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12ème régiment de dragons - 1914-1915


Le 12e régiment de dragons pendant la campagne de 1914-1918

I. Du Commencement de la Guerre à l'Offensive de Champagne (Septembre 1915)

SOMMAIRE 
Tension politique - Mobilisation - Couverture -Offensive - sur Sarrebourg - Retraite sur la Moselle - Bataille de Rozelieures - Opérations en Woëvre - Le fort de Troyon - Région de St-Baussant - Léger repli des Allemands - Attaque sur les Hauts de Meuse et St-Mihiel - Défense de Bouconville - Fin des opérations en Woëvre - Cantonnements d'hiver - Petites opérations - en Lorraine - Le Régiment aux tranchées, de février à septembre 1915.


Dans la nuit du 30 au 31 juillet 1914, l'ordre fut communiqué d'exécuter les opérations de la mobilisation. Tous s'y attendaient et il n'y eut aucune surprise.
Depuis près de huit jours, les informations de la presse ne dissimulaient pas la gravité de la situation. L'Allemagne nous avait habitués, depuis 1905, aux tensions politiques plus ou moins aiguës, mais, cette fois, la crise paraissait plus sérieuse que jamais.
Dès le 27 juillet, les officiers en permission étaient rappelés ; le 39e d'artillerie était ramené en chemin de fer du Camp de Mailly. D'autres indices encore prouvaient qu'il fallait être prêt à tout événement. Aussi, chacun, dans sa sphère, fait les préparatifs qu'il juge utiles. Le 31 juillet 1914, à 3 heures du matin, le régiment est prêt à partir. Les paquetages ont été bouclés en chantant On attend l'ordre de rompre. L'attitude du 12e est magnifique ; les figures sont rayonnantes. Le régiment a tenu, au cours de la campagne, ce qu'il promettait ce jour-là.
A 7 heures, déception, l'ordre arrive de desseller les chevaux mais de rester consignés au quartier. Ce n'est qu'à 18 heures qu'un nouvel ordre survient : seller et rompre à 19 heures pour se porter à St-Nicolas-du-Port, par Nancy. Le régiment quitte le quartier ayant à sa tête le commandant de Lafont. Tout le long de la route il est acclamé par la population ; mais la traversée de Nancy revêt un caractère particulièrement grandiose. Il est 22 heures ; tout le monde est dehors à la fin de cette chaude journée ; la foule est immense et notre défilé est un triomphe anticipé. Les têtes se découvrent sur notre passage et nous sommes acclamés par la vibrante population de la Capitale de la Lorraine.
Le 2e Escadron (Capitaine Husson) est détaché, à la sortie de Nancy, pour se mettre à la disposition du Général Commandant la 39e Division, comme escadron divisionnaire, à Art-sur-Meurthe. Les 3 autres escadrons arrivent à St-Nicolas-du-Port, par Nancy, vers minuit, et, dans un cantonnement sommaire, les hommes prennent un peu de repos.
Le 1er août, au lever du jour, le régiment reprend sa marche pour rallier, à la ferme Mehon, au Nord de Lunéville, la 2e Brigade de Dragons et la 2e Brigade de Cavalerie Légère. En-sortant de St-Nicolas, vers 4 heures, on voit arriver des groupes de civils, avec la musette en sautoir ; ils chantent le refrain des «  petits vitriers ». Ce sont les premiers réservistes du 4e Bataillon de Chasseurs qui se rendent à leur quartier.
Le Général Lescot se trouve à la ferme Mehon quand le régiment y arrive et il l'envoie bivouaquer sur le Champ de courses de Jolivet. La situation semble calme. Une décision de Paris interdit de franchir une ligne parallèle à la frontière et qui en est distante d'environ 8 kilomètres. La frontière elle-même n'est surveillée que par des douaniers et des gardes forestiers.
A 14 heures, le régiment va cantonner à Vitrimont (E. M. et 1er escadron) et à Deux-Ville, (3e et 4e escadrons). Vers 17 heures, le samedi 1er août, la mobilisation générale est annoncée ; les affiches sont placardées.

