Une première attaque parlant de l'ouvrage 7 vers le sud (13 h. 30), s'est terrée sous l'effet de nos tirs de barrage.
De nouvelles attaques se sont déclenchées, à 15 h. 15, sur le front de nos points d'appui de la croupe sud de Leintrey et des hauteurs nord-est de Reillon ; puis, vers 17 heures, sur nos points d'appui est de Blémerey ; effectif évalué à deux bataillons. L'attaque principale semblait dirigée sur les hauteurs nord-est de Reillon. Les Allemands ont réussi à prendre pied dans le bois Boué et dans le bois Zeppelin.
Le général Gérard me demande, dans la soirée, de disposer de la brigade Tourtebatte, réserve de G. A, E.; je la lui donne immédiatement. Je lui fais envoyer en même temps des munitions.
9 octobre.
L'action sur le front Leintrey-Reillon a continué toute la nuit. A 5 heures, l'ennemi tient encore dans le bois Zeppelin.
Dans la forêt de Parroy, des attaques allemandes ont été repoussées.
A 9 heures, le D.A.L. fait savoir que nous avons repris le bois Boué et qu'on est encore à
150 mètres du bois Zeppelin.
[...]
Au D.A.L., les attaques ne vont pas très bien sur le bois Zeppelin. On est parvenu à reconquérir à coups de grenades une des tranchées perdues, mais deux bataillons d'attaque ont été arrêtés par les barrages et les mitrailleuses ennemies. je pense que les attaques vont reprendre demain avec plus de vigueur. C'est l'ordre que je donne au général Gérard, en réponse à un rapport reçu ce
soir.
10 octobre.
Au D.A.L., on a profilé de lu nuit pour mettre en place l'artillerie lourde qui permettra de reprendre les attaques sur le bois Zeppelin.
Le général en Chef me fait connaître qu'il va remettre progressivement h ma disposition les unités ci-après que je devrai m'efforcer de conserver en réserve
R. F. V. - 2e Corps.
1ère armée : 15e division
64e division
Ce sont les divisions fournies par cette Armée qui lui reviennent
D.A.L : 125e Division déjà arrivée dans lu zone de la 1e Armée, où elle se reconstitue.
3e Corps de cavalerie. Devra avoir un créneau sur le front.
VIIe Armée: 129e, 51e et 157e Division. Cette dernière arrivera le 11.
De plus, je recevrai les 20e et 30e Corps dans le D, A, L.;
- le 14 Corps dans la R. F. B. ; mais ils seront à la disposition du général en Chef.
[...]
Le général G... me fournit des renseignements détaillés au sujet de l'attaque du 8 qui a permis à l'ennemi de prendre pied en deux points de nos tranchées de première ligne (tranchées en avant des bois Boue et Zeppelin).
Il en ressort que l'artillerie allemande a préparé copieusement l'attaque on bombardant le front objectif avec des obus suffocants : elle aurait littéralement écrasé nos tranchées du bois Zeppelin, dans lesquelles l'ennemi a pu ensuite pénétrer sans difficulté.
Le commandant de secteur a réagi vigoureusement, mais pas assez vite, semble-l-il, puisque cette contre-attaque s'est trouvée immédiatement arrêtée par une organisation de mitrailleuses installée par l'ennemi dès son occupation du bois Zeppelin. Cependant le bois Boué était aussitôt réoccupé.
Une contre-attaque plus importante a été déclenchée à 23 heures. Cette contre-attaque, non préparée par l'artillerie, exécutée de nuit devant une organisation déjà forte, était vouée à l'insuccès,
Dès le 8 au soir, je remettais la brigade Tourtebatte de la 59e Division (réserve de G.A.E.) à la disposition du général avec l'artillerie et les munitions nécessaires.
Mais en attendant que cette artillerie puisse être établie pour la préparation, ce qui ne pouvait se faire que dans la nuit du 9 au 10, l'action a continué à la grenade par les boyaux ; ce procédé a permis de reprendre, dans la journée « lu 9, les tranchées 1 et 2. Les tirs de réglage, d'abord gênés par le brouillard, ont été exécutés ce matin et l'attaque était prévue pour cet après-midi, ou au plus tard pour demain matin.
L'occupation du saillant Zeppelin par les Allemands n'a aucune importance quant à l'ensemble de la situation de la 74e Division, mais l'inviolabilité de notre front ne doit pas être un vain mot, et il importe d'ailleurs de montrer à l'ennemi que nous sommes toujours en forces sur le front de Lorraine Pour toutes ces raisons, il faut chasser l'ennemi du saillant qu'il occupe encore ; c'est l'ordre que j'ai donné au général Gérard.
