Le Journal de la Drôme
28 octobre 1826 Une tentative d'assassinat vient d'avoir lieu dans la commune de
Domèvre (arrondissement de Lunéville.) Le nommé Marchal (Joseph-Antoine) avait conçu de l'attachement pour la fille
Catherine Marbouré, qui n'y répondait pas. Le 24 du mois
dernier, Marchal l'attendit près de la maison qu'elle habitait,
et voulu l'entraîner et l'en éloigner. Ne pouvant y réussir, à
cause de la résistance qu'elle lut opposa, il lui porta un coup
de stylet affilé ; l'arme perça le bras droit de part en part et
resta dans la plaie. Le coup avait été dirigé contre la
poitrine.
La mère Marbouré, voyant sa fille blessée, s'arme d'un bâton
dont elle frappe Marchal, qui tire alors de sa poche un pistolet
chargé à balles, et fait feu sur cette femme ; mais l'amorce
seule ayant brûlé, il saisit son arme par le canon et porte de
violens coups sur la tête de cette malheureuse, qu'il a blessée
et terrassée. Il a pris aussitôt la fuite. Arrêté depuis, il a
été mis à la disposition de M. le procureur du Roi
L'Impartial Dauphinois
9 décembre 1864 Ces jours derniers, on inaugurait le chemin de fer de Dieuze à
Avricourt ; une ascension des frères Godard faisait partie du
programme. Elle ne put avoir lieu, le ballon s'étant déchiré
pendant le gonflement.
Le lendemain, écrit-on à l'Indépendant de la Moselle, les frères
Godard ont essayé d'opérer leur ascension, et leur aérostat
s'élevait déjà il environ 400 mètres de hauteur, lorsqu'il se
déchira de nouveau presque en entier.
M. Jules Godard, jeune homme de vingt-cinq ans, exécutait en ce
moment des exercices de trapèze sous le ballon qui descendit
tout à coup avec une rapidité effrayante. Il se hâta de remonter
dans la nacelle et de sauter sur le pré au moment où il n'était
plus qu'à quelques mètres du sol.
Son sang-froid lui sauva la vie, mais il eut la jambe gauche
fracturée en deux endroits. Les soins médicaux que réclamait sa
position lui ont été immédiatement donnés.
Le Patriote savoisien
18 septembre 1872 Arrestation de M. E. About
A SAVERNE.
M. Edmond About, notre rédacteur en chef, qui possède, comme on
sait, tout près de Saverne, une propriété, d'où il a daté
plusieurs de ses ouvrages, la Schlittenbach, y était allé dans
les premiers jours du mois courant, avec une partie de sa
famille, pour y prendre les derniers arrangements que nécessite
la séparation définitive et légale de l'Alsace avec la France.
Nous avons reçu aujourd'hui même de Mme About la dépêche
suivante, que nous insérons sans commentaires.
Nous nous contenterons de faire observer qu'elle est datée d'Avricourt,
qui est tête de ligne du chemin de fer français.
« Avricourt, 14 septembre 1872.
« Aujourd'hui on commissaire de police prussien, escorté de
quatre gendarmes, est venu arrêter Edmond. Il va être conduit à
Strasbourg.
« A. ABOUT. »
Nous avons immédiatement fait parvenir à M. le ministre des
affaires étrangères la dépêche qu'on vient de lire.
Courrier des Alpes
11 septembre 1873 On écrit de Lunéville à l'Echo de l'Est :
« Par le train d'Avricourt de quatre heures, quatre Prussiens se
sont avisés de se promener ici. Tous quatre sont employés à la
gare d'Avricourt. On ne se serait aperçu de rien, si l'un d'eux,
sous-chef, n'avait eu l'audace de venir en uniforme. Après avoir
traversé une partie de la ville et être passés devant le poste
des gendarmes mobiles, qui ne leur ont rien dit, ils sont
arrivés dans la Grand'Rue. Instantanément ils se sont vus
entourés d'une foule hostile, qu'à un moment donné on peut
évaluer à 3,000 personnes. Ils ont été battus, déchirés, etc.
Sans l'intervention de l'autorité, on était sur le point d'en
jeter un à l'eau. Après bien des efforts, celui qui était en
uniforme a pu se réfugier à l'Hôtel-de-Ville; deux autres ont
été enfermés à la caserne d'infanterie, le quatrième avait
disparu. A cinq heures et demie, une forte escorte de fantassins
les conduisait à la gare, au milieu des huées de toute la
population. Peu après, ils étaient partis, et ils n'auront plus
envie de recommencer. »
Le Républicain de la Loire
2 novembre 1874 LE MARTYROLOGUE DU TRAVAIL
Un sous-chef d'équipe au chemin de fer de l'Est, M. Gérard, a
eu, jeudi, les deux jambes coupées par une machine allemande
dans la gare française d'Avricourt (Meurthe-et-Moselle).
M. Gérard est mort une heure et demie après cet effroyable
accident. Il y avait vingt ans qu'il était au service de la
compagnie.
Il laisse une veuve et deux enfants.
L'Impartial Dauphinois
23 avril 1875 A la suite d'articles publiés successivement dans le Pays et
dans l'Union, une rencontre avait été décidée, entre M. Albert
Rogat, rédacteur du Pays, et M. Adrien Maggiolo, rédacteur de
l'Union.
Cette rencontre a eu lieu hier lundi, vers midi, sur la
frontière de Lorraine, près d'Avricourt (Lorraine annexée),
actuellement cercle de Sarrebourg.
L'arme choisie était l'épée.
Le combat a duré trente cinq minutes environ. Après plusieurs
reprises. M, Albert Rogat, dit le Gaulois, a été touché deux
fois à la main, et M. Adrien Maggiolo a reçu lui-même à la main
une blessure qui, bien qu'heureusement sans gravité, a arrêté la
combat.
Le Républicain de la Loire
13 mai 1875 Le 1er juin prochain, sera inaugurée la gare construite à
Avricourt aux frais du gouvernement
français, sur le territoire allemand ; ce même jour cessera le
droit accordé au gouvernement
allemand par, la convention additionnelle du 12 octobre 1871 de
pouvoir occuper
militairement la commune d'Igney et la partie française de la
commune d'Avricourt.
