Du Jeudi 20 mai 1779
A louer présentement.
Le Château d'Herbéviller & ses dépendances, à 2 lieues de
Lunéville & 1 de Blamont; ce Château qu'on louera pour 9 ou 12
années, est meublé; il en dépend 2 colombiers, jardins potagers,
vergers & bosquets; 34 fauchées de prés, & droit de corvées pour
les faucher ; 10 jours de terres avec droit de les faire
labourer à volonté; 2 étangs, fossés, réservoir, droit de pêche
sur 2 rivières, & de chasse sur 4 villages; enfin, 5 jours de
vignes & un logement de vigneron. S'adresser à Me. Puissant,
Notaire à Nancy.
Du jeudi 22 juillet 1779
Arrêt du Parlement de Nancy du 3 Juillet 1779, qui ordonne quel'Article I. du Tit. III des Coutumes de Blamont, imprimées à
Nancy chez N. Charlot, en 1747, sera corrigé, en ce que cet
article porte ces mots, « au défaut » privativement des oncles &
des tantes, & qu'au lieu & place de cette expression, « au
défaut », il sera mis celle-ci, « au défunt », avec suppression'
de la virgule qui précède, conformément à l'expédition jointe au
réquisitoire de M. le Procureur général du Roi; & que la même
expression sera ensuite corrigée dans les enregistremens &
imprimés qui n ont été faits.
II sembleroit (porte le réquisitoire sur lequel est intervenu
cet Arrêt) d'après le texte imprimé, que les Cousins ne dussent
être appelés à recueillir les biens anciens de leur ligne, qu'au
défaut privativement des oncles & des tantes, ca qui est
formellement contraire au véritable sens de la disposition
vérifiée sur la minute même au trésor des chartres, qui veut que
les anciens appartiennent aux cousins de la ligne de laquelle
ils font obvenu, « au défunt privativement des oncles & des
tantes »
Du Jeudi 16 septembre 1779
SCIENCES ET ARTS.
Poudre d'abondance pour la multiplication des bleds, méteil,
seigle, orge, avoine, pois, fèves, &c. par le sieur Charon,
Bourgeois de Blamont, & Compagnie.
De toutes les découvertes que nous avons annoncées, voici sans
contredit la plus utile & celle qui mérite le mieux notre
reconnoissance. Pour le prouver, il nous suffira de transcrire
la lettre qui vient de nous être adressée par l'inventeur
lui-même.
» Cette Poudre qu'on présente au public, est une nouvelle
découverte qui surpasse tous les secrets qui ont paru jusqu'à ce
jour, concernant la végétation des grains. Elle est la clef du
trésor des germes qui sont concentrés dans chaque grain. Elle
les force à sortir de toutes parts; elle donne des sels à la
terre, & l'engraisse au lieu de l'affoiblir; elle procure au
Cultivateur une récolte complette & au-dessus de son attente;
enfin cette poudre fait tellement multiplier le grain, qu'il ne
faut que LA MOITIÉ DE LA SEMENCE ORDINAIRE. »
On nous assure qu'à Paris où il y en a un entrepôt, l'expérience
a été réitérée avec le plus grand succès. A Chatou, Trianon, &c.
les grains préparés avec cette poudre ont produit une récolte
bien supérieure, tant pour la qualité que pour la quantité; la
paille même en étoit plus belle & plus forte; ajoutez le
bénéfice considérable d'ensemencer deux jours de terre avec le
même bled qu'il auroit fallu pour un seul, suivant la méthode
ordinaire.
Le sieur Charon observe de plus, que par le moyen de fa Poudre,
les grains peuvent prospérer dans les terreins les plus maigres
& les plus stériles, attendu qu'elle agit avec promptitude sur
les germes,
& non d'une manière éloignée comme le fumier & les autres
engrais. Et comme il ne veut rien moins qu'abuser de la
confiance du Public, il invite les Cultivateurs de faire
l'épreuve de cette Poudre sur une petite portion de terrein, &
il leur promet non seulement le gain de la moitié de la semence,
mais une récolte plus abondante que celle qu'ils retireront sur
pareille quantité de terres adjacentes.
Manière de préparer les grains avec la Poudre du sieur Charon.
Pour deux bichets de bled du poids de 45 à 48 livres, il faut 3
livres de chaux vive, & un quart d'une dose de poudre. Pour 4
bichets, 6 livres de chaux & la moitié de la dose;
conséquemment, pour un sac pesant 180 à 190 livres, il faut la
dose entière de poudre, & 12 livres de chaux vive.
Quand vous voudrez préparer votre grain pour le semer, vous
mettrez votre chaux dans une cuve; vous y jetterez de l'eau très
chaude dans laquelle vous la délayerez jusqu'à ce qu'elle soit
bien fondue. Alors vous aurez un autre cuveau dans lequel sera
le grain & la Poudre ensemble. Vous prendrez votre eau de chaux
qui ne doit pas être plus chaude que pour y tenir le doigt
facilement. Vous la jetterez dans le cuveau où est le grain & la
poudre, & vous remuerez exactement le tout de fond en comble,
afin que la poudre se fonde & s'incorpore au grain que vous
laisserez ainsi tremper 7, 8, & même 9 heures de tems, ayant
soin de le remuer d'heure en heure. Vous retirerez ensuite le
grain, vous le laisserez un peu égoutter, puis vous le ferez
sécher au soleil, ou au grenier à l'air. Lorsqu'il sera sec &
qu'il ne se collera plus à un autre, vous le semez. Si le tems
ne le permettoit pas, on pourroit attendre deux ou trois jours;
mais il faudroit le remuer souvent crainte qu'il ne germe,
attendu que pour semer il ne faut pas que le grain soit germé.
Nota. II faut la moitié de la semence ordinaire pour les bonnes
terres, & les deux tiers pour les terres arides & mauvaises.
Les pois, lentilles, haricots, fèves de marais, bled de Turquie,
&c. se préparent comme le bled, à l'exception qu'ils ne doivent
tremper dans l'eau que 4 heures de tems.
Le prix de la Dose de cette Poudre est de 1 liv. 16 f. de france,
& la demi-dose de 18 sols.
Le Sr. Charon tient le bureau de ces Poudres à Blamont.
Le Sr. Colin au bureau du Vingtième iNancy, est chargé d'établir
des entrepôts pour les Trois-Evêchés.
Les personnes qui voudroient s'adresser directement au Sr.
Charon, auront soin d'affranchir leurs lettres, & si elles
désirent se charger d'un entrepôt, il leur fera une remise
honnête.
NDLR : Cette « poudre
d'abondance » agricole semble avoir connu une renommée nationale
:
« L'année précédente [1779], un sieur Charon, bourgeois de
Blamont, avait inventé la poudre d'abondance. bien préférable
aux défrichements, puis qu'avec la moitié de la semence
ordinaire on obtenait le double de récolte. Cette poudre donnait
au grain une fécondité d'autant plus extraordinaire, que les
mauvaises terres produisaient autant que les bonnes, et que le
blé récolté par ce procédé était bien supérieur en poids et en
qualité à tous les autres blés possibles. »
Notice historique sur la Société d'agriculture de
La Rochelle (de 1760 à 1788), lue à cette Société, le 13
novembre 1853, par J.-P.-C. Godineau - Ed. 1854 |