La morale à tirer de l'incident est la suivante :
1° On complétera les manquements du bois Zeppelin, qui sont à peine assurés parce que difficiles.
2° On cloisonnera le terrain en faisant une coupure reliant le bois Boué au point d'appui 14.
[...]
Au D.A.L., on n'a pas fait grand'chose aujourd'hui. La préparation de l'attaque sur le bois Zeppelin a dû avoir lieu ce malin et l'attaque était prévue pour ce soir ou demain.
Or, on s'est contenté de progresser légèrement à la sape et à la grenade
11 octobre.
Nuit calme relativement.
Le D.A.L. continue l'installation de son artillerie pour la préparation de l'attaque sur le bois Zeppelin. Tout cela traîne en longueur.
J'envoie, ce matin, un de mes officiers sur les lieux avec mes instructions et observations, mais je me déciderai à y aller moi-même si cela ne va pas mieux.
[...]
Au D.A.L, nos tranchées entre le bois Zeppelin et Reillon sont violemment bombardées. - Quelques obus sur Nomény et Ancerviller. Nous contre-attaquons violemment.
Le capitaine Gilbert revient à 22 heures du D.A.L. L'attaque sur le saillant Zeppelin est loin d'être prête Le colonel Challe, qui commande la brigade du secteur, va construire une parallèle de départ, d'où l'attaque pourra surgir de front après préparation.
Cette disposition nouvelle demandera deux nuits au moins. On aurait dû s'y décider plus tôt. Le capitaine m'apporte une lettre du général G..., qui a été un peu ému de mes observations.
Je lui réponds immédiatement pour dissiper tout malentendu, en lui rappelant que les prélèvements de toute nature qui été faits par ordre du haut commandement, par application du principe sain et fructueux, consistant à renforcer les points forts.
Cette disposition n'était pas sans risques, et ces risques ne pouvaient être atténués que par un redoublement de vigilance et une augmentation de l'organisation défensive.
Or, il semble bien que la 74e Division ait manqué de vigilance ; il est, en tout cas, certain que le saillant du Zeppelin ne possédait pas les flanquements indispensables, et que le
cloisonnement de ce saillant, par une ligne entre le bois Boué et le point d'appui 14, n'avait pas été fait, malgré des recommandations de ma part déjà anciennes.
Quant à la contre-attaque, elle n'a pas suivi immédiatement l'assaut allemand, et elle a été faite mollement ; ce qui, ajouté à l'insuffisance, au retard dû à la maladresse des barrages d'artillerie, explique la facilité avec laquelle l'ennemi a pu franchir 300 ou 400 mètres de terrain libre et s'établir solidement dans notre tranchée, etc.
Pour clore l'incident, je termine ma lettre comme il suit :
« Vous savez que je n'hésite pas, quand mon devoir l'exige, à dire ma façon de pensée même à mes amis. J'exprime parfois mes sentiments aussi vivement que je les ressens ; vous devez
comprendre cela, vous qui êtes énergique et que je considère comme tel. Aussi je compte toujours sur vous et je tiens à vous dire que vous n'avez rien perdu de ma confiance »
12 octobre.
Au D.A.L., le bombardement et la fusillade ont été presque continus au nord de Reillon, où le combat se poursuit à la grenade. L'artillerie ennemie a tiré sur la région d'Ancerviller ; la nôtre a bombardé les ouvrages ouest du Clair-Bois, la route d'Ancerviller à Halloville et la lisière du bois des Chiens.
Un avion ennemi a été abattu par notre artillerie et est tombé entre les lignes : les aviateurs se sont enfuis.
13 octobre.
Bombardement réciproque et continuation pendant la nuit de la lutte rapprochée dans le secteur de Reillon. Un prisonnier du 8e bataillon de chasseurs a été fait près du bois Zeppelin ; or ce corps était à Mulhouse, il n'y a pas longtemps, ce qui tendrait à établir que l'attaque du Linge n'est pas sérieuse ; autrement, les Allemands n'auraient pas fait de prélèvements sur ce front.
[...]
Les attaques du bois Zeppelin et du Linge ne doivent être que de simples manifestations destinées à nous impressionner, sinon à masquer des prélèvements et à détourner, par exemple, notre attention de la
Woêvre.
[...]