Le Républicain de la Loire
22 juin 1877 Le ministre de l'intérieur informe MM. les libraires, éditeurs
d'oeuvres de musique et
d'estampes, expéditeurs, agents de transports et
commissionnaires en marchandises, que M.
le président de la République, par un décret en date du 28 mai
dernier, a ouvert le bureau
des douanes d'Avricourt à l'importation et au transit de la
librairie venant de l'étranger.
Cette mesure a pour but de faciliter les opérations du commerce
et de substituer le poste
d'Avricourt à ceux qui existaient, avant les événements de 1870
1871, à l'extrême frontière du
Nord Est, à Wissembourg et à Forbach.
L'Impartial Dauphinois
10 septembre 1880 On vient d'arrêter à Avricourt (frontière allemande) un caissier
du Bon Marché, le nommé B... Il y a deux mois, il avait demandé
un congé pour aller voir sa famille en Alsace. Pendant son
absence, ou constata sur ses livres diverses irrégularités qui
amenèrent la découverte d'un déficit de 100,000 fr. dans sa
caisse.
Le Journal d'Annonay
6 août 1887 Le gouvernement français a fait savoir aux commissaires de
police spéciaux de Petite-Croix (Belfort), d'Avricourt. Pagny,
Batilly et Aubun-Leroman, que les employés des chemins de fer et
des postes allemands devraient être munies désormais d'une
autorisation pour circuler librement en uniforme et que les
douaniers allemands ne devaient absolument pas entrer sur le
territoire avec leurs insignes.
Le Courrier des Alpes
29 avril 1885 Cluses.
Samedi, un élève de l'Ecole nationale d'horlogerie de Cluses,
nommé Auguste Lhôte, natif de Leintrey (Meurthe-et-Moselle),
s'est noyé en allant puiser de l'eau dans la rivière l'Arve.
Le courant de la rivière, grossi par la fonte des neiges, était
si rapide qu'on n'a pu le retirer qu'à deux kilomètres de
distance.
Le Journal de l'Ain
8 août 1887 L'INCIDENT WISBACH
On télégraphie de Nancy, 5 août, soir :
Le préfet vient de prendre un arrêté ordonnant la fermeture
d'une fabrique de jouets allemands établie à Emberménil.
Cette fabrique était installée depuis six ans, sans
autorisation, dans un rayon douanier où cette autorisation est
nécessaire.
Le préfet avait déjà pris dernièrement un arrêté semblable pour
une manufacture de même genre établie à Maranviller.
Le directeur de la fabrique d'Embermênil s'appelle Wisbach. La
Dépêche de Nancy donne sur lui quelques détails :
Wisbach est né à Mayence. Après deux faillites successives dans
la fabrication des poupées, l'une à Mayence, l'autre à
Strasbourg, il s'établit une troisième fois à Strasbourg, rue de
la Lanterne.
Ses produits se vendaient assez facilement en France jusqu'au
moment où les droits de douane sur les jouets allemands furent
sensiblement élevés par nos tarifs.
Dès lors il résolut - pour conserver sa clientèle française - de
venir s'installer au delà de la frontière allemande, et il
choisit comme emplacement, le petit village d'Emberménil, qui -
on le sait - se trouve à proximité du fort de Manonviller.
Ceci se passait en 1881.
La manufacture fut installée et dirigée par un des frères
Wisbach, secondé par deux employés allemands très actifs et une
centaine d'ouvriers de même origine - tous Saxons.
Tous les produits de matière première venaient d'Allemagne -
s'exonérant de la sorte du droit d'entrée qui frappe les
ouvrages terminés - et la fabrique allemande d'Embermênil
prospéra ainsi, au détriment de nos fabriques françaises.
A la suite de cet arrêté, nous savons que le directeur de cette
fabrique, M. Wisbach, a été trouver M. Puttkammer, secrétaire
d'Etat du gouvernement d'Alsace-Lorraine, pour se plaindre de la
mesure qui l'atteignait.
M. Wisbach a déclaré à l'un de nos amis que, sur les conseils de
son protecteur allemand, il allait à Paris, voir l'ambassadeur
d'Allemagne, afin d'obtenir, par voie diplomatique, la
réouverture de son usine.
Et il ajoutait - d'après les propres déclarations à lui faites
par M. Putkammer - que si justice ne lui était pas rendue,
aussitôt une dizaine de Français établis en Alsace-Lorraine
seraient expulsés de même.
D'autre part, nous apprenons que le citoyen allemand Wisbach est
aile trouver un des avocats du barreau de Nancy dans l'intention
qu'il était de poursuivre devant les tribunaux français
l'administration préfectorale.
Cet avocat a refusé, sans vouloir entrer dans aucun détail, de
prêter son concours à un sujet allemand dans une affaire de
cette espèce.
Comme représailles, une dépêche de Nancy dit que les autorités
allemandes viennent de prendre une mesure d'expulsion contre les
employés français, célibataires et mariés, du chemin de fer d'Igney
à Avricourt. La mesure s'applique à 38 personnes. Les employés
célibataires devront avoir quitté l'administration dans un mois
; les employés mariés ont trois mois pour se conformer à cette
décision.
Cet incident a causé en Allemagne la plus vive effervescence. On
le regarde, alors qu'il n'est qu'une simple mesure de défense,
comme une provocation de notre part.
Citons ce que publie à ce sujet le Deutsche Tageblatt de Berlin
sous le titre « Pendant combien de temps encore ? »
« En ce qui nous concerne, nous ne croyons pas qu'il soit
nécessaire de faire entrer une armée en France. Si les
persécutions contre les Allemands continuent, et que le
gouvernement français ne prenne pas de mesures pour s'y opposer,
nous devrions simplement considérer la France comme une nation
barbare.
