M. Albert Lebrun a visité hier le musée lorrain à Nancy
Il s'est rendu ensuite à Lunéville où une chaude réception l'attendait et où il
a pris la parole - Les mesures financières prises par le gouvernement, a dit le président, seront
efficaces si les hommes veulent bien lui consentir cette pause dont il a tant
parlé.
[DU CORRESPONDANT PARTICULIER DU « MATIN» ] Nancy, 7 août. - Par téléphone. - Demeuré fidèlement attaché à sa province
natale au cours de sa longue et brillante carrière, M. Albert Lebrun n'a cessé
de s'intéresser au musée lorrain installé dans l'antique palais des Ducs de
Lorraine dont la construction fut entreprise au XIIIe siècle. Ce sanctuaire d'histoire a pu récemment s'agrandir en raison du transfèrement de
l'école primaire supérieure dans un immeuble neuf situé dans un quartier plus
central. A son passage à Nancy, le président de la République a donc tenu à inaugurer, en
toute simplicité, la nouvelle installation du musée. Venant de Mercy-le-Haut en
auto, accompagné de M. André Magre, secrétaire général de la présidence, et du
lieutenant-colonel Chaudessole, de sa maison militaire, M. Lebrun est arrivé à
10 h. 30 à la préfecture où il a été reçu par M. Léon Bosney, préfet de
Meurthe-et-Moselle, et il s'est aussitôt rendu à pied au musée lorrain par le
parc de la Pépinière et l'hémicycle de la Carrière. Sous la conduite de M. Pierre Marot, conservateur du musée, le chef de l'Etat a
parcouru pendant trois quarts d'heure les nouvelles salles, notamment celle du
deuxième étage ouverte ces jours-ci, s'arrêtant plus longuement devant la
vitrine contenant l'épée d'académicien et des autographes de Maurice Barrès :
celle où ont été placés le képi et le sabre de capitaine de chasseurs à pied
Raymond Poincaré, ainsi que son portrait en soldat du 26e régiment d'infanterie,
et devant une tunique, les décorations et l'épée du maréchal Lyautey, précieuses
reliques offertes au musée par les familles de ces illustres fils de la
Lorraine. Quittant à 11 h. 30 le musée historique, M. Albert Lebrun, toujours à pied, a
gagné par la place de la Carrière, la rue Héré et la place Stanislas, le nouveau
musée de peinture et sculpture où il a été reçu par le conservateur M. Schiff. A
midi un quart, respectueusement salué par la population, tout au long de cette
promenade dans la ville, le président est rentré à la préfecture où il a déjeuné
dans l'intimité avec M. Léo Lagrange, sous-secrétaire d'Etat à l'éducation
physique et aux sports et M. Philippe Serre, sous-secrétaire d'Etat au travail.
Un peu avant 15 heures, le chef de l'Etat est monté en auto pour se rendre à
Lunéville .
A Lunéville Magnifiquement décorée et pavoisée, l'ancienne résidence souveraine du duc
Léopold et du Roi Stanislas à Lunéville a réservé au président de la République
un accueil enthousiaste. Arrivé à 15 h. 30 devant le château et salué par les autorités, il passe en
revue une compagnie du 25e régiment, d'infanterie de tirailleurs algériens de
Sarrebourg, tandis que tonnaient les salves d'artillerie et que les cloches
sonnaient en volée, il prit place dans une voiture escortée par un escadron du
8e dragons pour gagner le monument aux morts où il déposa une gerbe. Dix minutes plus tard, le président arrivait au nouveau et vaste stade
municipal. Après qu'une petite fille lui eut remis un bouquet au nom de la municipalité, il
prit place dans la tribune en compagnie de MM. Léo Lagrange et Serre, pour
assister, en présence d'une foule énorme et vibrante, à la deuxième mi-temps du
match de football entre les équipes finalistes de la Coupe de France du Foot
-Ball-Club de Sochaux et du Racing Club de Strasbourg. C'est celui-ci qui, par 7
buts à 3, battit Sochaux. Toujours acclamé par la foule M. Albert Lebrun arriva à 16 h. 45 à l'hôtel de
ville où les membres du conseil municipal lui furent présentés et où lecture lui
fut donnée d'une délibération lui conférant le titre de Citoyen d'honneur de
Lunéville. Le maire prononça une allocution de bienvenue à laquelle M. Lebrun répondit en
termes particulièrement cordiaux.
