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Vaucourt - 1914
 


Le journal allemand „Illustrirte Zeitung“ de Leipzig a publié cette intéressante illustration de Vaucourt (indiqué faussement «  Vocourt ») représentant des soldats bavarois fêtant noël autour d'un feu autour de l'église.
( «  Vor der lothringischen Grenze : Vorbereitungen bayrischer Truppen zur Weihnachtsfeier in Vocourt bei Lagarde-Blamont. Nach einer Zeichnung für die Leipziger „Illustrirte Zeitung“ von G. Wagenführ. » )

Vocourt - 1914

Mais le sous-titre est caractéristique de la propagande allemande, tentant de justifier l'état pitoyable auquel à été réduit le village :
«  Die Ortschaft musste zum Teil zerstört werden, da Franktireurs, die sich bei Häusern und in der Kirche versteckt hatten, die deutschen Soldaten beschossen. »
(«  Le village a du être détruite en partie, puisque des francs-tireurs, qui s'étaient dissimulés dans des maisons et dans l'église, ont tiré sur les soldats allemands. »)

Dévaster les villages pour que les troupes soient à l'abri des coups de feu tirés par les habitants est un motif souvent évoqué lors des ravages du Blâmontois. Or, hormis les provocations allemandes (comme à Lunéville le 25 août où le maire voit des soldats allemands tirer eux-mêmes des coups de fusil dans la direction du grenier d'une maison voisine), aucun cas n'a été recensé dans la région, et il semble bien que cette obsession du franc-tireur soit une propagande délibérément organisée par l'Allemagne pour justifier ses brutalités en Belgique et en France (et les exécutions sommaires, telle celle du cafetier Louis Foëll de Blâmont).

Après le repli français à Lagarde le 11 août 1914, les Allemands se portent sur Vaucourt situé à moins de 4 kilomètres. Nous avons déjà évoqué la bataille de Vaucourt dans un précédent article, où l'on lit
«  quelle ne fut pas la surprise des gens de Vaucourt lorsque, le 11 août 1914, ils virent fondre sur eux une colonne d'Allemands particulièrement excités qui, en quelques instants, tuaient huit soldats français, sept civils, dont certains ne moururent pas tout de suite, et incendiaient à la main tout le haut de la localité, détruisant celle-ci à 80 %. »
Et plus loin «  Pour excuser leurs crimes du 11 août, les Allemands prétendirent qu'un uhlan avait été tué par les civils, ce qui était notoirement, faux, mais cela ne les a pas empêchés de perquisitionner chez les habitants et d'arrêter M. Eugène Noyer, chez qui ils trouvèrent la selle du cheval du uhlan tué. Trois jours plus tard, M. Noyer était fusillé à Mézières. en même temps que M. Veltin, de Xousse, auquel il était reproché d'avoir sonné les cloches à l'arrivée des Allemands » .

L'église (avec d'autres maisons) ne sera détruite que le 14 août par un obus incendiaire allemand tiré depuis Omeray.

Ainsi, si l'on sait que crainte des escarmouches meurtrières (confondant volontairement le légitime combat des chasseurs avec des tirs de francs-tireurs) a déchainé la cruauté des Bavarois contre les civils (comme on l'a vu à Blâmont, Parux, Nonhigny, Badonviller lors de la première invasion du 8 au 15 août) l'église ne sera pourtant détruite que 3 jours après les combats.
 
Dans ce cas de l'église de Vaucourt, on sert ainsi tardivement au grand public la justification classique du franc-tireur (piètre alibi qui persistera cependant dans les écrits allemands d'après guerre), répandue en Allemagne dès août 1914, comme on le lit dans le témoignage d'André Lahoussay, confronté durant son transit en Allemagne aux «  Franzozes capout ! ... Blâmont, francs-tireurs, capout ! » (Est-Républicain - 31 janvier 1915 - De Blâmont à Holzmiden).

On a vu pour le dynamitage de l'église de Leintrey que les Allemands ont été plus imaginatifs, évoquant faussement tant l'obligation de détruire un point d'observation que la destruction par les Français eux-mêmes.

Mais on peut se demander pourquoi les Allemands ont pris un tel soin à expliquer les ruines : occasion de marteler davantage dans l'esprit du public l'indigne guerre que leur mènerait  l'ennemi, ou expression d'une certaine gêne devant leurs propres excès ? (excès qui se renouvelleront le 30 août avec de nouvelles maisons incendiées à Vaucourt).
 

Rédaction : Thierry Meurant

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