On sait (voir
Représentants du peuple - 1793-1794)
les péripéties survenues à Nancy en janvier 1794, où après un
intermède jugé trop modéré, les représentants du peuple
réinstaurent un régime plus proche de la Terreur montagnarde.
C'est à l'occasion de la récréation de la Société Populaire le
26 pluviôse an II (14 février 1794) que l'on retrouve
Jean-Claude Claudon, sous le nom de
Glaudont (Emile Ambroise
indique d'ailleurs qu'il écrivait lui-même son nom Glodont).
Maire de Blâmont durant 14 mois à compter du 4 septembre 1791,
Claudon avait été arrêté en novembre 1793 et incarcéré à la
maison d'arrêt de Nancy pour violation de la loi sur les prix.
Il sera effectivement libéré le 21 février 1794.
Exposé succinct
des évènemens contre-révolutionnaires, arrivés à à Nancy pendant
le séjour qu'a fait dans cette commune, le représentant du
peuple, Balthazard Faure, servant de réfutation à la partie du
rapport justificatif qu'a fait, à la Convention nationale, ce
mandataire du souverain, relativement à ces évènemens, par le
sans-culotte Philip
Impr. de Guivard (Nancy)
[...] Il ne suffisait pas, pour faire renaître à Nancy les
principes de la Montagne, de mettre en liberté les véritables
républicains qui les avaient prêchés et défendus, il fallait
régénérer la société populaire, créée par Faure, et la purger de
tout ce qu'elle avait d'impur.
Pour parvenir à former une véritable société populaire, il
fallait la composer de véritables sans-culottes, et les prendre
dans la classe des artisans et des ouvriers, la seule dans
laquelle on trouve des amis du peuple ; c'est ce qu'ont fait les représentans Lacoste, Baudot et Bar, par leur arrêté du 26
Pluviôse. [Voir cet arrêté, Pièces justificatives, n° 13]
Lorsque les aristocrates, fédéralistes et modérés, partisans
de Faure, ont vu cette opération de Baudot, Lacoste et Bar, la
seule qui peut servir utilement la République à Nancy, ils ont
crié que cette société, dont le-noyau est formé par des hommes
pris dans la classe du peuple la plus pure, était un ramassis de
canailles, et que les honnêtes gens ne pouvaient s'y présenter.
Jugez, par ce seul trait, des sentimens de ceux que Faure
appelle des vrais républicains.
Cette société populaire véritablement régénérée et non
réintégrée, comme on l'a mal-à-propos dit, adopta, à quelques
changemens près, que firent les commissaires nommés à cet effet,
le règlement que j'avais rédigé, lorsque j'avais formé avec Mauger, Brisse, Febvé, Arsant, Gastaldy, Cayon et Montrol, le
projet de l'épurer des membres cangrenés qu'elle avait dans son
sein, et de les remplacer par des sans-culottes pris parmi ceux
qui fréquentaient les tribunes.
[...]
N.° 13.
LIBERTÉ, ÉGALITÉ.
LACOSTE, BAUDOT et BAR,
représentans du peuple, près les armées du Rhin et de la Mozelle, et dans les départemens de la Meurthe et du Bas-Rhin.
Considérant que la société populaire actuelle de Nancy, s'est
établie sur la persécution du patriotisme, que son institution
a eu pour objet le triomphe des modérés et la perte des
meilleurs citoyens; que la conduite qu'elle a tenue, en
poursuivant les républicains de cette ville, acquittés si
honorablement par le tribunal révolutionnaire de Paris, en est
une preuve d'autant moins récusable., que depuis leur retour,
elle a redoublé d'audace pour attirer le soupçon sur leurs
têtes, et les exposer à de nouvelles persécutions :
Considérant cependant, que dans le nombre des membres qui
composent cette société, il est de véritables sans-culottes,
dont les intérêts, comme les principes, appartiennent
essentiellement aux succès de la révolution ; que l'intrigue est
l'ouvrage des gens en place et des riches ; que l'ouvrier
laborieux ne saurait être prévenu d'avoir voulu participer à
leur ambition :
Voulant utiliser tous les moyens de la chose publique, applaudir
à la vertu paisible comme au courage éprouvé, et composer de
l'un et de l'autre, une société qui soit à l'épreuve de toute
influence contraire aux progrès de la liberté,
Arrêtent, 1° que la société populaire actuelle de Nancy demeure
anéantie :
2.° Elle sera recréée-sur le champ; les citoyens dont les noms
se trouvent portés sur la liste ci-jointe, approuvée par nous et
tous les membres des autorités constituées, organisées par nous,
en seront les premiers membres, et feront les règlemens
nécessaires pour l'admission des citoyens qui se présenteront
pour concourir à leurs travaux.
