Histoire de la
ville de Toul et de ses évêques
A.D. Thiéry
Tome II
Ed. 1841
OLRY DE BLAMONT
SOIXANTE-ONZIÈME ÉVEQUE.
(1495.) René II nourrissait
depuis long-tems dans son esprit des projets d'envahissement sur
la ville de Toul, et désirait voir succéder à Antoine de
Neufchâtel un prélat dont le dévouement à toute épreuve pût
remplir ses vues ambitieuses. Il ne s'agissait de rien moins
pour ce prince, que d'amener le nouvel élu à se dépouiller en sa
faveur de toute l'autorité temporelle dont jouissaient les
évêques de Toul, sur leur ville épiscopale et sur le territoire
toulois. Le duc de Lorraine, pour arriver à cette fin, jeta les
yeux sur Olry de Blamont, son parent, fils de Thiébaut, comte de
Blamont et de Marguerite de Lorraine, fille de Ferry Ier, comte
de Vaudémont. Olry, après avoir été à la fois chanoine de Toul,
de St.-Dié, de Metz et de Verdun, et avoir manqué successivement
les évêchés de ces deux dernières villes, par l'opposition de la
Cour de Rome, se présenta donc aux suffrages du Chapitre de
Toul. Les chanoines, gagnés par René, entretenaient Olry dans
l'espérance du succès de sa prochaine élection, lorsque, contre
toute attente, le pape Alexandre VI leur fit connaître que,
s'étant réservé la collation de cet évêché, il le destinait à
Jean de Marades, son camérier d'honneur, et Espagnol d'origine.
Cette notification de la part du Souverain Pontife, contraria au
dernier point les chanoines, tant parce qu'elle les forçait de
manquer de parole au duc de Lorraine, que par la crainte qu'ils
avaient de voir un étranger s'asseoir sur le siège de Toul. Ils
adressèrent au Pape des remontrances, et lui firent observer que
leur Église étant pauvre, elle avait besoin d'un prélat riche,
jouissant d'une grande influence dans le pays, afin qu'il plût
aux peuples et aux princes, et qu'il lui fût possible de
rétablir le temporel ruiné de l'Évêché. Alexandre demeura
inflexible; c'est alors que les chanoines, vivement pressés par
René, ne tinrent aucun compte de la signification papale, et
élurent Olry de Blamont, en dépit des menaces d'excommunication
du Souverain Pontife. Celui-ci, apprenant la conduite du
Chapitre, lui adressa de vifs reproches sur le mépris qu'il
faisait de son autorité, et lui déclara que l'élection d'Olry
étant nulle, il nommait Jean de Marades. Le duc de Lorraine ne
recula pas devant l'obstination d'Alexandre; il redoubla
d'efforts pour faire triompher son protégé, et mit dans ses
intérêts le clergé et le peuple du diocèse. Il envoya Olry près
de l'empereur Maximilien, avec des lettres dans lesquelles il
exposait à ce prince l'importance qu'il y aurait pour l'empire
germanique que l'evêque de Toul fût un homme d'un dévouement et
d'une fidélité éprouvés, afin qu'il sût toujours résister aux
prétentions des rois de France, dont le royaume touchait aux
frontières de l'Évêché. Maximilien répondit au duc, par lettres
datées de Worms, du 11 juillet 1495, qu'ayant vu les actes
d'élection d'Olry de Blamont, et que s'étant informé des bonnes
qualités de ce prélat, il avait fait prier le Pape et les
cardinaux de confirmer son élection; qu'au cas contraire, il
leur avait déclaré qu'il ne permettrait jamais que l'Église, la
cité et le pays de Toul, fussent d'une nature et condition
différente que les autres Eglises de l'Empire et de la nation
germanique. Que si le Pape persévérait dans son refus, il
retirerait et réunirait à sa couronne les régales, comté, terres
et domaines que les évêques de Toul tenaient d'elle, et qu'il
commettrait, pour les régir sous sa suzeraineté, lui, René II,
duc de Lorraine, comme le prince le plus voisin, et le plus en
état de les bien gouverner. Par les mêmes lettres, l'Empereur
faisait défense aux chanoines de la Cathédrale, sous peine
d'encourir son indignation et d'être privés de leurs fiefs
relevant de l'Empire, de recevoir aucun autre évêque qu'Olry de
Blamont, qu'ils avaient élu selon les règles canoniques (1).