« Nous devrions ensuite rompre les relations diplomatiques,
cesser toutes relations de chemins de fer, de poste, et placer
un cordon militaire à la frontière. Si les Français nous font la
guerre en temps de paix, agissons de même. »
Le Courrier des Alpes
9 août 1887 Le correspondant berlinois du Times prétend qu'un sentiment très
pénible a été créé à Berlin par l'hostilité croissante qu'on
témoignerait en France à l'égard des Allemands.
« II y a longtemps, dit le correspondant anglais, qu'on ne s'est
montré si excité en Allemagne. La nouvelle de la fermeture de
l'établissement des frères Wisbach à Embermenil, a causé une
sorte d'exaspération et le bruit court que l'incident a donné
lieu à des communications diplomatiques.
Le correspondant du Times donne toutefois à entendre qu'avant de
porter un jugement sur la mesure que vient de prendre le
gouvernement français, il convient d'attendre les explications
que celui-ci donnera.
Le Journal de l'Ain
12 août 1887 Un mandarin que l'on devrait bien envoyer en Annam où il serait
le modèle du genre, c'est M. le préfet Schnerb qui gouverne le
département de Meurthe-et-Moselle.
Il y a six jours, il prenait un arrêté ordonnant que la fabrique
de jouets de l'Allemand Wiesbach, qui était en réalité un
entrepôt de contrebande et un centre d'espionnage fût
immédiatement fermée. Trois jours après, devant les clameurs
allemandes le préfet met à son arrêté le palliatif suivant :
« Ayant appris que le sieur Wiesbach avait une assez forte
quantité de matières premières et marchandises dans son usine,
le préfet lui accorde trois mois pour écouler ses produits et
liquider sa situation. »
Et en réalité, nous apprend la Dépêche de Nancy, le herr
Wiesbach a repris sa fabrication de plus belle et embauché de
nouveaux ouvriers.
On juge de l'indignation, de la colère que cette reculade a
causée dans un pays où les Allemands sont d'autant plus
insolents qu'ils sentent à quelques kilomètres l'appui de leur
baïonnettes. Les Wiesbach qui sont les maîtres du village d'Emberménil
se disposent à y acheter plusieurs nouvelles maisons, ils se
vantent d'avoir fait reculer le préfet dont l'arrêté n'a servi
qu'à faire donner un soufflet à la France et à motiver
l'expulsion, d'Avricourt, de trente employés français envers
lesquels on n'a pas employé la moindre des formules de politesse
que M. Schnerb semble prodiguer aux Wiesbach.
Les journaux de la frontière s'étonnent qu'un mandarin
préfectoral aussi inconséquent et aussi faible, puisse faire
infliger à l'amour propre national de pareils affronts.
Ils ignorent sans doute comment M. Schnerb s'est préparé à la
carrière administrative ? Il y a quelques années, il était
rédacteur du Paris-Caprice, journal folichon où les calembours
se mêlaient agréablement aux histoires de boudoirs. C'est là que
se reconnaissent ses aptitudes pour le gouvernement. C'est de là
qu'on l'a tiré pour le décorer et le faire préfet. Au moins, en
Annam, on oblige les mandarins à suivre les cours des lettrés et
à gagner le bouton de cristal par de longues années d'études !
Le Journal d'Annonay
13 août 1887 ALLEMAGNE
On lit dans la Gazette de Francfort :
« Si certains officieux allemands considèrent l'affaire d'Emberménil
comme une
provocation venant de Paris, ils portent là un jugement trop
précipité. Que l'on attende au moins si le gouvernement français
ne remédie pas lui-même.
» Le gouvernement allemand n'a certes encore aucun motif de
s'occuper de cet incident, et comme il ne semble pas douteux que
le préfet de Nancy a agi en vertu de dispositions légales ;
l'Allemagne n'a pas lieu de faire de cette question l'objet
d'une action diplomatique formelle.
» Tout au plus, peut elle en appeler aux sentiments d'équité du
gouvernement français. Si cet appel était stérile, on ne pourra
en Allemagne, que constater à regret le manque de bienveillance
qui règne du côté des Vosges. Nous ignorons si l'on aura recours
ensuite à des représailles ; dans tous les cas, les relations
entre les deux Etats n'en deviendront pas plus amicales. »
Courrier des Alpes
24 janvier 1888 Le correspondant de la France à Nancy dit que M. Kuhn,
commissaire spécial à la gare d'Avricourt, dont le nom fut
prononcé à propos de l'affaire Schnaebele, ne serait pas
Français. Appelé à faire son
service dans l'armée territoriale, M. Kuhn a répondu qu'il ne
devait pas ce service, parce que son option n'avait pas été
valable et que, par conséquent, il était Allemand.
On est stupéfait de cette affaire Kuhn, un Allemand remplissant
les fonctions d'inspecteur de police à la gare française d'Avricourt.
Cette énormité va de pair avec celle de l'escroc Debia, investi
par M. Rouvier d'une mission de confiance dans le service des
finances en sortant de faire quinze mois de prison à Poissy pour
escroquerie.
Voilà ce qu'on appelle l'administration française sous la
République. Et dire que l'Europe nous l'envie !
Courrier des Alpes
9 février 1888 Sur un ordre de la direction de la Sûreté générale,
l'ex-inspecteur spécial de police à Avricourt, Kuehn, qui avait
été révoqué, parce qu'il ne pouvait produire son livret
militaire et qu'un journal avait, il y a quelques temps, signalé
comme espion allemand, a été arrêté hier soir par M. Escourrou,
commissaire spécial de police attaché au ministère.
Kuehn est prévenu de désertion.
Le Patriote savoisien
12 avril 1888 LES PERMIS DE SÉJOUR EN ALSACE-LORRAINE
Les mesures prises à la gare d'Avricourt interdisant l'entrée
des Français en Alsace-Lorraine ont pris fin. Ces mesures
venaient d'un excès de zèle du commissaire de police allemand.
Dorénavant les Français pourront pénétrer en Alsace-Lorraine
comme d'habitude ; mais, s'ils veulent y séjourner, ils devront
être munis d'un permis du kreis-director (sous-préfet).
