5 janvier 1927
REILLON
Mort subite.- M. Albert Jacquet, cultivateur, se rendant, le 1er
janvier, chez son oncle Joseph Jacquot, 71 ans, trouva la porte
fermée. Il pénétra dans la maison. Son oncle était mort dans la
cave.
M. Joseph Jacquot souffrait d'une hernie double. M. le docteur
Collot a conclu à une mort naturelle. 6 janvier 1927
CHAZELLES
Mise au point. - Nous avons relaté qu'une plainte avait été
portée par M. Flauss à qui on avait enlevé un piège à fouine.
M. Dussaulx Henri qui avait enlevé ce piège nous indique les
motifs qui l'ont fait agir : son chat s'étant fait prendre dans
ledit piège. Mais M. Dussaulx nous fait également connaître
qu'ayant remis immédiatement l'objet à son propriétaire,
celui-ci a retiré sa plainte.
Tout est bien qui finit bien. 10 janvier 1927
Un escroc italien opère à Ogéviller
IL EST ARRÊTÉ A BAR-LE-DUC
Bar-le-Duc, 9 janvier. - Il y a quelque temps déjà, après de
multiples et bizarres voyages à travers la France et la
Belgique, un Italien disant se nommer François-René-Serge-Jean
de Roudi, fils d'un colonel de l'armée royale, ancien élève de
l'Ecole polytechnique romaine, ingénieur et capitaine aviateur,
disant également être un admirateur de Mussolini et un de ses
agents de renseignements en France, venait travailler à
Ogéviller (M.-et-M.) comme peintre-décorateur. Que nous voici
donc loin de l'Ecole Polytechnique et de l'aviation !
Cependant, peu après, notre homme proposait à M. Rony,
mécanicien à Ogéviller, de lui faire obtenir un brevet
d'invention pour une machine à peler l'osier (!). M. Rouy
accepta et remit à l'inventeur ou plutôt au pseudo-inventeur,
d'abord une bicyclette, ensuite une somme de 400 francs pour se
rendre à Paris.
Or, à quelques jours de là, M. Rouy recevait un télégramme daté
de Bar-le-Duc et par lequel de Roudi lui faisait connaître
qu'ayant manqué l'affaire à Paris, il lui fallait aller à
Villefranche-sur-Saône, et pour cela recevoir un mandat
télégraphique de 300 francs.
C'est ce qui ouvrit enfin les yeux du mécanicien, qui se décida
à prévenir les gendarmes de Blâmont. Ceux-ci avertirent
téléphoniquement leurs collègues de Bar-le-Duc, et quand, dans
l'après-midi, l'Italien revint au bureau de poste pour y
percevoir le mandat qu'il attendait, il fut promptement cueilli
et emmené à la gendarmerie.
Il prit d'ailleurs la chose de haut, soutenant qu'il était
parfaitement dans son droit et se prévalant des titres et
qualités énumérés ci-dessus. On va s'efforcer de savoir à qui
l'on a réellement affaire. 22 janvier 1927
Henri Dussaulx, 34 ans, cultivateur à Chazelles, est condamné à
16 francs d'amende avec sursis pour avoir enlevé un piège à
fouine tendu par M. Paul Flauss.
M. Dussaulx avait agi ainsi parce qu'un de ses chats était
disparu depuis quelques jours, étranglé supposait-il, par ce
piège. 13 février 1927
TRIBUNAL CORRECTIONNEL
Acquittement. - André Redelberg, 30 ans, et Léon Redelberg, 27
ans. manoeuvres à Barbas, étaient poursuivis sous l'inculpation
d'avoir dérobé une certaine quantité de ferraille au préjudice
de l'entreprise de récupération Oréfice.
Les inculpes expliquent qu'ayant démoli des abris de guerre
appartenant à différents propriétaires de Barbas, ils reçurent
la ferraille comme rémunération de leur peine. Ils sont en
conséquence acquittés de l'inculpation dirigée contre eux. Mais
André Redelberg ayant été trouvé possesseur dans son atelier de
maréchalerie de plusieurs grenades allemandes, est condamné à 16
francs d'amende. 20 février 1927
MONTREUX
Procès-verbal. - Un procès-verbal a été dressé contre M. Georges
Gondrexon, cultivateur, pour défaut de lanterne à son vélo. 22 février 1927
BLAMONT
Contravention. - Les gendarmes ont verbalisé contre M. Gouget
Charles, cultivateur, pour avoir laissé ses chevaux en liberté,
HERBÉVILLER
Fâcheux oubli. - L'autre jour une dame d'Herbéviller se trouvant
dans l'obligation de sortir de chez elle et de laisser pendant
quelque temps sa maison seule, eut la fâcheuse idée de cacher de
portefeuille, contenant, l'argent liquide du ménage, dans le
coffre de sa cuisinière. Là, au moins, se dit-elle, si un
cambrioleur vient pendant mon absence, il ne trouvera pas nos
sous.
En rentrant chez -elle, elle ne pensait plus au portefeuille.
Comme il faisait froid, elle alluma un bon feu dans la
cuisinière. Et ce qui devait arriver arriva. Son attention ayant
été attirée par une âcre odeur de brûlé et une épaisse fumée
emplissant sa cuisine, elle crut à un commencement d'incendie.
Mais elle se rappela soudain la présence du portefeuille dans le
coffre de la cuisinière. Il était trop tard, lorsqu'elle ouvrit
le coffre, le portefeuille et son contenu, soit 2.500 fr.,
étaient carbonisés.
Mme X... jura, mais un peu tard.... 23 février 1927
MONTREUX
Procès-verbal. - Un procès-verbal a été dressé contre M. Georges
Gondrexon, cultivateur, pour défaut de lanterne à son vélo. 2 mars 1927
BLAMONT
Les autos.- Les gendarmes ont verbalisé contre Emile Klein,
chauffeur à Moussey, pour Insuffisance d'éclairage de sa
camionnette et contre Louis Bernhard, chauffeur à Avricourt,
pour défaut de feu rouge.