Mobilisation - Couverture

Entre le décret proclamant la mobilisation générale et la déclaration de guerre, le 4 août, le régiment reste dans ses cantonnements. Pour parer à toute éventualité, des patrouilles circulent dans la journée ; les postes sont placés la nuit, et les barricades sont gardées. Aucun incident à signaler pour les 1er, 3e et 4e escadrons. Au 2e escadron, une patrouille, commandée par le Lieutenant Bruyant, accomplit un des plus beaux faits d'armes dont la cavalerie puisse s'enorgueillir.
Le Lieutenant Bruyant est envoyé par le Général Commandant la 39e D. I. avec 7 cavaliers, le 3 août, dans la matinée, en reconnaissance vers Réméréville-Sornéville. Un peloton ennemi apparaît à une certaine distance ; notre reconnaissance escarmouche avec lui, tout en se repliant sur Réméréville, où elle se barricade. Le peloton, qui appartient au 14e Uhlans, se retire vers la forêt de Champenoux, après avoir essuyé notre feu. Bruyant le poursuit, et, comme les Uhlans font demi-tour, fonce sur eux avec ses 7 cavaliers. Il tue de sa main l'Officier, le Lieutenant Dickmann, et bouscule le peloton ennemi, lui tuant un homme et en blessant deux. Le Lieutenant Dickmann, envoyé en reconnaissance sur Haraucourt et St-Nicolas avant la déclaration de guerre, connaissait le pays ; il avait été employé à l'usine Solvay à Dombasles.
Le Lt-Colonel Maissiat arrive et prend le Commandement du Régiment.
Le 2e escadron rejoint le régiment le 4 août et cantonne à Deux-Ville.
Le 5 août, vers 6 heures, la Brigade, qui est constituée depuis le 2 août, est portée en avant, sur le village de Serres, en passant par Maixe. On s'y rend très vite. A la sortie du bois d'Einville, les escadrons se massent sur le versant entre Serres et le bois, face à l'Est, et y passent la journée. Cantonnement à Maixe à 20 h. 30. Le 6, nous regagnons la même position d'attente, mais, dans la matinée, la Brigade est appelée dans la région d'Arracourt, en soutien de la 2e B.D., qui, avec le groupe cycliste et l'appui de l'artillerie, opère des réquisitions à Vic et Moyenvic. Vers 14 heures, des mouvements ennemis sont signalés dans la région au Nord de ces localités ; de l'artillerie, en particulier, prend position au télégraphe de Vic. La 2e B.D. se replie sur la grande forêt de Bezange et le 12e est envoyé au bois de St-Piamont pour occuper à pied ses lisières Nord. C'est en exécutant cette mission que le régiment reçoit le baptême du feu ; quelques hommes sont blessés par des éclats d'obus. On laisse des éléments légers en surveillance devant Vic et Moyenvic et le régiment va cantonner à Maixe où il arrive tard le soir.
Le 7 au matin, le régiment se porte de nouveau sur Arracourt et y stationne un moment. Vers 9 heures, nous sommes envoyés rapidement sur Bathelémont et la Fourasse, des mouvements de cavalerie ayant été signalés sur le plateau de Réchicourt-la-Petite. On croit qu'on va charger, mais il n'en est rien. Nous restons en position d'attente, tout le reste de la journée, à la Fourasse et, vers 18 heures, nous allons cantonner à Einville-au-Jard. Le 8, le 9 et le 10, le régiment passe une partie des journées dans le triangle Valhey, Bauzemont, et Bathelémont. Un seul incident ; le samedi vers 17 heures, nous venions de nous installer en cantonnement à Valhey et à Bauzemont, quand on signale un régiment d'infanterie ennemie en marche sur Arracourt. L'alerte est donnée ; les barricades sont élevées en hâte ; des patrouilles sont envoyées. On ne tarde pas à apprendre que le renseignement est faux.
Le 11 août a lieu le combat de La Garde. Une Brigade du 15e Corps attaque dans la direction de ce village, mais l'ennemi en force repousse l'attaque sur la forêt de Parroy. Notre Brigade reste en réserve, presque toute la journée, entre Bures et Réchicourt-la- Petite. Des patrouilles, seules, prennent part à l'action dans la région de Moncourt. Le Lieutenant de Lattre fait une reconnaissance hardie et apporte de précieux renseignements. Pour assurer la sécurité de ses cantonnements à Valhey, le Général de Brigade fait bivouaquer le 2e 1/2 régiment au Col de Foucrey, entre Arracourt et Valhey ; le 1er 1/2 régiment cantonne à Valhey.
Le 12 et le 13, le régiment stationne aux alentours de Bathelémont. Pas d'incident.
Le 13 au soir, le 3e escadron est détaché pour la nuit et mis à la disposition du Commandant du Secteur des A. P. à la ferme de Foucrey. Il est envoyé par le Colonel Commandant le secteur à la ferme de Ranzey et rejoint, le 14, le régiment qui a reçu l'ordre de se porter vers Sornéville. Toutes nos troupes ont pris l'offensive On entend le canon, toute la journée, de notre position au Sud de Sornéville. Bivouac près du village. Le samedi 15 août, on reste aux environs de Sornéville.
Le Commandant de Lafont prend le Commandement du régiment, le Colonel Maissiat étant détaché (Chef d'E.M. du 1er C.C)
On bivouaque de nouveau, le soir, sous un violent orage Le 16, vers 3 heures du matin, le bivouac est levé et le régiment se rend à Lunéviïle, avec toute la division. Elle défile, en arrivant, devant le Général Varin, qui vient d'en prendre le Commandement. Journée de repos.

Offensive sur Sarrebourg

Le 17 août, vers 10 heures, le régiment monte à cheval par alerte.
Les nouvelles de l'offensive commencée sur le front de Lorraine sont bonnes. Nos troupes ont progressé au delà de la frontière Le 1er Corps de Cavalerie, dont nous faisons maintenant partie est appelé en direction de Sarrebourg. La 2e D.C. marche en une colonne par Croismare, la Forêt de Parroy, Laneuveville-aux-Bois, Emberménil, Xousse, Remoncourt. Nous franchissons avec joie la frontière, entre ce village et Moussey. Nous traversons Maizières et, vers 18 heures, nous installons le bivouac à l'est drAzoudange, au sud de la grande route. Le temps ne nous a pas favorisés. A notre départ de Lunéville, éclate un orage extrêmement violent, et le bivouac d'Azoudange est plutôt humide. Mais qu'importe la pluie ; on a franchi la frontière et on est entré en Lorraine annexée ! 
Le 18, de bonne heure, le bivouac est levé et le régiment se porte rapidement, par la grande route d'Azoudange,à Heming dans la direction de Sarrebourg.
Après avoir traversé le Canal des Houillères, on passe par Dianne-Capelle, et Kerprich-aux-Bois. Dans la région de Langatte, le contact est pris avec les éléments légers de l'ennemi qui tiennent la lisière du bois entre Gosselming et Langatte. Ces éléments se retirent et nos avant-gardes viennent tâter Gosselming où elles rencontrent une résistance trop sérieuse pour que la cavalerie songe à enlever ces positions défendues par une infanterie nombreuse et une artillerie puissante. La Brigade, qui a atteint le bois entre Gosselming et Langatte, est ramenée, par bonds, vers Kerprich, en passant par la Tour du Stock (digue de l'étang de ce nom) et, dans la soirée, nous bivouaquons près du cimetière de Fribourg. Le village est bondé de troupes de toutes armes. Dans la nuit, nous sommes réveillés par un combat qui a lieu au Nord, dans la région de Bisping. Le 19, la Division est portée, de nouveau, dans la région, de Kerprich. L'Infanterie, qui est arrivée, attaque la position de Dolving et de Gosselming, mais sans réaliser de progrès notables. Nous rentrons le soir, à Fribourg, très tard. On y cantonne, dans le village cette fois. Les hommes venaient à peine de manger la soupe, quand, à 1 heure, le 20, le régiment reçoit l'ordre de monter par alerte. Une nouvelle attaque doit avoir lieu au petit jour pour enlever les positions passant au Nord de Sarrebourg et par Dolving, Gosselming, St-Jean-de-Bassel. Cette nouvelle attaque échoue ; les nouvelles, à notre gauche, ne sont pas bonnes. L'attaque du 16e Corps n'a pas réussi. Quant au 20e Corps, il est attaqué devant Morhange, sur son front et son flanc gauche, par des forces très supérieures. La retraite est décidée. Les troupes se replient. La Division ne quitte la région de Kerprich-aux-Bois que vers 16 heures et gagne, sans être inquiétée, Gondrexange. Le groupe cycliste reste à Kerprich. Bivouac de la Division sur le versant Nord de la croupe 307, au S.-O. de Gondrexange. Pendant les journées des 18 et 19, le régiment n'a pas été engagé. Fréquemment soumis au bombardement de l'artillerie lourde allemande, il fait des déplacements pour s'y soustraire et pour se dissimuler des vues de la première saucisse boche. On apprend, dès ce jour, à s'en méfier.

