De Verdun
à Ludwigshafen avec les 61e et 235e régiments
d'artillerie
Ed. Berger Levrault
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VII - LORRAINE - 1916
Le 12 juin, les batteries débarquent en Lorraine et
cantonnent dans les environs de Magnières. Elles
reçoivent immédiatement l'ordre d'entrer en secteur vers
Fréménil et Reillon et, le 14, elles sont en position.
Les 1er et 3e groupes vont occuper les emplacements de
batterie auprès de Vého et Domjevin. Le 2e groupe, vers
La Neuville et Manonviller. Le secteur est très calme,
sauf toutefois vers Reillon, où les coups de main sont
assez fréquents de part et d'autre. Sur tout ce front,
l'artillerie doit se montrer la nuit d'autant plus
vigilante qu'elle est chargée de garder un front
considérable.
De part et d'autre, on dispose de peu de munitions et
les quelques coups attribués chaque jour aux batteries
pour le service courant sont destinés à perfectionner
les réglages et à préciser les barrages.
Aussitôt arrivé, on s'organise. Les échelons sont
cantonnés à l'arrière, dans les villages. De bonnes
écuries, une litière abondante, un fourrage sain vont
remettre rapidement nos chevaux en état.
Aux positions, la tranquillité des servants est rarement
troublée. Ce secteur idyllique vaut tous les repos de la
terre. Un frais ruisseau coule derrière les batteries et
chacun peut en toute sécurité se livrer à d'intimes et
rafraîchissantes ablutions.
Le 7 juillet, cependant, alerte sérieuse. Les Allemands,
craignant une attaque de notre part sur l'ouvrage dit le
« Zeppelin », font exploser quatre mines contiguës
préparées de longue date : nos tranchées sont détruites
sur un front de 150 mètres. Pendant quelques jours, la
situation reste fort agitée sur ce point, puis le calme
est rétabli. Par ordre général D. no 197, du 5 juillet
1916, le commandant en chef confère au 61e R.A.C. le
droit au port de la fourragère aux couleurs de la Croix
de guerre. C'est le premier des régiments de campagne
qui reçoit cette distinction.
Cet honneur met une légitime fierté au coeur de tous. Une
batterie formée d'éléments choisis représentera le
régiment au défilé des drapeaux et étendards à Paris, le
14 juillet.
Chacun s'unit de coeur à la délégation et prend sa part
des ovations enthousiastes de cette inoubliable journée
où, vraiment, l'on sentit vibrer le coeur du pays.
Le 20, la 42e D.I., dont le front était limité par la
forêt de Parroy, étend celui-ci jusqu'à la ligne située
à l'ouest de cette forêt, pour libérer la 5e D. C. qui
tenait ce secteur depuis un an. La 5e D.C. se regroupe
au sud de Lunéville, prête à embarquer pour la Somme,
pour y exploiter, le cas échéant, nos premiers succès.
La 2e batterie se porte à Domjevin, dans le milieu de la
forêt de Parroy, pour y constituer avec une batterie à
tracteurs un groupe de campagne.
Au commencement d'août, les batteries du 61e sont
relevées et envoyées au repos pendant une dizaine de
jours dans les villages de Magnières, Moyen, etc. Puis
dans le voisinage du camp de Saffais, où elles doivent
prendre part aux évolutions de la 42e division. Celle-ci
cantonne autour du camp et termine son instruction en
vue de son envoi ultérieur sur la Somme. |