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1915 - Ordres et rapports de l'Etat-Major
 


Les armées françaises dans la Grande guerre
Tome 2, Annexes Volume 2
Ministère de la guerre, état-major de l'armée, service historique
Imprimerie nationale (Paris) 1931

GROUPE PROVISOIRE DE L'EST.
LE GÉNÉRAL DÉLÉGUÉ DU COMMANDANT EN CHEF.
Le 9 février 1915.
Le général Dubail, délégué du commandant en chef, au général commandant en chef.
[...]
Le 2e groupe de divisions se tient prêt à appuyer par son artillerie l'opération de la 73e division. Il ne prévoit lui-même aucune attaque en règle, sans rester toutefois inactif.
C'est ainsi qu'une reconnaissance du 71e btn de chasseurs a constaté le vide à Emberménil et a pu pousser jusqu'à la lisière est de Remabois.
Dans la 09e division, on s'est débarrassé, par l'artillerie, d'un poste d'observation très gênant à 400 mètres est de Port-sur-Seille. C'était une tranchée avec blockhaus.
Les obus sont tombés dans la tranchée même et ont fait exploser 2 mines que les Allemands y avaient préparées. Nos patrouilles ont-trouvé le retranchement bouleversé avec des débris de corps et d'équipements au milieu des traverses de bois.
DUBAIL.


GRAND QUARTIER GÉNÉRAL DES ARMÉES DE L'EST.
ÉTAT-MAJOR.
3e BUREAU.
SECRET.
Au G.Q.G., le 13 mars 1915.
Le général commandant en chef, au général commandant le G. P. E. à Gondrecourt.
Il est possible que j'aie dans peu de temps des disponibilités que je compte employer à des actions offensives de nature à maintenir le moral du pays et à nous conserver la priorité dans les opérations. L'action principale sur le front de votre groupe d'armées doit être l'action de Woëvre que vous avez déjà envisagée et pour laquelle je compte vous donner la valeur de 3 corps d'armée et d'une division de cavalerie. Cette action principale devant être précédée comme vous l'avez indiqué dans votre lettre n° 47 C du 10 courant, d'une action secondaire dans la région de Vauquois à laquelle pourrait être consacrée une division prise sur les forces à appliquer en Woëvre.
Une autre région d'offensive est la zone de terrain comprise entre la forêt de Parroy et les Vosges que vous n'avez pas encore eu à envisager jusqu'ici. Le but à y poursuivre serait, par un débouché rapide, de refouler l'ennemi en vue de vous établir sur une ligne plus avantageuse que notre ligne de défense actuelle en récupérant, d'un coup une importante fraction du territoire national.
La valeur d'un corps d'armée et d'une division de cavalerie en supplément des forces du D.A.L. serait affectée à cette action offensive. Ces troupes pourraient être distinctes de celles consacrées à la Woëvre.
En outre, si les délais nécessaires à la préparation de l'attaque en Woëvre dépassaient une quinzaine de jours, il y aurait intérêt à ce que l'offensive du D.A.L. commençât la première. L'attention de l'ennemi serait ainsi successivement appelée sur Vauquois puis sur la région de Blamont, avant que se déclenchât l'action principale en Woëvre.
Je vous prie en conséquence :
1° De tenir prêtes les opérations sur Vauquois et en Woëvre;
2° De faire étudier dès aujourd'hui l'offensive entre la forêt de Parroy et les Vosges.
J'insiste, en terminant sur le caractère absolument secret de ces projets.
J. JOFFRE.


GROUPE PROVISOIRE DE L'EST.
LE GÉNÉRAL DÉLÉGUÉ DU COMMANDANT EN CHEF.
Le 16 mars 1915.
Le général délégué du commandant en chef, au général commandant le détachement d'armée de Lorraine.
NOTE DE SERVICE.
En raison de l'activité des Allemands sur votre front, j'estime qu'il y a lieu dès maintenant, et ainsi que vous en aviez l'intention de pousser les avant-postes de la 74e division dans la forêt de Parroy, de manière à occuper solidement le plus tôt possible la lisière est.
La conséquence de cette mesure est l'occupation de la crête entre Emberménil et Fréménil.
Ce secteur va appartenir à la cavalerie, qui doit y relever la 14e brigade, conformément aux dispositions de mon télégramme n° 779. Je vous autorise à prélever sur la brigade de Belfort le régiment à 2 bataillons (172e) et à l'employer en soutien de la cavalerie dans ce secteur.
L'autre régiment de la brigade de Belfort (171e) reste à ma disposition; je compte le mettre à la vôtre, au moment où vous exécuterez l'attaque en préparation au nord de Badonviller.
Vous me rendrez compte des mesures prises pour réaliser cette poussée en avant de vos avant-postes.
DUBAIL.


D.A.L.
ÉTAT-MAJOR.
3e BUREAU
SECRET.
Q.G., le 17 mars 1915.
Ordre particulier n° 19 pour: le détachement Lamy, la 61° division, la
74e division.
I
A la date du 16 mars, le général commandant le groupe provisoire de l'Est prescrit de pousser les avant-postes de la 74e division plus à l'est dans la forêt de Parroy, et d'occuper la crête entre Emberménil et Freménil.
II
L'opération sera exécutée dans la nuit du 18 au 19 mars en portant sur le front: maison forestière de Parroy -ferme de Beauséjour- cimetière de Laneuveville (74e division) crête entre Emberménil et Freménil (détachement Lamy), hauteur de Notre-Dame-de-Lorette (142e brigade) de forts avant-postes qui se retrancheront solidement dans la nuit même.
Toutes les reconnaissances (itinéraires, positions à organiser, ponts de la Vezouse pour le passage de l'artillerie) devront avoir été faites d'avance, en évitant d'attirer l'attention de l'ennemi.
III
Le général Lamy dirigera l'opération dans le secteur entre la voie ferrée d'Avricourt et le ruisseau de Leintrey.
Il disposera de :
La 21e brigade légère et l'artillerie qui lui est rattachée.
Le 217e régiment, sous les ordres du général Dessort.
Le 172e régiment, de la brigade de Belfort.
La compagnie spéciale du 41e territorial (rendue le 18 avant midi à Benaménil, venant de Croismare), la compagnie du génie 13/18 (68e division) transportée en auto à Saint-Clément le 18 avant midi, sous les ordres du commandant de la compagnie du génie 13/18.
1 batterie de la 74e division rendue le 18 avant midi à Thiébauménil.
Le 172e régiment cantonné le 17 au soir à Flin-Chenevières, sera porté le 18 à Manonviller, Domjevin, où il stationnera en cantonnement d'alerte, prêt à appuyer le 217e régiment.
Le général Lamy poussera ses grand-gardes sur la ligne: croupe dite des Arbres-Jumeaux, cotes 300, 301, 283 (ouest de Veho) : son secteur est limité au nord par la voie ferrée d'Avricourt exclue (liaison avec la 74e division, voir par. V), au sud sur la ligne exclue Fremenil, ruisseau de Letntrey, Blemerey, sur laquelle il se reliera à la 142e brigade (voir par. IV).
Points d'appui à organiser :
a. Croupe dite des Arbres-Jumeaux (2.500 mètres nord-ouest de Veho et 2.500 m. nord-est du fort de Manonviller) ;
b. Hauteurs 300, 30 ouest de Veho;
c. Hauteurs 301, 283 est de Domjevin.
L'opération sera couverte par des éléments prélevés sur la brigade légère et poussés sur la ligne cote 315 (3.000 mètres sud d'Emberménil), Veho, bois entre Veho et Blémèrey.
Le gros de la brigade légère et le bataillon territorial cantonné à Thiébauménil seront maintenus sur la rive gauche de la Vezouse où ils continueront à organiser la ligne principale.
IV
A gauche du détachement Lamy, la 74e division poursuivra dans la forêt de Parroy l'exécution de l'ordre particulier n° 9 du 14 mars. De plus, elle poussera son poste de la station de Laneuveville (une section) vers la crête orientée sud-nord et coupant la voie ferrée à 2.000 mètres est de la halte de Laneuveville (liaison à droite à la grand-garde de la croupe dite des Arbres-Jumeaux, voir par. III).
V
Á droite du détachement Lamy, la 142e brigade fera occuper par une grand-garde solidement retranchée le point d'appui constitué par le bois à l'est de Saint-Martin, la clairière du bois du Vannequel, la crête allant de la corne nord du bois de Vannequel à la cote 293 (ouest de Saint-Martin). Ce point d'appui se reliera à droite par la crête est d'Herbéviller aux défenses existantes du bois Banal.
Un escadron à pied couvrira l'opération. Il sera mis à la disposition de la 142e brigade légère le 18 mars à midi.
VI
Les premiers éléments des troupes chargées de se porter sur la position des grand-gardes franchiront à 19 heures la ligne: halte de Laneuveville-Domjevin, Saint-Martin.
VII
Artillerie. -La batterie de 75 mise à la disposition du général Lamy sera, avec les autres batteries dont il dispose déjà, sous les ordres du commandant Lefèvre, commandant l'artillerie du détachement Lamy qui se conformera aux instructions que lui a données sur le terrain le général commandant l'artillerie du D.A.L. (position entre le village de Domjevin et la Bonne-Fontaine-ligne d'observatoires reliée téléphoniquement aux batteries sur la crête entre Emberménil et Frémenil et sur la croupe au nord de Saint-Martin).
VIII
Un auto-projecteur venant de Saint-Nicolas sera rendu le 18 avant 16 heures à Thiébauménil, à la disposition du général Lamy.
IX
Outillage. -La compagnie du génie 13/18 emportera les outils de parc portés par les hommes.
La compagnie du 41e territorial emmènera sur voitures les outils de parc nécessaires à son effectif pour les travaux de tranchées et pose de réseaux de fil de fer.
Le commandant du génie du D.A.L. a reçu l'ordre (ordre particulier n° 12) de mettre à la disposition des troupes le matériel nécessaire. Ce matériel, ainsi que les piquets qui sont à préparer d'avance par les soins du détachement Lamy et de la 142e brigade, seront amenés d'avance à pied d'oeuvre.
X
Ravitaillement. - La compagnie du génie 13/18, la compagnie du 41e territorial et la batterie de la 74e division seront ravitaillées à partir du 19 mars par le détachementLamy.
Le 172e régiment sera ravitaillé d'après les ordres du général commandant la 71e division.
HUMBERT.