Retraite de Sarrebourg

Le vendredi 21 août, dans la matinée, le mouvement de repli continue lentement. On marque un temps d(arrêt à hauteur de St-Georges, vers 10 heures. La Division reprenant sa marche en direction de Blâmont, le 2e 1/2 régiment, sous les ordres du Commandant Vernier, est laissé en arrière pour conserver le contact avec l'ennemi pendant la journée, ayant l'ordre de rejoindre la nuit suivante, à Reillon. Les 3e et 4e escadrons restent au bois des Sablons jusqu'à 17 heures sans être inquiétés. Les mouvements de troupes, dans la plaine qui s'étend au Nord, sont peu nombreux ; mais on entend le bruit de la bataille à droite et à gauche. La Brigade passe par Ibigny, Gogney, marque un temps d'arrêt entre Igney et Repaix, gagne St-Martin par Autrepierre et Gondrexon puis, repassant par Reillon, Veho, Domjevin, Laronxe, St-Clément, atteint la Meurthe à Chenevières.
Le soir, l'E. M. et le 1er 1/2 régiment cantonnent à Vathiménil.
Le 22, à 4 heures du matin, on remonte à cheval pour se porter à l'Ouest d'Ogeviller. C'est là que le 2e 1/2 régiment rallie la Division vers 10 heures. Les 3e et 4e escadrons, qui ont bivouaqué quelques heures près du château de Grand-Seille, dans une clairière, passent par Chazelles, Gondrexon, Reillon, Veho, Domjevin. Ces 3 premiers villages sont déserts ; presque tous les habitants se sont sauvés.
A 11 heures, la Division se porte d'Ogeviller sur Domjevin, de là sur le fort de Manonviller, puis nous traversons Manonviller, la forêt de Mondon, St-Clément, Chenevières, et la Brigade s'arrête un moment, dans les prés, entre Chenevières et Vathiménil. La route de Moyen est obstruée par des convois qui, sur une longueur indéfinie, sont arrêtés. Par des chemins de traverse et par les champs, le régiment arrive, vers 17 heures, sur une croupe au Nord de Moyen et y installe son bivouac.
Les Allemands, à la même heure, faisaient leur entrée dans Lunéville, musique en tête.
Le dimanche 23 août, la Brigade est partie de bonne heure sur Fraimbois, mais un ordre arrive, qui nous dirige sur Xermaménil et Rehainviller, en passant par Gerbéviller. Le 1er escadron est envoyé sur Mont-sur-Meurthe et Rehainviller. Le peloton du S/Lieutenant de Kainlis pousse vers Hériménil, où il a quelques escarmouches avec de petits détachements ennemis. Les 3e et 4e escadrons restent au mamelon, sur la grande route, au Nord de Xermaménil.
La mission du régiment est de protéger les sapeurs du Génie qui préparent la destruction du pont de Lamath.
Ces préparatifs terminés, le régiment repasse la Mortagne et se rassemble au Nord et près de Frariconville. Après un assez long stationnement, nous gagnons la position Einvaux-Moriviller, que nous devons tenir, en particulier le bois de Jontois et la ferme de la Naguée. La fin de la journée est tranquille. On cantonne à Einvaux.
Le 24, dans la matinée, le régiment reprend ses emplacements près du bois de Jontois. Vers midi, de l'agitation du côté de l'ennemi est signalée. La côte d'Einvaux est bombardée, en particulier la ferme de la Naguée, où se trouve le 1er 1/2 régiment. Vers 14 heures, la position est abandonnée, mais c'est pour tendre un piège à l'ennemi et l'inciter à s'avancer dans une tenaille préparée. Le 8e Corps arrive du Sud par Damas-aux-Bois, tandis que la 74e Division, venue de Lyon, prend position entre le 8e C. A. et le 16e C. A., qui occupe le plateau de Domptail. Notre Armée (Castelnau) doit reprendre l'offensive le lendemain,. Le régiment est arrêté derrière la crête à l'Ouest de Borville et assiste, de là, au bombardement de la côte d'Essey. C'est un déluge d'obus sur cette côte, où nous n'avons personne. Dans la soirée, nous allons à Villacourt et nous y passons la nuit. 5 des régiments de la Division doivent y cantonner. Chaque régiment a une rue, c'est-à-dire une ou deux granges par escadron.

Bataille de Rozelieures

Le 25 août, vers 3 heures du matin, le régiment reçoit l'ordre de monter à cheval. Le ravitaillement n'est pas arrivé. L'installation du régiment dans une rue de Villacourt a été pénible et aussi peu confortable que possible. On envie les artilleurs qui ont bivouaqué en pleins champs et ont pu prendre un peu de repos. Par Loromontzey et St-Remy-aux-Bois, la Division est acheminée vers le bois de la Voivre. On met pied à terre entre le ruisseau et la lisière Ouest de ce bois. Dans le courant de la matinée, la Brigade est reportée en avant, exactement à l'Est de St-Remy-aux-Bois. La bataille est engagée depuis le matin et ne semble pas tourner à notre avantage. Dans le courant de l'après-midi, nous entrons dans le bois de Lalau, sur la route de St-Remy à St-Boingt. La lutte sur les lisières du bois de Lalau a été sanglante ; de nombreux blessés passent près de nous, et, comme les obus de gros calibre tombent sur la route et dans le bois, nous sommes ramenés sur la lisière ouest du bois. C'est là que, vers 20 heures, nous arrive un ordre imprévu et qui excite chez tous le plus grand enthousiasme. Il est ainsi conçu : «  L'ennemi bat en retraite, en désordre, sur toute la ligne. La cavalerie va le poursuivre jusqu'à l'extrême limite des forces des hommes et des chevaux». La Brigade, passant par St-Remy-aux-Bois, Loromontzey, Borville, Rozelieures, arrive à Clayeures à 22 heures. On s'installe dans un champ, car on ne doit reprendre la poursuite qu'à minuit. En attendant, nous faisons boire les chevaux à Clayeures, opération des plus pénibles, le village étant rempli de troupes, et les hommes mangent une demi-ration de vivres de réserve. A minuit, les escadrons se mettent en marche et reprennent la route en sens inverse : Borville, Loromontzey, St-Remy-aux-Bois, Damas-aux-Bois, où l'on arrive vers 4 heures 1/2 du matin, le 26, et où l'on s'arrête. La Division, qui devait poursuivre en prenant un itinéraire qui l'amenait sur le flanc droit de l'ennemi, apprend que les Allemands, enfoncés à Girivillers, Rozelieures, et sur le plateau de la Naguée, ont tenu au Sud des bois, dans la région de Clezentaine. Les infanteries adverses sont aux prises et il n'y a rien à faire pour la Cavalerie. Prenant son contrepied, la Brigade arrive à Loromontzey vers midi et y cantonne. Avant d'entrer dans le village, le Général de Brigade remet, devant le front du régiment, la Croix de la Légion d'Honneur au Lieutenant Bruyant.
Le 27 août, repos à Loromontzey.
Du 28 août au 6 septembre inclus, la 12e Brigade de Dragons, séparée du reste de la Division, est mise à la disposition du Général Commandant le 16e Corps. Le régiment va, le 28, stationner dans la vallée de la Mortagne, entre le bois de Guignebois et Seranville. Cantonnement, le soir, à Essey-la-Côte. Le lendemain, la Brigade retourne dans la même, région et le 12e Dragons cantonne à Borville. A partir de ce moment, chaque jour, le gros du régiment stationne aux alentours de Remenoville et revient, le soir, cantonner à Borville, excepté le 2 septembre, jour où il bivouaque près de Remenoville. Pendant cette période, des éléments sont détachés auprès de l'infanterie - pelotons et même escadrons - soit sur Gerbéviller, soit sur le bois de Haut de Gondal, soit sur Seranville et Vallois. Le régiment éprouve, au cours de ces opérations, quelques pertes. Le Capitaine Husson est blessé par un éclat d'obus le 29 août.
Le 7 septembre, le régiment est ramené, dans la matinée, à Borville, et, après la soupe du matin, remonte à cheval, pour se diriger vers Toul.
Les Allemands ont attaqué par surprise le fort de Troyon. Les troupes de la défense de Verdun et de la défense de Toul vont à son secours. La 2e D.C. y est également envoyée. Le régiment cantonne, le 7 au soir, à Richard-Mesnil, en passant par Bayon et le plateau Saffais-Ferrières. Stationnement près de Manoncourt. Nous voyons, de là, les combats qui se livrent sur le plateau d'Haraucourt. C'est «  la bataille du Grand Couronné» qui fait rage. Par Azelot et le bois de Flavigny, on gagne Richard-Mesnil. C'est la première nuit tranquille depuis qu'on a quitté Lunéville le 17 août.
Le 8 septembre, le régiment gagne Gondreville, par Messein, Neuves-Maisons, Maron, Villey-le-Sec. A Gondreville, on rallie la 28 B.D., l'artillerie et les cyclistes de la Division, La Moselle est passée à Gondreville et nous nous dirigeons vers le Nord par Mesnil-la-Tour. Nous quittons la grande route à Ansauville pour gagner, la nuit tombée, Buxerulles par Hamonville, Mandres-aux-4-Tours, Rambucourt, Xivray, Montsec.

