Indemnités aux émigrés
pour la vente des biens
nationaux
Département des
Vosges. Documents relatifs à la vente des biens
nationaux
Léon SCHWAB
Ed. Epinal, 1911
CHAPITRE IV
INDEMNITÉS ACCORDÉES AUX ÉMIGRÉS DU DEPARTEMENT DES
VOSGES
EN EXÉCUTION DE LA LOI DU 27 AVRIL 1825.
Les cartons ou registres concernant
les émigrés sont au nombre de 71 aux Archives
départementales des Vosges ; ils sont classés dans la
série Q, de 11 Q 1 à 11 Q 71. Il existe, en outre,
relativement aux émigrés, un grand nombre de documents
non classés, provenant du versement effectué en 1898 par
l'administration des Domaines.
Le nombre des demandes en indemnité présentées et
enregistrées à la préfecture, au 31 décembre 1826, est
de 423. Il ne s'en est plus présenté après cette date,
constatation faite à la clôture du registre
d'inscription, le 1er octobre 1829. Sur ces 423
demandes, six furent rejetées comme faisant double
emploi, et une fut renvoyée au département de la Meurthe
; 416 furent retenues et adressées au ministère, en
exécution de l'art. 38 de l'ordonnance du Roi du 1er mai
1825. Le nombre des réclamations pour lésion, formées en
exécution de l'art. 34 de la même ordonnance, fut de 33.
(Arch. dép. 11 Q 64).
Sur les 416 demandes retenues, un certain nombre
n'eurent pas de suite; elles furent rejetées comme étant
injustifiées, comme faisant double emploi, ou comma
s'appliquant à des biens de première origine, vendus
comme tels, il en fut ainsi, par exemple, des
réclamations présentées par trente-deux fabriques
paroissiales, par les hôpitaux de Neufchâteau et de
Rambervillers, par les héritiers des fermiers généraux.
Nous n'avons relevé, pour le département des Vosges, que
310 indemnités accordées. En fait, le nombre en est
légèrement plus élevé ; mais nous avons groupé sous le
même numéro, chaque fois que cela a été possible sans
confusion, les indemnités provenant du même chef, mais
ayant fait l'objet de demandes séparées de la part de
différents ayants droit.
Nous nous sommes servi tout particulièrement du registre
des demandes en indemnité (Arch. dép. 11 Q 65), ouvert
le 5 mai 1825, à la Préfecture des Vosges. Il constate
l'époque de la présentation des demandes ; il est clos,
en ce qui concerne la présentation, le 3 mai 1827, mais
il suit les demandes jusqu'à leur liquidation définitive
par la Commission. Nous avons eu également recours aux
différents documents non classés des Archives
départementales.
Les bordereaux d'indemnités, dressés par la direction
générale de l'Enregistrement et des Domaines,
comprennent les nom, prénoms, qualités et demeure de
l'ancien propriétaire, tels qu'ils sont indiqués dans
les actes d'aliénation, lis sont divisés en quatre
chapitres.
Le premier chapitre a trait aux aliénations faites par
l'Etat des biens-fonds dans la possession desquels
l'ancien propriétaire n'est pas rentré. Il est partagé
en deux sections. - Première section : Biens-fonds
aliénés en vertu de la loi du 12 prairial an III, et des
lois ou décrets postérieurs, qui ordonnaient la
recherche et l'indication préalable du revenu de 1790;
le capital est formé de dix-huit fois ce revenu. -
Deuxième section : Biens-fonds vendus en exécution des
lois antérieures à celle du 12 prairial an III, qui ne
prescrivaient qu'une simple estimation préalable.
Le deuxième chapitre a trait aux aliénations de
biens-fonds dans la possession desquels l'ancien
propriétaire est rentré en les acquérant de l'Etat,
directement ou par personnes interposées (les
ascendants, descendants ou femme de l'ancien
propriétaire sont réputés personnes interposées).
Le troisième chapitre a trait aux aliénations faites par
l'Etat des biens-fonds dans la possession desquels
l'ancien propriétaire est rentré en les rachetant à des
tiers, soit directement, soit par personnes interposées.