Courrier des Alpes
2 juin 1888 Igney-Avricourt, 31 mai. - Les nouvelles mesures sont appliquées
rigoureusement depuis ce matin minuit par la police allemande.
A Deutsch-Avricourt, les hommes, les femmes et les enfants, non
munis de passeports par l'ambassade d'Allemagne à Paris, sont
renvoyés impitoyablement, quelle que soit leur notabilité.
Courrier des Alpes
21 juin 1888 FAITS DIVERS
- Messieurs les allemands n'y vont pas de main morte. Il est
absolument impossible de franchir la frontière alsacienne,
depuis le décret sur les passeports.
Le Mémorial des Vosges signale un fait véritablement odieux:
« Lundi soir, à sept heures et demie, un négociant d'Epinal
apprenait par dépêche la mort inattendue de sa soeur habitant
Strasbourg, veuve et mère de famille.
Après s'être concerté avec sa soeur et son beau-frère habitant
également Epinal, ils partaient ensemble mardi à trois heures
pour assister aux obsèques de leur soeur et belle-soeur, à
Strasbourg, par Blainville-Avricourt, munis de la dépêche
annonçant le décès et de tous les
certificats établissant leur identité.
« A leur arrivée à Deutsch-Avricourt, les commissaires et agents
allemands s'opposèrent formellement au passage des voyageurs ;
le passeport, visé par l'ambassade allemande, donne seul ce
droit, ce qui veut dire, comme dans l'espèce, que le
gouvernement allemand interdit aux Français d'assister aux
obsèques de leurs parents décédés en Alsace.
« Les trois personnes dont nous parlons firent à l'autorité
allemande toutes les offres imaginables : elles demandèrent à
être accompagnées par un gendarme ou par un agent jusqu'à
Strasbourg,
s'offrant de payer tous les frais qu'exigerait ce sauf-conduit.
Ce fut en vain. - Passez par le Luxembourg ou par la Suisse, -
leur fut-il répondu, ou bien prenez vos billets pour Munich,
par exemple, puis vous reviendrez sur vos pas.
« La soeur de la défunte, en proie à la douleur et à une
agitation bien naturelle, ne put s'empêcher de demander aux
agents allemands quel crime elle avait pu commettre pour être
empêchée d'aller
aux obsèques de sa parente : - « Vous êtes Française, madame ! a
répondu le commissaire impérial. » Les voyageurs, navrés et
impuissants, sont retournés à Avricourt, français, et de là à
Lunéville ;
ils sont rentrés hier à Epinal, et nous avons recueilli ce
matin, de leur bouche, la récit qu'on vient de lire. »
Courrier des Alpes
28 juin 1888 Un officier allemand du 97e d'infanterie en garnison à
Sarrebourg, en tenue militaire, est venu s'accouder pendant un
quart d'heure à la barrière du passage à niveau d'Avricourt sur
le territoire français, visiblement délimité à
cet endroit. Des groupes se sont aussitôt formés.
Le commissaire spécial de la gare, intervenant, a invité
l'officier à repasser la frontière ; ce dernier a obéi à
l'invitation.
L'autorité militaire allemande a été informée du fait.
Le Journal de l'Ain
12 septembre 1888 VEXATIONS ALLEMANDES. - Un fait incroyable. - Un marchand de
vins de la rue Championnet, à Paris, ayant une de ses petites
filles malades, voulut l'envoyer chez des parents passer
quelques jours en Alsace.
Il la confia à des amis pour le voyage, mais à la frontière, à
Avricourt, on refusa de laisser passer l'enfant parce qu'elle
n'avait pas de passe-port.
Or, la fillette est à peine âgée de cinq ans.
Force a été de renvoyer la pauvrette à Paris, on s'en est remis
pour cela à la complaisance d'un voyageur, tandis qu'on envoyait
au père la dépêche suivante :
Paris, Avricourt-français.
« Henriette refusée frontière, pas passeport, elle arrivera
demain mardi, 3 h. 40. Recommandée à une personne. Venez la
chercher gare Est. »
Courrier des Alpes
14 mars 1889 La 9e chambre du tribunal correctionnel de la Seine condamnait,
il y a à peine un mois, pour espionnage, un sieur Blondeau,
ancien sous-officier du génie, qui avait voulu vendre à
l'Allemagne le plan d'une de nos forteresses. La même chambre a
jugé un procès du même genre, mais cette seconde affaire revêt
un caractère de gravité exceptionnelle par le mystère qui
l'entoure. Le tribunal avait, en effet, la preuve que les
renseignements offerts par Blondeau au ministre de la guerre
d'Allemagne
étaient incomplets et que sa tentative criminelle, déjouée par
un hasard, n'avait point eu de précédent. Il n'en est pas de
même dans l'instance actuelle.
Le coupable a été découvert dans les mêmes circonstances que
Blondeau et la lettre qu'il écrivait en Allemagne a été saisie.
Mais le texte même de cette lettre établit qu'elle n'est qu'une
faible partie d'une longue correspondance, commencée depuis une
époque qui n'a pu être précisée, et l'on ignore, ou tout au
moins la justice française ignore la gravité et l'étendue des
communications qui ont pu être faites à la police allemande par
l'accusé d'aujourd'hui, qui, par la nature même de ses
fonctions, devait être détenteur de secrets importants.
Voici le résumé des faits relevés contre l'inculpé : Kuehn Marie
Pierre, aujourd'hui âgé de trente-six ans, était inspecteur
spécial de la police des chemins de fer à Âvricourt, et il fut,
en cette qualité, mêlé aux incidents de l'affaire Schnoebelé.
A cette époque, des bruits fort graves coururent sur son compte
et plusieurs journaux s'en émurent. Kuehn, payant d'audace,
poursuivit ces journaux en diffamation et fit même condamner,
pour ce délit,
le journal le Soleil à 500 francs d'amende et à 1,500 francs de
dommages-intérêts. Il fut néanmoins mis en disponibilité le 4
février 1887.