Au D.A.L., nous bombardons les positions ennemies du bois Zeppelin. L'attaque prévue pour demain a été retardée d'un jour.
14 octobre.
Le D.A.L., me rend compte que l'attaque sur le bois Zeppelin sera préparée demain, à partir de 11 h. 30 et déclenchée à 15 h. 30.
Je me rendrai donc demain sur ce point.
[...]
Lutte d'artillerie dans la région de Reillon. Les Allemands font éclater un camouflet au bois Le Prêtre. Dégâts insignifiants. - Nombreuses bombes et grenades dans le secteur de Flirey.
15 octobre.
Je vais au D.A.L. A 14 h. 30, j'arrive au P. C. du général Bigot (nord de Domjevin), d'où j'assiste an déroulement de l'action. Le bois Zeppelin, n'est plus qu'un champ bouleversé et parsemé de piquets blancs qui sont les restes des bouleaux.
Deux suspensions dans la préparation pour tromper l'ennemi : la première réussit à merveille Les Allemands s'attendant à voir surgir notre infanterie, commencent leurs tirs de barrage, ce qui permet à nos avions de découvrir cinq nouvelles batteries et de les signaler. A 15 h. 15, l'infanterie sort très bravement des parallèles de départ et aborde les tranchées ennemies ; mais elle disparaît dans la fumée Les Allemands, en effet, viennent de déclencher leurs barrages avec une violence inouïe et tout le terrain est couvert désormais d'une épaisse fumée noire dans laquelle on distingue à peine quelques éclatements fusants de 77. Ils emploient donc surtout du gros calibre et montrent une supériorité numérique d'artillerie indéniable (1). Peu d'obus asphyxiants; je n'en ai vu que deux éclatements (reconnaissables à l'épais nuage blanc verdâtre qui se produit), Je me prends à douter de l'efficacité de nos contre-batteries ; je sais qu'on y croit peu ou D.A.L. et je suis à peu près sûr que les avions n'ont pas été judicieusement employés à ce réglage spécial. Je ferai une enquête à ce sujet.
Cependant l'attaque d'infanterie parait avoir réussi, puis- que, vers 16 h. 30, on distingue les éclatements allemands au-dessus du bois Zeppelin ; c'est donc que nous y sommes (les fils téléphoniques ont été coupés et les liaisons sont précaires).
(1) Ils sont arrivés à mettre en ligne un total de 30 batteries ; nous n'en avions que dix-huit.
[...]
Au D.A.L., on me rend compte que l'ennemi a contre- attaque violemment des Amienbois et de Leintrey et qu'il a été repoussé. On a fait une centaine de prisonniers, mais nos pertes sont sérieuses.
16 octobre.
Entre temps, j'apprends que la 74e Division n'a pu maintenir ses éléments avancés dans le bois Zeppelin et
que, de plus, les contre-attaques ennemies lui ont fait perdre son gain dans la partie ouest des tranchées an sud du bois. On ne tiendrait plus que la partie orientale du bois, celle, en somme, qui se trouve juste au nord-est et à portée des parallèles de départ. le combat continue.
Je fais recommander de se consolider au moins sur le gain maintenu, en se couvrant de fils de fer ; c'est ce qu'on aurait dû faire de bonne heure, à la première accalmie sur tout le front,
17 octobre.
Continuation de la lutte au bois Zeppelin. Attaques par l'ouest du 50e B. C. P. qui fait de grosses pertes. Cinq contre- attaques allemandes sont repoussées.
18 octobre.
Au D.A.L., nos positions au nord-est de Reillon ont été bombardées. On va se consolider sur la tranchée occupée an sud du bois Zeppelin et construire, en arrière, une deuxième ligne entre le bois Roué et le bois Rectangulaire On reprendra plus tard l'attaque, pour s'élargir sur le front en chassant l'ennemi de son enclave
Pour en finir avec cette affaire, je résume les observations que la conduite de l'opération m'a suggérées et j'en fais l'objet d'une note au général commandant :
1° L'attaque est partie d'un front trop étroit et les éléments de parallèle ne faisaient pas face à l'ensemble de l'objectif ; ils devaient forcément orienter les troupes sur la partie de droite (bois Zeppelin). Et de fait, les deux premières vagues sorties de la parallèle de départ de gauche se sont rejetées sur celles de l'attaque de droite et sont tombées sous le feu partant des tranchées non menacées.
2° L'attaque ultérieure des chasseurs, tentée de nuit sans préparation d'artillerie, avait peu de chance de réussir.