G.Q.G.
ÉTAT-MAJOR,
3e BUREAU
Opérations-Priorité.
PERSONNE ET SECRET.
Le 18 mars 1915.
Télégramme chiffré.
Général commandant en chef, à Monsieur le général Dubail, Gondrecourt.
Comme suite à la note n° 4.386-du 13 mars, relative aux opérations à entreprendre par les troupes sous vos ordres, j'ai l'honneur de vous faire connaître :
1° L'opération à effectuer en Woëvre est et reste l'opération principale et je désire l'exécuter le plus tôt possible et avec tous les moyens dont je pourrai disposer; j'ai besoin en conséquence de connaître au bout de combien de temps cette opération pourrait être déclenchée étant donné l'état actuel de sa préparation ;
2° L'opération envisagée dans la région de Blamont, qui n'est que secondaire, ne serait donc entamée que si la préparation de l'attaque principale nous laissait le temps d'exécuter cette opération et de ramener ensuite dans la Woëvre les forces qui y seraient employées;
3° Je désirerais m'entretenir de cette question avec vous et vous prie de vous rendre au G.Q.G. lorsque vos études sur cette question seront terminées.
D'ici là ne laissez rien faire qui puisse dévoiler nos intentions relativement à l'action éventuelle sur Blamont, ainsi d'ailleurs que l'indique votre note n° 56/c du 17 mars.
J. JOFFRE.


GROUPE PROVISOIRE DE L'EST.
LE GÉNÉRAL DÉLÉGUÉ DU COMMADANT EN CHEF.
Le 31 mars 1915.
Le général Dubail, délégué du cdt en chef, au commandant en chef.
[...]
DÉTACHEMENT D'ARMEE DE LORRAINE.
Notre progression dans la forêt de Parroy préoccupe beaucoup les Allemands. Ils prennent des précautions: ils ont doublé la garnison de Parroy (elle était d'une compagnie) mis une compagnie à Mouacourt, une autre à Xures, du canon de 77 sous abri au N. E. de Mouacourt, fortement occupé la corne nord de la forêt, et complètement la ligne de leurs tranchées sur la ligne des hauteurs allant du signal de Xures sur Leintrey. De plus, ils bombardent la lisière du bois Legrand et l'attaquent fréquemment, sans résultat d'ailleurs.
Il ne convient pas de se lancer, en ce moment, dans des opérations importantes de ce côté. Cependant, s'il est vrai que la forêt soit peu occupée entre le rond-point de la tranchée des Sorbiers et Embermenil, on pourrait en profiter pour gagner encore un peu de terrain en se raccordant, à Embermenil, avec la ligne des hauteurs du sud de la station vers Fremenil. J'ai demandé au général Humbert d'étudier cette petite opération.
[...]
DUBAIL


GROUPE PROVISOIRE DE L'EST.
LE GÉNÉRAL DÉLÉGUÉ DU COMMANDANT EN CHEF.
Le 18 avril 1915.
Le général Dubail, délégué du commandant en chef, au général commandant en chef.
[...]
Détachement d'armée de Lorraine. - En raison de notre visite, le général Humbert a retardé de 24 heures l'opération consistant à porter en avant la ligne de résistance des avant-postes de la 2e division de cavalerie; elle aura lieu du 20 au 21.
On dirait que les Allemands s'en doutent, puisqu'ils maintiennent une garnison dans Embermenil que leurs patrouilles se contentaient habituellement de visiter et qu'ils occupent de plus le mamelon 311 au sud de la station du chemin de fer.
Des agents sérieux signalent le débarquement à Blamont de 8 pièces lourdes et à Avricourt de 12 de ces canons. C'est un accroissement nouveau, dans cette région, de l'artillerie lourde allemande qui montre une activité particulière depuis quelque temps.
Le général Humbert a fait, de son côté, une demande de canons lourds (2 batteries de 155 L., et 1 batterie de 95) à placer dans le secteur de la 2e division de cavalerie.
Je lui ai fait remarquer qu'il aurait dû envoyer cette demande par mon intermédiaire. [...]
DUBAIL


GROUPE PROVISOIRE DE L'EST.
LE GÉNÉRAL DÉLÉGUÉ DU COMMANDANT EN CHEF.
Le 24 avril 1915.
Le général Dubail, délégué du commandant en chef, au général commandant en chef.
[...]
Détachement d'armée de Lorraine. - Après une canonnade violente de quelques jours sur le front du détachement, un calme relatif s'est rétabli, sans qu'on ait pu démêler le motif de ce redoublement passager d'activité. Était-ce pour nous inciter à dégager la Woëvre ou pour masquer l'évacuation par la population-civile des villages du front, ou simplement, comme l'a déclaré un prisonnier fait à la IIIe armée, parce qu'ils n'avaient plus besoin d'économiser les munitions et qu'ils devaient au contraire rendre 2 coups pour 1. Il est aussi difficile de la définir que de démêler le caractère de leur action un peu incohérente dans la région forêt de Parroy, Domèvre.
Il y a quelques jours, ils avaient maintenu une garnison à Embermenil et occupé, de plus, la station et la cote 311 plus au sud. Aujourd'hui, Embermenil est libre et nous avons pu établir des postes à la station et à la cote voisine. Par contre, l'ennemi a jeté, la nuit dernière, 2 bataillons Saxons sur nos avant-postes au N. de Domèvre (saillant 297, S. E. de Reillon) ; ce qui nous a procuré un petit succès avec une cinquantaine de prisonniers (blessés ou non) et une grande quantité de fusils et d'explosifs.
[...]
DUBAIL


Les armées françaises dans la Grande guerre
Tome 3, Annexes Volume 1
Ministère de la guerre, état-major de l'armée, service historique
Imprimerie nationale (Paris) 1924


GROUPE PROVISOIRE DE L'EST
Le 24 avril 1915.
LE GÉNÉRAL DÉLÉGUÉ DU COMMANDANT EN CHEF.
Le général Dubail, délégué du commandant en chef, au général commandant en chef.
[...]
Détachement d'armée de Lorraine. - Après une canonnade violente de quelques jours sur le front du détachement, un calme relatif s'est rétabli, sans qu'on ait pu démêler le motif de ce redoublement passager d'activité. Était-ce pour nous inciter à dégager la Woëvre ou pour masquer l'évacuation par la population civile des villages du front, ou simplement, comme l'a déclaré un prisonnier fait à la IIIe armée., parce qu'ils n'avaient plus besoin d'économiser les munitions et qu'ils devaient au contraire rendre 2 coups pour 1 ? Il est aussi difficile de le définir que de démêler le caractère de leur action un peu incohérente dans la région forêt de Parroy, Domèvre.
Il y a quelques jours, ils avaient maintenu une garnison à Emberménil et occupé, de plus, la station et la cote 311 plus au sud. Aujourd'hui, Emberménil est libre et nous avons pu établir des postes à la station et à la cote voisine. Par contre, l'ennemi a jeté, la nuit dernière, 2 bataillons saxons sur nos avant-postes au N. de Domèvre (saillant 297 S. E. de Reillon), ce qui nous a procuré un petit succès, avec une cinquantaine de prisonniers (blessés ou non) et une quantité de fusils et d'explosifs.


GROUPE PROVISOIRE DE L'EST
Le 4 mai 1915.
LE GÉNÉRAL DÉLÉGUÉ DU COMMANDANT EN CHEF.
N° 94/C.
Le général Dubail, délégué du commandant en chef, au général commandant en chef.
[...]
Une pièce de marine, de la place de Toul, a été installée dans le Bois banal (sud de Domèvre-sur-Vezouse) : elle tire principalement sur la voie ferrée Avricourt, Blamont, Cirey-sur-Vezouse, ainsi que sur les organisations défensives avoisinantes, telles que signal d'Igney.
L'ennemi, sur le front du détachement d'armée de Lorraine, ne manifeste aucune activité offensive. Les inondations de la Seille semblent bien avoir correspondu au retrait de troupes de la région de Morhange.


