La Lorraine artiste - 1er septembre
1900 - Gaston SAVE
E. DE MIRBECK
Doyen des Artistes Peintres Lorrains
Le doyen des peintres
lorrains vient de mourir à Saint-Dié, le 7 août, à l'âge de 94
ans.
Edouard-Hyacinthe-Wilhelm-Nicolas de Mirbeck, l'un des fils de
Michel-Nicolas, capitaine des Gardes du roi, était né à Barbas
près Blâmont, le 20 août 1806. Son grand-père, élève et ami de
Girardet et de Greuze qu'il connut à Nancy, alors qu'il était
dans les Gardes du roi de Pologne, avait laissé des cartons et
des peintures qui inspirèrent le goût du dessin au jeune
artiste. A l'âge de 18 ans, il entra à l'atelier de Laurent,
peintre estimé et conservateur du Musée d'Epinal. Plus tard, il
reçut les conseils de plusieurs artistes parisiens qu'il
fréquenta dans ses séjours à Paris. Vers 1832. il vint s'établir
à Saint-Dié, où il se maria et fut nommé professeur de dessin
au-collège jusqu'en 1865, tout en dirigeant chez lui un cours de
peinture où se formèrent nombre d'artistes, tels que Henri
Valentin, Mlle Sivel, habile miniaturiste qui travaillait pour
l'éditeur Curmer, etc. II se consacra ensuite à la peinture
religieuse et produisit un grand nombre de toiles disséminées
dans la Meurthe, les Vosges, l'Alsace même : à Gérardmer,
Dompaire, Pexonne, Vicherey, Badonviller. Lusse. Laveline,
Allarmont. Brouvelieures, Raon où son Baptême de Clovis provoqua
la vocation de Monchablon. Il peignit aussi quantité de
portraits et quelques tableaux: de genre, notamment : un vieux
curé de campagne donnant le viatique à un mourant dans une ferme
des Vosges, qui eut du succès à l'exposition de Nancy en 1843.
Au Salon de Saint-Dié, en 1887, il exposa : une expérience, les
forgerons, le Christ au tombeau, et la procession de 1879 à St-Dié,
que nous reproduisons ici.
Pendant ses 68 années de séjour à Saint-Dié, il travailla
constamment et, il y a quelques mois encore, à 94 ans, il
réparait avec soin un petit panneau écaillé qu'on lui avait
confié. Jusqu'au dernier jour il conserva toutes ses facultés,
sa vue excellente, son esprit élevé, et au moment suprême il
s'éteignit en plein calme, dans une douce sérénité.
Qu'il soit permis à un de ses anciens élèves de rendre un
suprême hommage à cette vie admirable de labeur constant, de
talent si modeste, à ce caractère de bonté aimable, de
bienveillance si amicale et paternelle, à cet esprit fin et
distingué, à toutes ces qualités, qui sont vraiment peintes sur
ce beau et noble visage du peintre presque centenaire dont les
artistes lorrains seront heureux de conserver l'image.
G. S.
Note
: acte de naissance de Edouard de Mirbeck à Barbas le 23 août
1806.
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