Maximilien recommandait en même tems à René d'appuyer de tout
son crédit l'élection d'Olry, de protéger ce prélat dans la
poursuite de ses droits seigneuriaux, comme évêque légitime de
Toul, et de mettre incontinent sous le séquestre tout le
temporel de l'Évêché. Le duc de Lorraine, satisfait de la bonne
volonté de l'Empereur, se mit en mesure d'exécuter les
intentions de ce prince ; mais il avait bien des obstacles à
vaincre, avant d'atteindre le but de ses désirs. Jean de Marades, le compétiteur d'Olry, avait obtenu d'Alexandre VI un
interdit sur tout le diocèse, et après beaucoup de difficultés
était parvenu, au moyen de quelques ecclésiastiques gagnés, à le
faire publier dans les villes de Toul et de Nancy, d'où il se
répandit bientôt dans les autres localités. Deux partis se
formèrent alors, l'un pour Jean de Marades, et l'autre pour Olry
de Blamont: le premier de ces partis voulant l'exécution de
l'interdit, et l'autre s'y opposant; de là des discordes telles,
et une exaltation générale si vive, que de part et d'autre on
courut aux armes, et que le sang faillit couler. Mais, comme
ceux qui soutenaient Jean de Marades étaient les plus faibles,
ils payèrent leur attachement à sa cause par la confiscation de
leurs biens, par l'exil et par la prison. Enfin, après une
lutte déplorable, quelques personnes sages et influentes du
diocèse travaillèrent à concilier les partis, et parvinrent à
amener entre les deux compétiteurs à l'évêché de Toul, la
transaction suivante:
« Olry de Blamont et Jean de Marades, renonceront devant le Pape
à toutes leurs prétentions sur l'Eglise de Toul, et Sa Sainteté
sera priée par le très illustre prince René, roi de Sicile et de
Jérusalem, et par le Chapitre de la Cathédrale, de permettre aux
deux compétiteurs de se faire sacrer sous le titre d'évêques de
Toul, à condition que le survivant demeurera évêque de cette
ville, sans qu'il soit obligé de prendre de nouvelles bulles.
» Olry de Blamont, plus âgé que Jean de Marades, aura seul
l'administration de l'Évéché.
» Jean de Marades aura la moitié du revenu de l'Évêché, et
pourra commettre des personnes qui assisteront aux comptes que
les receveurs d'Olry rendront, tant des fruits du temporel, que
de ceux du spirituel.
» Le revenu qui a été mis en séquestre pendant la vacance du
siège sera partagé entre les deux prélats.
» Jean de Marades travaillera auprès du Pape pour faire
comprendre la ville et le diocèse de Toul dans le concordat
Germanique (2), à l'instar de la ville et du diocèse de Metz. Le
duc de Lorraine emploiera son autorité pour l'y faire observer,
afin d'empêcher les gradués des universités de France de se
mettre en possession des bénéfices.
» Olry » de Blamont suppliera le Pape de lever l'interdit lancé
sur le diocèse; il procurera le retour dans leurs foyers, à tous
ceux qui ont été exilés des étals de Lorraine; leur fera
restituer leurs biens, leurs bénéfices, leurs privilèges, et
les fera rentrer dans les bonnes grâces de René.
» Olry donnera à Jean de Marades, une indemnité de treize cents
ducats. »
Ce traité fut adressé au Pape avec prière de le ratifier. Le duc
de Lorraine lui envoya Hugues des Hazards, doyen du Chapitre de
Metz, et l'abbé de Saint-Èvre, pour appuyer cette demande en son
nom, et lui offrir ses excuses sur les troubles survenus dans le
diocèse, à la suite de l'élection d'Olry. L'Empereur fit
connaître en même tems au Souverain Pontife, qu'il ne
consentirait jamais qu'un sujet espagnol devînt évêque d'une
ville impériale frontière de la France; il joignit ses instances
à celles de René, pour engager Alexandre VI à donner à Olry des
bulles d'institution, le considérant comme le seul prélat
capable de rétablir les affaires délabrées du diocèse de Toul.
Ces sollicitations réitérées opérèrent un changement sur la
résolution du Pape, qui, du reste, voyait que le traité
respectait son autorité, et que ses désirs étaient en partie
remplis, puisque son camérier d'honneur devait rester évêque de
Toul.. Alexandre expédia donc des bulles, à la fois à Olry et à
Jean de Marades, et leur permit de se faire sacrer l'un et
l'autre évêques de Toul. Tous deux nommèrent des
vicaires-généraux, et des receveurs qui prirent, en leur nom,
possession de l'Evêché, et qui s'en partagèrent le revenu.