GROUPE PROVISOIRE DE L'EST
Le 14 mai 1915.
LE GÉNÉRAL DÉLÉGUÉ DU COMMANDANT EN CHEF.
Le général Dubail, délégué du commandant en chef, au général commandant en chef.
[...]
Détachement d'armée de Lorraine. - Sur le front de Lorraine, l'ennemi ne montre aucune activité.
Les Allemands travaillent toujours aux deux plates-formes signalées au N. E.d'Avricourt, dont ils comptent certainement se servir pour bombarder Lunéville à 24 kilomètres de distance.
Le général Humbert a déjà fait tirer sur ces plates-formes par le canon de marine établi au bois des Railleux (sud d'Herbéviller); j'ai vu, sur la photographie prise par un aviateur, 7 coups à droite et tout contre les plates-formes, mais non sur le but même.
L'attaque sera reprise par beau temps. De plus, je fais étudier s'il ne serait pas possible de pousser, jusqu'à la station d'Emberménil, les 2 pièces de 120 sur truc que possède le détachement de Lorraine, pour obtenir, sur les plates-formes d'Avricourt, un croisement de feux avec la pièce de marine des bois des Railleux. Malheureusement, la distance sera de9 k. 600, et je crains que ce ne soit trop pour du 120 L.
[...]
DUBAIL


D.A.L.
ÉTAT-MAJOR.
3e BUREAU.
SECRET.
Q.G., le 5 juin 1915.
Projet d'opérations à exécuter au D.A.L.
Désapprouvé par lettre n° 2048 du 7 juin du général Dubail.
I. - Mission. - Le D.A.L. a pour mission de retenir devant lui le plus de forces ennemies possible et de prononcer une offensive ayant pour but d'infliger aux Allemands un échec local et de réaliser une avance.
II. - Objectif de l'opération. - L'opération la plus avantageuse, au point de vue d'une progression ultérieure, serait la conquête des positions du bois du Haut de Corbe et du bois du Remabois.
1° Ces positions constituent des observatoires pour l'ennemi ;
2° Elles protègent et couvrent sa ligne de résistance Xousse, Amienbois, Igney, Repaix et la région d'Avricourt;
3° Elles favorisent le débouché de la forêt de Parroy et nous sont indispensables en vue d'une offensive ultérieure. ;
Il faudra, tôt ou tard, les enlever; il y aurait intérêt à le faire dès maintenant avant que l'ennemi n'ait complété leur organisation défensive.
[...]
V. - Conséquences possibles de l'opération. - L'ennemi vraisemblablement ripostera.
Il y a en 1re ligne: 5 compagnies (Haut de Corbe, Leintrey, inclus).
Ses réserves de secteur (5 compagnies à Xousse et Armenoncourt peuvent intervenir en 1 heure 30).
Les troupes de Moussey (1 bataillon), Avricourt (1 bataillon), Igney (2 compagnies), peuvent intervenir en 3 heures.
Enfin les réserves de Maizières (1 bataillon) et Foulcrey (1 bataillon) peuvent intervenir au bout de 5 heures.
L'ensemble donne un total de 7 bataillons, 8 au maximum.
Nos troupes de réserve, sept bataillons, renforçant au besoin les bataillons d'attaque, permettent de répondre à la réaction de l'ennemi.
[...] HUMBERT


GROUPE PROVISOIRE DE L'EST.
ÉTAT-MAJOR.
3e BUREAU.
SECRET.
7 juin 1915.
Le général commandant le groupe provisoire de l'Est au général commandant le détachement de Lorraine.
A la date du 5 juin, vous m'avez soumis le projet d'une opération visant la conquête des positions du Haut de Corbe et du Remabois.
Je n'oppose pas d'objection au choix de vos objectifs, bien que je considère comme très discutables certains avantages envisagés par vous: la question du débouché est de la forêt de Parroy ne sera nullement réglée par le succès de cette attaque, puisque le débouché ne peut être assuré que par l'occupation de la ligne de crête partant du signal de Xousse et jalonnée par les hauteurs 298, 300 (carte au 80.000e).
Mais votre projet d'attaque soulève des critiques d'ordre beaucoup plus grave: vous concevez l'opération comme un coup de force contre des organisations encore mal reconnues, difficiles à soumettre à un tir de destruction et présentant un obstacle continu, c'est-à-dire interdisant l'investissement rapide et la manoeuvre: une pareille tentative est vouée à l'insuccès; elle serait d'ailleurs contraire aux instructions du général en chef, relatives aux préparations des attaques. Vous ne semblez d'ailleurs guère vous-même en escompter la réussite; et vous allez jusqu'à envisager même le retour complet des troupes d'attaque sur leur position de départ, comme s'il s'agissait d'une simple reconnaissance.
Votre projet ne répond donc pas aux conditions que je vous avais fixées dans mon Instruction n° 15 du 2 juin, et je ne puis lui donner mon approbation.
Il faut donc trouver autre chose.
Après examen du tracé de votre ire ligne entre la forêt de Parroy et le ruisseau d'Albe, je vous invite à étudier l'exécution, dans un délai aussi court que possible, d'un mouvement en avant ayant pour but d'amener cette ligne sur les positions suivantes (carte au 80.000e) :
mamelon 1200 m. N.O. d'Emberménil, Emberménil et croupe au nord de ce village, croupe de la station d'Emberménil, croupe 311 (déjà organisée à sa partie supérieure), croupe 303, 1 kil. sud du Remabois (orientée O.E.), crête à l'est de Reillon (orientée N.S.) depuis la cote 290 incluse jusqu'à la cote 297 en passant par la cote 303.
La progression destinée à vous rendre maître de ces positions pourrait s'exécuter en deux temps:
1° Occupation d'Emberménil et des croupes N.O. et N. du village.
2° Installation sur la croupe 303 S. E. du Remabois et sur la crête E. de Reillon, après enlèvement des ouvrages que l'ennemi y a élevés.
Cette opération aurait pour résultats :
de faire subir à votre front une rectification avantageuse grâce à la suppression du rentrant de Reillon;
de préparer l'investissement du Remabois, dont l'attaque ultérieure serait dès lors grandement facilitée;
d'enlever à l'ennemi la possibilité d'utiliser pour son artillerie les fonds de Gondrexon;
de vous assurer, autour de Reillon, des positions de batteries situées à 8 kil. environ de la gare de Deutsch-Avricourt.
En outre, par le fait même qu'elle vous fera réaliser une avance de 500 à 1000 m. sur un front de plus de 6 k., elle constituera pour les Allemands une menace sérieuse susceptible de retenir les forces qu'ils peuvent avoir encore disponibles dans la région.
Ci-joint un extrait de la carte au 80.000e, sur lequel j'ai fait porter l'indication schématique des points d'appui jalonnant votre nouvelle 1re ligne.
J'attire votre attention sur la nécessité de préparer cette opération en ne tablant que sur vos propres ressources, sans faire état de l'arrivée de renforts extérieurs pour parer à une contre-offensive que l'ennemi pourrait exécuter sur une autre partie de votre front.
DUBAIL.


GROUPE PROVISOIRE DE L'EST.
LE GÉNÉRAL DÉLÉGUÉ DU COMMANDANT EN CHEF.
N°118/C.
SECRET.
Au Q. G., le 12 juin 1915.
Le général Dubail, délégué du commandant en chef, à Monsieur le général commandant en chef.
[...]
Détachement d'armée de Lorraine. - Les Allemands commencent à s'émouvoir de l'avance réalisée par le D.A.L. sur le front Arracourt, étang de Parroy. Ils ont dirigé des tirs d'artillerie assez violents, pendant une partie de la nuit dernière, sur la région à l'est d'Arracourt, pour gêner la construction du grand barrage en fils de fer qu'on établit dans les fonds de la ferme de Vaudrecourt : leurs patrouilles sont venues au contact des éléments qui couvraient nos travailleurs et ont laissé entre nos mains 3 prisonniers du 8e landwehr bavarois. Plus au sud, le poste de la 74e division, qui tient la digue sud de l'étang de Parroy, a repoussé facilement une tentative d'attaque.
Cette agitation montre que l'ennemi a son attention attirée par l'activité que nous manifestons entre le Sanon et la forêt de Bezange : elle ne pourra que faciliter la première phase de l'opération-projetée au sud-est de la forêt de Parroy, - c'est-à-dire l'occupation de la crête nord-sud à l'est de Reillon, qui doit avoir lieu dans la nuit du 13 au 14 juin.
[...]
DUBAIL


