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Bulletin de la mission laïque Française
Paris: Secrétariat Général de la mission laïque Française, 1917
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Les soldats de la "kultur"
C'étaient aussi des Bavarois que M. Colin, professeur au Lycée Louis-le-Grand, rencontra à Blâmont.
« M. Colin était en vacances à Blâmont depuis la fin du mois de juillet, quand il fut surpris par l'invasion. Le 13 août, des balles ayant traversé ses fenêtres, il rassembla auprès de lui sa femme, ses trois filles, sa belle-mère et ses deux bonnes, dans une chambre où il espérait les mettre à l'abri. A ce moment, des Bavarois conduits par un officier pénétrèrent dans l'appartement, criant que ln plus jeune des demoiselles Colin, âgée de treize ans, avait tiré sur eux par une fenêtre. On leur démontra l'absurdité de cette allégation, et ils se retirèrent en engageant la famille à aller se coucher.
« Quelques instants après, survint une autre bande dont le chef paraissait très surexcité. Cette fois, ce fut au professeur qu'on reprocha d'avoir tiré. Sa fille aînée voulut protester, et voyant son père menacé, lui entoura. le cou de ses bras; elle reçut, à la tempe et à l'oeil, un coup de crosse qui la jeta tout ensanglantée sur le plancher.
« Brutalement frappé â son tour, M. Colin fut traîné dehors et grossièrement injurié par l'officier, qui lui cracha au visage à plusieurs reprises. Pendant ce temps, sa belle-mère, sa femme et ses trois filles étaient contraintes de se coucher sur le parquet de la salle ç manger, tandis que les Allemands défonçaient le buffet, brisaient la vaisselle et portaient à Mme Colin, ainsi qu'à sa mère et à l'une des domestiques, de violents coups de crosse.
« Comme le père de famille, déchiré par les cris venant de la maison, disait à l'officier qui l'insultait : « Vous n'avez donc ni mère ni soeur, pour traiter ainsi des femmes » le Bavarois lui répondit: « Ma mère n'a jamais fait un cochon comme toi ».
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