ANNALES
PATRIOTIQUES ET LITERRAIRES
DE LA FRANCE, ET AFFAIRES POLITIQUES DE L'EUROPE
N° CXXXVIII. Du Jeudi 17 Mai 1792., l'an 4 de la liberté.
ASSEMBLÉE NATIONALE.
Séance du 16 mai.
Tandis qu'à nos yeux quelques poignées d'enfans dénaturés osent
appeller à haute voix la guerre et le carnage dans le sein de la
patrie, l'atmosphère de la raison et de la liberté s'étend chez
les nations voisines, et, qui le croiroit ! jusque dans les
cours. Les habitant de la principauté de Salm-Salm, éclairés par
le voisinage de la France, appercevant dans la guerre que nous
soutenons l'intérêt de l'humanité toute entière, viennent de
faire passer à l'administration du district de Blamont une somme
de 300 livres, qu'ils ont recueillie entr'eux pour concourir aux
frais de cette guerre, qu'on pourroit appeller la croisade de la
philosophie. Les princes de Salm-Salm et de Lewingstein-Wurtein,
dignes apparemment d'être à la tête de tels peuples, sont entrés
en négociation avec le roi des François, pour convenir des
indemnités à eux offertes à raison des droits féodaux qu'ils
possédoient en France, et que l'Assemblée constituante a
supprimés. Le congrès a eu lieu, dans l'église de Strasbourg,
entre leurs chargés d'affaires et M. Bonnecarrère, traitant au
nom du roi.
Tel est le compte rendu ce matin par M. Koch au nom du comité
diplomatique. Ce rapporteur propose et l'Assemblée consacre les
dispositions suivantes :
1°. « L'Assemblée nationale, oui son comité diplomatique,
ratifie la convention signée le 22 du mois dernier par M.
Bonnecarère et les fondés de pouvoirs des princes de Lewingstein-Wurtein
et de Salm-Salm;
2°. Cette convention sera exécutée selon sa forme et teneur,
sauf la confirmation du corps législatif lorsque l'indemnité
aura été définitivement fixée ».
Nous ne voulons pas omettre que le trait généreux des habitans
de Salm-Salm, après avoir été vivement applaudi, a été consigné
au procès-verbal de l'Assemblée. |