GROUPE PROVISOIRE DE L'EST.
LE GÉNÉRAL DÉLÉGUÉ DU COMMANDANT EN CHEF.
SECRET.
Au Q.G., le 13 juin 1915.
Le général Dubail, délégué du commandant en chef, à Monsieur le général commandant en chef.
[...]
Détachement d'armée de Lorraine. - Le général Humbert va entamer, cette nuit, la progression que je lui avais prescrite entre la forêt de Parroy et la région de Gondrexon. Après avoir un peu tergiversé, il en revient, dans la conception des phases de l'opération, à un ordre voisin de celui que j'avais conçu primitivement: c'est par sa droite qu'il va progresser, la nuit prochaine (13-14 juin), sous la forme d'une avance en forêt de Parroy d'une part, au sud-est d'Emberménil d'autre part (voir calque n° 1 ci-joint).
Ultérieurement, seront exécutées l'organisation des croupes nord-ouest et nord d'Emberménil et l'occupation de la croupe 303 sud du Remabois et de la crête 290, 303, 297, N. E. de Reillon. Le général Humbert justifie cette modification de plan par la nécessité:
1° De se rapprocher, à la lisière sud de la forêt de Parroy, des ouvrages ennemis du Haut de Corbe, pour enlever aux Allemands la possibilité d'attaquer à revers les tranchées que nous établirons sur la croupe nord-ouest d'Emberménil.
2° De s'assurer, autour de la station d'Emberménil, point de jonction des 74e division et 2eD. C., et sur la croupe 311 sud-est de cette station, une bonne base de flanquement pour l'attaque ultérieure de la position 303 sud du Remabois et l'exécution des travaux d'organisation à Emberménil.
A la 71e division, une petite avance a été effectuée dans le Bois des haies (4 kil. nord-ouest de Badonviller), mettant notre ligne en contact (150 m.) des tranchées que l'ennemi a établies dans la partie nord de ce bois. En outre, le commandant de la division prépare une rectification de son front entre le Bois des haies et le Bois banal consistant à englober le mamelon 325 immédiatement à l'ouest du hameau d'Ancerviller, que les Allemands n'occupent qu'irrégulièrement avec des éléments légers. Cette avance et cette rectification offrent un réel intérêt pour le cas où l'on se déciderait à tenter l'attaque de la position Clair bois, Bois banal, Bois des chiens (crête O. de Halloville).
L'occupation et l'organisation du front Arracourt, extrémité nord de l'étang de Parroy, sont aujourd'hui réalisées: elles se traduisent par une progression de 1.000 à 1.500 mètres sur un front de 5 kilomètres.
[...]
DUBAIL


GROUPE D'ARMÉES DE L'EST.
LE GÉNÉRAL DELÉGUÉ DU COMMANDANT EN CHEF.
N°120/C.
SECRET.
Au Q. G., le 16 juin 1915.
Le général Dubail, délégué du commandant en chef, à Monsieur le général commandant en chef.
[...]
Détachement d'armée de Lorraine. - Le général Humbert fera exécuter, dans la nuit du 20 au 21 juin, l'enlèvement des postes ennemis placés sur la crête 290, 297,nord-est de Reillon. L'opération sera confiée au 223e rég. d'inf. - lieutenant-colonel Bluzet - partant des fonds de Reillon, vers 22 heures, en même temps que l'artillerie déclenchera un bombardement intense de la position. On ne pense pas avoir affaire à plus de deux compagnies, occupant des ouvrages avancés et de tracé
discontinu.
L'occupation de la croupe 303 (orientée O.-E.) au sud du Remabois ne serait entreprise qu'ultérieurement.
Sur la voie ferrée Nancy, Avricourt, au point de jonction de la 2e div. de cavalerie et de la 74ediv., la position de la station d'Emberménil a été organisée comme l'indiquait le calque joint à ma lettre n° 119/C du 13 juin 3. En forêt de Parroy, la 74e div. a réalisé l'avance qui amène sa 1re ligne en bordure du bois des Arrieux et du ruisseau de Jalindet (carte au 1/50.000e en couleurs). Emberménil est tenu par une compagnie, mais l'occupation des croupes N. et N.O. de ce village reste à faire.
Toute cette progression s'est accomplie sans amener de réaction de la part de l'ennemi.
[...]
DUBAIL


GROUPE D'ARMÉES DE L'EST.
LE GÉNÉRAL COMMANDANT.
SECRET.
Au Q.G., le 21 juin 1915
Le général Dubail, commandant le groupe d'armées de l'Est, à Monsieur le général commandant en chef.
[...]
Détachement d'armée de Lorraine. - Je reviens sur l'affaire de la nuit du 19 au 20 pour vous en donner la physionomie.
Les troupes chargées d'enlever les postes ennemis de la crête E. de Reillon sont parties à l'attaque avec beaucoup d'entrain. L'opération n'a pas entièrement réussi par suite de malfaçons de détail dans l'organisation des colonnes - et, sans doute aussi, par manque d'audace des éléments qui, ayant pris pied dans le poste allemand le plus au S. (appelé l'Observatoire), n'ont point poussé vers le N. pour prendre à revers les défenseurs des autres ouvrages.
Pour reprendre l'Observatoire, l'ennemi a exécuté dans la journée 3 retours offensifs: l'un au lever du jour, l'autre vers 10 heures qui a donné lieu à une lutte à coups de grenades, le dernier vers 14. heures 30. Celui-ci nous a rejetés de l'Observatoire.
A ce moment, le général Humbert, se trouvant au poste de commandement du général Varin (Domjevin), a mis un régiment (2 bataillons) à la disposition de la 2e division de cavalerie, avec ordre de contre-attaquer avec toutes les disponibilités et de poursuivre l'offensive jusqu'à la conquête complète des objectifs primitivement fixés.
Ces disponibilités - en dehors des 3 bataillons qui avaient exécuté le coup de main de la nuit - comprenaient 4 bataillons et 400 cavaliers à pied. Le colonel Challe (commandant la 148e brigade), dont 2 régiments participaient dès lors à l'opération, arrivait en même temps auprès du général Varin pour se voir confier la direction du combat, assumée jusque-là par le lieutenant-colonel Bluzet du 223e.
Il y a là, de toute évidence, un manque de prévoyance dans l'organisation du commandement : j'attirerai l'attention du général Humbert sur cette faute.
Le général Varin a eu le tort de considérer l'opération comme terminée dès le 20 au matin et de rentrer aussitôt à son quartier général de Saint-Clément, en laissant la responsabilité du commandement direct des troupes engagées au lieutenant-colonel Bluzet, dépourvu de tout état-major et de moyens de liaison rapides en dehors du téléphone. Il avait, il est vrai, en arrivant à Saint-Clément, demandé au général Humbert, avec l'envoi d'un renfort de 2 bataillons destinés à'assurer les relèves, la mise à sa disposition du colonel Challe; mais cette mesure ne pouvait, de toutes façons, produire son effet qu'à la fin de la journée; la plus élémentaire prudence commandait donc, sinon de faire intervenir le général de brigade de cavalerie placé le plus à proximité, tout au moins de donner au lieutenant-colonel Bluzet des moyens de commandement complets et appropriés, sous peine de voir celui-ci débordé dès la première réaction sérieuse de l'ennemi.
Naturellement, le colonel Challe, pris au dépourvu, a dû procéder à une reconnaissance personnelle avant de prendre effectivement l'affaire en main. C'est au cours de cette reconnaissance que, sur l'ordre direct du général Varin au lieutenant-colonel Bluzet, s'est produite la charge à la baïonnette des 2 compagnies et de l'escadron à pied (visée par le compte rendu du D.A.L. d'hier soir 20 heures), qui nous a rendus de nouveau maîtres de l'Observatoire.
En résumé, ces événements ont mis en évidence :
- en premier lieu, la bonne volonté et l'inhabileté incontestables de la troupe, - inhabileté qui explique son manque de perçant et sa timidité dans la poursuite du succès;
- en second lieu, la mauvaise organisation du commandement de circonstance, qui n'a trouvé son économie définitive qu'au cours même de la lutte et sous la pression des événements;
- enfin, une propension fâcheuse du commandement supérieur à passer la main aux sous-ordres dès qu'un premier résultat même incomplet est acquis, c'est-à-dire justement à la minute la plus critique, celle où les réactions de l'ennemi vont commencer à se produire et où, par suite, la conduite des troupes exige de la part de tous les chefs la plus grande activité intellectuelle et physique et le sens offensif le plus aigu.
Ces observations sont nécessaires au D.A.L., qui n'est pas entraîné, comme les autres armées, aux opérations offensives, et dont les cadres manquent d'expérience.
Quoi qu'il en soit, je me félicite d'avoir invité le général Humbert à surseoir à l'attaque de la forte position du Haut de Corbe, pour l'amener à cette opération d'avant-postes, dont le succès complet, annoncé ce matin même, sera un excellent stimulant pour les. troupes qui y ont pris part. Ces troupes n'avaient pas vu le feu depuis longtemps: elles pourront maintenant être employées en des actions plus sérieuses.
[...]


