Père Quirin
Gillot, précepteur des petits fils d'Ambroise Régnier
Histoire des fiefs et principaux villages de la
seigneurie de Commercy
Tome Ier
Ed. Nancy 1856
Charles Emmanuel Dumont
Abbaye de Rengéval
[...]
Les religieux
présents à ce moment [novembre 1790] étaient: F.
Mercier, Prieur, curé d'Euville; Nicolas Chardart,
procureur; Dieudonné Lemoine, administrateur de la cure
et professeur; Pierre Florentin, célérier; François
Lefèvre, Quirin Gillot, Hubert Pâris, Prieur de
Saint-Joseph; plus un frère François et un frère Michel.
[...] Consultés, au désir de la loi, sur leurs
intentions, cinq de ces religieux demandèrent à rentrer
dans le monde et deux seulement eurent la confiance de
croire qu'ils ne pouvaient être expropriés de leurs
biens ni déliés de leurs voeux. Après quelques mois
d'incertitudes et de découragements pour les uns et les
autres, l'heure fatale de l'expulsion générale sonna
pour tous, et Rengéval, confisqué, fut mis à l'encan.
[...] Le sort des moines de Rengéval différa peu de
celui de leurs confrères de la Lorraine. Ne sachant où
se gîter, ils se rendirent à Pont-à-Mousson, qu'ils
habitèrent quelque temps, après quoi chacun d'eux,
n'écoutant plus que les conseils de la nécessité,
disparut et se tira d'affaire comme il le put.
[...]
Le P. Gillot (*) eut la chance d'entrer chez M. Thiry,
gendre du grand-juge Régnier, duc de Massa, pour prendre
soin de l'instruction de ses fils. Suivant la tendance
de l'époque, le père ne voulait pas que l'on parlât
religion à ses enfants, et, par une apparente
contradiction, il prenait un religieux; c'était alors,
on doit le croire, le moyen le plus assuré d'atteindre
ce but. Le P. Gillot, en effet, n'enfreignit pas la
recommandation, mais, à son honneur, il laissa dans
l'esprit de ses élèves, aujourd'hui tous deux généraux
d'artillerie (**), les meilleurs souvenirs de sa bonté,
de sa gaité, même de sa chasteté. Il avait au couvent la
renommée d'être fort savant dans l'art de bien boire
(1), ce qui avait donné lieu à plusieurs jeux de mots
sur son compte; aussi ses confrères furent-ils étonnés,
pour ne pas dire plus, quand ils le virent élevé à la
cure cantonale de Réchicourt, tandis qu'eux, bien plus
capables, à leur avis, n'obtenaient qu'à grand'peine de
petites succursales. Le P. Gillot se fit aimer dans ses
nouvelles et dernières fonctions, où il se plaisait,
comme ses prédécesseurs, à couronner des rosières. Il
mourut le 11 avril 1836 et fut enterré sous le porche de
son église, laissant à Réchicourt la réputation d'un bon
homme et à Blâmont celle d'une haute capacité....
bachique.
(1) Sa provision en vin choisi de Blâmont était
invariablement d'un hectolitre par mois.
(*) NDLR : Quirin
GILLOT, né le 17 septembre 1765 à Badménil (Vosges).
Ordonné le 19 septembre 1789. Curé à Réchicourt-le-Château
le 20 janvier 1803. Mort le 11 avril 1836.
(**) NDLR : Charles Ambroise THIRY (1791-1868) et
François Augustin THIRY (1794-1865), fils de Francois
MANSUY THIRY (1765-1854) et Charlotte RÉGNIER de MASSA
(1775-1856) |