LEINTREY
Quête. - Une quête faite à la mairie lors du mariage de M.
Edouard Gadat avec Mlle Léa Dieudonné, a produit la somme de 54
fr. 40. Cette somme a été remise à M. le maire au profit du
monument aux morts. 24 mars 1927
BLAMONT
Plainte. - M. Durand Adrien, garde particulier, a porté plainte
au nom de M. d'Hausen, son patron, contre M. A., pour vol de
plants forestiers.
Les fêtes de dimanche. - Quelques nouvelles indiscrétions sont
venue nous confirmer le succès que doivent remporter dimanche
prochain les fêtes offertes à la population blâmontaise et des
environs par l'U.S.B.
C'est ainsi que des jeunes gens de Gogney, MM. E. Vouaux et J.
Gérardin, descendront la Voise, sur leur bateau la « Mousmé »
pour participer à notre cavalcade. M. de Turckeim doit nous
présenter le char de la Pouponnière, digne de tous les éloges;
la T.S.F, sera aussi des nôtres et un de nos plus sympathique
concitoyens nous fera entendre pendant tout le défilé les
concerts de Londres, Paris, Rome, etc.; un de nos plus réputés
garagistes (celui qui va à la chasse avec un réveille) va nous
sortir, mais chut... Enfin les dévoués jeunes hommes de l'U.S.B.
confectionnent depuis un mois un de ces vaisseaux qui pourra
voguer ensuite sur le magnifique étang de Bon-Accueil. D'autres
chars encore, tous de plus en plus jolis, se joindront au
cortège, chargés d'enfants aux habits multicolores. D'autres
attractions figurent encore au programme et le comité de l'U.S.B.
espère que tous ceux qui s'intéressent à son développement
assisteront à cette magnifique fête qui laissera à tous un
souvenir inoubliable.
N. B. - Nous rappelons que des chars seront sur la place Carnot,
à partir de 13 h. 30, à la disposition des mamans qui voudront
travestir leurs enfants
DOMÊVRE-SUR-VEZOUZE
Procès-verbaux. - Les gendarmes ont verbalisé contre Léon Koch,
brocanteur à Dieuze, pour défaut de registre de brocanteur et
pour numéro illisible de sa voiture automobile.
REPAIX
Contraventions. - Plusieurs contraventions ont été relevées
contre M. Laurent Louis, garagiste, pour défaut de récépissé de
déclaration et de plaque d'identité à sa moto; pour défaut de
permis de circulation et pour excès de vitesse. 28 avril 1927
BLAMONT
L'ivresse. - Jules Hanau, manoeuvre, sera poursuivi pour tapage
injurieux sur la voie publique. Un procès-verbal lui a été
dressé en outre pour ivresse publique et manifeste.
FREMONVILLE
Fermeture tardive. - Un procès-verbal a été dressé contre Mme
Poiré Auguste débitante, pour fermeture tardive de son
établissement.
Outrages. - Claude Edmond, manoeuvre, sera poursuivi pour avoir
tenu des propos outrageants envers la gendarmerie.
GONDREXON
Coups. - Au cours d une discussion M. Hesse Claude, cultivateur,
a été frappé de plusieurs coups de poing par Henry Georges, 26
ans, cultivateur. M. Hesse a porté plainte à la gendarmerie pour
coups et violences 9 mai 1927
L'abbé Grégoire et nous
Dans la « Revue juive en Lorraine », notre concitoyen, M. Paul
Lang, consacre sous ce titre un article à l'abbé Grégoire.
« Sans aller bien loin, écrit-il, autour de moi, à Lunéville, à
quelques kilomètres de Vého, où naquit l'ancien conventionnel, à
quatre lieues d'Emberménil, d'où il partit siéger aux Etats
généraux, combien de nos coreligionnaires pensent encore à
l'abbé Grégoire ?
« Combien d'entre eux, traversant la calme et paisible place des
Carmes, donnent seulement un regard à celui qui fut leur grand
ami et leur défenseur ?
« Pauvre abbé Grégoire ! Fidèle jusqu'à la mort à ton serment
constitutionnel, chassé de l'Institut par le retour de la
royauté, exclu de la Chambre des députés par Louis XVIII, tu es
revenu avec la République dans ton petit coin de Lorraine. Mais
tu n'as jamais l'aumône d'une visite reconnaissante ! Et depuis
le centenaire de la proclamation de la République, en 1892,
aucune délégation, aucun corps constitué ne sont venus
t'apporter le moindre salut.
« C'est cette regrettable omission qu'il ne tient qu'à nous de
réparer. »
Pour la réparer, poursuit M. Paul. Lang, c'est facile.
« Nul besoin de comité grandiloquent. Nul besoin de grands
personnages. Non, l'abbé Grégoire, le petit curé d'Emberménil,
le défenseur de tous les opprimés, juifs, nègres, esclaves, n'a
pas besoin d'un hommage tumultueux
« C'est à la jeunesse qu'il nous faut faire appel. Que tous les
ans, le 27 septembre, au jour anniversaire où l'Assemblée
constituante déclarait abolies toutes les lois d'exception
relatives aux juifs, les Jeunesses israélites de l'Est viennent
à Lunéville, place des Carmes.
« Une cérémonie toute simple. Quelques délégués. Quelques
phrases reconnaissantes. Quelques fleurs.
« Ne serais-ce pas là l'hommage le plus délicat et le plus
charmant ? Ne serait-ce pas là la preuve tangible et excellente
que les juifs ne sont pas des ingrats ?