GROUPE D'ARMÉES DE L'EST.
LE GÉNÉRAL COMMANDANT.
N°125/C.
Au Q. G., le 24 juin 1915.
Le général Dubail, commandant le groupe d'armées de l'Est, à Monsieur le général commandant en chef.
[...]
Détachement d'armée de Lorraine. - Je vous ai transmis hier le rapport établi par le général Humbert sur les opérations qui ont permis, dans la nuit du 21 au 22 juin, d'achever la conquête des postes ennemis de la crête N. E. de Reillon et de prendre pied sur la croupe 303 (carte au 80.000e) S. du Remabois.
Ce double coup de main a été vigoureusement exécuté à droite par le 234e régt (crête de Reillon), à gauche (croupe 303) par un btn du 230e appuyé aux ailes par un peloton de chasseurs à pied cyclistes et un détachement de cavaliers à pied. Le 22 juin au matin, l'attaque de gauche constatait qu'un petit blockhaus tenait encore sur l'extrémité E. de la croupe 3O3, battant-de ses feux les fonds du ruisseau de
Leintrey.
Après une préparation d'artillerie, cet ouvrage a été enlevé dans la journée du 23.
L'ennemi a prononcé plusieurs retours offensifs sur ses avancées perdues; ils ont été enrayés grâce à la bonne organisation des barrages exécutés par le groupe à cheval de la 2e D. C.
Le but de l'opération, que j'avais prescrite le 7 juin au général Humbert, est donc atteint; il ne reste plus qu'à consolider le terrain conquis en vue de l'attaque ultérieure du Remabois, dont l'intérieur semble avoir été assez fortement organisé (attaque dont nous allons nous occuper).
Nous n'avons pas encore de renseignements très nets sur les déplacements de réserves que les combats, livrés ainsi depuis le 19 juin, ont imposés aux Allemande.
Il semble qu'en dehors des 1006 landwehr (saxon) et 4e landwehr bavarois, dans les secteurs desquels se trouvaient les objectifs visés, ne soient intervenus que des éléments de la 7e D.C., cantonnée dans la région de Sarrebourg. Parade toute locale en somme, mais suffisante, puisque nous ne mordions pas sur la 1e ligne.
Au D.A.L., ont pris part aux attaques:
les 223e et 230e en entier, 1 btn du 333e (7div., 148e bde);
la majeure partie du 217e (régt de la 71e div. détaché à la 2e D.C.);
le 234e en entier (68e div., 135e bde).
C'est un effectif de près de 9.000 h., si l'on tient compte des chasseurs à pied cyclistes ou des cavaliers à pied qui appuyèrent l'infanterie. Evidemment, l'étendue et la force des ouvrages à conquérir n'exigeaient pas la mise en oeuvre d'une masse aussi importante. Mais il faut tenir compte à la fois de l'inexpérience des exécutants et des avantages que le terrain offrait à l'adversaire, tant pour l'emploi de l'infanterie que pour le déploiement de l'artillerie (site élevé, crêtes concentriques).
Tout l'intérêt de l'affaire, telle qu'elle a été montée, réside :
d'une part, dans le sentiment du succès qu'elle laisse à de nombreuses unités que leurs cadres avaient su amener sur le terrain de l'action en excellentes conditions physiques et morales;
d'autre part, dans le jeu hardi que le commandant du D.A.L. a mené avec ses forces disponibles, réalisant la concentration de douze btns dans la zone de la 26 D.C., transformée en champ offensif.
Ces résultats sont encourageants pour l'avenir.
[...]
DUBAIL


Annexe n° 772.
GROUPE D'ARMEES DE L'EST.
LE GÉNÉRAL COMMANDANT.
SECRET.
Au Q.G., le 27 juin 1915.
Le général Dubail, commandant le groupe d'armées de l'Est, à Monsieur le général commandant en chef.
[...]
Détachement d'armée de Lorraine. - J'ai vu dans l'après-midi le général Humbert, que j'aurais voulu orienter sur la conquête du Remabois, si l'opération pouvait être exécutée sans trop de risques avec les seules forces du D.A.L.
Pour réaliser le programme que j'avais fixé antérieurement, il reste encore à prendre 2 ouvrages allemands au S. de Leintrey sur les 2 rives du ruisseau. Ce sera l'affaire de ce soir 27, et le Remabois sera serré de près.
Mais le D.A.L. va perdre 3 bataillons par suite de la formation de la 16e division coloniale. C'est un affaiblissement dont il faut tenir compte. Le général Humbert estime que 8 bataillons (dont 4 en 1re ligne) lui seraient nécessaires pour prendre le Remabois. Toutes ses disponibilités y passeraient, surtout si l'ennemi réagissait quelque temps. Comme je ne veux pas avoir à le renforcer, je lui ai dit simplement d'étudier l'opération et de m'en soumettre le projet.
J'ai visité avec lui une partie de sa 1re ligne, et j'ai constaté qu'on avait beaucoup travaillé depuis ma dernière visite.
[...]
DUBAIL


GROUPE D'ARMEES DE L'EST.
ÉTAT-MAJOR.
SECRET.
Au Q.G., le 29 juin 1915.
Le général de division Dubail, commandant le groupe d'armées de l'Est, à Monsieur le général commandant en chef.
[...]
Détachement d'armée de Lorraine. - Un coup de main a été tenté, la nuit dernière (au lieu de la nuit précédente, comme il avait été convenu tout d'abord), par un btn du 230e régt contre deux ouvrages que les avt-postes allemands tiennent encore dans les fonds du ruisseau de Leintrey, de part et d'autre du thalweg, à environ 1.000 et 1.200 mètres du village. L'opération a échoué - pour deux raisons, semble-t-il : difficulté de bombarder les objectifs placés légèrement à contre-pente, et surtout erreur de direction commise dans l'obscurité par la fraction d'attaque de la rive ouest. Du reste, l'ennemi est fort en éveil sur toute cette partie de son front, où il a travaillé fiévreusement, depuis notre attaque des 19 et 21 juin, à relier par une ligne de tranchées solides, avec réseaux de fil de fer, la croupe 310 (corne S.O. des Amienbois) au Remabois en passant par Leintrey; il est malaisé de l'y surprendre. Néanmoins il importe d'en finir le plus tôt possible avec cette dernière résistance avancée, pour reconstituer les réserves du D.A.L. et remettre de l'ordre dans les unités de la 2e D.C. et de la 74e div. : j'ai donné des instructions dans ce sens au général Humbert.
[...]
DUBAIL


D.A.L.
ÉTAT-MAJOR.
3e BUREAU.
Q.G., le 30 juin 1915.
Ordre général n° 110.
[...]
74e division. - Ferme de Vaudrecourt, pentes est de la croupe 322, Bures, digue sud de l'étang de Parroy, bois Legrand, extrémité est de la Tranchée des 3 sorbiers, cote 277, lisière est du bois de la Gouteleine, Emberménil (croupes N.O., N. et S.E.).
2e division de cavalerie. - Croupes entre la station d'Emberménil et le Remabois, crête est de la croupe 311, cote 303 au sud de Leintrey, bois Zeppelin (300 mètres ouest de la cote 290), route Amenoncourt, Blemerey entre le bois Zeppelin et la cote 297, bois des Haies d'Albe, point d'appui de la rive gauche de la Vezouse sur la route Herbeviller, Domèvre (2 km. est d'Herbeviller).
71e division. - Pentes nord du Bois banal, Ancerviller, Nerviller, ferme de Malgrejean, le Chamois, le Gros Hêtre (carrefour des routes1 km. sud-ouest de Thiaville), hauteurs entre la route Badonviller, Allarmont, et le ruisseau d'Allencombe.


Les armées françaises dans la Grande guerre
Tome 3, Annexes Volume 1
Ministère de la guerre, état-major de l'armée, service historique
Imprimerie nationale (Paris) 1924

GROUPE D'ARMEES DE L'EST.
ÉTAT-MAJOR.
SECRET.
Q.G., le 15 juillet 1915.
Instruction particulière n° 25 pour le D.A.L.
En exécution des prescriptions du général commandant en chef, le détachement d'armée de Lorraine doit se mettre en mesure d'exécuter, avec ses propres ressources en hommes et en munitions, une attaque de division.
Cette attaque sera menée en direction générale d'Avricourt avec front de départ entre Emberménil et Reillon. Elle aura pour objectifs: en premier lieu les bois du Haut de Corbe et du Remabois, puis les hauteurs entre Xousse, Leintrey et Gondrexon. Sa préparation, conduite en conformité des prescriptions de la note du G.Q.G. n° 5779 du 15 avril 1915, sera entièrement terminée pour le 1er septembre prochain. Elle ne sera déclenchée que sur ordre supérieur.
Le général commandant le D.A.L. ne perdra pas de vue:
- d'une part, l'intérêt que présente, pour la réussite de cette attaque, l'aménagement d'observatoires d'artillerie et de positions de batteries tant en forêt de Parroy que dans la région entre le Bois banal et Ancerviller, en vue de contrebattre les canons ennemis qui, des hauteurs S.O. de Xousse et des environs de Verdenal, peuvent croiser des feux d'écharpe sur le terrain des approches;
- d'autre part, l'accroissement de puissance offensive qu'assure à son artillerie lourde l'attribution des 2 batteries de 120 C. Baquet (8 pièces) visées par l'ordre particulier n° 60 (12 juillet 1915) du général commandant le G.A.E.
Il donnera des instructions précises à ses commandants de division pour que dès maintenant des économies soient réalisées sur les consommations journalières de projectiles de gros calibre en prévision de la constitution d'un approvisionnement de Ire mise au bénéfice des batteries qui participeront à ladite attaque.
Il enverra le plus tôt possible au général commandant le G.A.E. une note résumant ses intentions et les ordres qu'il donne en conséquence de la présente Instruction.
DUBAIL.


