Ainsi que déjà indiqué dans l'article sur les
cartes de Cassini,
ont sait que la plupart des cartes et gravures étaient vendues
soit en monochrome, soit en couleurs, chaque planche étant alors
manuellement mise en couleurs par un peintre coloriste.
Si ces derniers n'hésitaient pas parfois à ajouter quelques
fantaisies, il est déjà certain :
- que le choix des couleurs est à la libre appréciation de
l'artiste, qui fonde sa décision tant sur ce qu'il croit déceler
(couleur des toitures par exemple), que sur des critères
esthétiques ;
- que deux gravures mises en couleur, même par le même artiste,
présentent ainsi des écarts notables.
Voici par exemple deux exemples de la même gravure de Hoefnagel,
issue du Civitates Orbis Terrarum de Braun et Hogenberg:
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Si le coloriste de la
première est resté dans des coloris sobres (version qui semble
avoir aussi servi au coloriste de la reprise d'Antonio Albizzi), il en va tout autrement sur la seconde.
- de premier abord, il semble que les toits en ardoises soient
nettement plus nombreux. En réalité, seul le choix d'un bleu très clair
explique cette impression.
On trouve cependant d'autres exemplaires, qui démontrent
l'impossibilité de s'appuyer sur les gravures en couleur pour
déterminer la nature des toits :
- mais là où les fantaisies se sont les plus exprimées, c'est
dans le coloris des costumes. Ainsi, si l'on peut déjà
s'interroger sur la pertinence des costumes représentés avec la
Lorraine du dernier quart du XVIème siècle, il devient évident
que le second coloriste profite de la liberté qu'offre le
costume pour utiliser des couleurs vives.
En voici deux autres versions :
Mais, au-delà d'une
colorisation fictive et d'un intérêt esthétique discutable,
certains détails des gravures colorisées peuvent se trouver
masqués par les tâches de couleurs ; seule la gravure originale
noir et blanc restitue donc la précision originale de l'artiste.
Note : on trouve aussi
dans les ventes aux enchères d'autres versions issues de la même
gravure,
mais dont on peut douter de l'authenticité, vue la
forme du cartouche (ceux de l'édition originales sont
rectangulaires).. |
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On note aussi quelques
autres différences (le V de "Vieux château", la
nécessité pour le graveur de recréer quelques
parties du ciel...).
Mais le Civitates Orbis
Terrarum a connu de nombreuses éditions remaniées,
les planches originales ayant été acquises par d'autres
éditeurs jusqu'au XIXème siècle.
(on peut même signaler
très tôt des éditions réduites, à l'aide de gravures sur
bois, tels le Parvum Theatrum Urbium d'Abraham
Saur en 1581, ou le Raccolta di le piu illustri et
famosa citta de Martin Rota en 1579 : hélas, la
gravure de Blâmont n'apparaît dans aucune de ces
réductions). |
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Rédaction :
Thierry Meurant |
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