On venait en effet d'avoir la preuve que Kuehn trahissait son
pays. Cet homme, qui semble avoir été chargé par la police
française de missions secrètes, entretenais également, depuis
une date qui n'a pu être fixée, des relations suivies avec la
police allemande, et ce double jeu aurait pu durer longtemps, si
une erreur d'adresse n'avait mis la police française au courant
de ces intrigues criminelles.
Courrier des Alpes
28 mars 1889 La 9e chambre du tribunal correctionnel a rendu son jugement
dans l'affaire de l'espion Kuehn, ancien inspecteur de police à
Avricourt.
Kuehn est condamné à 2 ans de prison.
Le Journal de l'Ain
29 mars 1889 L'ESPION KUEHN.- Mardi, Kuehn, l'ancien inspecteur de police
d'Avricourt, poursuivi pour espionnage au profit des Allemands,
a comparu devant la 9e chambre correctionnelle.
Kuehn est Alsacien de naissance. Il commence sa trente-septième
année. C'est un grand garçon, large d'épaules, très vigoureux
d'aspect, aux yeux intelligents.
Il a fait la campagne de 1870, comme soldat dans le 26e
d'infanterie. Capturé par les Allemands, il est resté huit mois
leur hôte forcé.
En 1872, il optait pour la nationalité française, et, comme il
était encore mineur, le capitaine de sa compagnie lui servait de
tuteur.
En 1876, il se réengageait ; mais au mois d'octobre de la même
année, il désertait et passait en Alsace.
Il revint en France vers 1881. On ne l'inquiéta pas, et la
protection du chef de la sûreté d'alors, son cousin, nommé Kuehn
comme lui, lui permettait bientôt d'entrer la police.
Il fut inspecteur à Calais, ensuite à Avricourt.
Seulement, les allures suspectes qu'il eut dans ce dernier
endroit entraînèrent, à la fin de 1887, sa mise en
disponibilité. Et sa désertion réapparaissant à la mémoire,
quelques mois plus tard, le 6 mars 1888, un conseil de guerre le
condamnait, pour ce fait à quatre ans de prison.
Il accomplit sa peine : c'est ce qui explique le costume de
prisonnier qu'il portait à l'audience.
La troisième ou quatrième semaine qui suivit son arrestation, le
bureau des postes de Paris, en ouvrant une lettre adressée à un
M. Bertini, voyageur de commerce, à Francfort et revenue de là
bas avec la mention : « destinataire inconnu » s'aperçut qu'elle
émanait de Kuehn et que sous le nom de Bertini se cachait le
chef de police de Mulhouse, le fameux Zahn du procès de Leipzig.
De là les poursuites actuelles.
Dans cette lettre Kuehn réclamait de Zahn des honoraires et
offrait de le servir comme espion particulier, avec une mission
déterminée à Paris.
C'est tout ce que nous en pouvons dire, car le tribunal, pour
des raisons « d'ordre public », a ordonné le huis-clos.
Nous ne parlerons pas davantage des débats. Qu'il suffise de
savoir que Kuehn prétend avoir voulu tendre un piège au policier
allemand.
C'est le même système de défense que celui de Blondeau, dont la
trahison fut découverte aussi, on s'en souvient, grâce à une
lettre retournée.
Kuehn a été condamné à trois ans de prison et 1,000 francs
d'amende.
Courrier des Alpes
30 mars 1889 En novembre 1887 le Soleil, rendant compte des débats du procès
intenté à Leipzig aux Alsaciens-Lorrains accusés de faire partie
de la Ligue des patriotes, signalait un bruit très répandu
d'après lequel l'homme qui les avait dénoncés était un nommé
Kuehn, le même qui avait été autrefois sous les ordres de M.
Schnoebelé, commissaire de police à Avricourt. Le sieur Kuehn poursuivit en
diffamation le journal coupable d'avoir enregistré un bruit si
peu flatteur pour lui et le fit condamner à 300 francs d'amende
et 1,500 francs de dommages-intérêts.
Or ce même personnage vient d'être successivement condamné à
quatre ans de prison pour désertion à l'intérieur et à deux
autres années de la même peine comme espion. Les juges qui ont
condamné le Soleil, il y a dix-huit
mois, doivent aujourd'hui regretter leur sentence, et nous ne
doutons pas qu'ils ne se hâtent de se cotiser pour lui rendre
les 1,800 francs qu'ils ont si mal à propos enlevés à sa caisse.
Le Journal de l'Ain
17 juin 1889 Avant-hier, un archiduc autrichien se trouvait, sans passeport,
dans l'Express-Orient, revenant de Paris. Le commissaire de
police allemand a brutalement refusé l'accès du territoire
d'Alsace-Loraine à cet archiduc.
Ce n'est qu'après d'assez longs pourparlers que l'archiduc a pu
continuer sa route.
Le gouvernement austro-hongrois s'est plaint ; le commissaire
d'Avricourt vient d'être révoqué et remplacé par M. Bruch,
assesseur du gouvernement à Schlestadt.
Le Stéphanois
9 juillet 1889 EN ALSACE LORRAINE
Le tribunal des échevins de Colmar a infligé quatre mois de
prison à M. Pierre Nagel, natif d'Avricourt, pour avoir tenu des
propos injurieux envers l'empereur d'Allemagne.
Le Journal de l'Ain
16 août 1889 On assure que le gouvernement prussien serait résolu à atténuer
les mesures rigoureuses qu'il a prescrites à la frontière
concernant l'obligation du passeport.
Dans les cas absolument urgents tels que : décès, obsèques ou
agonie d'un proche parent, le voyageur ne devrait plus se munir
que de pièces d'identité et du télégramme qui motive son
déplacement et fournir les explications nécessaires au
commissaire spécial.
Celui-ci télégraphierait au sous-secrétariat du ministère
d'Alsace-Lorraine les motifs du voyage et l'autorisation de
pénétration. Le voyageur, bien entendu, paierait le télégramme
et la réponse, et pour la plupart des cas, l'autorisation
demandée serait accordée.