GROUPED'ARMÉES DE L'EST.
LE GÉNÉRAL COMMANDANT.
N*146/C.
SECRET.
Au Q.G., le 16 juillet 1915.
Le général Dubail, commandant le groupe d'armées de l'Est, à Monsieur le général commandant en chef.
[...]
VIle armée et Détachement d'armée de Lorraine. - La VIIe armée me demande également un supplément de 3 bataillons pour étayer son front dans l'attaque qu'elle va entreprendre.
Le général de Maud'huy motive maintenant sa demande, qui n'est pas nouvelle, par la présence de la 8e division bavaroise à Schlestadt : c'est là certainement un fait nouveau dont il y a lieu de tenir compte pour les réactions possibles de l'ennemi.
Je m'étais donc efforcé de lui donner satisfaction, et j'avais espéré un moment pouvoir prélever 3 à 4 bataillons sur la réserve du D.A.L., auquel le 206 corps donne, par sa présence, une grande sécurité. Mais j'ai dû y renoncer, l'état de fatigue de certaines de ses unités (région de Reillon où le bombardement est presque continuel - et où une contre-attaque s'est encore produite hier) obligeant le général Humbert à faire concourir toutes ses unités de réserve à la relève (très répétée en ce moment) de ses forces de 1re ligne. J'ai seulement pu lui prescrire de faire glisser vers Thiaville (près de Raon-l'Etape) un régiment de cette réserve, dont il ne disposera pas sans mon ordre, et qui serait prêt, à la rigueur, à étayer le front du Ban de Sapt, ce régiment continuant à participer aux relèves du D.A.L.
[...]
DUBAIL


GROUPE D'ARMÉES DE L'EST.
LE GÉNÉRAL COMMANDANT.
N°152/C.
SECRET.
Au Q.G., le 23 juillet 1915.
Le général Dubail, commandant le groupe d'armées de l'Est, à Monsieur le général commandant en chef.
[...]
Détachement d'armée de Lorraine. - Pendant mon déplacement dans la zone de la VIIe armée, j'ai envoyé un officier de mon état-major au D.A.L., avec mission de me renseigner spécialement sur les dispositions prises par la 2e division de cavalerie pour l'occupation du nouveau secteur qui lui a été affecté, à la suite de notre avance sur Leintrey, - sur certaines questions intéressant l'artillerie de gros calibre, - et sur la
mise en chantier des bétonnages prescrits par vote note n° 7944, du 20 juin.
2e division de cavalerie. - Cette unité occupe maintenant le créneau compris entre Arracourt exclu et le Sanon, où elle a relevé l'aile gauche de la 74e division, dont la zone s'étend du Sanon jusqu'à la ligne incluse Herbeviller, bois des Railleux, Hablainville, Azerailles. Son Q.G. est installé à Dombasle. Elle a une réserve d'une brigade (8 escadrons), répartie entre Jolivet, Chanteheux (E. de Lunéville) et Dombasle, Sommerviller. Le 60e régt d'inf. territorial (3 btnq) lui a été rattaché et participe, avec les escadrons et le groupe léger, au service des tranchées et aux travaux d'organisation.
Le dispositif de la div., que j'estime judicieux, est étayé par la présence, à courte distance, de 3 btns faisant partie de la réserve du détachement d'armée à Valhey, Einville et Raville, Bionviller.
Ce déplacement de la 2e D.C.met définitivement la 74e div. dans le secteur offensif du D.A.L.; c'est donc à la 74e div. qu'incombe la préparation de l'attaque partielle, qui a fait l'objet de mon Instruction particulière n° 25 du 15 juillet. Le général Humbert, avant de quitter St-Nicolas, m'a adressé son projet d'attaque, que je vais examiner.


Les armées françaises dans la Grande guerre
Tome 3, Annexes Volume 2
Ministère de la guerre, état-major de l'armée, service historique
Imprimerie nationale (Paris) 1925


GRAND QUARTIER GÉNÉRAL DES ARMÉES DE L'EST.
ÉTAT-MAJOR.
3e BUREAU..
Au G.Q.G., le 25 août 1915.
Le général commandant en chef au général commandant le groupe des armées de l'Est, Neufchâteau.
J'ai l'honneur de vous faire connaître que, tout en approuvant dans son ensemble le projet d'attaque du D.A.L. transmis par votre lettre 3432 du 23 août, je dois appeler votre attention sur les deux points suivants:
1° La préparation de l'attaque principale sur le Remabois, Leintrey, est effectuée avec des moyens insuffisants. Les 14 canons courts (10/155 et 4/120) qui en sont chargés doivent en effet battre le front compris entre le Remabois et la cote 302, soit 3 kilomètres environ. Ce front, outre les tranchées de première ligne, comprend les organisations du Remabois et de Leintrey qui nécessiteront la mise en oeuvre de moyens puissants.
Si donc le D.A.L. devait être réduit à ses seules forces pour cette attaque, il y aurait intérêt à n'effectuer tout d'abord que l'attaque de Leintrey, Remabois, puis ensuite celle du Haut de Corbe, afin de consacrer à chacune d'elles le maximum de moyens dont on dispose.
2° II est nécessaire de couvrir le flanc droit de l'attaque de Leintrey. Le bataillon de droite de cette attaque, partant de l'ouvrage 7 pour marcher sur Leintrey, sera en effet pris en flanc par toute l'organisation allemande comprise entre la cote 302 et le ruisseau de Leintrey. Il faut donc couvrir ce flanc par une attaque partant du Bois noir, dirigée sur le saillant ennemi à 200 mètres au nord-ouest de ce bois.
Ces deux remarques faites, il convient, en raison de la situation actuelle et du but poursuivi, de laisser préparer les deux attaques sur Leintrey et le Haut de Corbe. Puis, dès que la préparation sera terminée, on cherchera à les élargir, de façon à continuer à attirer l'attention de l'ennemi et être prêt à faire ultérieurement sur ce front des opérations
de plus grande envergure.
En ce qui concerne les préliminaires des opérations sur Leintrey, Remabois, comme elles peuvent être traitées en rectification de front laissant le gros de la division disponible, je vous laisse le soin de déclencher l'attaque sur le Bois noir et les ouvrages 2 et 7, dès que vous le jugerez possible.
J. JOFFRE.


D.A.L.
ÉTAT-MAJOR.
3e BUREAU.
SECRET.
Q.G:, le 30 août 1915.
Le général Gérard, commandant le D.A.L., à Monsieur le général commandant le G.A.E.
Par votre lettre n° 3536 du 28 août, vous me faites observer que le retrait de la 2e D.C. met le D.A.L. «  dans une situation nouvelle qui aura forcément une répercussion sur ses capacités offensives, en réduisant les disponibilités qui permettaient de faire agir la 74e division avec toutes ses forces sans arrière-pensée ».
En conséquence, vous m'invitez à faire remanier le projet d'attaque de cette division dans le sens d'une réduction sensible des effectifs consacrés à l'attaque du Haut de Corbe, « laquelle prendrait le caractère d'une simple démonstration, tout l'effort devant être reporté sur le Remabois et Leintrey ».
J'ai l'honneur de vous soumettre sur cette question les remarques suivantes:
Le premier résultat que l'autorité supérieure recherchait en prescrivant la préparation d'une attaque sur le Remabois et le Haut de Corbe, c'était de fixer devant nous des forces ennemies.
L'activité déployée sur tout le front du D.A.L. (travaux simulés, nombreuses reconnaissances), les travaux de préparation de la 74e division, ses tirs de réglage, la présence du 20e C. A., intentionnellement manifestée par nos agents et par le dépôt, effectué par nos patrouilles auprès de réseaux ennemis, de képis appartenant au corps d'armée, ont obtenu pleinement ce résultat.
L'ennemi a senti la menace, il a renforcé sa fortification et il a amené dans la région une nouvelle division et une brigade (à 3 régiments), plus une certaine proportion d'artillerie révélée par nos reconnaissances aériennes.
Ses préoccupations se manifestent par l'activité de son artillerie et par les nombreuses reconnaissances d'officiers que signalent nos avant-postes.
Dans ces conditions, je me trouve avoir en face de moi des forces notablement supérieures à ce qu'elles étaient auparavant.
Jusqu'à présent, le D.A.L. a opéré avec des effectifs réduits; la situation nouvelle, créée par le renforcement ennemi, mériterait déjà de retenir sérieusement l'attention s'il s'agissait seulement pour le D.A.L. de conserver une attitude défensive.
En outre, il me paraît indispensable de prononcer une offensive sur mon front lorsque se produiront d'autres offensives plus importantes dans d'autres régions.
Pour me permettre de satisfaire à cette nécessité, il convient d'affecter au D.A.L. une « réserve de sécurité » afin de répondre victorieusement à une offensive que l'ennemi pourrait lui-même entamer comme diversion, ou, tout au moins, afin de l'obliger à maintenir devant moi les renforts qu'il y a amenés.
Or le 20e corps vient d'être enlevé et le retrait de la 2e D. C., qui correspond à un affaiblissement de près de 4 bataillons, réduit d'autant les faibles réserves de D.A.L. qu'avaient pu me constituer les divisions.
Pour toutes ces raisons, il s'impose de mettre à ma disposition tout au moins une division pour assurer la sécurité.
En ce qui concerne les attaques, les ordres antérieurs ont prescrit que celle du Remabois et celle du Haut de Corbe seraient simultanées.
Comme il en a déjà été rendu compte, celle de Leintrey doit comporter deux phases, et les travaux préparatoires sont suffisamment avancés pour que la première soit déclenchée quand vous m'en donnerez l'ordre.
Du côté du Haut de Corbe, j'ai dû, tout d'abord, me rapprocher de la ligne ennemie; dès maintenant, nous sommes accrochés, et, que nous le voulions ou non, ce contact exige un renforcement des troupes d'occupation; quatre bataillons ont été antérieurement prévus pour cette opération, il est impossible d'y opérer des réductions.
24 escadrons à 100 carabines : 2.400
6 groupes légers à 160 : 960
1 groupe cycliste : 420
3.780
Aussi, suis-je d'avis de mener de front les deux actions dans les conditions précédemment prévues.
En résumé, pour conduire l'offensive nécessaire qui a été préparée par le D.A.L., pour être prêt à la riposte contre une attaque ennemie, j'estime qu'il est indispensable:
a. D'étayer le D.A.L. par une réserve de sécurité (voir ci-dessus), c'est-à-dire par une division en arrière de mon dispositif et susceptible, le cas échéant, de remplacer les réserves partielles dépensées dans les attaques;
b. De confirmer l'attitude agressive du D.A.L. en attaquant simultanément sur le Remabois et le Haut de Corbe, étant entendu qu'aucune réduction ne peut être opérée sur les effectifs prévus pour l'attaque du Haut de Corbe.
GÉRARD.