Un discours de M. Lebrun Le président de la République ne manqua pas, à cette occasion de parler des
nombreuses difficultés actuelles. - Le gouvernement, né dans les formes constitutionnelles les plus régulières, a
établi devant les Chambres le bilan de la situation. Il a ouvert les yeux du
pays aux réalités de l'heure, sans optimisme illusionniste ni pessimisme
défaitiste ; il a dit les choses telles qu'elles sont, telles que les traduisent
les chiffres. Aucune contradiction sérieuse ne s'est élevée. Il en a déduit tout
un programme qu'avec vigueur il a commencé à mettre en oeuvre Le budget et la
trésorerie ont été l'objet de ses premiers soins. Il lui faut maintenant
examiner avec la même résolution la situation économique, rechercher les causes
- elles sont évidentes d'ailleurs - de ce déficit de la balance commerciale qui
menace d'atteindre le chiffre de 18 milliards en 1937, et d'apporter
courageusement les remèdes sans lesquels les réformes réalisées par ailleurs
seraient de nul effet. Ces mesures seront-elles efficaces ? Le pays connaîtra-t-il par elles cette
convalescence, cette santé auxquelles il aspire de toutes ses forces ? Oui, certes c'est, ma conviction la plus profonde, si du moins les partis et les
hommes veulent bien lui consentir cette pause dont il a été tant parlé, s'ils ne
cherchent pas dans une agitation permanente à revenir sur les décisions prises
et à annihiler les mesures avant même qu'elles n'aient produit leurs effets
bienfaisants, si, comme le déclarait, hier, avec force, le président du conseil,
on veut bien se convaincre « qu'il n'est pas de progrès social durable sans
ordres dans les finances, sans tranquillité dans la rue, sans activité dans la
production ». Un vin d'honneur fut servi à 17 h. 30 et le chef de l'Etat partit pour
Cirey-sur-Vezouze où, après un court arrêt à Blâmont, il arriva à 18 h. 30. Reçu devant le monument aux morts par M. Georges Mazerand, député de
Meurthe-et-Moselle, maire de la ville, il déposa une gerbe de fleurs puis il se
fit présenter le conseil municipal et remit la Médaille d'honneur du travail à
deux ouvriers. Le président dina ensuite dans l'intimité chez M. Mazerand dont il est l'hôte
pour la nuit.
Le président de la République à Saint-Dié et à Sainte-Marie-aux-Mines
C'est aujourd'hui que M. Albert Lebrun inaugure la deuxième percée des Vosges
vers l'Alsace
Nancy, 7 août. - Téléph. Matin. - Venant en automobile de Cirey-sur-Vezouze, où
il aura passé la nuit chez M. Georges Mazerand, député de Meurthe-et-Moselle, M.
Albert Lebrun arrivera demain dimanche, à 9 heures du matin, devant l'hôtel de
ville de Saint-Dié (Vosges), où les honneurs militaires lui seront rendus. Après avoir gravi le grand escalier, le président de la République signera le
registre des délibérations, puis entrera dans la salle du théâtre municipal, où
M. Léon Jacquerez, maire de Saint-Dié, lui souhaitera la bienvenue, en présence
des élus du département, des corps constitués et des notabilités. Le chef de l'Etat visitera ensuite le musée et ira s'incliner devant la statue
de Jules Ferry. Il se rendra à pied au monument élevé à la mémoire des enfants
de Saint-Dié morts pour la France, inaugurera la foire-exposition, visitera le
Foyer des Ferry et, de là, toujours à pied, gagnera la gare, où sera formé le
train spécial qui le conduira, avec sa suite, à Sainte-Marie-aux-Mines
(Haut-Rhin) et où il arrivera vers 11 heures. En compagnie de M. Queuille, ministre des travaux publics, M. Lebrun passera en
revue une compagnie d'honneur et prendra place dans une tribune, d'où plusieurs
discours seront prononcés; puis il ira admirer l'entrée très décorative du
tunnel. Un vin d'honneur sera offert à la mairie, puis un grand banquet d'un millier de
couverts sera servi au Marché-Couvert et, dans l'après-midi, le président
assistera à un goûter offert par .M. Burrus, député du Haut-Rhin, à 2.000
écoliers du canton de Sainte-Marie. Aussitôt après. M. Albert Lebrun repartira en automobile pour Mercy-le-Haut. |