Gazette des Ardennes
N° 15 - 22 janvier 1915
Comme nous l'avions dit: le «
Journal de Genève » a publié le rapport officiel français sur
les méfaits allemands. Le même journal qui, bien que paraissant
dans un pays neutre, n'a jamais dissimulé ses sympathies pour
les Alliés et qui, au contraire est fort germanophobe, respecte,
cette fois, ses devoirs de journal neutre et publie la réponse
officielle allemande que voici:
Suivant un télégramme de Paris, M. Viviani, président du
Conseil, a annoncé, dans le Conseil des Ministres du 9 janvier,
un rapport de la Commission d'enquête sur les violations du
droit des gens commises par les Allemands, rapport qui doit être
imprimé à plusieurs centaines de mille exemplaires et qui sera
mis à la disposition des neutres.
Autant qu'on peut en juger jusqu'ici, d'après la publication
française, ce rapport n'est, d'un bout à l'autre, qu'un amas de
calomnies les plus viles, entièrement dénuées de fondement, dont
l'unique but est de déchainer la haine et d'exciter le peuple
contre l'invasion allemande
1° Quand l'on reproche aux Allemands des meurtres, des actes de
pillage, d'incendie et de violence, commis sur des femmes, en
formulant ces reproches d'une manière générale et sans
mentionner exactement la date, le lieu, les coupables et les
preuves, il s'agit manifestement d'éveiller l'impression que les
Allemands, dans leur marche victorieuse, avaient coutume de
commettre systématiquement de telles atrocités.
Au contraire, il est établi que le commandement a su faire
régner, par tous les moyens, et avec un sens péremptoire,
l'empire sur soi-même et la stricte observation des règles du
droit de la guerre sur tous les théâtres de la guerre. Par
conséquent, le gouvernement français et la presse dirigée et
influencée par lui, laquelle ne craint pas de faire passer les
chefs allemands pour les complices et les instigateurs des
atrocités, méritent d'être qualifiés de menteurs.
2° Dans la mesure où, du côté français, on a consenti,
jusqu'ici, à citer des cas isolés, le gouvernement allemand a
naturellement fait ouvrir une enquête sérieuse et approfondie
dont on peut attendre le résultat avec calme, en ayant une
entière confiance dans le caractère allemand, et dont le
résultat sera publié. Toutefois on peut, aujourd'hui déjà,
réfuter un de ces cas. Il s'agit du cas de Lunéville, où on
accuse le commandement allemand d'avoir fait brûler sans motif
70 bâtiments.
Si le gouvernement français avait trouvé bon de faire des
recherches objectives sur les causes du châtiment infligé à
Lunéville, il se serait épargné le reproche de mensonge et de
légèreté que l'on doit lui faire en raison de sa conduite
actuelle. Il aurait, alors pu constater que, le 25 août 1914, à
6 heures après midi, après l'occupation de la ville par les
Allemands, la population indigène n'a pas craint d'assaillir
soudainement et traitreusement, en tirant des fenêtres et des
lucarnes des maisons du voisinage, sur l'hôpital militaire, où
se trouvaient de nombreux prisonniers sans défense. Le feu a
duré pendant une heure et demie sans interruption et a été
entretenu uniquement par des civils, car il n'y avait pas, à ce
moment, de Français en uniforme à Lunéville.
Le jour suivant également, les troupes victorieuses ont été
accueilles de la même façon par une fusillade partant des
maisons.
Ces faits, sont établis sans conteste et objectivement par les
dépositions, faites sous serment, de nombreux témoins.
La réponse allemande continue.
D'ailleurs il convient de reprocher aussi au gouvernement
français la façon dont les troupes françaises elles-mêmes se
conduisent dans leur propre pays. Ce sont elles qui ont pillé et
volé et non pas les Allemands, à qui le gouvernement français
adresse ce reproche sans motif. Leurs propres compatriotes, ont
déposé de façon digne de foi que des soldats et des civils
français ont, dans leur propre pays, pillé sans scrupule des
châteaux et des maisons à Fontaines, près de Belfort. à
Rambervillers, à Attigny, à Villers-devant-Merriètes, à Vivaisse,
à Crécy, à Thugny et a Moy. Ce ne sont pas les Allemands qui
sont responsables de ces crimes. Au contraire, dans de nombreux
cas, des témoins français irrécusables ont vanté la bonne
conduite, la décence et la sévère discipline morale des
Allemands.