3e BUREAU.
Le 31 août 1915, 21 h 45.
Télégramme chiffré.
Général commandant en chef à général Dubail, Neufchâteau.
Réponse à lettre du D.A.L. transmise sous n° 3572.
Primo. - Conformément au télégramme 21025 du 29 août, artillerie de la 2e D.C. doit être cantonnée à proximité des lignes, afin de pouvoir en cas de nécessité être employée sur le front.
Ce groupe ne sera enlevé au D.A.L. que quand il sera possible de le remplacer par un groupe de la 129e division.
Secundo. - En raison du départ de la 2e D.C., l'attaque à exécuter sur la ligne avancée devant Leintrey et qui peut provoquer une réaction ennemie inopportune ne sera déclenchée que sur mon ordre. La préparation des attaques au D.A.L. doit, bien entendu, continuer dans les conditions prévues par ma lettre 19867 du 25 août.
J. JOFFRE.


GROUPE D'ARMEES DE L'EST.
ÉTAT-MAJOR.
SECRET.
Q.G., le 31 août 1915.
Le général de division Dubail, commandant le groupe d'armées de l'Est, à Monsieur le général commandant en chef.
Par lettre n° 19367 du 25 août 1915, vous m'avez adressé vos observations sur le projet que le général commandant le D.A.L. m'a soumis pour l'attaque des positions ennemies du Remabois, Leintrey et du Haut de Corbe.
Vous attirez mon attention sur les deux points suivants:
1° Nécessité de couvrir le flanc droit de l'attaque de Leintrey par une attaque secondaire partant du Bois Noir, dirigée sur le saillant ennemi à 200 m. N.O. de ce bois.
La 74e division avait jugé, d'après l'expérience des combats livrés au mois de juin pour la conquête de la crête E. de Reillon, que cette couverture pouvait être assurée par des barrages d'artillerie; néanmoins, une action de flanquement par l'infanterie m'avait, comme à vous, paru nécessaire, et, dès le 17 août, je chargeai l'officier de liaison du D.A.L. de la signaler au général Gérard. Je viens de la prescrire par écrit (lettre en date du 28/8).
2° Intérêt qu'il y a à faire procéder successivement à l'attaque du Remabois, Leintrey, et à l'attaque du Haut de Corbe, si le D.A.L. ne doit pas disposer d'un nombre de canons courts plus considérable que celui dont fait état le projet (14 canons seulement à mettre en ligne pour battre le front de 3 kilomètres compris entre le Remabois et la cote 302).

La simultanéité des deux attaques m'avait d'abord paru s'imposer pour la raison suivante: L'ennemi dispose pour son artillerie d'un ensemble de crêtes disposées concentriquement par rapport à la zone de départ des assauts que la 74e° division doit lancer sur le Remabois et sur Leintrey : ces crêtes sont jalonnées (carte au 80.000e) par le signal de Xousse, la cote 308 à 1.500 m. N. de Leintrey, les Amienbois, les hauteurs entre Chazelles et Verdenal. Par suite, le seul moyen d'amener l'ennemi à diviser ses moyens d'artillerie dans la parade ou la riposte était de conjuguer l'attaque du Haut de Corbe avec l'attaque du Remabois.
Cependant, lorsque vint l'ordre de retirer du front la 2e D. C., j'estimai que ce retrait allait diminuer notablement la capacité offensive du D.A.L. et je priai le général Gérard (lettre du 28/8) de faire remanier le projet de la 74e division dans le sens d'une réduction sensible des effectifs consacrés à l'attaque du Haut de Corbe, laquelle ne conserverait plus que le caractère d'une démonstration.

Le général Gérard vient de me répondre, à ce sujet, que l'avance progressive réalisée par la 74e division dans la partie sud de la forêt de Parroy a mis cette unité en contact des organisations ennemies du bois des Arrieux et de la lisière N.O. du Haut de Corbe; et il conclut en ces termes: «  du côté du Haut de Corbe.,... dès maintenant, nous sommes accrochés et, que nous le voulions ou non, ce contact exige un renforcement des troupes d'occupation: 4 bataillons ont été antérieurement prévus pour cette opération; il est impossible d'y opérer des réductions. Aussi suis-je d'avis de mener de front les 2 actions, dans les conditions précédemment prévues ».

Je crois donc finalement qu'il n'y a pas lieu de modifier le projet de la 74e division en ce qui concerne le déclenchement simultané de ses 2 attaques.
Au surplus, j'avais toujours envisagé la possibilité de renforcer le D.A.L., pour cette opération, avec des canons courts tirés de ma propre réserve. Si vous voulez bien donner votre approbation aux mesures que je vous ai soumises dans ma lettre n° 3607 du 30 août courant, ce renforcement sera possible et mettra le D.A.L. - avec sa dotation propre d'une batterie de 220 - en mesure de préparer et d'appuyer convenablement les divers assauts de son infanterie.
DUBAIL.


D.A.L.
ÉTAT-MAJOR.
3e BUREAU.
Q.G., le 18 octobre 1915.
Compte rendu des événements du 8 au 16 octobre dans le secteur du bois Zeppelin.

I. - POSITION DU ZEPPELIN.
La position du Zeppelin est une position de fin de combat. Le bois a été occupé au mois de juin, parce qu'à ce moment il formait obstacle aux vues et qu'on ne pouvait pas le laisser à l'ennemi. En fait c'est un saillant, une pointe, sur un terrain à formes molles, qui remonte d'une façon générale vers, les positions allemandes S. des Amienbois. Pendant longtemps son occupation a été précaire; on y travaillait à la vue de l'ennemi, il fallait donc attendre la nuit.
La division était orientée sur ce point de faiblesse. Le flanquement à l'est était bien assuré par une section de mitrailleuses au Bois rectangulaire; au N.O., les formes indécises du terrain rendaient le flanquement plus difficile.
La division avait fait du bois Zeppelin un ouvrage fermé en complétant le triangle par un réseau de fils de fer, battu par une tranchée de gorge placée au sud de ce réseau. Un second cloisonnement était prévu plus en arrière et en partie réalisé par 3 ouvrages fermés se flanquant réciproquement (en arrière du bois Boué, à 293 et entre ces
deux points). En somme, la division avait amélioré le plus possible une position difficile.

II. - ATTAQUE DES ALLEMANDS.

Les Allemands ont procédé le 8 octobre à un bombardement extrêmement violent, avec un emploi tel des gaz asphyxiants que les effets ont été ressentis, d'une part par les aviateurs jusqu'à 2.000 m. d'altitude, d'autre part jusqu'à Bénaménil. Des tirs de barrage, également avec obus asphyxiants, étaient effectués en même temps en arrière de nos tranchées de 1re ligne.
Les avions ont compté 14 batteries allemandes en action.
Nos tirs de barrage, bien préparés, se sont déclenchés efficaces, mais l'étirement du D.A.L. ne permettait d'avoir sur ce point (qui est entre les plus favorisés) que 2 batteries de 75, l'une faisant des barrages directs, l'autre ayant ces barrages à titre éventuel.
Les réserves partielles et les réserves de division ont été alertées immédiatement, puis rapprochées.
L'attaque ennemie peut être ainsi résumée:
Le bombardement commence à 13 h. 30.
Une compagnie sort à 14 h. 20 de l'ouvrage 7, marchant sur notre point d'appui à l'O. du ruisseau de Leintrey.
A 15 h. 10 une force, non évaluée, venant des ouvrages au S. des Amienbois, marche sur le Zeppelin.
A 15 h. 35 une force, non évaluée, venant de Gondrexon, attaque dans la direction de Reillon.
A 16 h. on signale encore une compagnie sortant des Amienbois et se dirigeant vers le Zeppelin.
En même temps, une attaque se dessine dans la forêt de Parroy au bois des Arrieux.
L'attaque débouchant de l'ouvrage 7 est arrêtée par nos tirs de barrage, elle oblique vers le bois Boué; celle de Gondrexon est arrêtée également par nos tirs de barrage, elle ne peut progresser; celle de la forêt de Parroy est arrêtée par le feu de nos postes et par les tirs de barrage.
A 16 h., la division a la sensation que la véritable attaque ennemie se produit sur le Zeppelin.
A 16 h. 50 les Allemands sont signalés entrant dans le bois Zeppelin. Le colonel Chenèble, qui commande le point d'appui et dispose de 2 compagnies, contre-attaque immédiatement avec cet effectif, mais cette contre-attaque ne donne pas de résultat.
A 17 h. 32, les Allemands débouchent du Zeppelin en colonne serrée et marchent sur le Bois rectangulaire. Ils sont arrêtés par des tirs de barrage d'artillerie et de mitrailleuses.
Une seconde contre-attaque (2 bataillons) est placée aux ordres du lieutenant-colonel d'Espérey (18 h. 30). Cette contre-attaque, appuyée par 4 batteries (3 de 75, 1 de 90), se déclenche à 23 h. 30.
Elle ne parvient pas à repousser l'ennemi; après avoir repris des éléments de tranchée au bois Boué et aux abords, elle s'accroche au terrain.
Les ordres pour la journée du 9 prévoient la reprise de l'attaque dès que l'artillerie l'aura préparée.
Cette attaque, qui comprend 5 compagnies, est -lancée à 17 h. 15 : le centre ne peut progresser; la droite parvient à 40 mètres de la tranchée arrière du Zeppelin; la gauche reprend la tranchée 10, puis le combat continue à la grenade pour essayer d'enlever la tranchée arrière par ses deux extrémités.
En résumé, l'attaque ennemie a compris: un bombardement intense exécuté par une artillerie de gros calibre et l'emploi de gaz lacrymogènes, des démonstrations ou tentatives d'attaques sur plusieurs points, avec effort sur un saillant de notre ligne.
Une des causes de succès peut résider dans l'étirement de nos troupes, qui éloigne les réserves et qui étale les batteries.
Deux choses peuvent encore être retenues :
1° L'organisation du commandement qui laisse, d'une part, le colonel Challe à Bénaménil et confie, d'autre part, la direction de la contre-attaque au lieutenant-colonel d'Espérey stationné à Bénaménil;
2° La lenteur du mouvement des réserves, qui ne permet de déclencher qu'à 23 h. 30 une attaque préparée à 18 h. 30.