Jean de Marades ne vint jamais à Toul; il habita Rome jusqu'à sa
mort, qui arriva quelques années avant celle d'Olry.
Dès qu'Olry de Blamont fut installé sur le siège de Toul, le duc
de Lorraine lui réclama le prix des démarches qu'il avait faites
pour l'y établir, et ce prix n'était autre chose, comme nous
l'avons dit, que la cession des droits régaliens de l'Évêque sur
la ville de Toul et le pays toulois, c'est-à-dire, l'exercice de
la souveraineté politique sur ce petit état. Olry, qui
probablement avait fait une promesse imprudente, céda aux
instances du Prince, et celui-ci s'empressa d'envoyer des
commissaires au Pape et à l'Empereur, pour leur demander la
confirmation de cet abandon. Le procureur-général de Lorraine et
l'abbé de Saint-Èvre, qui étaient chargés de cette mission,
échouèrent l'un et l'autre auprès de ces deux cours, et la
ratification ne fut pas accordée. Maximilien fit défense à
l'évêque de Toul de favoriser auprès du Pape aucune démarche qui
aurait trait à une pareille aliénation. René ne se rebuta pas,
et déguisant sa demande sous une autre forme, il sollicita de
l'Empereur qu'il l'autorisât du moins à acheter le comté de
Toul, que ses prédécesseurs avaient possédé autrefois, et qu'ils
avaient vendu aux évêques. Il offrait de ne tenir ce comté que
comme un fief de l'Evêché, pour lequel il rendrait hommage, soit
à l'Empereur, soit à l'Évêque. René faisait valoir, à l'appui de
ses sollicitations, l'avantage qu'il y aurait pour l'Empire de
remettre ce comté entre les mains d'un seigneur laïque capable
de le défendre contre l'ambition de la France, qui tôt ou tard,
disait-il, l'arracherait des mains débiles d'un chef
ecclésiastique. Les chanoines, qui n'avaient rien à perdre par
cette cession, se joignirent au Duc, et appuyèrent sa demande
auprès de l'Empereur. Les bourgeois, au contraire, qui
craignaient que cette aliénation ne portât une grave atteinte à
l'exercice de leurs franchises municipales, conjurèrent
l'Empereur de ne pas y consentir, et leur prière fut exaucée.
Tous ces refus ne firent cependant pas abandonner au duc René le
projet qu'il avait conçu de réunir la ville de Toul à ses états.
Ne pouvant arriver de vive force à ses fins, et voyant que le
corps des magistrats municipaux alors en fonctions était le
principal obstacle à vaincre, il prit le parti de temporiser et
de chercher à séduire en sa faveur l'esprit des habitans. Au
tems de l'épiscopat d'Olry de Blamont, la nomination du
Maître-Echevin était au choix seul de l'Evêque, et ce premier
magistrat de la cité jouissait ordinairement d'une influence
considérable sur le conseil municipal et sur toute la
bourgeoisie. Le Prince obtint facilement du Prélat cette
importante fonction pour Claude de Calabre, fils naturel de sa
maison; il réussit en outre à faire élire, à force de brigues,
aux emplois d'échevins et de justiciers, quelques-uns des
bourgeois les plus dévoués à ses intérêts. Cependant, malgré
tant d'efforts, René ne put amener la magistrature touloise à
se démettre en sa faveur d'une portion de son autorité; tout ce
qu'il obtint, et c'était beaucoup, ce fut de la faire consentir
à ce que les aides ou subsides qu'il levait en Lorraine fussent
également perçus dans la ville de Toul. Cette concession,
quoique momentanée, ne fut pas moins un précédent fâcheux pour
l'indépendance des Toulois, et depuis ce tems, bien que René et
quelques-uns de ses successeurs n'usassent pas dans notre ville
d'un pouvoir souverain, cependant ils acquirent sur elle une
telle influence, qu'ils nommèrent, pour ainsi dire seuls,
plusieurs de ses évêques, et qu'ils disposèrent long-tems à leur
gré des emplois civils et ecclésiastiques. Cet état de choses
subsista jusqu'à la réunion de Toul à la France.