Le reproche inexact de meurtre adressé aux troupes allemandes
retombe également avec un poids terrible sur leurs
calomniateurs.
Rappelons seulement ici que les Français, sur les champs de
bataille, ont bestialement mutilé et massacré des blessés
allemands dans des cas extrêmement nombreux. Il est prouvé
souvent qu'il s'est produit des cas où des soldats français ont
cruellement tué des blessés allemands sans défense en les
assommant à coups de baïonnette dans le corps, dans la tète,
dans les yeux, à coups de crosse, en leur coupant la gorge ou en
commettant d'autres atrocités. Des blessés ont été enfermés ou
attachés à des arbres ou à des poteaux, des soldats hors de
combat fusillés à bout portant, des troupes sanitaires
assassinées par surprise; les parties génitales coupées, les
ventres ouverts, les yeux crevés, les oreilles coupées, les
blessés cloués en terre, les nombreux blessés et morts qui ont
été dépouillées, voilà tout autant d'atrocités dont l'existence
est prouvée partout où les troupes françaises se sont battues et
qui attestent avec éloquence de quel coté il faut chercher les
profanateurs de la civilisation et de la morale.
Tous les actes honteux commis par les troupes françaises et qui
viennent d'être mentionnés sont confirmés par des personnages
qui ont déposé sous la foi du serment et seront un jour livrés à
la publicité.
Mais, en dehors du tumulte de la bataille, les organes du
gouvernement français se sont aussi rendus coupables
d'assassinats, à l'abri de prisons silencieuses. C' est ainsi
qu'en août 1914, des prisonniers de guerre allemands ont été,
dans la prison de Montbéliard, grossièrement et cruellement
mutilés et ensuite assommés complètement par des gendarmes. Dans
d'autres cas, des hordes d'une soldatesque française pillarde
ont assailli l'agence postale de Nieder-Sulzbach, ont fait
prisonniers les membres de la famille du postier, les ont
traités indignement et cruellement et ont jeté au bas des
escaliers le postier infirme et âgé de 68 ans. Ce dernier a été
aussi brutalisé par son gardien dans la prison de Belfort, foulé
aux pieds et tellement roué de coups qu'il est mort
misérablement dans la nuit du 17 août 1914. Ces faits sont
également attestés par des témoins oculaires qui ont déposé sous
la foi du serment.
Si, en outre, on tient compte du traitement, ignominieux,
indigne d'une nation civilisée et contraire au droit des gens,
qui a été infligé au personnel sanitaire allemand, qui a eu le
malheur de tomber entre les mains des Français à Bourget,
Fougères, Sainte-Menehould, Vitry-le-François, Saint-Yriex,
Péronne, Soleux, Vincennes, Lyon, Amiens, Bordeaux,
Clermont-Ferrand et autres endroits, si l'on considère encore le
traitement cruel et affligeant que subissent les prisonniers de
guerre à Périgueux, Granville, Puy-de-Dôme, Pont-Gazon,
Fougères, Castres, Mont-Louis et dans d'autres camps de
prisonniers, si l'on pense enfin à l'emploi des balles dum-dum.
les plus dangereuses, sur presque toutes les parties des lignes
françaises, emploi voulu et approuvé par le commandement de
l'armée française, il faut refuser au gouvernement français le
droit de lancer des accusations générales et d'éveiller des
soupçons contre la manière dont les Allemands font la guerre.
Nous avons déjà donné à nos lecteurs quelques lignes de ce
rapport qui se rapportent aux provinces occupées.
Qu'ils jugent eux-mêmes, où se trouvent les menteurs ! |