L'élément de gauche orienté vers le nord-est, en dehors de nos propres fils de fer, était très exposé.
3° Il aurait fallu profiter de la première accalmie relative pour se couvrir au moins momentanément de réseaux Brun. Or, on ne s'y est décidé qu'à la suite de l'observation faite à ce sujet. Cette simple précaution aurait peut-être permis aux chasseurs de repousser la contre-attaque
3° J'ai été frappé de la puissance des tirs de barrage de l'artillerie allemande et de la timidité correspondante de la tactique de contre-batterie de la 74e Division.
Je sais qu'on général on ne croit guère à l'efficacité de l'action des contre-batteries ; mais c'est, je crois, parce que les difficultés de cette action rebutent un peu et qu'on ne s'est jusqu'ici pas donné assez de peine pour s'instruire
J'ai voulu me rendre compte de ce qui s'est passé à la 74e Division à ce sujet, et voici ce que j'ai trouvé :
Du 8 au 16 octobre, l'aviation a situé quinze batteries (j'en ai les croquis et la notice donnant les coordonnées).
Or, jusqu'au 16 octobre inclus, il n'a été exécuté, avec avion, contre ces batteries que quatre réglages et six contrôles (ces derniers effectués sur deux batteries seulement).
Ceci montre, ou bien qu'on a négligé systématiquement le travail de contre-batterie, ou bien qu'on n'a pas fait pour ce service un appel suffisant à l'aviation. (il y avait à la disposition de l'artillerie, en permanence, un avion de chasse, un de surveillance, deux de réglage.)
J'ai donc raison de dire que l'artillerie n'est pas suffisamment entraînée au travail en coopération avec l'aviation. Il faut absolument que l'instruction du 12 août passe dans la pratique courante ; les réflexes de chacun doivent être tels que, dans les situations difficiles, il n'y ait aucun tâtonnement, aucune hésitation sur le rôle de l'avion de surveillance ; d'où la nécessité d'exercices nombreux exercices à blanc s'il le faut, mais sérieusement faits. Je pose également, en principe, la nécessité de maintenir auprès des antennes réceptrices de T.S.F. des officiers idoines, pour accélérer la répartition des objectifs.
Dans le début des actions du bois Zeppelin, des officiers de ce genre avaient bien été mis près des antennes ; mais des difficultés ayant motivé leur présence ailleurs, certains d'entre eux ont été remplacés an pied levé. D'où la nécessité de former, d'instruire et d'entraîner de nombreux officiers pour cet objet.
La présence d'un officier de l'aviation auprès du commandant de l'artillerie est indispensable pour renseigner celui-ci à chaque instant et lui proposer en chaque occasion le concours de l'aviation.
19 octobre.
D.A.L. - A deux reprises, fusillade et tirs de barrage dans le secteur de Reillon.
22 octobre.
Bombardement réciproque dans la région de Reillon et dans les secteurs de Fey et de Regnéville.
26 octobre.
Grande activité de l'artillerie allemande entre Badonviller et la forêt de Parroy ; la nôtre canonne des fractions en marche près de Xousse et les ouvrages au sud de Leintrey et de Montreux.
La situation de la 74e Division sur le saillant du bois Zeppelin est, d'ores et déjà, très sensiblement améliorée. Les tranchées qui avaient été complètement bouleversées ont été refaites, de nombreux boyaux des tranchées secondaires sont creusés.
Le terrain est maintenant convenablement compartimenté par des réseaux de fils de fer, les flanquements sont assurés.
Tout le saillant en avant du bois Boué et de la cote 293 se présentera d'ici quelques jours comme un labyrinthe Les travaux sont toutefois poussés dans le sens offensif avec l'idée de reprendre ce qui reste du terrain perdu.
29 octobre.
D.A.L. - Activité des deux artilleries dans le secteur de Reillon. de nombreux avions ont survolé le secteur entre la forêt de Parroy et la Vezouse et lancé, sans résultat, plusieurs bombes sur nos positions.
6 novembre.
Nuit sans incident, si ce n'est un combat à coups de grenades dans les têtes de sape à l'ouest du bois Zeppelin (D.A.L.).
19 novembre.
Au D.A.L., l'artillerie allemande bombarde nos positions au sud-ouest du bois Zeppelin, où nous venons de terminer à la sape la tranchée de raccord de première ligne.