Vers les derniers tems de son règne, René entra en hostilités
avec les Toulois, au sujet de la rente de mille francs qu'ils
lui devaient. Le Duc en réclamait le paiement, et refusait
d'admettre la compensation que les bourgeois voulaient établir
avec pareille somme qu'ils lui avaient prêtée pour son voyage de
Naples. Ceux-ci persistant dans leur refus, la guerre leur fut
déclarée, mais, comme ils étaient les plus faibles, ils
succombèrent et subirent la paix, que le Prince leur accorda
sous des conditions désavantageuses pour eux. Une clause du
traité obligeait les bourgeois à faire dire une messe tous les
jours à l'autel de Saint-Gérard, pour le repos de l'âme du duc
Charles II.
Le même René, voulant toujours affermir davantage sa
prépondérance dans l'évêché de Toul, offrit aux chanoines de
leur acheter le château de Void, leur faisant entrevoir que,
comme ils n'étaient pas en état de le défendre, les Français y
mettraient bientôt garnison. Les chanoines refusèrent, mais le
Duc s'en empara de vive force et y logea cent cinquante soldats.
Il se mit de la même manière en possession de la forteresse de
Vicherey, sous le spécieux prétexte de la protéger contre les
ennemis de l'Évêché.
Toutes ces entreprises du duc de Lorraine contre la ville de
Toul et le pays toulois, contribuèrent à y affaiblir
considérablement le pouvoir politique de l'Évêque, et Olry de
Blamont dut avoir plus d'une fois occasion de se repentir de sa
coupable condescendance pour les projets ambitieux de son
parent. Ce prélat, que son état d'obésité rendit de bonne heure
inhabile aux affaires, fit choix pour le remplacer dans son
administration épiscopale, tant spirituelle que temporelle, de
Nicolas Le Sane, archidiacre, docteur en droit et conseiller du
duc de Lorraine, homme d'une prudence consommée, et ami zélé de
son pays, comme l'appelle le Nécrologe de l'Église de Toul (3),
qui fit refleurir la discipline ecclésiastique, si négligée
depuis les derniers troubles de la province, et adoucit d'une
manière notable le sort des sujets de l'Evêché, dont la misère
était alors extrême, en leur accordant des exemptions ou des
diminutions de tailles et de redevances. Nicolas Le Sane fut un
de ces bons ministres d'état que l'Histoire trouve si rarement
l'occasion de signaler à la reconnaissance publique; car il fut
le véritable ami du peuple, dans un tems où le peuple, surtout
celui des campagnes, n'était considéré que comme taillable à
merci.
Olry de Blamont n'habitait pas pour l'ordinaire la ville de
Toul; il passait presque toute l'année dans son château de
Mandres-aux-quatre-Tours, seigneurie dont il avait hérité du
comte de Blamont, son neveu. Il légua par testament au duc René
II, son cousin, cette même seigneurie, ainsi que celles de
Deneuvre, d'Amermont et de Fougerolles (4).
Olry mourut le 5 mai 1506, à l'âge de 80 ans, et, conformément à
ses dernières intentions, on lui donna la sépulture dans
l'église de Deneuvre, où un tombeau lui fut élevé (5).
Huit ans auparavant, le 23 septembre 1498, l'empereur Maximilien
était venu à Toul, et avait été reçu en grande pompe à la porte
du Gué, par le clergé et par le corps municipal. Il fut conduit
solennellement à la Cathédrale, et de là, attendu l'absence de
l'Evêque, à la maison de l'archidiacre Le Sane, où il logea.
L'Empereur, qui était accompagné du duc de Bavière et du comte
de Nassau, repartit le surlendemain seulement pour aller
coucher à Manonville, chez le seigneur de Beauveau. Pendant son
séjour à Toul, Maximilien invita les magistrats de la cité à
envoyer des députés à la diète générale qu'il avait convoquée à
Ulm, pour le mois de novembre suivant.
L'évêque Olry de Blamont vit mettre la dernière main à la
construction de la cathédrale de Toul. Fondé en 965, par saint
Gérard, ce bel édifice ne fut entièrement fini que cinq cent
trente-un ans plus tard, en 1496. [...]
(1) Dom Calmet, Hist. de Lorr. t. 2, p. 1348.