Opérations en Woevre

Le régiment s'installe sommairement dans Buxerulles et s'y garde avec précautions. Des formations ennemies ont été signalées à diverses reprises sur notre flanc droit, dans la journée.
Le 9, vers 5 heures, le régiment est rassemblé au S.-E. de Buxerulles.
Il y reste avec la Division jusque vers 8 heures. Les débouchés de Varvinay et de Savonnières étant tenus par l'ennemi, la Division gagne, par les bois, la route de St-Mihiel-Chaillon et s'arrête à 1500 mètres environ avant la sortie du bois vers Chaillon.
A 5 heures 1/2, le 3e escadron avait été envoyé en découverte, direction générale Troyon. Il rallie, vers 13 heures, la Division sur la route de St-Mihiel à Chaillon, à peu près à mi-chemin de ces 2 localités.
A 15 heures, la Division est ramenée en arrière. Le 12e cantonne à Mécrin. On signale l'arrivée des premiers éléments de la défense de Toul.
Le 10, la Division est rassemblée au Sud d'Apremont. Elle est portée vers Essey par Bouconville et Xivray. Le régiment ne quitte pas la route et dépasse à peine Richecourt. Retour à St-Mihiel, sans qu'on ait rien fait. On a entendu toute la journée, Une canonnade extrêmement violente sur la gauche, dans la direction de Revigny. C'est l'Armée Sarrail qui oppose une résistance acharnée au Kronprinz. Un orage d'une violence extrême éclate après notre arrivée dans le quartier des Chasseurs de St-Mihiel, où tout le régiment est cantonné. La 73e Division commence à débarquer. Le 2e escadron est détaché avec l'infanterie de Toul et la couvre vers Rouvrois, Spada, Senouville.
Le 11, vers 8 heures, on quitte St-Mihiel, direction Apremont. Au passage de cette localité, le 3e escadron est détaché en flanc-garde, sur la gauche de la Division, à Montsec. De la cote 330 qu'il tient, on a des vues sur toute la plaine de la Woëvre. Les 1er et 4e escadrons marchent avec le gros de la Division qui opère encore dans la région de St-Baussant, couvrant la 73e D.I. à l'Est. Le 2e escadron est détaché avec la 73e D.I. et ne rejoindra que le 15 septembre à St-Agnant.
Le gros du régiment cantonne, le soir, à Xivray et Marvoisin. Le 3e escadron reste à Montsec. Le lendemain 12, les 1er et 4e escadrons se portent sur Richecourt, puis sur Beaumont, où l'escadron du Capitaine de Mullenheim, du 31e Dragons, tient difficilement contre des forces allemandes très supérieures. L'appui porté, vers 10 heures, par les escadrons du 12e, le dégage et, non seulement, nous restons maîtres de Beaumont, mais les forces allemandes qui nous pressaient et celles qui les soutenaient se retirent vers l'Est. Le régiment regagne, dans la soirée, le cantonnement de St-Agnant. Le 3e escadron, relevé par un escadron du 8e Dragons vers 14 heures à Montsec, rallie à St-Agnant. Le 23, les 1er et 4e escadrons stationnent à St-Agnant, avec l'E.M. de la Brigade.
Le 3e escadron est détaché en soutien d'artillerie avec une batterie de l'A.D.C. 2, entre les côtes de Loupmont et de Montsec.
Le 14, situation sans changement pour le régiment.
Ce même jour, partent 2 reconnaissances d'Officiers, chacune de la force d'un peloton et soutenues, le lendemain, par le reste de l'escadron qui les a fournies : 1er escadron, sur Flirey, Limey, Viéville-en-Haye, les baraques à l'Est de Chambley ; 3e escadron, sur Nonsard, Beney, Chambley.
La reconnaissance du 1er escadron atteint le 14 septembre, dans la soirée, l'auberge St-Pierre, près du terrain de manoeuvres de Pont-à-Mousson. Le Lieutenant de Lattre, qui la commande, est blessé d'un coup de lance, dans une rencontre, au cours de la nuit, avec des cavaliers ennemis. Son Sous-Officier continue la mission. Le gros de l'escadron (Capitaine de Forsanz) cantonne à Limey, puis, le 15 septembre, par Remeneauville et Régniéville, arrive devant Viéville-en-Haye. Ce village est occupé par des éléments ennemis. Le 1er escadron les met en fuite et s'installe à leur place. Les patrouilles qui partent de Viéville-en-Haye sont arrêtées à la lisière du bois et le village est attaqué à plusieurs reprises. L'attaque la plus sérieuse a lieu le vendredi, 18 septembre, au moment où l'escadron Arnulf, du 4e Dragons, vient relever le 1er escadron. Le Capitaine de Forsanz ne veut pas abandonner son camarade dans une situation difficile et reste avec lui jusqu'au lendemain, 19. Il rejoint le régiment à Liouville, dans l'après-midi.
La reconnaissance du 3e escadron (S/Lieutenant Christiany) a pu atteindre, le 14 dans la nuit, la ferme de Gérard-Bois, après une rencontre de patrouilles dans les Bois Bas. Au petit jour, le 15 septembre, cette reconnaissance reprend sa mission. Nonsard et Lamarche-en- Woëvre sont évacués depuis le 13, dans l'après-midi ; mais Beney est défendu par des éléments de tranchées face au Sud. L'escadron (Capitaine Christin), qui a cantonné à Woinville, arrive vers 10 heures à Lamarche, où il rallie le peloton de reconnaissance. Les patrouilles envoyées sur les bois de Thiaucourt et sur les bouquets de bois qui couvrent la grande croupe entre Beney et Thiaucourt sont arrêtées par des coups de feu nourris. L'escadron va cantonner, le soir, à Maizerais. Le 16, il entre dans Pannes après un petit combat.
Un peloton de 120 cyclistes vient renforcer le détachement, qui reçoit, en même temps, l'ordre d'occuper Pannes et d'y tenir. Dans la journée, une reconnaissance, envoyée sur Thiaucourt par la rive droite du rupt de Mad, confirme l'occupation sérieuse de Thiaucourt et du plateau entre cette localité et Beney. Les abords de Thiaucourt sont couverts par des avant-postes ennemis.
Le 17, une nouvelle tentative sur Beney échoue.
Le 18, un escadron du 4e Dragons relève, vers 14 heures, le 3e escadron, qui rentre, à la nuit, à Bouconville.
Le 2e escadron, sous les ordres du Capitaine de Froidefond, détaché du 11 au 15 septembre, comme escadron divisionnaire, auprès de la 73e D. I., a fait les opérations suivantes pendant ces 5 jours.
Le 11, il couvre les avant-gardes de la D.I., sur la ligne Savonnières, Varvinay, Lavigneville, Lamorville. Au-delà de cette ligne, ses patrouilles sont reçues à coups de fusils. L'escadron rentre, à la nuit, à St-Mihiel. Le 12, même mission.