La Ire Armée a exécuté deux concentrations de feu efficaces: l'une en forêt d'Apremont (un blockaus détruit
et une partie des tranchées démolies), - l'autre dans la région nord de Flirey. -
Faible riposte de l'ennemi.
20 novembre.
Pendant la nuit, échange de grenades et de coups de fusil devant le bois Zeppelin. - Bombardement dé nos positions au nord de Reillon et de Vého.
22 novembre.
Il est souvent question de concentrations de feux dans nos communiqués. Je trouve qu'il y a quelque imprudence à appeler, de façon si précise, l'attention de l'ennemi sur une lactique du feu généralisée depuis peu chez nous ? Je le fais remarquer au G. Q. G.
Pour ne pas perdre de temps, je signale aussi au fur et à mesure que je les constate, quelques-unes des lacunes de notre organisation actuelle dans la lutte contre les gaz asphyxiants.
En premier lieu, il me paraît indispensable de trouver, an plus tôt, une solution pratique permettant l'emploi du téléphone à un homme muni de son appareil de protection.
Dans l'état actuel, en effet, le haillon à compresses étouffe la voix, de telle sorte qu'elle ne produit plus les vibrations suffisantes pour sa transmission. Quant aux appareils Draegor et à oxylithe, chacun d'eux exige que celui qui en est muni conserve constamment une embouchure entre les lèvres et les dents : il ne peut donc téléphoner. Ne pourrait-on mettre en service un appareil se rapprochant du masque allemand trouvé au bois-Zeppelin et envoyé au laboratoire municipal de Paris en octobre dernier ?
Il se compose essentiellement d'un masque en étoffe imperméable mais légère, au travers de laquelle la voix est encore assez forte et nette pour être entendue au téléphone. La respiration se fait à travers un filtre protecteur à parois métalliques, suspendu au menton et s'ouvrant dans le masque.
Dans le Draeger, l'absence de manomètre ne permet pas d'évaluer la quantité d'oxygène qui reste dans le récipient. Cette lacune expose à des surprises dangereuses, soit qu'on en ait déjà usé, soit que le robinet ait été ouvert par mégarde.
De plus, l'une des mains est à peu près complètement occupée par le maniement (d'ailleurs délicat) du robinet d'admission, de sorte que l'usage de l'appareil est impossible pour les mitrailleurs.
Ces observations visent également l'appareil à oxylithe.
Tous deux sont relativement compliqués, et leur emploi exige des précautions telles qu'ils ne peuvent être maniés que par une certaine catégorie de militaires spécialement dressés à cet effet.
24 novembre.
Au D.A.L., action réciproque d'artillerie sur le front Emberménil, Saint-Martin, assez violentes de 15 heures à 17 heures, au nord et à l'est de Reillon.
26 novembre.
Il n'y a eu d'agitation cette nuit que vers le bois Zeppelin (fusillade et grenades).
[...]
D.A.L. - Tir efficace réglé par avions sur la gare de Burthécourt. Tir de concentration sur les ouvrages allemands du bois Zeppelin ; - nous contrebattons, en outre, les batteries ennemies qui tirent dans le secteur de la Chapelotte. - Les Allemands répondent à nos tirs sur le bois Zeppelin en bombardant nos ouvrages au nord de Vého et de Reillon.
28 novembre.
A 11 heures, un avion allemand est abattu par un de nos avions de chasse au nord-est de Thezey-Saint-Martin (D.A.L.). Cet avion tombé dans les lignes allemandes est achevé à coups de canon.
Notre artillerie canonne, en outre, les ouvrages ennemis de Mailly et de Louvigny. - Les Allemands bombardent nos positions sur tout le front Emberménil, Reillon, Saint-Martin.
1er décembre.
Combat à la grenade dans le secteur de Reillon.
2 décembre.
Au D.A.L., l'artillerie allemande a montré une certaine activité dans la région de la Seille et entre la forêt de Parroy et Badonvillor, Nos batteries ont exécuté différents tirs, notamment sur un train en gare de Burthéconrt et sur un détachement d'infanterie vers Amenoncourt.
24 décembre.
Je viens d'examiner la situation des bataillons d'instruction de la classe 1916. Au D.A.L., l'installation matérielle de ces unités est satisfaisante. Elles disposent déjà de paillasses et de lits avec isolateurs pour la moitié de l'effectif.
Une installation de bains-douches fonctionne dans chacun des cantonnements et permet de donner une douche chaude à chaque homme par semaine. Chaque localité possède en outre, une petite infirmerie de 10 à 16 lits. L'état sanitaire est bon et, jusqu'à ce jour, le service médical n'a enregistré que des angines légères sans aucun caractère épidémique.