« Une réunion, partout où cela serait possible, pourrait
également avoir lieu. Nous célébrons bien tous les ans le
miracle d'Esther. Pourquoi ne célébrerions-nous pas de même,
sous une forme nullement religieuse, bien entendu, la date
immortelle de notre libération politique ? »
Après des considérations sur la situation qui était faite aux
juifs avant la Révolution, sur la victoire politique et morale
de 1789, M. Paul Lang conclus « en demandant aux juifs de
Lorraine de se souvenir, mais de se souvenir sans haine, avec
bonté, en gardant parfois une de leurs pensées pour le petit
curé lorrain à qui ils doivent leur liberté ». 29 mai 1927
Le charcutier du grand juge
« L'Est Illustré » qui vient de paraître publie une intéressante
et pittoresque étude de M. Louis Sadoul sur la vie judiciaire en
Lorraine sous la Révolution et le Premier Empire.
Dans ce récit, qui est intitulé « Des parlements aux cours
d'appel », M. Louis Sadoul évoque de nombreuses figures de
magistrats et d'avocats de l'époque.
Il rappelle notamment cette anecdote au sujet de Claude-Ambroise
Regnier, originaire de Blâmont, qui fut avocat à Nancy puis
député aux Etats Généraux et qui devint membre du conseil
d'Etat, grand juge et ministre de la justice de 1802 à 1813.
Le 15 août 1809, un décret de Napoléon lui conféra le titre de
duc de Massa di Carrara. Au sommet des honneurs, le grand juge
n'oublia pas Nancy.
« Le duc de Massa - dit M. Sadoul - avait un petit défaut, il
était gourmand et, comme tous les Lorrains, il adorait la
charcuterie. Boniface Ruch, charcutier à Nancy, rue
Saint-Georges, avait alors la spécialité des fines andouilles ;
toutes les semaines, il expédiait la plus belle par courrier
spécial à la place Vendôme. Le ministre n'aimait pas à dîner
seul et, pour faire fête à l'andouille, il conviait volontiers
deux amateurs, ses amis, magistrats de la cour suprême,
Brillat-Savarin, le futur auteur de la physiologie du goût, et
le Meusien Henrion de Pansey, celui qui avait dit un jour à
Laplace que la confection d'un mets nouveau faisait plus pour le
bonheur de l'humanité que la découverte d'une étoile. De
celles-ci, avait-il ajouté, on en voyait toujours assez. Le
savant ne prit pas la boutade au sérieux, il savait le
conseiller très taquin.
Très fier, et à. juste titre, de son illustre clientèle, le
charcutier Ruch voulut s'imposer à ses concurrents ; sur sa
boutique, il fit peindre une enseigne : « A l'andouille du grand
juge ».
Celui-ci s'en amusa beaucoup et continua ses commandes. A la
Restauration, une police soupçonneuse fit effacer la réclame qui
rappelait trop à son gré les souvenirs du régime déchu ».
« L'Est Illustré » est en vente chez tous les dépositaires de
journaux. Le numéro, 0 fr. 50. 18 juin 1927
BLAMONT
Conférence- Il est rappelé que la conférence de M. Pierre
Bouissou, avocat à la cour d'appel de Paris, sur le sujet : «
Pour supprimer ce crime, la guerre », aura lieu dimanche
prochain 19 juin, à 11 heures, à l'hôtel de ville.
Concert - Dimanche dernier, dans l'après-midi, la jeune fanfare
de Val-et-Châtillon, sous la conduite du sympathique adjoint au
maire M Canot, et sous l'habile direction de son chef M.
Caillot, donna à la population blâmontaise un concert des mieux
réussis.
Tous les plus jolis morceaux de son répertoire furent exécutés
avec brio, à la grande satisfaction de tous. Le fameux pas
redoublé « Paris-Belfort », qui marqua la clôture, réveille,
nous en sommes sûrs, plus d'un souvenir dans l'esprit des
anciens « biffins ». M. Kretz, violoniste et membre honoraire de
la Société musicale « la Blâmontaise », offrit un superbe
bouquet au chef de musique, que M. Labourel, maire de Blâmont,
tint à remercier et à féliciter.
La population de Blâmont ne ménagea pas ses applaudissements, ce
qui prouve que bon accueil fut fait à cette jeune et distinguée
société.
Le tir.- En raison des travaux de la fenaison et de l'ouverture
de la pèche, la séance de tir du dimanche 19 juin n'aura pas
lieu. 5 juillet 1927
L'INDÉPENDANCE DAY
La fête sportive et l'inauguration du Stade de Blâmont
Nous avons revu dimanche matin, à Blâmont, le même délicieux
paysage que le stand des Marmottes nous avait révélé il y a
trois ans, à peu près à pareille époque, lors de son
inauguration.
Ce jour-là, le soleil resplendissait d'un Incomparable éclat.
Avant-hier, au contraire, il prolongeait une bouderie obstinée.
Mais, peut-être, était-ce, dans une atmosphère synthétique, un
aspect plus lorrain qui apparaissait à nos regards ravis.
Le panorama que l'on découvre des terrasses fleuries du stand
est, vraiment, un des plus nobles de notre pays.
Au premier plan, c'est Blâmont, la vieille ville au glorieux et
tumultueux passé ; Blâmont avec les hautes ruines dominantes du
château de la reine Christine de Danemark et du duc François,
qui s'enlèvent dans la grisaille des nuages indisciplinés; avec
les tourelles chapeautées d'ardoises de l'ancien château Burrus
et les deux tours élégamment effilées de sa belle église.
Derrière, dans les bois qui ceinturent l'horizon, les façades
ressuscitées du château Sainte-Marie et du Clos Saint-Pierre ;
autour de nous, la verdure neuve des vergers et leurs promesses
drues...
Dans le stand, les détonations font mugir les échos, quand M.
Taviani, sous-préfet de Lunéville ; M. le général Ménettrier,
commandant le groupe de subdivisions n° 1 du 20e corps d'armée;
et M. Dominique Audier, conseiller général, font leur entrée.
C'est le docteur Henriot qui, avec sa coutumière amabilité, les
reçoit. Bientôt après, arrivent M. de Turckheim, conseil général
de Blâmont, et M. le commandant-major Hallay, attaché à
l'ambassade des Etats-Unis.