A cette date se place un beau fait d'armes :
Au cours d'une pointe sur Savonnières, le Brigadier Gourdin, les Cavaliers Caux et Baticle méritent une citation à l'ordre de la Division : «  Etant en reconnaissance et apercevant 12 uhlans, ont foncé la lance en avant et, par leur entrain et leur audace, les ont mis en fuite ».
Ces trois braves, au détour d'un chemin creux, s'étaient trouvés en présence de ce détachement ennemi. Ils chargèrent sans hésiter. Le Feldwebel qui commandait la patrouille de uhlans chercha, mais vainement, à faire tête ; sa troupe fit demi-tour devant les 3 Dragons, que, seule, la médiocre qualité de leurs chevaux de réquisition empêcha d'atteindre les fuyards.
Gourdin et Baticle ont été tués depuis.
Le 13, la D.I. attaque sur le front Chaillon-Senouville ; l'escadron couvre son flanc gauche, et ses reconnaissances donnent des renseignements fort intéressants et précis sur un mouvement général de retraite des troupes allemandes. Les villages au pied des côtes ont été abandonnés par l'ennemi.
Le 14 septembre, l'escadron Froidefond reçoit l'ordre de reconnaître la zône à l'Ouest de la grande route Beney-St-Hilaire, entre St-Benoit et St-Hilaire, et de couvrir l'infanterie dans la même zône.
Partant d'Heudicourt, l'escadron, qui suit la route du pied des côtes, détache successivement le S/Lieutenant de Lavau sur les bois au Nord de St-Benoit, le peloton du S/Lieutenant Henry sur Avillers et Woël, le peloton du S/Lieutenant Verdier sur Saulx-en- Woëvre.
Le S/Lieutenant de Lavau est grièvement blessé, dans l'après- midi, au Nord de St-Benoit. Woël est tenu, ainsi que Doncourt. Il en est de même de tous les villages sur la grande route, jusqu'à Thiaucourt inclus. Woël, abandonné par l'ennemi à la suite de nos menaces, et que le peloton Henry avait occupé, est repris, l'après- midi, par les Allemands.
Le 14, dans la soirée, le 2e escadron recevait l'ordre de rejoindre le régiment à St-Agnant.
Le 20 septembre, au matin, on quitte Liouville ; l'ennemi a attaqué et la Division se porte entre Seicheprey et St-Baussant. La journée se passe dans le calme ; mais, vers 15 heures, une batterie vient prendre position en pleine vue, à la cote 248, au S.-E. d'Essey. Nous croyons, de loin, que c'est notre artillerie, mais les obus que nous ne tardons pas à recevoir, nous prouvent notre erreur. La Brigade est ramenée de l'autre côté de la route de Beaumont-Pont-à-Mousson, un peu à l'Est de Beaumont.. On y reste sans être inquiété jusqu'à la nuit. On rentre à 19 heures 30 à Broussey, où l'on cantonne.
Le 21, les escadrons montent à cheval à 5 heures 30 et se portent au Sud de Rambucourt, où nous mettons pied à terre. Vers midi, le 3e escadron est détaché avec ordre de se rendre à Varneville, d'occuper ce village et de faire reconnaître par un peloton les Hauts de Meuse, dans la région de la forêt d'Apremont et du bois de la Montagne. Les Allemands commencent à prendre pied sur les Hauts de Meuse dans l'après-midi du 22.
Le 22 au matin, les escadrons tiennent Apremont. Le 3e escadron rallie à Apremont vers 10 heures. Les Allemands sont dans le massif boisé des Hauts de Meuse et se dirigent sur St-Mihiel. Des éléments d'infanterie occupent les côtes de Loupmont et de Montsec, Vers 11 heures, le 12e quitte Apremont pour tenir la lisière du bois à cheval sur la route Apremont-Gironville, à hauteur du Fort de Liouville ; puis il est amené, par la route d'Apremont, à Bouconville, où il arrive à 17 heures. La nuit tombée, les 2e et 3e escadrons, avec des cyclistes et des éléments du 4e Dragons, partent à pied à l'attaque de Xivray. Les lisières de la localité sont atteintes ; on entend parler allemand à l'intérieur du village. Un contre-ordre arrive ; tous les éléments peuvent être rappelés et rameutés et le régiment rentre au complet à Broussey, où il cantonne.
Le 23, les escadrons sont dirigés sur Rambucourt, puis ramenés entre la corne Ouest du «  faux bois de Nauginsard» et Raulecourt. Après un assez long stationnement, ils se portent au S.-O. de Broussey, d'où, à 15 heures, ils gagnent Bouconville, dont nous devons assurer la défense. Le château et le parc sont occupés par le 3e escadron, avec un peloton de cyclistes. Le 4e reçoit l'ordre de faire des tranchées au Nord du Rupt de Mad, flanquant la position du 3e escadron en prenant d'enfilade la route d'Apremont et le chemin qui vient de l'étang de Vargevaux.
La lisière de Bouconville, du côté de Rambucourt, est mise en état de défense par le 2e escadron. Le 1er escadron est en réserve. Les chevaux sont tantôt dans les granges de Bouconville, tantôt à la recherche d'un abri dans la plaine ; mais, des observatoires du Montsec et du Loupmont, on les voit partout où ils cherchent un refuge, et ils sont perpétuellement encadrés par les 210. Les pertes sont sensibles, mais pas en rapport avec ce qu'on pouvait redouter.
Bouconville et le château sont organisés dès le mercredi 23, dans la soirée. Jusqu'au vendredi 25, à 18 heures 30, les défenseurs ne sont pas attaqués, mais subissent, par moments, de violents bombardements de 210, surtout le jeudi 24. Relevé par de l'infanterie, le vendredi soir, le 12e Dragons cantonne dans Bouconville. Le 26 au matin, Xivray et Marvoisin sont enlevés par un bataillon d'infanterie et un escadron du 8e Dragons. Le régiment coopère à cette action. Le 4e escadron, à cheval, doit reconnaître les bois de Haute-Charrière et de Géréchamp. Les lisières sont occupées, à quelques mètres à l'intérieur du bois, et, des patrouilles du 4e escadron il ne revient que quelques rares survivants. Le 3e escadron, à l'est de la cote 237, à pied, parallèlement au ruisseau, protège le flanc de l'infanterie en arrière et à gauche. Le 1er escadron, sur le mamelon au Sud de l'étang de Vargevaux, avec la S.M. du 4r Dragons, remplit une mission analogue, encore plus à gauche.
Dans la journée, le 4e escadron est pris sous un violent bombardement devant le château de Bouconville. Le S/Lieutenant Bessières est blessé mortellement. La nuit venue, nous sommes relevés. Le régiment cantonne de nouveau à Bouconville.