Il est partagé en trois sections. - Première section :
Biens- fonds rachetés à des tiers par l'ancien
propriétaire, et pour lesquels l'indemnité doit être
égale aux valeurs réelles que l'ancien propriétaire a
justifié avoir payées aux tiers pour prix du rachat,
attendu que ces valeurs n'excèdent pas l'indemnité
déterminée par l'article 2 de la loi. - Deuxième Section
: Biens-fonds rachetés à des tiers par l'ancien
propriétaire, et pour lesquels l'indemnité doit être
liquidée conformément à l'article 2 de la loi, attendu
que le prix du rachat excède l'indemnité déterminée par
cet article. - Troisième Section : Biens-fonds rachetés
à des tiers par l'ancien propriétaire, et pour lesquels
l'indemnité doit être égale aux valeurs réelles formant
le prix payé à l'Etat, attendu que les justifications
prescrites par l'article 4 de la loi n'ont pas été
faites.
Le quatrième chapitre a trait aux concessions de
biens-fonds faites par l'Etat, soit gratuitement ou à
titre onéreux, aux hospices et autres établissements
publics, soit gratuitement à des particuliers.
Avant d'opérer le paiement de l'indemnité, on avait
effectué la déduction des dettes et des soultes payées à
la décharge du propriétaire dépossédé, des sommes
provenant de reliquats de décompte remis à l'ancien
propriétaire ou à ses représentants, en exécution de la
loi du 5 décembre 1814, en un mot de tout ce qui
diminuait sa créance.
Le prix des ventes, indiqué en assignats, est réduit en
numéraire, au cours du jour des ventes, d'après le
tableau de dépréciation des assignats, arrêté
conformément à la loi du 5 messidor an V, dans le
département où sont situés les biens vendus.
Le montant du capital est formé de 18 fois le revenu de
1790, tel qu'il a été constaté par les procès-verbaux
d'expertise ou par les actes d'aliénation.
la date indiquée à la suite de chaque indemnité est
celle de la transmission au ministre de la liquidation
par la Commission.
[...]
139. François (Joseph-Sigisbert), ancien chanoine de
Saint-Dié; ayants droit: Gabriel-Antoine François,
contrôleur des contributions directes à Nancy ; -
Madelaine François, à Nancy ; - Françoise-Scholastique
François, majeure interdite ; - Pierre Mathis de
Grandseille, à Blâmont : - Marie-Joseph Mathis de
Grandseille, à Blâmont : - Marie Mathis de Grandseille,
héritiers du propriétaire dépossédé : montant brut de
l'indemnité : 4.256 francs ; passif à déduire : 709 fr.
34, soit net 3.546 fr. 66 en capital ; 106 francs de
rente. - 19 février 1827.
[...]
163. Guillot (Joseph), curé de Blâmont, prêtre déporté ;
ayants droit : Marie Guillot, veuve Bourguignon, à
Soulaucourt ; - les représentants de Marguerite Guillot,
épouse de Jean Heuraux, marchand à Mirecourt, soeur,
neveux et petits-neveux du propriétaire dépossédé :
8.195 fr. 33 en capital; 246 francs de rente. - 19 juin
1826.
[...]
184. Humbert de Lalomont (Marc-Antoine), Humbert de
Tonnoy (Charles-Hyacinthe), Humbert de Tonnoy
(Joseph-Louis-Antoine) ; ayants droit : Charlotte d'Heugel,
veuve Bogard, à Neuchâteau ; - Georges Humbert de Tonnoy
de Sandrouville, à Cahagualles (Calvados) : - de
Klopstein, née baronne de Chatillon, à Blâmont ; -
Hyacinthe Humbert, à Nancy ; - de Sarrazin, à Metz ; -
Humbert de Tonnoy, à Pont-Saint-Vincent ; - Anne de
Feydeau, épouse de François Lefebvre de Saint-Germain,
maire de Villers-les-Nancy ; - Charles de Sarrazin,
horloger à Paris;- Joséphine de Sarrazin, propriétaire
dépossédé et héritiers des propriétaires dépossédés ;
montant brut de l'indemnité : 26.543 fr. 07 ; passif à
déduire: 4.178 fr. 08, soit net 22.364 fr. 99 en
capital; ? de rente.. |