A ce moment, sont réunis à l'entrée du stand tous les membres du
conseil d'administration de la Société de tir et plusieurs
personnalités de l'arrondissement, au nombre desquelles nous
remarquons MM. Labourel, maire de Blâmont; le docteur Kahn,
président de l'U. S. L.; les capitaines Beaudouin et Cambier ;
Fournier, maire de Badonviller ; Adam, conseiller
d'arrondissement ; Caen; Lahoussaye; Weill; Martin; René
Chambrey; Lange; Nô; Batho, Goll; Vaganay. etc.
Le docteur Henriot reçoit avec une touchante effusion le
représentant des Etats-Unis qu'il présente aux diverses
personnalités. En termes heureux, rehaussés d'un piment
d'originalité savoureuse, le président de la Société de tir dit
à son hôte étranger : « Vous êtes ici chez vous. Monsieur le
commandant, comme vous serez chez vous à Bon-Accueil. C'est
grâce à l'aide précieuse de la Croix-Rouge américaine qu'ont pu
se constituer et ce champ de tir et aussi la villa somptueuse
que vous allez visiter tout à l'heure...
Le docteur Henriot demande au commandant Hallay s'il ne désire
pas participer au tir d'honneur. Sur la réponse aimablement
négative de ce dernier, le docteur Henriot réplique :
« Vous ne tirez pas... C'est parfait. Mol non plus, d'ailleurs.
Je suis président de la Société de tir et je n'ai jamais touché
un fusil... ». C'est une boutade, évidemment. Mais lancée, avec
ce mélange de sérieux et de désinvolture qui est la marqué du M.
Henriot, la boutade vaut son pesant de tarte aux mirabelles.
Le tir d'honneur terminé, on redescend en automobile à Blâmont.
Les voitures s'arrêtent dans la cour du Bon-Accueil dont la
grande porte est pavoisée de drapeaux tricolores et de drapeaux
étoiles de la République américaine.
Nous avons souvent décrit Bon-Accueil dans ses parties diverses
et son ensemble charmant. Nous n'insisterons pas sur la visite
détaillée qu'en firent les hôtes de Blâmont.
A midi, dans la grande salle de la Bibliothèque, un déjeuner
intime est excellemment servi par l'hôtelier blâmontais, M.
Cuny.
Au champagne, le docteur Henriot se lève et rend un chaleureux
hommage à la Croix-Rouge américaine qui lui a permis de réaliser
l'oeuvre si intéressante dont on a admiré, le matin, les
différents services.
Il remercie le commandant Hallay, représentant officiel des
Etats-Unis, du précieux témoignage de sympathie qu'il a apporté
à Bon-Accueil ; il dit ensuite, sur le ton le plus aimable et
enjoué qui soit, que les sympathies que M. Taviani a suscitées à
Toul, alors qu'il en était sous-préfet, se retrouveront
décuplées dans l'arrondissement de Lunéville. M. Henriot salua
ensuite le très sympathique et si jeune général Ménettrier, dont
les récentes étoiles sont la consécration méritée d'une
magnifique carrière ; M. Dominique, le dévoué conseiller
général, représentant avec autorité les sociétés de préparation
militaire ; MM. les capitaines Baudouin et Cambier, de Turckheim
et la presse.
M. de Turckheim, qui lui succède, fait un vif éloge de l'éminent
animateur qu'est le docteur Henriot, et exalta la vaillance des
aviateurs américains qui viennent de jeter un pont entre
l'Amérique et la France. Il porte la santé de M. Myron Herrick,
ambassadeur des Etats-Unis et de la République américaine.
M. le sous-préfet, très applaudi, évoque les heures douloureuses
vécues par la ville de Blâmont pendant l'occupation allemande ;
de Blâmont qui, en renaissant à la vie française, s'est enrichie
d'oeuvres magnifiques. M. Taviani félicite le docteur Henriot,
hygiéniste et homme de sport, qui a compris la place que devait
occuper, dans nos préoccupations nationales, la préparation
militaire.
« Ici, déclare M. le sous-préfet, se justifie le nom de
Bon-Accueil. Mais, nous ne devons pas oublier que Bon-Accueil
n'existe que grâce à la générosité américaine. » C'est
l'occasion pour le sympathique représentant du gouvernement de
parler éloquemment de cette amitié franco-américaine, inaugurée
par la chevaleresque intervention de Lafayette et cimentée par
le sang mêlé des soldats des deux républiques.
S'adressant au commandant Hallay, M. Taviani souligne la
signification particulière de la manifestation, le jour de la
fête de l'Indépendance, alors que flottent au vent de la paix
victorieuse les drapeaux tricolore et étoilé.
M. Taviani prie M. le commandant Hallay d'être son interprète
auprès de son ambassadeur et aussi des aviateurs américains qui
viennent de donner au monde la preuve de leur magnifique
vaillance, pour leur exprimer notre amitié sincère et nos voeux.
M. le sous-préfet termine en levant son verre aux présidents
Calvin Coolidge et Gaston Doumergue (Applaudissements.)
C'est, pour conclure, M. le commandant Hallay qui, dans une
brève allocution, exprime la joie et la fierté aussi de
l'honneur qui lui est fait aujourd'hui.
L'oeuvre si bien nommée de Bon-Accueil est un témoignage de
l'amitié profonde et des liens qui unissent nos deux pays. Les
avions sont venus renforcer encore cette amitié en montrant,
dans des manifestations extérieures, l'âme fraternelle de nos
deux pays.
M. le commandant Hallay se félicite d'avoir à inaugurer tout à
l'heure un stade qui contribuera à donner à la France une
jeunesse forte et saine. Et, salué par une ovation, il termine
en buvant à la France et à sa jeunesse.
Après une aubade donnée dans la cour de Bon-Accueil par la
fanfare l'Etoile d'Avricourt, les assistants se dirigent vers le
stade. Le temps est gris mais très doux et, dans le ciel, une
lumière diffuse annonce l'apparition du soleil.