Le 27, attaque par notre infanterie arrivée en assez grand nombre. Le régiment reprend ses anciennes positions pour la défense de Bouconville.
Dans la journée, le 1er escadron vient renforcer le 3e pour la défense du château et du parc. Le bombardement redouble en raison de l'attaque.
Dans la matinée, le château de Bouconville, atteint par un obus de 210, est à moitié démoli et prend feu. A 16 heures, il n'en reste plus que quelques pans de murs. Dans le village, on perd pas mal d'hommes et de chevaux. La journée s'achève sans que notre attaque ait réussi, mais aussi sans que l'ennemi ose contre-attaquer et sortir de ses positions. Cantonnement, le soir, à Broussey.
A partir du 28 jusqu'au 31 inclus, nous passons nos journées en réserve dans le «  faux bois de Nauginsard », sous bois, à droite et à gauche de la grande allée Est-Ouest. On arrive au petit jour. Le soir venu, on regagne Broussey. Chaque nuit, l'horizon est embrasé par la lueur sinistre des incendies. Ce sont les villages de la Woëvre qui brûlent.
Du 1er au 14 octobre, nous prenons nos premières tranchées Le 2e 1/2 régiment relève les Cuirassiers de la 8e D.C. qui vont embarquer. Nous sommes intercalés, à la lisière du bois Bas, entre la Brigade Marchand, de l'infanterie de Marine, qui tient le bois Besombois, et un bataillon d'infanterie dans le bois à cheval sur la route Apremont-Gironville, à l'Ouest de la ferme Brichausard. Le 2e 1/2 régiment reste là 24 heures, puis est relevé par le 1er 1/2 régiment. Les 2 escadrons relevés passent la journée au Bois Nonelle, S.-O. de Broussey, et cantonnent, le soir, à Gironville, avec la Division. Cette période est assez calme. Toutefois, le dimanche 4 octobre, le 1er escadron, qui a relevé l'infanterie à cheval sur la route Apremont-Gironville, est soumis à un violent bombardement Il a la chance de ne pas avoir de pertes et rallie le régiment qui cantonne : E.M., 1er et 2e escadrons à Commercy ; 3e et 4e à Vignot.
Le Colonel L'Hotte rejoint à Commercy et prend le Commandement du Régiment.
La guerre de mouvement est finie pour de longs mois.
La Division, ramenée d'abord près de Toul, ira ensuite en réserve d'Armée dans la région de Blainville, Rosières-aux-Salines.
Le régiment cantonne, le 5 octobre, à Francheville (E.M., 3e et 4e escadrons) et à Gondreville (1er et 2e escadrons). Le 18, il part pour Rozières ; mais, le cantonnement étant trop étroit pour que le 12e en entier puisse y tenir avec l'artillerie, les 3e et 4e escadrons sont envoyés à St-Nicolas. Le 26 octobre, on inaugure la période des petites opérations en participant à une attaque sur tout le front entre Arracourt et la forêt de Parroy. Le régiment est en réserve pendant toute la journée. Il dépasse Montcourt et rentre, le soir, à Rosières et à St-Nicolas. L'opération a permis de faire plus de 300 prisonniers.
Le 1er novembre, à 1 heure, alerte pour une seconde opération du même genre. Cantonnement à St-Clément et Laronxe. Il s'agit d'enlever une batterie d'artillerie lourde au Nord de Reillon, batterie qu'on sait peu protégée. Après avoir dépassé Domjevin, nous nous arrêtons au Nord de cette localité, dans le vallon de la Bonne-Fontaine. Les 3e et 4e escadrons, désignés pour coopérer à la prise de Reillon, sont amenés à cheval jusqu'à Vého et s'arrêtent derrière le village. Quelques obus tombent sur le 4e escadron, qui perd, en quelques instants, son capitaine, tué (Capitaine Vergniaud), 4 cavaliers tués, 15 blessés. 17 chevaux sont tués et 22 blessés,
Les escadrons sont ramenés à l'abri d'une crête, puis, pied à terre, reviennent à Vého. Reillon a été enlevé. Le régiment ne prend plus part à l'action et la journée se termine sans nouvelles pertes. Le 2e escadron a été détaché le 1er novembre et a opéré du côté de Blemerey avec un bataillon de chasseurs à pied. Rentrés, à la nuit, à St-Clément et à Laronxe, les 3e et 4e escadrons vont à Coyviller le 3 novembre, à Vigneulles le 4 et y restent jusqu'au 9 novembre. Pour une opération projetée pour le 10, nous partons le 9, à 17 heures 30 ; nous cantonnons à Bonviller et Crion. Le lendemain matin, par Einville et Bauzemont, nous gagnons le coude de la route de Bauzemont à Bénaménil, près du canal. Nous y restons toute la journée et nous rentrons, le soir, à Rosières, sans avoir pris part à l'action.
Le 20 novembre, on cantonne à Einville. Repos le 21. Opération, le 22, qui doit permettre de reconnaître si le signal des Allemands et Juvrecourt sont fortement occupés. La journée commence assez bien ; notre infanterie gagne du terrain vers Rechicourt-la-Petite. Le 2e escadron, commandé par le Capitaine de Froidefond, part en fourrageurs par les fermes de la Haute et de la Basse Riouville, puis se rabat sur Juvrecourt. Accueilli par des feux de salve nourris, venant des tranchées en avant de Juvrecourt et de Bures, il est suivi par les obus. Le froid est très vif, 15 à 18° en dessous. La terre gelée a occasionné plusieurs chutes, mais la fusillade très vive des Allemands n'a fait aucun mal ; pas un homme n'a été touché. Dans la journée, les Allemands, ayant amené de l'infanterie en renfort, pressent fortement nos troupes en ligne qui se décrochent difficilement. En vue de leur venir en aide, vers 15 heures, les 3e et 4e escadrons sont envoyés à pied à la cote 322 pour y organiser un repli. Leur arrivée sur la crête est saluée par un feu nourri d'artillerie qui leur inflige quelques pertes.
Le Brigadier Gautier a l'avant-bras gauche emporté par un obus et, comme on veut l'aider à gagner le poste de secours, il refuse toute aide et s'écrie : «  J'ai un bras de moins, mais c'est pour la France ; j'ai fait mon devoir, je suis content». Ce Brigadier reçut la Médaille militaire peu après.
Le 12e rentre, à la nuit, à Einville et regagne, dans la matinée du 23 novembre, Rosières-aux-Salines. C'est la dernière petite opération à laquelle le régiment prend part, et, du 23 novembre 1914 au 22 janvier 1915, il n'y a aucun fait intéressant à signaler. On fait de l'instruction dans les escadrons.