III. - PRÉPARATION DE L'ATTAQUE.

La préparation méthodique de l'attaque a été conduite par le colonel Challe avec soin et précision. L'artillerie lourde de la réserve du D.A.L. est installée et fait ses réglages pendant que l'infanterie met en place ses troupes d'assaut.
2 groupes montés de 120 L., 1 batterie de 155 L. à tracteurs, 1 batterie de 155 C., 2 batteries de 120 C. et 2 batteries de 75, prélevés sur les réserves, sont amenés d'Essey et Lunéville et mis à la disposition de la 74e division.
2, puis 4 compagnies de la brigade Tourtebatte aident l'infanterie à creuser des places d'armes pour mettre en situation d'assaut les 4 vagues de l'attaque qu'on monte pour reprendre le Zeppelin.
Ce travail s'est poursuivi aussi rapidement que le permettaient les bombardements méthodiques de l'ennemi, obligeant à des réfections constantes.
Dans cette phase, le seul point à retenir est la faiblesse des tirs de nuit, qui peut permettre à l'ennemi de parfaire son organisation.

IV. - ATTAQUE DU 15 OCTOBRE.

L'ordre était donné par le général cdt la 74e division de reprendre, le 15 octobre, les tranchées perdues le 8. L'attaque devait être menée par 1 bataillon: 2 compagnies à droite, 2 compagnies à gauche, appuyées, à droite par 1 compagnie, à gauche par 1 bataillon.
Chacune des vagues dans chaque attaque est constituée par 1 peloton.
Notre artillerie procède à un bombardement des tranchées allemandes qui va en augmentant d'intensité, de 11 h. 30 à 15 h. 45.
L'artillerie allemande répond par un violent bombardement de toutes nos tranchées au N. et à l'E. de Reillon.
A 15 h. 45 l'attaque sort.
A droite, la première vague atteint la tranchée arrière du Zeppelin et paraît avoir été bien appuyée par les vagues suivantes.
A gauche, la première vague, qui semble avoir été brillamment enlevée et avoir dépassé la tranchée arrière du Zeppelin, a été mal appuyée en raison du bombardement auquel l'attaque se trouva soumise et du fait que le commandant Kappeloff, qui commandait de ce côté, a été blessé grièvement dès les premiers instants.
C'est ainsi que, de ce côté, les autres vagues auraient appuyé trop à droite sans qu'on ait pu le déterminer exactement, tout le secteur de l'attaque se trouvant dans un nuage de fumée.
Il est probable que la première vague de gauche a subi des pertes; n'ayant pas été soutenus, les survivants ont vraisemblablement été tués ou faits prisonniers.
A 20 h. 30 j'étais informé que nous tenions sûrement la tranchée arrière du Zeppelin.
Le 16 vers 2 heures du matin, la division annonçait que nous occupions tout le Zeppelin sauf la tranchée 9.
A 6 heures on me communiquait que la situation était encore confuse, que nous tenions sûrement la tranchée arrière du Zeppelin, mais que nous ne devions plus être dans le bois.
Ce renseignement était confirmé dans la journée, notamment par un compte rendu de 17 h. 5.
Pourtant, à 19 h. 25 un nouveau renseignement indiquait que l'ennemi avait repris la partie AB de la tranchée arrière et que nous ne tenions que la partie est (BCD).
Il n'est pas vraisemblable que ces renseignements contradictoires s'appliquent à des situations effectives résultant du combat; tout porte à croire que leur différence résulte du fait que le général de division, comme le colonel commandant la brigade, du reste, ont tardivement connu la situation réelle par suite du fonctionnement insuffisant des liaisons.
Dans la nuit du 15 au 16 et la journée du 16, la lutte a continué avec des alternatives de violence et de calme relatif: le récit des événements sera donné dans le compte rendu dont je prépare l'établissement, en exécution de la note du G.Q.G. du 3 mars 1915.

V. - CONCLUSIONS.

La lutte qui s'est engagée autour du Zeppelin a revêtu, dans son ensemble, un caractère de violence caractérisée par l'emploi par l'ennemi d'une artillerie de gros calibre à tir accéléré concentrant ses efforts sur un espace restreint.
Le Zeppelin peut être repris: la grosse difficulté sera de s'y maintenir.
Actuellement les efforts tendent à reconstituer une position de défense partant du Bois rectangulaire pour rejoindre le bois Boué en utilisant les places d'armes construites en vue de l'attaque du 15 octobre.
C'est seulement lorsque la position sera organisée qu'on pourra envisager la reprise d'une opération offensive.
Général GÉRARD.


Les armées françaises dans la Grande guerre
Tome 3, Annexes Volume 3
Ministère de la guerre, état-major de l'armée, service historique
Imprimerie nationale (Paris) 1926

ÉTAT-MAJOR GÉNÉRAL.
2e BUREAU.
Au G.Q.G., le 16 novembre 1915, 5 heures.
Compte rendu de renseignements n° 516.
[...]
III. - CORPS VENU DU FRONT ORIENTAL. - LORRAINE. - 58e DIVISION.
Des indices (chien portant un collier avec l'inscription: 107°, 58e div., capturé le 11 nov. vers Domèvre) avaient signalé la présence d'un rgt de la 58e div. dans la région de Blamont.


Les armées françaises dans la Grande guerre
Tome 3, Annexes Volume 4
Ministère de la guerre, état-major de l'armée, service historique
Imprimerie nationale (Paris) 1926

GROUPE D'ARMÉES DE L'EST.
LE GÉNÉRAL COMMANDANT.
Au Q.G., le 17 octobre 1915.
SECRET.
Le général Dubail, commandant le groupe d'armées de l'Est, à Monsieur
le général commandant en chef.
Vu : Joffre.
Détachement d'armée de Lorraine. - Je me suis rendu, le 15, à ce détachement d'armée et, du poste de commandement du général Bigot, commandant la 74°D.I., j'ai assisté à l'attaque sur les positions allemandes du bois Zeppelin.
Après une préparation à laquelle l'artillerie allemande a peu répondu, notre infanterie est sortie très crânement de ses éléments de parallèle de départ, a atteint les tranchées et même pénétré dans le bois Zeppelin.
Je dis « éléments de parallèle » parce que, en effet, on s'était contenté de deux éléments représentant chacun un front de peloton, de telle sorte qu'on allait en être réduit à partir d'un front trop étroit par rapport à l'objectif. J'en ai fait l'observation; le général de division m'a répondu qu'on n'avait pu faire mieux, parce que les travailleurs avaient dû opérer de nuit sous un feu presque ininterrompu. Quoi qu'il en soit, l'attaque a réussi d'abord; mais on n'a pu se maintenir dans le bois Zeppelin et, finalement, des contre-attaques répétées, venant surtout des Amienbois et de Leintrey, ont fini par nous rejeter de la partie O. de la tranchée ABCDE. Je passe rapidement sur ces incidents, qui vous ont été déjà donnés par les comptes rendus, pour en arriver à la situation de ce soir.
Nous tenons actuellement en BCD et, sur ma recommandation, nous nous y consolidons, en nous couvrant de fils de fer. Je regrette qu'on n'ait pas pris cette précaution dès le 15 au soir, avec du réseau Brun tout au moins: c'est un système qu'on peut ensuite enlever facilement pour progresser; et, peut-être, grâce à cette précaution, serions-nous encore en AB et en DE.
J'attends les comptes rendus de ce soir pour voir s'il y a lieu de pousser l'opération ou, au contraire, de se contenter momentanément du gain réalisé.
Les tirs de barrage des Allemands se sont déclenchés avec une violence extrême dès le départ de notre infanterie; ils ont été faits surtout avec du gros calibre et ont immédiatement couvert tout le terrain d'une épaisse fumée noire, dans laquelle les éclatements de 77 fusants étaient relativement rares. Il n'est pas douteux qu'il y ait une très forte concentration d'artillerie sur ce point (30 batteries contre 18 des nôtres).
Quand j'ai quitté le terrain vers 17 heures, je voyais les éclatements allemands au-dessus du bois Zeppelin et j'ai pu en conclure que nous étions dedans. C'était exact à ce moment.
[...] DUBAIL

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