Devant une foule nombreuse ont défilé, superbes athlètes, les
moniteurs, du centre d'instruction physique de Strasbourg ; puis
les meilleures équipes de l'Union Sportive Lunévilloise, les
membres des sociétés de préparation militaire de Badonviller et
de Blâmont.
La réunion sportive a obtenu un très vif succès. Le public a
longuement acclamé les moniteurs de Strasbourg, dans leurs
splendides démonstrations : culture physique, exercices
athlétiques, courses, sauts, lancer du disque, du javelot,
pyramides. Les autres sociétés glanèrent également
d'enthousiastes applaudissements.
A 4 heures et demie, les personnalités officielles quittaient
Blâmont, cité aimable et spirituelle, ville du cordial et
bon-accueil.
Fernand ROUSSELOT. 19 juillet 1927
BLAMONT
Destruction de brebis. - Plusieurs brebis appartenant à M Paul
Dubois, 64 ans, propriétaire, ont été tuées et dévorées par le
chien de chasse de M. Henri Duchamp, propriétaire à Blâmont. Les
brebis étaient en pâture dans un parc au lieudit Au Haut de
Barbas. Procès-verbal a été dressé contre M. Duchamp, pour
divagation de son chien. 23 juillet 1927
Noyée dans une fontaine
Domèvre, 22 juillet. Une dame âgée de 82 ans, Mme Henry, veuve
de M. Jean Leclerc, habitant Ancerviller, était venue visiter
une parente, Mme Dévot. Par mégarde, ou pour une cause encore
ignorée, Mme Leclerc tomba dans l'abreuvoir de la rue
Grand-Soulier.
Quand on retira la pauvre femme, tous les soins lui furent
donnés, mais inutilement. M. le docteur Thomas, de Blâmont, a
constaté le décès.
Mme Leclerc, que son récent veuvage avait atteinte, parla
plusieurs fois de se détruire. S'est-elle suicidée ? On ne sait. 27 juillet 1927
Repaix
Plainte. - M. Georges Lartisant cultivateur, revenant de la
charrue constata que le timon d'un rateau du cheval qui se
trouvait devant son domicile, avait été brisé.
Récompense. - Nous apprenons le 5 juillet, après la proclamation
des résultats du C.E.P. de 2e ordre, à Blâmont, il a été remis à
Marie Ehling, par les soins de M. l'inspecteur de l'enseignement
primaire, un superbe volume offert par M. Celestin Nô, délégué
cantonal en résidence à Blâmont. 13 août 1927
BLAMONT
Maison maternelle. - Une fête champêtre est organisée an profit
de cette oeuvre de préservation de l'enfance, le dimanche 14
août.
Mâtinée : de 14 à 16 heures. - Soirée 20 h. 30.
En voici le programme :
Marche aux Lampions. - Saynète : Une visite de deuil. - Chant
(solo). - Danse (solo). - Les charbonniers et les fariniers,
chant comique. - Danse (solo) - Chant (solo). - Choeur : La
Charité (Rossini). - Tableau vivant.
Feu d'artifice. - Tombola.
Orchestres variés.
Entrée : 2 francs.
GOGNEY
Procès-verbal. - Un procès-verbal a été dressé contre Jacques
Wagler, pour défaut de plaque d'identité à son vélo.
XOUSSE
Le commerce. - Nicolas Genay, marchand ambulant, s'est vu
dresser procès-verbal pour défaut de visa de patente. 24 août 1927
DISSOLUTION
de la Société Coopérative de Reconstruction de Domjevin
Publication dispensée des formalités et exempte des droits de
timbre et d'enregistrement
(Art. 10 de la Loi du 15 août 1920).
La Société Coopérative de Reconstruction de Domjevin a été
dissoute par délibération de l'assembles générale en date du 22
août 1927.
Le conseil d'administration est chargé de la liquidation de la
Société.
Le Président : E CHATON
Le Secrétaire : P. GÉRARD.
Le chef de service du contrôle des Coopératives : Signé :
MATHONNET. 28 août 1927
BLAMONT
Les vélos. - Les gendarmes ont verbalisé contre Henri Véleur, 14
ans, pour défaut de plaque d'identité et de contrôle à sa
bicyclette; contre Charles Dietrich, commerçant, pour voiture
non éclairée.
LEINTREY
Les chiens. - Le chien de M. Chatel Charles, cultivateur, a
mordu à la cuisse gauche un gendarme.
Un procès-verbal a été dressé à M. Chatel.
Des procès-verbaux ont été dressés contre M. Jean L'Huillier,
cultivateur, pour chien dépourvu de plaque d'identité à son
collier et pour abandon de son troupeau sur la voie publique. 29 août 1927
LA SANTÉ DU PÈRE ZALESKY|
Le bruit avait couru, il y a quelques jours, de la mort du père
Zalesky, le vénérable centenaire de Mignéville. Ce bruit était
faux et ne reposait sur aucun fondement.
Le père Zalesky, en effet, a passé un excellent hiver et un non
moins excellent été. Le sympathique maire de Mignéville, M.
Liengey, nous en a lui même donné confirmation.
Présentement, le père Zalesky scie du bois toute la journée et
boit sa chopine le plus honnêtement du monde.
L'ancêtre entrera, le mois prochain, dans sa 102e année. 1er septembre 1927
Dissolution de la Société coopérative
de VERDENAL
(Publication dispensée des formalités et exempte des droits de
timbre et d'enregistrement
(Article 10 de la loi du 15 août 1920.)
La Société coopérative de reconstruction de VERDENAL a été
dissoute par délibération de l'Assemblée générale en date du 27
août 1927.
Le Conseil d'administration est chargé de la liquidation de la
Société.
Le Président : M. MARCHAND.
Le Secrétaire : Mme LEMAIRE.
Le Chef du contrôle des Coopératives : Signé : M. MATHONNEX 4 septembre 1927
BARBAS
Incendie, - Le 31 août, dans la soirée, une maison appartenant à
Mme veuve Godot Léon a été complètement détruite par un
incendie.