Le régiment aux Tranchées

Dans le courant de janvier 1915, il a été décidé que nos escadrons contribueraient au Service des tranchées sur le front des Divisions du Général Joppé, la 12e B. D. ayant un escadron à Mazerulles et un escadron à la ferme Ranzey. Les escadrons prennent ce service pendant huit jours. Les 1/2 régiments de la Brigade se succèdent. Les 1er et 2e escadrons partent le 23 janvier et reviennent le 3 février ; les 3e et 4e partent le 10 et rentrent le 20 février. Les 1er et 2e repartent pour les tranchées le 27 février. Ces secteurs sont très calmes ; quelques bombardements seulement.
Le 2 mars, les 3e et 4e escadrons reçoivent l'ordre de se tenir prêts à marcher le lendemain matin. Le 3, les divers éléments de la Division sont portées dans la direction de Baccarat par Lunéville, St-Clément, Azerailles. La Brigade est amenée en réserve dans les petits bois au N.-E. de la station de Merviller (croupe 296). Depuis le repli des Allemands au moment de la bataille de la Marne, le front de Badonviller à la forêt de Parroy avait été assez calme. Une zone neutre, atteignant 8 à 10 kilomètres en certains points, séparait les lignes des deux partis. A la fin de février, on s'aperçut que les villages où nos reconnaissances pénétraient jusqu'alors sans difficultés, étaient d'abord défendus par quelques fusils et, bientôt après, on y signalait des tranchées et des réseaux de fils de fer. En vue de limiter immédiatement cette avance sournoise et peu coûteuse pour les Allemands, l'ordre était donné de venir s'installer en face d'eux, et même de leur reprendre le terrain sur la crête : carrières de Bremenil, corne N. du Bois des Haies, Bois des Chiens, Clairbois. Telle était la raison du déplacement de la 2e D. C. Elle devait coopérer à l'action offensive des troupes qui tenaient le secteur.
Le 3 mars, à la nuit tombante, le 12e Dragons (E.M. 3e et 4e escadrons) était ramené à Baccarat, où l'on mettait les hommes à l'abri ; mais les chevaux restaient dehors, dans les rues.
Le 4 mars, de bonne heure, on retourne au même stationnement, au N.-E. de la gare de Merviller. Le soir, on cantonne à Deneuvre, commune qui touche à Baccarat au S.O.
Le 5 mars, même stationnement. A 18 heures 30, le Colonel, les 3e et 4e escadrons gagnent à pied Ste-Pole par un chemin de terre, mais la nuit est très noire et, après s'être perdus dans l'obscurité, ces escadrons n'arrivent à Ste-Pole qu'à 21 heures.
On doit prendre les tranchées dans le bois des Haies, à cheval sur l'allée centrale orientée N.-E. S.-O., à peu près à 200 mètres au delà du carrefour de cette allée et du chemin de viabilité douteuse qui va à Ancerviller: Le bois est très difficile ; on n'a pas encore eu le temps d'y organiser des cheminements ; aussi le Colonel de Gastines, Commandant la 2e B.C.L., nous fait-il coucher à Ste-Pole, d'où nous partons, le 6 mars, à 3 heures du matin, pour relever le 4e Dragons.
Les escadrons sont, le 3e à gauche, le 4e à droite de l'allée centrale déjà citée. L'installation est à faire complètement ; il n'y a ni tranchées, ni fils de fer. La journée est assez calme ; quelques coups de feu isolés ; quelques obus deci delà ; mais, à la nuit tombante, on devient nerveux de part et d'autre. La fusillade commence ; les Officiers s'efforcent de l'arrêter. Le temps est affreux. Il pleut à torrents et le vent violent, qui souffle à travers les arbres, fait tomber des branches mortes. Le craquement de ces branches fait partir de nouveaux coups de feu isolés et la fusillade reprend. Heureusement, les Allemands, bien fournis en fusées éclairantes, en envoient presque sans arrêt et leurs lueurs nous permettent de voir que rien ne bouge devant nous. Le petit jour arrive, la fusillade cesse et nous constatons qu'après tout ce vacarme, nous sommes au complet, couverts de boue, mais sans une égratignure. Le 8e Dragons nous relève et, par des cheminements, nous regagnons, sans être inquiétés, notre stationnement en avant de la gare de Merviller. Le temps se remet ; nous faisons de grands feux et nous sommes séchés quand nous arrivons, le 7 au soir, à Veney, où nous cantonnons.
A partir de ce jour, les escadrons de piquet ou en réserve restent dans les villages, au lieu de stationner toute la journée dans un bois. Le 8, à 16 heures 30, on quitte Veney et on va cantonner à Vaxainville.
Le 9, à minuit 30, le 2e 1/2 régiment repart pour les tranchées. Il reprend à peu près les mêmes emplacements. Grand froid : 10 à 12° en dessous. On commence à s'organiser. Le secteur est calme. Du 10 au 20, on alterne ; 2 jours de repos, 2 jours de piquet, 2 jours en ligne. Le 21, le 2e 1/2 régiment est relevé et va cantonner à Chenevières, le 1er 1/2 régiment le rej oint. Il a passé cette période à Mazerulles et à la Ferme Ranzey, sans qu'un événement valant la peine d'être signalé se soit produit.
Le régiment reste 8 jours à Chenevières au repos. Le 28 mars, il remonte en ligne, mais le secteur qui lui est affecté est plus au Nord. Pendant la période de tranchées du 28 mars au 5 avril, les escadrons sont cantonnés : E.M., 3e et 4e escadrons à Ogeviller ; 1er et 2e escadrons à Buriville.
