1917 - 356ème
régiment d'infanterie - Emberménil
(voir cartes des JMO)
Historique du 356e régiment
d'infanterie pendant la guerre 1914-1918
Éd Berger-Levrault (Nancy)
1917
FORÊT DE PARROY (Janvier 1917-juin 1917.)
En janvier 1917, le 356e relève les
éléments de la 5e D. C. dans le secteur de Laneuveville-aux-Bois,
Croix-Bastien et Grande-Taille, en forêt de Parroy. Il
est chargé de tenir les centres de résistance d'Emberménil,
des Arrieux, de Gouteleine et les ouvrages des Bouleaux.
Il travaille avec une activité inlassable à l'entretien
des tranchées, des réseaux de fils de fer, des boyaux et
des voies de communication, à l'amélioration des abris
et des sapes; c'est la période calme où les
bombardements quotidiens à heure fixe n'éveillent
l'attention et ne provoquent une surveillance plus
active que lorsque leur intensité habituelle s'énerve et
s'accroît; où les combats d'avions au-dessus des lignes,
suivis d'en bas avec des yeux passionnés, rompent la
monotonie de la garde au créneau; où les corvées et les
relèves se succèdent avec une exaspérante régularité.
C'est aussi celle des coups de main où, de part et
d'autre, les adversaires cherchent des renseignements et
veulent des prisonniers que les timides patrouilles
sortant chaque nuit ne peuvent ramener.
Le 3 février, un Nieuport s'abat devant Emberménil; les
aviateurs sont écrasés sous l'appareil et les Allemands
tirent au canon sur les débris pour en achever la
destruction.
L'officier commandant le groupe franc du régiment, à la
tombée de la nuit, décide de procéder au sauvetage des
restes utilisables de l'avion et de ramener les corps
déchiquetés des aviateurs; l'opération s'effectue d'une
manière brillante, malgré l'obscurité et les tentatives
menaçantes des patrouilles ennemies.
Le 6 février, les Allemands essaient un vigoureux coup
de main sur Emberménil; à 15h 30, le tir de préparation
et d'encagement commence avec une violence extrême; les
lance-mines et les batteries de gros calibre s'acharnent
sur les points d'appui des bouleaux et d'Emberménil, qui
tremblent sous le fracas des explosions et disparaissent
sous l'épaisse fumée; ralenti vers 16h 45, le
bombardement redouble à 17 heures et pulvérise toutes
les défenses accessoires; l'alerte est donnée dans tout
le secteur; les communications par coureurs sont
impossibles; seules les liaisons optiques fonctionnent;
à 17h 30, l'attaque se produit; les tirs de barrage et
de contre-batterie se déclenchent aussitôt. Un «
Stosstrupp » fort de 7 pelotons de 25 hommes tente une
reconnaissance en profondeur dans le village d'Emberménil,
sur un large front qui s'étend du chemin Creux du bois
de la Fourasse à la route de Xousse incluse, prenant
pour objectif les tranchées des lisières nord-est. La
21e compagnie soutient un combat sévère à la grenade;
elle a souffert du tir d'écrasement qui a défoncé les
abris, mais les survivants luttent sur place avec
témérité; le fusilier mitrailleur DESRUMEAUX, le caporal
RABOT, le sergent ISAMBERT, l'aspirant LE FLOCH en
particulier se distinguent par la bravoure avec laquelle
ils tiennent en échec les assaillants. Les îlots de
résistance s'organisent et une contre-attaque menée par
la section de réserve arrête définitivement l'incursion
ennemie, refoule les Allemands sur la route de Xousse et
reprend possession intégrale de la ligne un instant
perdue. Au cours de l'action, 2 grenadiers du 9e
régiment de la Garde sont faits prisonniers; le «
Stosstrupp » abandonne sur le terrain de nombreux
cadavres; les pertes de la 21e compagnie sont minimes :
4 tués, 9 blessés (dont 1 officier), 4 disparus.
En raison de sa très belle attitude au cours de ce coup
de main avorté, cette unité est citée à l'ordre du
régiment.
Le 6 mars, à son tour, le 356e R.I. fait un coup de main
sur les « Ouvrages Blancs », en face d'Emberménil. Cette
tentative réussit d'une façon brillante et rapide. A 2
heures, la préparation d'artillerie débute avec
soudaineté et puissance; de larges brèches sont faites
avec précision dans les réseaux ennemis; pendant deux
heures le feu des batteries va croissant; les Allemands
réagissent par des barrages nourris d'obus de tous
calibres; à 4 heures, un détachement composé de la 17e
compagnie et des groupes francs de la 73e D.I. part à
l'attaque en trois colonnes et bondit sur son objectif;
l'ennemi est surpris dans ses abris; en un clin d'oeil,
les « Ouvrages Blancs » sont submergés, les sapes
fouillées à la grenade et les occupants pris ou tués. A
4h 45, le détachement rentre à Emberménil ramenant 14
prisonniers du 9e grenadiers (3e D.I. de la Garde). A la
suite de cette opération, la 17e compagnie et les
groupes francs de la 73e D.I. sont cités à l'ordre du
corps d'armée.
Après une quinzaine de jours passés au repos à
Marainviller, Manonviller et Crion, le régiment reprend
ses positions de première ligne en forêt de Parroy; le
16 avril, il dirige une nouvelle incursion sur les «
Ouvrages Blancs », mais l'ennemi évacue les tranchées
nivelées par les tirs préparatoires et la 17e compagnie,
qui mène encore une fois le raid, ne trouve que le vide
devant elle et des objectifs sans défenseurs. Aucun
prisonnier n'est cueilli; les pertes essuyées sont
légères |