Il était 9 heures du soir et Mme Godot venait de se coucher,
lorsque son attention fut attirée par un crépitement insolite.
En toute hâte, Mme Godot se leva, monta au grenier et constata
que le tas de paille flambait, converti en brasier
Elle n'eut que le temps de fuir avec son fils, âgé de 13 ans, en
emportant ce qu'elle avait de plus précieux.
Les pompiers de Barbas, auxquels vinrent se joindre ceux de
Harbouey accoururent, mais ils ne purent que faire la part du
feu. Les pertes sont. évaluées à 40.000 fr. Causes inconnues. 20 septembre 1927
Une fête de la reconstitution
ANCERVILLER A PIEUSEMENT HONORÉ SES MORTS 28 septembre 1927
Gogney
Excès de vitesse. - M. Maurice Rouquette, employé des postes à
Lunéville a été l'objet d'un procès-verbal pour excès de vitesse
à motocyclette dans la traversée du village de Gogney 1er octobre 1927
AMENONCOURT
Contraventions. - Les gendarmes, en tournée, ont verbalisé
contre Hospice François, forain, demeurant à Lyon, dont le chien
était dépourvu de collier et non attaché à sa voiture.
BLAMONT
Visite de l'American Légion. - Les visites de légionnaires
américains aux champs de bataille de la région se continuent
tous les jours.
Une douzaine de légionnaires, sous la conduite du colonel W.A.
Dempsay, qui avaient occupé le secteur en 1918, sont arrivés à
Blâmont, après avoir parcouru l'ancien front près de Badonviller
où le maire, M. Fournier, les reçut et offrit une coupe de
champagne.
A leur descente de voiture, sur la place Carnot, les
légionnaires se dirigèrent vers « Bon Accueil » où ils furent
reçus par l'aimable docteur Henriot, qui leur fit visiter
l'établissement offert par la Croix-Rouge américaine et dont il
a la garde.
Après quelques paroles de bienvenue et de remerciements, nos
hôtes se répandirent à travers la ville. Ils sont ensuite
repartis sur Baccarat
IGNEY
Police des étrangers. - Procès-verbal a été dressé contre
Pagnotti Joseph, entrepreneur de carrelage, demeurant à
Souffelweyersheim (Bas-Rhin), pour défaut de visa d'extrait
d'immatriculation et défaut de carte d'identité d'étranger. 17 octobre 1927
HALLOVILLE A HONORE SES MORTS 25 octobre 1927
LES BELLES OEUVRES SOCIALES
La Maison Maternelle de Blâmont
La crise de décroissance que traverse la natalité française a,
depuis longtemps, ému l'opinion publique.
Elle fait, actuellement, l'objet des préoccupations des
sociologues et des médecins.
Des praticiens éminents, spécialisés dans la puériculture,
préconisent les remèdes essentiels et immédiats qu'il convient
d'apporter à une situation qui compromet l'expansion, la
sécurité, la vie même du pays. Ils se rendent compte qu'il est
vain de se lamenter. Ils courent au plus pressé. A ce point de
vue, les médecins sont unanimes. S'il est utile, disent-ils, de
favoriser par une législation sociale bien comprise,
l'accroissement de la natalité, il serait absurde d'en attendre
des résultats rapides. Le bienfait des mesures législatives ne
peut apparaître qu'à longue échéance. En attendant leur
rendement, il est indispensable de combattre immédiatement, par
les moyens appropriés, la mortalité de la première enfance.
Dans toutes les villes et centres, plus ou moins importants du
pays, on a compris la gravité du fléau. Une véritable croisade
s'organise. Partout, se lèvent les bonnes volontés agissantes.
Dans tous les milieux on se groupe, un travaille avec une
louable ténacité à ce redressement, si étroitement lié à
l'avenir de la race.
Depuis la guerre, les oeuvres de préservation de l'enfance,
dispensaires, pouponnières, préventorium, se sont multipliées
dans des proportions considérables. Leur efficacité n'est point
discutable. Mais certaines d'entre elles ne sont pas assez
connues. Et, conséquence inévitable, elles ne sont pas
encouragées, aidées comme il conviendrait qu'elles le fussent.
Nous considérons comme un devoir de renseigner le public
intéressé sur leur organisation, leur fonctionnement, sur les
services qu'elles ont déjà rendus, sur ceux qu'elles sont
destinées à intensifier dans l'avenir.
A cet égard, le centre d'élevage de Blâmont (maison maternelle
et placement familial surveillé) peut être considéré, parmi les
oeuvres régionales de protection de l'enfance, comme l'une des
plus intéressantes. Cet important établissement fonctionne sous
la surveillance d'un conseil de direction, présidée par Mme
Delsart, la très zélée présidente de l'Union des Femmes de
France de Nancy. Appuyée par l'Union, soutenue immédiatement par
le concours moral et financier des services administratifs et du
Conseil général du département, ainsi que par des subventions de
l'Etat, et des dons particuliers, la maison de Blâmont a été
ouverte le 1er septembre 1925. Elle reçoit les mères nourrices
avec leur enfant, provenant soit de la Maternité, soit de
l'hospice Saint-Stanislas, de Nancy ; les enfante abandonnés
venant du dit hospice ; les enfants privés (mère morte en
couches) confiés par le père ou moralement abandonnés (mère
indigne, incapable, alcoolique).
Dans une brochure excellemment documentée qu'il a consacrée à là
maison maternelle, M. le docteur Jacques Parisot a Indiqué en
ces termes le but de la Fondation :
« Une telle organisation se propose de. lutter en premier lieu
contre l'abandon ; en second lieu, de soigner des débiles dont
la santé est améliorable, aptes à profiter de conditions
hygiéniques supérieures à celles qu'ils peuvent trouver dans
l'hospice, dépositaire de Nancy qui représente en fait l'hôpital
où sont conservés les plus chétifs. Elle se propose enfin et
surtout d'observer les séparés, de les surveiller pendant la
période difficile du sevrage, dans un centre d'observation bien
organisé, avec lenteur et non brutalement.
