Eugène Vallin,
architecte et menuisier d'art de l'Ecole de
Nancy, est né à Herbéviller le 13 juillet
1856 sous le nom « Camille Eugène Claudel »,
fils de Marie-Anne-Claudel ; puis légitimé
par le mariage de sa mère avec Sigisbert
Vallin le 9 juillet 1862 à Lunéville, il
prend alors le nom de Camille Eugène
Vallin-Claudel.
Il décède le 22 juillet 1922 à Nancy. |
Registre d'Herbéviller - 1856 |
L'Immeuble et la construction dans l'Est
27 novembre 1904
EUGÈNE VALLIN
Il y avait une fois un homme qui, visitant avec moi
la radieuse et tant aimée basilique de Saint-Nicolas
de Port, s'écriait, rempli d'admiration : « Oh ! que
c'est beau, que c'est donc beau ! »
C'était Eugène Vallin, qu'on a appelé, et avec
raison, l'enfant ou l'amoureux des cathédrales
gothiques, et qui semble, en effet, avoir ravi leur
secret aux vieux maîtres inconnus qui nous ont
laissé ces chefs-d'oeuvre de la pierre et de la
ligne, ces architectes inouïs qui ont créé la beauté
et fait germer le divin.
Prenez toutes les oeuvres de Vallin, toutes, depuis
ses premiers travaux d'église, jusqu'à ses plafonds,
ses mobiliers, ses vitrines, ses autels, ses
bureaux, ses façades, etc., etc.. et vous verrez que
réellement Vallin est bien de cette race des génies
d'autrefois, qu'il est un maître..., j'allais dire
le Maître en qui se concentrent tous les espoirs,
tous les voeux, tous les désirs et toutes les
puissances qui ne demandent qu'à oeuvrer.
Donnez un Stanislas à cet homme, ou qu'un Mécène lui
ouvre un crédit illimité, et vous verrez ce qu'il
fera de Nancy, lui et sa pléiade d'élèves.
Voyez ce qu'il a fait... admirez ses oeuvres, et
dites-moi s'il n'est pas le Roi de notre Exposition,
si vraiment ce n'est pas le génie de la terre
lorraine qui a insufflé à Vallin cette salle à
manger qui est le triomphe de l'art et du goût.
Vallin, c'est le tempérament lorrain par excellence,
fait de force consciente et agissante, de probité à
toute épreuve, d'absolu désintéressement, robuste,
puissant, attaché au sol natal, ennemi des utopies
et des emballements, allant droit à son but, sans
paroles inutiles et sans tapage extérieur.
Et il va, le courageux artiste, et le voilà devenu
le Maître, celui qu'on honore et qu'on devrait mieux
récompenser, celui qui se dépense pour son art et
ses disciples, et qui va réunir en un faisceau
compact toutes ces forces vives de notre chère Ecole
de Nancy.
La salle à manger et les vitrines exposées par
Vallin sont d'une richesse et d'une splendeur que
rien n'égale. Et remarquez que celle harmonie dans
la force, est due simplement à la matière et à la
ligne. Il n'y a pas de sculpture, pas de bronzes,
pas de décor s superflus.
Mais tout concourt à la beauté de l'oeuvre et tout
se lient dans un resplendissement de lumineuse et
féconde création.
Dirai-je ma pensée? Je l'ai déjà fait, graver
quelque part, sur un monument, il y a une septaine
d'années : Vallin est le maître des architectes
nancéiens. Ce qu'il fait, c'est du meuble, soit,
c'est un autel, une chaire, une châsse, un
confessionnal, un banc, un bureau, un buffet, une
table, oui, je le veux bien... mais regardez donc,
c'est avant tout, c'est surtout de l'architecture.
Ses meubles font corps avec l'édifice... ils
semblent le compléter et sortir de lui.
Heureux l'amateur qui peut s'offrir du Vallin
aujourd'hui : il a pour lui la splendeur du vrai et
du solide ! |