Les hommes ont une excellente altitude, une allure dégagée et saluent correctement. Au point de vue de l'instruction, les bataillons disposent de tout ce qui leur est nécessaire. Ils ont :
des champs de tir permettant aux hommes de tirer chaque semaine ;
des polygones que l'on organise en ce moment en terrain d'attaque ;
des terrains spécialement organisés pour le lancement des grenades.
Les instructeurs ont une tendance à s'appesantir sur l'instruction de détail au détriment du reste ; j'ai attiré l'attention des commandants de Groupe sur la nécessité de multiplier les exercices de combat.
21 janvier.
D.A.L.- J'ai sous les yeux un croquis des positions allemandes dans la région du bois Zeppelin, où l'on signalait depuis quelque temps des travaux importants. Or ces travaux sont plutôt défensifs : ils comprennent en effet des tranchées de seconde ligne, des boyaux de communication et des postes d'écoute poussés vers la crête.
Il n'y a là rien qui doive nous préoccuper spécialement.
Je vais aujourd'hui faire part au général en Chef, mais avec toutes les réserves qu'il mérite, d'un renseignement fourni par l'un des officiers aviateurs faits prisonniers hier à Ogéviller après leur atterrissage forcé à Flin : on disait dans son escadrille que la pièce d'Hampont était actuellement hors d'état de servir, sans préciser si cet accident était le fait de l'usure ou d'un coup heureux de notre artillerie.
Quoiqu'il en soit, nos mesures de surveillance et nos préparatifs de riposte ne se relâchent pas. Une de nos pièces de 240 a été mise hors de service au cours du bombardement violent qu'elle a subi : elle sera remplacée dans deux jours par une pièce de même calibre, qui était en batterie au bois des Railleux en vue de tirer éventuellement sur Avricourt.
31 janvier.
On ne signale quelque agitation qu'au D.A.L., où l'artillerie ennemie a violemment bombardé le cimetière d'Ancerviller. Vers 21 heures une forte patrouille allemande s'est avancée sur notre poste : elle a été facilement repoussée. Les Allemands semblent vouloir développer le goût des coups de main, que je cherche à remettre en honneur dans mes armées.
11 février.
Dans l'après-midi, je me rends, avec le général de Villaret, à Montreux, le général Démange est en tournée, mais je m'entretiens avec son chef d'Etat-Major. La nuit va venir, je ne puis aller plus loin.
12 février.
En Lorraine, la nuit a été marquée par une grande activité de patrouilles ennemies, notamment à l'est de Reillon, en forêt de Parroy, sur la Loutre-Noire, devant Letricourt et Morville.
[..]
Au D.A.L., l'artillerie allemande bombarde violemment le front Clemery, Letricourt et le secteur entre la forêt de Parroy et la Vezouse. - Tir soutenu de minenvverfer en plusieurs points et d'obus lacrymogènes sur Reillon.
13 février.
D.A.L. - L'activité de l'artillerie allemande continue sur tout le front nord-ouest jusqu'à Bures. - Dans le secteur de Reillon, tir très lent et continu à partir de 15 heures. Nous contrebattons l'artillerie ennemie et canonnons les positions allemandes à la lisière de la forêt de Bezange, vers Domèvre et vers Bréménil.
En résumé, le bombardement de la région de Reillon a été long et sévère, mais un peu incohérent et n'a pas eu le caractère d'un tir de préparation. Je prescris de retirer la batterie de 155 C pour la rendre à son régiment lourd. De même la 153e Division cesse d'être en position d'alerte.
24 février.
Au sud-est de Reillon, une reconnaissance allemande a été repoussée, ainsi que des patrouilles sur le reste du front.
[...]
En Lorraine, canonnade très violente.
Nous avons repoussé et poursuivi, dans la matinée, une patrouille ennemie qui, pourvue de cagoules blanches, tentait, à la faveur « le la neige, de s'approcher de nos positions de Saint-Martin.
1er mars.
On me signale un mouvement inaccoutumé aux gares de Dieuze, Avricourt et Château-Salins. je fais tirer sur ces gares et je signale au général en Chef qu'il peut s'agir de l'enlèvement de la 58e Division allemande. Il y aurait, en tout cas, intérêt à bombarder le noeud de Bensdorf pour gêner le courant.
29 mars.
Nuit peu agitée, sauf dans le secteur de Reillon.
|