Là véritable raison de cette atténuation dans les mesures
sauvages prises contre les Alsaciens est la diminution des
recettes des chemins de fer de cette région. En le comparant
avec 1887 on trouve que le transit des voyageurs par Avricourt a
baissé de 45 pour cent et cette diminution se continue, c'est-ce
qui a fait réfléchir les Allemands.
Le Journal de l'Ain
9 avril 1890 BRUTALITÉ ALLEMANDE. - Un jeune homme âgé de dix-huit ans, du
nom de Bach, originaire de Bitche (Alsace-Lorraine), arrivait le
6 au matin à la gare de Deutsch-Avricourt, qui, comme on le
sait, est très proche du village resté français d'Avricourt.
Le commissaire spécial allemand l'avisa et lui demanda où il
allait.
Bach lui répondit qu'il cherchait du travail et qu'il se rendait
à Deutsch-Avricourt.
Le commissaire ne répondit rien, mais, soupçonnant que Bach,
alsacien d'origine, voulait se soustraire au service militaire
allemand, il le fit suivre à une certaine distance par un
gendarme.
Bach, se dirigea sur la gare française d'Igney-Avricourt, au
lieu de continuer sa route vers le village allemand.
Le gendarme le somma de s'arrêter,
Bach, au lieu d'obéir, pressa le pas.
Comme il ne se trouvait plus qu'à une cinquantaine de mètres du
poteau-frontière et à une soixantaine de mètres de la gare
française, le gendarme fit feu sur lui.
Bach ne fut point atteint et n'en continua pas moins sa course.
Le gendarme rechargea sa Carabine et fit feu de nouveau sur le
jeune homme qui était en ce moment à cinq mètres de la
frontière.
Cette fois le jeune homme tomba.
Le gendarme courut sur lui, mais Bach qui avait fait un faux pas
et n'était pas blessé se releva vivement et franchit les cinq
mètres qui le séparaient du territoire française la barbe du
Teuton, tout confus.
La balle du second coup de feu s'est aplatie sur le talus de la
ligne française d'Igney-Avricourt à Cirey.
Bach s'est aussitôt présenté au commissariat spécial de la gare
d'Igney-Avricourt, et il a demandé à s'engager dans la Légion
étrangère où il a un frère sous-officier.
Le Stéphanois
30 janvier 1890 Les Bavarois en Alsace
Les troupes bavaroises vont concourir à l'augmentation des
effectifs en Alsace-Lorraine. On apprend qu'un bataillon
d'infanterie bavaroise va être envoyée en garnison à Avricourt,
gare sur l'extrême frontière française ; il sera logé dans des
baraques.
Le Stéphanois
23 mars 1890 A la Frontière Franco-Allemande
Les douaniers de Deutsch-Avricourt ont inventé un ingénieux
moyen d'augmenter leurs appointements.
Ils laissent passer sans autorisation les Français que leurs
affaires appellent sur le territoire allemand, puis ne les
relâchent que contre rançon. Le cas s'est présenté il y a
quelques jours. Un Français, marchand de chevaux, ayant vendu
quelques bêtes en Alsace-Lorraine, se rendit à la douane
allemande à Deutsch Avricourt pour acquitter les droits
d'entrée.
Lorsqu'il eut payé ses droits, comme il se disposait à rentrer
en France, il fut mis en état d'arrestation par les douaniers,
sous prétexte qu'il avait pénétré sur le sol allemand sans
autorisation.
Les douaniers exigèrent de lui une somme de 50 francs, moyennant
laquelle il put regagner la frontière.
Le Stéphanois
27 septembre 1891 EN ALSACE-LORRAINE
De même qu'à la frontière lorraine, le passeport n'est plus
exigé aux gares de Montreux-Vieux et de Deutsch-Avricourt, à la
frontière alsacienne.
Il s'agit donc d'une mesure générale devançant, la date
officielle de l'abrogation des passeports.
Le Stéphanois
12 mars 1892 Arrestation d'un espion
Saverne. Avant-hier soir, à 11 heures, les commissaires de
police d'Avricourt et de Dieuze, accompagnés de trois gendarmes,
ont été arrêté un nommé Gérard, propriétaire à Gelucourt,
soupçonné d'espionnage.
Gérard, qui est parent d'un officier supérieur français, a été
emprisonné à la maison d'arrêt de Saverne.
Le Patriote savoisien
1 juin 1892 Les fêtes de Nancy
A leur arrivée à Nancy, les tchèques seront reçus par la
commission des fêtes. lisseront amenés par une délégation qui
ira les chercher à la gare d'Avricourt.
Le nombre des gymnastes qui prendront part aux fêtes est évalué
à deux mille cinq cents.
Le Stéphanois
24 juillet 1892 Incident de frontière
Un journal de Nancy publie sous toutes réserves la, nouvelle
suivante qu'aucun renseignement
n'est venu encore confirmer jusqu'à présent à Nancy :
« Entre Moussey et Avricourt, sur la ligne de Château-Salins,
trente soldats allemands ont passé la frontière ce matin
vendredi. Ils se sont arrêtés dans une ferme sur le territoire
français où ils ont séjourné un certain laps de temps. Quelques
instants après, un escadron de cavalerie allemande a dépassé
également la frontière, bien marquée cependant par les poteaux.
»
Le Stéphanois
3 septembre 1892 Le Grand-Duc, Pierre de Russie
Lunéville ;
Le grand duc et la grande duchesse Pierre de Russie sont passés
ce matin à Avricourt.
Ils ont été salués par le sous-préfet de Lunéville.
Le Stéphanois
4 septembre 1892 Lunéville. - Hier matin a commencé le service du poste sanitaire
établi à Avricourt contre le choléra, sous la direction des
docteurs Henriot et Zimmermann, de Blamont. Ces médecins sont
assistés de deux internes de Nancy, de deux infirmiers, d'une
infirmière et d'un employé,
Une étuve de désinfection pour les linges sales et bagages a été
installée.
Un lazaret en bois a été construit par la Compagnie des chemins
de fer de l'Est pour les malades. Quatre lits fournis par la
société des Femmes de France, de Cirey, ont été installés.