Les 1er et 2e escadrons montent en ligne dès le 28 au soir ; le régiment se relevant sur lui-même tous les deux jours et par demi- régiment. Des sections de territoriaux du 37e lui sont adjointes. Le 12e Dragons tient les lisières Est du Bois Vannequel et du bois de la Chapelle, situé au Sud du bois Vannequel, entre ce bois et le ruisseau d'Albe. Un peloton tient la corne Est du bois des Haies d'Albe. Mais, dès la prise du secteur, une avance est décidée pour améliorer la position. Le bois des Haies d'Albe doit être à peu près complètement occupé par nous et on fait, sous la protection d'une couverture installée le long du ruisseau, les travaux nécessaires. Le 1er avril, au matin, une forte reconnaissance ennemie pénètre dans les bois des Haies d'Albe ; elle est arrêtée par le peloton du S/Lieutenant Boyer, du 3e escadron, et de l'Aspirant Apert, du 4e. On leur amène quelques renforts qui repoussent la reconnaissance allemande. L'occupation définitive de la nouvelle ligne est décidée et les travaux sont poussés très activement. C'est le seul incident pendant cette période.
Le régiment est relevé le soir du lundi de Pâques, 5 avril, et arrive dans. la nuit à Ménil-Flin (E.M. et 1er et 2e escadrons), Flin (3e et 4e escadrons).
Le 20 avril, dans la soirée, le régiment remonte en ligne. Notre position, qui passait par le bois Vannequel, le ravin de la Rognelle, le Sud de Blemerey et la crête à l'Ouest de Veho, est avancée sur la cote 297, entre Blemerey et Chazelles, puis, passant au Sud de Reillon, contourne extérieurement les vergers de Veho pour arriver à la station d'Emberménil. Pendant cette avance, les 1er et 2e escadrons sont en situation d'attente à St-Martin, à la disposition du Général Commandant la 2e B.C.L.
Les 3e et 4e sont en réserve à Herbeviller. L'opération se passe bien et ne détermine qu'une assez forte réaction d'artillerie. Relèves tous les 2 jours, dans les mêmes conditions qu'à la période précédente. Puis relève du régiment par la Brigade Légère, le 6 mai, dans la soirée. Repos d'abord à Laronxe et St-Clément, puis à Chenevières et St-Clément, jusqu'au 15 mai. Le soir de ce jour, le 2e et le 4e escadrons prennent les tranchées ; le 2e au Sud de la station d'Emberménil, le 4e dans les vergers de Veho, au Nord de ce village.
Relèves tous les 2 jours, les 1/2 régiments se relevant sur eux-mêmes. Cette période, qui se termine le 31 mai au soir, s'est passée sans, évènement notable.
Repos à Chenevières et St-Clément, du 1er au 8 juin. Le régiment remonte en ligne le 8 juin, en commençant par le 2e 1/2 régiment, 3e escadron à la source de la Rognelle jusqu'au bois Vannequel ; 4e escadron au bois Vannequel. Relèves tous les 2 jours par demi-régiment, comme dans les périodes précédentes.
Une nouvelle avance est projetée. On veut prendre la cote 303, carrefour des routes Reillon-Gondrexon et Leintrey-Blemerey. L'opération a lieu le 19 juin. Les 1er et 2e escadrons tiennent les tranchées habituelles. Le 3e escadron a pour mission de suivre l'attaque et de construire un réseau de fils de fer parallèlement et à l'Est de la route Leintrey-Blemerey. La cote 303 est enlevée et le 3e remplit sa mission. Rentrée le 20, au petit jour, à Buriville. Il accomplit, la même mission dans la nuit du 20 au 21. Le 21, à 8 heures 1/2, alerte. Le 4e escadron est envoyé en réserve à l'Est de Blemerey, tandis que le 3e est envoyé à Herbéviller. Ces 2 escadrons restent dans la même situation jusqu'au 23 juin; dans la soirée.
Ils vont relever les 1er et 2e aux tranchées. La période se termine le 10 juillet au soir. Le 11, l'E.M., les 1er, 2e et 4e escadrons vont cantonner à Lunéville, le 3e à Dombasle. Repos. Le 15, les unités de Lunéville viennent à Sommerviller. Fin du repos le 21 juillet. Départ pour Croismare. Le régiment tient maintenant un point d'appui, en seconde ligne, à l'écluse de Parroy, et des tranchées à l'Ouest de l'étang de Parroy, dans la région de Bures. Cette période dure du 21 juillet au 8 août et ne donne lieu à aucun incident.
Repos du 9 au 17 août : E.M. et 3e escadron à Chanteheux 1er, 2e et 4e à Jolivet.
Le 17, les escadrons vont : le 1er à Crevic, le 2e à Valhey, les 3e et 4e, avec l'E.M., à Maixe, Le nouveau secteur est situé entre le bois de Benamont et les fermes Haute et Basse Riouville, au Sud d'Arracourt. Le régiment se relève toujours sur lui-même tous les 2 jours. Pendant cette période, au cours d'un bombardement assez violent, le Lieutenant Becquey est blessé.
Le 2 septembre, le 12e Dragons est complètement relevé et part, le 3, pour Ceintrey, Voinemont, région de Vézelise.
Les corps de la Division font des exercices et évolutions pour s'entraîner en vue de l'offensive projetée en Champagne pour la fin du mois. Du 19 au 25 septembre, routes en suivant la direction générale Colombey-les-Belles, Gondrecourt, Chevillon, Vassy, Blesme.

 

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