe, deux Saintes Femmes provenant d'une Mise au tombeau, et 
				une statuette de bois colorié figurant la Vierge assise sur un 
				trône et jouant avec l'Enfant. 
				Joignez a cet ensemble prodigieux quelques tapisseries 
				gothiques, verdures animées, verdures à oiseaux ou à scènes 
				religieuses ; des primitifs français et flamands, dont un 
				triptyque, la Vierge et l'Enfant auprès de saint Joseph, sainte 
				Catherine et sainte Barbe; avec, soir les volets, deux anges 
				musiciens. Cette peinture, du tout début du quinzième, cet d'art 
				anversois ; la fraicheur prodigieuse de son coloris, la fermeté 
				du dessin, la suavité expressive du sentiment, tout y concourt à 
				notre ravissement. 
				Quant aux vitraux (notamment les quatre panneaux où l'on voit 
				-deux saint Paul et deux saint Pierre), ils s'étageront du 
				douzième au quinzième siècle. 
				Et vous aurez encore la surprise d'admirer chez M. Demotte la 
				chapelle démontée, transportée, reconstituée pierre à pierre, du 
				château de Lannoy, à Herbeviller (Meurthe-et-Moselle), chapelle 
				avec ses verrières, son autel, et bas-relief dédié à saint 
				Hubert. 
				Nous reviendrons à loisir sur cette manifestation considérable. 
				Pour la commenter, il -faudrait un volume. Et ce volume, 
				Courajod, André Michel, Emile Malle, M,He Louise Pillion l'ont 
				écrit. La statuaire française du treizième s'adresse à ce que le 
				jugement, la sensibilité, le coeur ont de plus secret et de plus 
				noble. L'art des imagiers gothiques vaut par une harmonieuse et 
				sereine unité ; sa sculpture, liée à l'architecture dans le 
				rapport exact d'une plante avec le sol qui la porte et la 
				nourrit, est la floraison symbolique de l'art chrétien. Ce 
				symbolisme, d'ailleurs, n'empêche pas le réalisme le plus probe, 
				le plus savoureux, de se donner libre carrière. Mais l'esprit 
				dompte la matière. Tout l'art chrétien du moyen âge est dominé 
				par la préoccupation qu'exprima Suger de conduire les âmes «  par 
				le moyen des choses matérielles aux Immatériel : de materialibus, 
				ad immaterialia ». 
				D'ores et déjà nous devons un grand merci à M. Demotte qui va 
				bientôt nous donner la plus salutaire leçon et la meilleure des 
				joies. 
				Louis Vauxcelles.  
				
					
						* Georges Joseph Demotte 
						(1877-1923) est un marchand d'art, né en Belgique qui 
						possédait un magasin à Paris (27 rue de Berri) et à New 
						York (8 east 57th Street). Spécialisé dans l'art 
						médiéval français, il achetait des structures et 
						sculptures gothiques qu'il revendait ensuite. 
						Henri Matisse fit son portrait en 
						1918. 
						 
				Les méthodes de Demotte restent fortement critiquables : on sait 
				ainsi qu'ayant acquis le très rare manuscrit mongol du Livre des 
				rois (Shahnameh), il le démembra irrémédiablement pour vendre 
						chaque illustration à divers collectionneurs, sans même 
						hésiter à détacher des recto/verso pour maximiser son 
						profit. | 
						
                    | 
					 
				 
				Il engagea 
				en 1923 un procès en diffamation contre l'américain Joseph Duveen, qui affirmait qu'une statuette médiévale vendue par 
				Demotte était un faux. Mais il mourut accidentellement le 4 
				septembre 1923, abattu au retour d'une chasse au sanglier par 
				son collègue marchand d'art Otto Wegener. Le Gaulois du 5 
				septembre 1923 conclut l'information par ces lignes : «  on 
				sait que M. Demotte avait été partie dans un procès au 
				correctionnel portant sur des commissions pour ventes d'objets 
				d'art en Amérique. A l'occasion de ce procès, certains 
				chefs-d'oeuvres, figurant dans les collections nationales, 
				furent passionnément discutés par les experts et les 
				archéologues. M. Demotte emporte avec lui dans la tombe le 
				secret des Lansquenets du Louvre et de maintes sculptures du 
				moyen âge et de la Renaissance exportées dans le Nouveau Monde 
				». 
				 
				Car, outre le procès américain, Demotte était opposé 
				à l'antiquaire Jean Vigouroux, son ancien directeur de la succursale de New 
				York, pour des affaires d'encaissements de commissions et de 
				détournement de fonds. Mais Vigouroux durant ce procès ne 
				cessera d'accabler Demotte d'accusations de faux. 
				On peut ainsi noter, entre autres déclarations suspectes au 
				cours de ce procès qui servit quasiment de feuilleton au journal 
				le Gaulois : 
				 «  M. Vigouroux estime que les deux 
				lansquenets provenant d'un château du Barrois sont faux. Fausses 
				également les deux statues de rois provenant de 
				Notre-Dame-de-la-Coulche, à Parthenay, et l'Annonciation aux 
				mages. [...] M. Vigouroux à l'appui de ses dires, à montré des 
				photographie des originaux. D'après ces documents il y aurait eu 
				restauration. [...] M. Vigouroux a affirmé à M. Ameline que les 
				deux statues de la Vierge dont l'une se trouve actuellement au 
				Musée Métropolitain de New-York et l'autre au Musée Gardner de 
				Boston étaient fausses. Il a enfin déclaré au magistrat que M. 
				Demotte possédait, rue Dutot, un atelier où l'on fabriquait de 
				fausses statues. Mais cet atelier aurait été fermé, paraît-il, 
				dès l'ouverture de l'enquête ». (Le Gaulois, 20 juin 1923) 
 «  M. de Stecklin, ami du sculpteur Boutron, maître des ateliers Demotte, 
				raconte ce qu'il a vu : - J'ai pu voir, dit-il, une vieille 
				cheminée de ferme, frustre et simple, devenir une magnifique 
				cheminée renaissance avec frises et cartouches. J'ai vu un saint 
				porteur d'une sacoche changer de sexe et devenir une vierge 
				portant l'Enfant Jésus. ». (Le Gaulois, 15 novembre 1924) 
				Il faudrait aussi, pour compléter, se pencher sur la mort suspecte 
				en 1920 du sculpteur Boutron, chef de l'atelier de pierre de 
				Georges Demotte...mais cela nous conduirait fort loin de notre 
				sujet originel. 
	  
					
						| 
						 Rédaction : 
						Thierry Meurant  | 
					 
				 
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