Aucun cas de choléra n'a été constaté jusqu'ici.
Le Stéphanois
7 janvier 1903 Malchance d'un fraudeur
Après avoir passé la frontière. - Client trop poli. - Ce qu'il y
avait dans un chapeau. - Fâcheuse rencontre.
Lunéville, 6 janvier
Dans un débit voisin de la frontière, où de nombreux,
consommateurs, occupés pour la plupart à jouer aux cartes,
étaient attablés, un paysan entrait hier le visage épanoui et,
non content de prononcer le sacramentel « Bonjour, messieurs et
dames » ôtait poliment son chapeau pour saluer la maîtresse de
la maison.
Mais, dans le geste qu'il fît pour se découvrir, il eut la
malchance de faire tomber un paquet assez volumineux qu'il avait
dissimulé dans son couvre-chef.
Et par un malencontreux hasard, ce paquet vint rouler jusqu'aux
pieds d'un douanier qui jouait tranquillement à l'écarté dans un
coin de la salle.
Celui-ci obligeamment se baissa pour ramasser l'objet, mais, à
peine eût-il touché que, au lieu de le rendre à son
propriétaire, il le posa sur la table, se leva et vint mettre la
main sur l'épaule du paysan, dont le visage était sensiblement
moins épanoui qu'à son entrée dans l'établissement..
Le pauvre homme, qui habite à peu de distance de la frontière
s'était rendu dans la journée à Deutseh-Avricourt, où il avait
fait emplette d'une collection, de boîtes d'allumettes. Pour
éviter toute indiscrétion de la part des douaniers, le fraudeur
avait jugé prudent de cacher sous son chapeau la dangereuse
acquisition.
Il n'avait, hélas ! pas prévu qu'une fois la frontière franchie,
une manifestation intempestive de politesse aurait pour
conséquence de le faire tomber entre les mains des douaniers
devant lesquels il venait de passer la tête haute... avec son
chapeau soigneusement enfoncé dessus.
Le Stéphanois
1er février 1903 VOYAGE D'UNE CARTE POSTALE
Pour les simplificateurs de l'ortographe.
Une jeune bonne, originaire d'Alsace, envoyait, voici cinq mois
environ, quelques mots sur une carte postale à une personne de
sa connaissance habitant Avricourt.
Et cette carte postale alla, non pas, à Avricourt, mais en
Egypte et de là au Cap, se promenant cinq mois à travers le
continent noir, jusqu'à ces jours derniers où elle retrouva sa
véritable destination.
Pourquoi ?
Parce que la jeune domestique, née en Alsace, a, naturellement,
l'accent alsacien et qu'elle respecte l'accent natal même dans
sa correspondance.
Elle écrivit donc bravement Avricourt Africou, comme ça se
prononce en Alsace.
Et « Africou », à la poste, fut lu « Africa ».
L'orthographe phonétique a, comme on voit, ses dangers.
Le Journal de Tournon
24 juillet 1904 Bonnes nouvelles d'Alsace-Lorraine :
L'exode des Alsaciens qui, le 14 juillet ont traversé la
frontière pour assister à la Fête Nationale, a été, selon les
constatations de la Post de Strasbourg elle-même, plus fort
cette année que les années précédentes. L'affluence a été si
grande à la gare d'Igney Avricourt que les nombreux vagons
préparés n'ont pu suffire à contenir les voyageurs, et que des
vagons de bagages ont du être mis à contribution.
Le Journal de Tournon
28 juin 1908 Un ballon appartenant à la Société aérostatique strasbourgeoise
a atterri à 13 kilomètres de Lunéville. Il avait à son bord
quatre officiers allemands.
Ceux-ci, conduits à Lunéville, ont déclaré qu'il se dirigeaient
vers Francfort, mais le vent et la pluie les avaient chassés
vers la frontière. Ces quatre officiers ont été conduits, le
jour même à Avricourt, par M. Stempfel, commissaire de police.
Le Stéphanois
1er septembre 1906 Lutte sauvage entre Romanichels
Les romanichels pullulent dans la région de Nancy.
Pendant qu'une caravane de 32 montreurs d'ours monte la garde à
la frontière, près d'Avricourt, entre deux détachements de
gendarmes français et allemands, les uns l'empêchant de pénétrer
sur les territoires annexées, les autres ne voulant pas la
laisser séjourner sur le territoire lorrain, une bande de ces
intéressants et sympathiques personnages vient de se livrer dans
les environs de Dombasle, à une lutte d'une sauvagerie inouïe.
Cinq familles, toutes d'origine bavaroise, étaient rassemblées
autour de cette ville. II y a six ans, le père du chef de l'une
de cette famille, nommé Ott fut tué dans une bagarre à laquelle
plusieurs des familles présentes avaient pris part.
C'est dans ce fait qu'il faut voir la cause de la bataille
d'hier, a laquelle hommes et femmes prirent part.
Couteaux, revolvers, baïonnettes, rien ne manquait, pas même la
hache traditionnelle.
Trois des combattants sont fortement blessés.
On croit bien que l'un d'eux, nommé Hertz. âgé de vingt cinq
ans, père de cinq enfants, ne passera pas la nuit : il porte
cinq blessures affreuses dont l'une a enlevé l'oeil.
Un autre, âgé de trente six ans originaire de Thaal, père de six
enfants, est grièvement blessé.
Un troisième a reçu un coup de baïonnette au sommet de la tête.
Une femme a eu le sein gauche percé de part en part ; une autre
avait juste la figure ensanglantée et des blessures sur le
corps.
Elles se sont pansées elles-mêmes.
Le Stéphanois
20 septembre 1907 Un Mécanicien arrêté
Le « Strassburger-Zeitung » annonce qu'un mécanicien de la
Compagnie de l'Est a été arrête à Deutsch-Avricourt et retenu
pendant une heure parce qu'un douanier avait découvert 120
grammes de tabac acheté par ce mécanicien à Avricourt pour son
usage personnel. Le mécanicien a été remis en liberté après
avoir versé 34 marks. Le journal strasbourgeois conteste aux
autorités douanières allemandes le droit de faire descendre un
mécanicien français d'une locomotive française.