3° Le défaut de règlement dans la société populaire de cette
ville, pouvant être considéré comme la principale cause de ses
malheurs, elle s'occupera, exclusivement à tout autre objet, de
ce devoir préalable.
4° Les membres de la société détruite, qui apporteront des
preuves irrévocables de patriotisme et d'éloignement de toute
intrigue, sont susceptibles d'y être admis.
5.° Febvé, président du tribunal criminel du département de la
Meurthe, persécuté par le moderantisme et l'aristocratie,
acquitté honorablement par le tribunal révolutionnaire de Paris,
réintégré dans ses fonctions par la Convention nationale,
accueilli par les jacobins et les cordeliers, comme un frère de
vieille date, sera PRÉSIDENT PROVISOIRE de cette société.
6° Sa première séance aura lieu le 27 Pluviôse, en présence des
représentans du Peuple.
Nancy, le 26 Pluviôse, an second de la République Française,
une et indivisible.
LACOSTE, BAUDOT et BAR.
Noyau de la société populaire.
Guerre, maire de Château-Brehain ;
Cayon, directeur de l'hôpital des filles ;
Lapleignée, gardien de la maison de détention dite les dames
prêcheresses ;
Sigisbert Blaise, rue Jean-Jacques Rousseau ;
Remy, dégraisseur, 7 grande rue, ville-vieille ;
Bricanne ;
Marchal, concierge du magasin de l'habillement de troupes ;
Arsant l'aîné, rue de la Révolution ;
Poinselet, cordier, rue de la Constitution ;
Aubert, instituteur des écoles primaires ;
Décomble fis, commis à l'administration ;
Blaise fils, rue Jean-Jacques Rousseau ;
Georges, cordonnier., rue de la Hache ;
Bicqueron, tanneur, aux tanneries ;
Trompette, tanneur, aux tanneries ;
Larose, éperonnier, rue J. J. Rousseau ;
Frédéric, musicien à la comédie ;
Michel, musicien à la comédie ;
Dalancourt, libraire, rue J. J. Rousseau ;
Voirin fils,commis au département ;
Etienne, commis au district ;
Meziere, paveur, rue du Point-du-Jour ;
Meunier, jardinier, aux tanneries ;
Desmimieux, cordonnier, porte du Peuple ;
Vincent, fondeur, rue des Maréchaux ;
Bouret, fondeur, grande rue, ville-vieille ;
Vincent, cordonnier, rue des maréchaux ;
Durupt frères, chapeliers, rues de la Constitution et de J. J.
Rousseau ;
Gilbert, rue Caton ;
Vinter, officier de Mayence ;
Hugot, chapelier, rue des Maréchaux ;
Latour, menuisier, rue Derrière ;
Berson adjudant au bataillon des sans-culottes ;
Malvoisin, tanneur ;
Begot, faiseur de galoches, rue S. Julien ;
Tina, armurier, rue J. J. Rousseau ;
Gratard, brossetier, rue Loustatot ;
Nebel, tanneur ;
Lexe, cordonnier, place Saint-Epvre ;
Antoine, ébéniste, rue Saint-Julien ;
Brisse, cordonnier, rue Saint-Julien ;
Daubenton, rue Caton ;
Morier, rue Jean-Jacques Rousseau ;
Glaudont, ancien maire de Blâmont.
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