« L'établissement peut recevoir 60 enfants et possède 25 places
de nourrices (donc 25 nourrissons accompagnés et 35 séparés). »
Hier, nous avons visité la maison maternelle en détail, sous la
conduite de son aimable et distinguée directrice, Mme Moutch. La
maison est installée, au centre d'un vaste parc, dans le château
édifié au seizième siècle par Christine de Danemark, femme de
François Ier de Lorraine. Dans ce parc subsistent les ruines du
vieux château de Blâmont, vestiges millénaires, adoptés, il y a
quelques jours, par le département des monuments historiques.
Ces ruines impressionnantes comportent plusieurs tours, hautes
murailles, terrasses superposées, arcs gothiques, chemin de
ronde, commandant un magnifique horizon.
M. le docteur Parisot auquel nous nous permettons encore d'avoir
recours décrit beaucoup mieux que nous ne saurions le faire
l'aménagement intérieur de l'établissement :
« Au sous-sol, en sus des cuisines, office, buanderie, nous
trouvons tous les services de la biberonnerie avec réception
spéciale du lait, stérilisation, glacière.
« Au rez-de-chaussée, deux parties bien distinctes, complètement
séparées : l'entrée avec salles de visite, parloir, et, isolé
lui-même, le lazaret, possédant des salles pour nourrisson seul
et nourrisson accompagné de la mère. Des chambres
d'hospitalisation à six lits occupent l'aile restante.
« Au premier étage, division symétrique identique, avec
isolement en chambres particulières pour débiles ou sujets à
observer plus longuement, et hospitalisation. Toutes les salles
sont largement aérées, de surveillance facile, grâce aux
vitrages nombreux, toutes munies d'eau chaude et froide avec
baignoires, lavabos, chauffage central, aération et ventilation
adaptées, etc. Toutes les salles de plusieurs lits possèdent des
bas-flancs vitrés pour isolement de chacun d'eux.
« A chaque étage, tisanerie, salle d'allaitement, etc.
« Au second enfin, chambres des mères, du personnel, en parties
distinctes, avec toutes les organisations hygiéniques
désirables, bains, etc.
Cette description rapide permet de juger qu'un tel établissement
répond aux exigences modernes d'un centre de puériculture. »
Ajoutons une infirmerie en bâtiment isolé de 6 lits et adossée
au bâtiment principal et, bien abritées, deux terrasses
superposées pour aération et héliothérapie.
Nous avons pu admirer, au cours de notre visite, le méticuleux
souci de prophylaxie qui préside à toute cette organisation. Les
nourrissons, dans leurs petits lits d'immaculée blancheur, ne
nous sont apparus qu'au travers de larges vitres isolatrices qui
séparent les chambres des couloirs centraux. Il est interdit
d'entrer dans ces chambres à toute personne étrangère au
service. Seules, les infirmières et les élèves puéricultrices,
revêtues de la blouse blanche, ont le droit de sa pencher sur le
sommeil, le réveil, les larmes ou le sourire des « races ».
Il nous a été permis, toutefois, de voir de plus près quelques
bébés installés dans leur lit, en plein air, sur la terrasse.
Une fillette, toute menue, avec de beaux yeux qui lui mangeaient
le visage, nous regardait si gentiment... nous avancions la main
pour lui donner une caresse. Mais Mme la directrice prévint
notre geste. Défense de toucher ! Sans mot dire, je retirai ma
main, ma triste main, chargée de probables bacilles...
Partout, dans cette maison, c'est le miracle réalisé de l'air et
de la lumière Avec Mme la directrice, nous descendons au bureau.
Elle ouvre un volumineux dossier : ce sont les fiches
journalières, avec graphique, de chaque enfant. Elle nous
renseigne, ensuite, sur l'importance du personnel de la maison :
une directrice administrative, 3 infirmières-chef, une
cuisinière ; les femmes de charge, lavandières, aides; 16 à 18
jeunes filles, élèves puéricultrices. Le médecin de
l'établissement est le docteur Thomas, de Blâmont, lequel, avec
la directrice, fait de nombreux cours aux élèves.
En résumé, les problèmes moraux et sociaux qui se posent dans
cette maison sont les suivants 1° Celui de la maternité, le plus
souvent clandestine des mères hospitalisées.
2° Celui des enfants abandonnés (leur avenir à la sortie de la
maison.
3° Celui des élèves puéricultrices.
- « Je répondrai à votre triple question, nous dit Mme la
directrice, dans les termes mêmes du rapport moral que je viens
de mettre au point.
« Parlons d'abord de nos mères. Nous en avons reçu 66 jusqu'au
1er octobre 1927. Quatre se sont mariées, dont deux avec le père
de leur enfant ; 14 ont été reçues dans leurs familles avec leur
bébé ; 12 se sont places et ont mis l'enfant en nourrice : 2
seulement sont parties sans indiquer où les allaient.
« Ces chiffres ne vous parlent peut-être pas à l'esprit autant
qu'à moi, qui sais les difficultés qu'il a fallu vaincre pour
marier les unes, réconcilier les autres avec leurs familles,
placer les troisièmes et leur procurer une éleveuse.»
« Notre but principal est défaire de ces maternités, au lieu
d'un malheur et d'une honte, un bonheur et une fierté. La
plupart des pauvres filles sont orphelines de mère, ce qui
explique que bien des choses ; elles n'ont parfois aucune
parenté. D'autres au contraire, ont été renvoyées par leurs
familles. Elles sont en majorité très jeunes, à peine dix-huit
ans, souvent anormales. Dans ce dernier cas, notre influence
s'exerce bien difficilement. Mais en général, nous obtenons des
résultats encourageants. Surtout, et avant tout celui de les
attacher à leur bébé. Il s'établit entre elles une sorte
d'émulation, chacune veut avoir l'enfant le plus beau...
