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Hoefnagel et les gravures en couleurs
 



Ainsi que déjà indiqué dans l'article sur les cartes de Cassini, ont sait que la plupart des cartes et gravures étaient vendues soit en monochrome, soit en couleurs, chaque planche étant alors manuellement mise en couleurs par un peintre coloriste.
Si ces derniers n'hésitaient pas parfois à ajouter quelques fantaisies, il est déjà certain :
- que le choix des couleurs est à la libre appréciation de l'artiste, qui fonde sa décision tant sur ce qu'il croit déceler (couleur des toitures par exemple), que sur des critères esthétiques ;
- que deux gravures mises en couleur, même par le même artiste, présentent ainsi des écarts notables.

Voici par exemple deux exemples de la même gravure de Hoefnagel, issue du Civitates Orbis Terrarum de Braun et Hogenberg:

Gravure de Hoefnagel (1542-1600) Gravure de Hoefnagel (1542-1600)

Si le coloriste de la première est resté dans des coloris sobres (version qui semble avoir aussi servi au coloriste de la reprise d'Antonio Albizzi), il en va tout autrement sur la seconde.
- de premier abord, il semble que les toits en ardoises soient nettement plus nombreux. En réalité, seul le choix d'un bleu très clair explique cette impression.




On trouve cependant d'autres exemplaires, qui démontrent l'impossibilité de s'appuyer sur les gravures en couleur pour déterminer la nature des toits :

- mais là où les fantaisies se sont les plus exprimées, c'est dans le coloris des costumes. Ainsi, si l'on peut déjà s'interroger sur la pertinence des costumes représentés avec la Lorraine du dernier quart du XVIème siècle, il devient évident que le second coloriste profite de la liberté qu'offre le costume pour utiliser des couleurs vives.

En voici deux autres versions :

Mais, au-delà d'une colorisation fictive et d'un intérêt esthétique discutable, certains détails des gravures colorisées peuvent se trouver masqués par les tâches de couleurs ; seule la gravure originale noir et blanc restitue donc la précision originale de l'artiste.


Note : on trouve aussi dans les ventes aux enchères d'autres versions issues de la même gravure,
 


mais dont on peut douter de l'authenticité, vue la forme du cartouche (ceux de l'édition originales sont rectangulaires)..
On note aussi quelques autres différences (le V de "Vieux château", la nécessité pour le graveur de  recréer quelques parties du ciel...).

Mais le Civitates Orbis Terrarum a connu de nombreuses éditions remaniées, les planches originales ayant été acquises par d'autres éditeurs jusqu'au XIXème siècle.

(on peut même signaler très tôt des éditions réduites, à l'aide de gravures sur bois, tels le Parvum Theatrum Urbium d'Abraham Saur en 1581, ou le Raccolta di le piu illustri et famosa citta de Martin Rota en 1579 : hélas, la gravure de Blâmont n'apparaît dans aucune de ces réductions).

 

Rédaction : Thierry Meurant

 

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