Le Stéphanois
4 septembre 1908 Les grandes manoeuvres allemandes
Avricourt, 3 septembre.
Les manoeuvres du 15e corps ont été très importantes.
Par suite du thème initial, l'armée rouge a franchi la Sarre,
venant de la frontière française, et s'est rassemblée en avant
de la rivière de Fenestrange, en demi-cercle jusqu'à Rieding, au
nord-est de Sarrebourg.
Les avant postes sont à Rieding, au nord-est de Tinlieberg,
petite hauteur du nord ouest de Rieding.
L'armée Bleue occupe, par ses deux ailes, un demi cercle,
d'Hirschland à Fleisheim, à une moyenne de 7 kilomètres de
Rieding.
L'armés bleue tente d'avancer sur la ligne de chemin de fer
d'Avricourt-Strasbourg,
L'armée rouge renseignée trop lentement, succombe par suite du
mauvais temps.
La lutte doit reprendre demain.
Le Stéphanois
14 mai 1909 Deux Uhlans passent en France
Nancy, 13 mai.
On mande d'Avricourt que deux uhlans de la garnison de Dieuze
(Lorraine) ont passé la frontière. Après avoir attaché leurs
chevaux dans une ferme voisine de la frontière, ils se sont
rendus au village et se sont, constitués prisonniers à la
gendarmerie.
Les chevaux de ces deux cavaliers déserteurs saisis par les
gendarmes seront rendus aux autorités allemandes à Avricourt.
Les deux hommes se sont engagés à la légion étrangère.
Le Stéphanois
23 janvier 1911 Encore une Histoire de Chien
Décidément la race canine a le vent
en poupe. On n'entend parler que de ses exploits. Voici un autre
cabot - de police, celui-là qui mériterait d'entrer dans la
troupe de Don et de faire, avec le chien qui parle, une tournée
mondiale.
Celui-ci c'est le chien qui découvre les auteurs de lettres
anonymes.
Il s'appelle Greif, et son maître n'est autre que le commissaire
allemand de la frontière à Deutsch-Avricourt.
Bien connu dans toute la zone pour son instinct et son adresse,
Greif, le chien de M. Obst, a exécuté, l'autre semaine, un tour
de force singulièrement appréciable pour la justice de son pays.
Sur un cas où tant de policier à deux pieds eussent peiné des
mois sans aboutir, Greif a réglé l'affaire en un tour de patte.
C'est à Dieuze que la chose s'est passée, raconte notre confrère
de Metz, le Lorrain. Depuis des années déjà, M. C...,
secrétaire du tribunal cantonal à Dieuze, était la victime de
lettres anonymes ou de pires injures lui étaient adressées,
quand ce n'était pas à sa famille ou à ses supérieurs.
Désireux d'en finir avec ces accusations mensongères, M. C...,
eut un jour l'idée de demander à M. le commissaire Obst s'il
voudrait lui prêter le concours de Greif.
Le magistrat n'eut garde de refuser. Il conseilla à M. C... de
se procurer des objets ou pièces d'habillement, appartenant à
différentes personnes. On les mit dans une cachette. Puis M.
Obst fit flairer à son chien une des lettres anonymes. Aussitôt
Greif alla retrouver dans la cachette, et ensuite, à différentes
reprises, un chapeau appartenant à Mme Zimmermann, femme d'un
agent d'affaires de Dieuze.
La contre-épreuve fut faite. On cacha la lettre anonyme parmi
les objets hétéroclites, et l'on fit flairer le chapeau au
chien. Greif alla bien vite retrouver la lettre cachée.
Sur ces données, le parquet intenta une action en diffamation à
la dame Zimmermann, que nul ne songeait à soupçonner.
Le plus beau de l'affaire - pas pour elle, mais pour Greif -
c'est que le témoignage du détective à quatre pattes a pesé d'un
poids fameux dans la balance du juge. Celui-ci a condamné
l'inculpée, en effet, à dix jours de prison, malgré ses
dénégations !
C'est le cas d'exprimer notre surprise en une formule de
circonstance :
Nom d'un chien !
La Croix de la Drôme
27 septembre 1914
A L'AILE DROITE
En Lorraine, l'ennemi s'est replié au-delà de notre frontière et
a évacué en partie la région d'Avricourt.
La Croix de la Drôme
12 mars 1916 Dans la journée, nos avions ont également jeté quarante obus sur
la gare de Bensdorf et neuf projectiles sur les établissements
ennemis d'Avricourt.
Le Journal d'Aubenas
24 octobre 1925 MINISTERE DES PENSIONS, DES PRIMES ET DES ALLOCATIONS DE GUERRE
Constitution des Cimetières Nationaux
Programme des travaux qui seront effectués en régie par le
Service de l'Etat Civil Militaire
dans la 1re quinzaine de novembre 1925
Service de l'Etat Civil Militaire du département de la
Meurthe-et-Moselle à Lunéville
Réinhumation dans l'ossuaire du cimetière national de
Badonviller de 7 Français inconnus inhumés dans ce cimetière et
de 19 inconnus inhumés dans les cimetières communaux de
Bertrichamps, Ste-Pole, Pexonne, Fenneviller, Petitmont,
Cirey-sur-Vezouse, Barbas, Mignéville.
Réinhumation dans l'ossuaire du cimetière national de Reillon de
2 Français inconnus inhumés dans ce cimetière.
[...] Les familles avant des patents inhumés dans les cimetières
désignés ci-dessus et qui désireraient être fixées sur la date
du déplacement de la tombe de leur parent auraient à s'adresser
à l'Officier chef du service de l'état civil militaire du
département intéressé.
Il demeure entendu que les corps des militaires qui, identifiés
depuis moins de 3 mois ont été réclamés par les familles ne
seront pas déplacés en attendant le transfert aux frais de
l'Etat. |