« Notre grand souci est de préparer leur sortie, les réconcilier
avec leur famille, quand il y en a une, avec le père s'il n'a
pas disparu; les placer dans de bonnes familles...
« Ceci m'amène à vous parler du placement de nos enfants «
abandonnés)
« Quand nous les avons choyés, dorlotés, qu'ils sont prêts à
être placés, une indicible angoisse nous étreint. Où iront-ils,
nos petits ? Que deviendront-ils ? Nos élèves, émues comme nous
devant cet inconnu, se sont mises à la besogne, ont cherché un
placement offrant toute garantie et se sont instituées les «
marraines » d'un petit favori. Nous avons pu ainsi en placer
plusieurs.
« En ce qui concerne notre école de puériculture, je vous dirai
seulement que celle-ci se développe et progresse avec rapidité.
Nos élèves, nombreuses et dévouées, soignent les petits avec une
émulation touchante. Nous leur demandons un gros effort de
discipline. Comme au service militaire, nous avons des sujets
appartenant aux milieux sociaux les plus différents : filles de
médecins, d'avocats, de pasteurs, d'instituteurs ou de simples
paysans aisés. Pour les unes et les autres, cette vie en commun
et cette pénétration réciproque de milieux différents exercent
une influence excellente sur leur esprit. Nous pouvons dire que
nous formons ici une grande famille, poursuivant un seul but,
animée d'une unique passion : l'enfant ! »
C'est sur ces paroles que nous avons quitté la dévouée
directrice, Mme Moutch, non sans l'avoir félicitée du rude
effort consenti par elle-même et son personnel, en faveur d'une
oeuvre si vivante, si généreuse, si largement humaine.
Nos lecteurs savent maintenant ce qu'est, dans ses grandes
lignes, le centre d'élevage de Blâmont. Ils en saisiront le but
désintéressé, la haute portée morale et nationale. Et si, après
la lecture de cet article, fatalement incomplet mais écrit en
toute sincérité, certains d'entre eux veulent bien s'y
intéresser d'une manière efficace, nous n'aurons pas perdu notre
temps. Notre visite à la Maison Maternelle de Blâmont demeurera
dans notre mémoire comme le souvenir beau, d'un bon et
profitable voyage.
Fernand ROUSSELOT. 14 novembre 1927
Un enfant tué par une fusée
Lunéville, 13 novembre. - La fête du 11 novembre à Vého a été
troublée par un affreux accident qui a mis en deuil toute la
population du village.
En revenant du cimetière, où les habitants de Vého s'étaient
rendus, ils entendirent une violente détonation : un enfant de 6
ans, jouant avec une fusée, ramassée la veille, venait de la
laisser tomber et le choc en avait déterminé l'explosion.
L'enfant fut littéralement déchiqueté; il fut tué sur le coup.
Quand les parents accoururent, l'enfant était étendu dans une
mare de sang.
Le maire, le curé, presque tous les habitants du village se sont
empressés auprès des parents dont la douleur était poignante. 20 décembre 1927
Terrible accident
A XOUSSE
Un obus éclate et fait 4 victimes
Lunéville, 19 décembre. - Par téléphone.- Aujourd'hui, quatre
bûcherons exploitant une coupe affouagère en forêt, avaient fait
du feu autour duquel ils se chauffaient.
Soudain, une formidable détonation déchira l'air. A un mètre du
groupe des travailleurs, au milieu du brasier fait de menus
branchages, un obus venait d'éclater.
Un des bûcherons fut tué sur le coup. Son corps, réduit en
bouillie sanglante, fut projeté au loin.
Les trois camarades de l'infortuné travailleur tombèrent
grièvement blessés. Au bruit de la détonation, d'autres ouvriers
travaillant en forêt accoururent. Ils relevèrent aussitôt les
malheureux qui furent transportés en hâte à l'hôpital de
Lunéville.
L'un d'eux est mourant ; le troisième a subi une amputation ; le
quatrième serait aveugle.
Cet accident a produit une vive émotion dans la région. 21 décembre 1927
Le terrible accident des bûcherons de Xousse
Lunéville, 20 décembre. - Nous avons relaté hier l'accident
survenu à quatre bûcherons de Xousse, Joseph Jean-Michel, 31 ans
; Joseph Jacquemin, 71 ans, et les frères Georges et Théophile
Veltin, 23 et 29 ans. Ils exploitaient à leur compte, pour la
commune de Vého, une coupe affouagère du « Bois de Vého », entre
Xousse et Emberménil.
C'est à l'heure de midi, au moment où ils venaient d'allumer un
feu de branchages pour faire chauffer leur soupe, que l'accident
se produisit.
Théophile Veltin fut projeté à six mètres par l'explosion de
l'obus et, comme nous l'avons dit, tué sur le coup. Le
malheureux avait, la poitrine défoncée, le pied droit arraché et
d'effroyables mutilations sur tout le corps. Joseph Jacquemin
avait le bras gauche fracturé ; son camarade, Jeanmichel, avait
le bas de la jambe gauche déchiqueté - il va subir l'amputation
de la jambe ; Georges Veltin, le moins atteint, était grièvement
blessé au Visage.
Malgré ses blessures, Georges Veltin put se rendre à Xousse pour
demander du secours.
M. Barthélémy, maire de Xousse, se rendit sur les lieux en
automobile. Jacquemin et, Jeanmichel furent transportés
immédiatement, à l'hôpital de Lunéville, après avoir reçu les
soins de M. le docteur Martignon, de Lagarde. Théophile Veltin,
qui a été tué, était célibataire. Son père a été fusillé à
Xousse par les Allemands, au début de la guerre. 27 décembre 1927
AVRICOURT
Plainte. - Mme Boul, ménagère demeurant dans la même maison que
les époux Walter et Mathieu a porté la gendarmerie contre ces
derniers pour insultes.
FREMONVILLE
Procès-verbal - - Un procès-verbal a contre l'entreprise
Ghiaradalli, à Badonviller pour excavations non éclairées à
Frémonville
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