(2) Le concordat germanique passé en 1448, entre le pape Nicolas
V et l'empereur Frédéric III, maintenait, dans toute l'étendue
de l'empire d'Allemagne, les élections des évêques par les
chapitres des églises cathédrales, et donnait au Pape seul le
droit de les confirmer. Ce concordat fut en vigueur dans les
trois évêchés de Toul, de Metz et de Verdun, jusque sous le
règne de Louis XIV, où le pape Alexandre VII accorda à ce
prince, en 1656, un induit pour étendre à ces mêmes évêchés le
concordat de Léon X.
François Ier passa avec ce dernier Souverain Pontife, en 1516,
un concordat qui abolit les élections des Évêques en France, et
qui ne permit au Pape de leur conférer l'institution canonique
que sur la nomination du Roi. Cette forme subsista en France
jusqu'en 1790, où la Constitution civile du clergé dépouillant
de fait le Pape du droit de donner l'institution canonique, en
chargea le métropolitain ou le plus ancien évêque de la
province. Quant au choix des évêques, la Constitution civile le
confiait aux corps électoraux. Le concordat de 1801, en vigueur
aujourd'hui, rétablit la forme fixée par celui de Léon X.
Bien que le concordat germanique dût légalement recevoir son
application dans le diocèse de Toul, jusqu'en 1656, cependant, à
dater de 1552, époque de l'occupation de la ville de Toul par
les Français, plusieurs de nos rois se prétendirent en droit de
pourvoir à la vacance du siège, à l'exclusion des chanoines et
de toutes réserves des Papes. Dès 1634, Louis XIII nomma
plusieurs fois directement a cet évêché, malgré les remontrances
et l'opposition des uns et des autres.
(3) « Secundâ die octobris obiit Nicolaus Le Sane, in utroque
jure doctor, canonicus, archidiaconus de Portu, scholasticus in
praesenti ecclcsiâ, vicarius generalis et officialis hujus
episcopatus Tullensis, et regis Sicilise et Lotharingie ducis
consiliarius, vir prudentissimus et patrioe zelalor eximius. »
(4) II est intéressant de lire les actes de prise de possession
de ces seigneuries, qui sont insérés dans les Preuves de
l'Histoire de Lorraine,par Dom Calmet, t. III, p. 338 et suiv.
(5) « En nom de la sainte et individue Trinité, nous Olry de
Blamont, par la grace de Dieu et du Saint Siége apostolique,
évêque et comte de Toul, faisons savoir à tous, que en notre bon
sens, advis et mémoire, sains de pensée, d'entendement et de
corps, regardans et considérans que en ce mortel monde n'est
chose plus certaine que de la mort, ne plus incertain que
l'heure d'icelle, non voulant décéder sans premièrement faire,
deviser et ordonner notre testament, ordonnance et dernière
volunté, ne sans disposer, au salut de notre ame, des biens que
Dieu notre Créateur nous a prêté, par ces présentes, faisons,
devisons et ordonnons notre testament en la manière que s'ensuit
: Premièrement, quand notre ame partira de notre corps, nous la
présentons, rendons et recommandons à Dieu notre Créateur, à sa
sacrée mère, la Vierge Marie, notre singulier refuge, suppliant
dévotement qu'ils la veulent recevoir et colloquer en leur
paradis.
» Item, élisons la sépulture de notre corps en l'église
collégiale de monsieur saint Georges, de Deneuvre, devant le
grand autel d'icelle, soubs la redouble de la votte du choeur, on
lieu où faisons élever ung monument pour reposer notre dict
corps. »
Olry de Blamont, après la fondation de plusieurs obits, institue
pour son unique et universel héritier, son cousin, René II, duc
de Lorraine, et continue ainsi: « Nous recommandons à notre dict
seigneur, cousin et héritier, tous nos serviteurs,
principalement notre vicaire de Toul, le bailli de notre évêchié,
messire Nicole Thierry et messire Cuguin, nos chapellains et
secrétaires, Melchior Blonmeck, Olry Bayer, Phelippes Backet et
Daniel, nos gentils-hommes, Mengenel, notre cousturier
(tailleur), Nicolas Grégoire et Jean Barbier, nos chambellans,
Jehan, notre boullangier, Hanus, notre cellerier, Jean Aubry,
notre page, Sébastien, Antoine et Georges, nos cuisiniers,
Claude le Trilleur et Claude, son frère, nos charretons
(cochers), Hannus de Blamont, notre portier, Catherine, Isabelle
et Mengette, nos mainagières. »
Testament d'Olry de Blamont, dans Dom Calmet, Hist. de Lor., t.
3, p. 350 des Preuves. Cette dernière clause nous donne une idée
de la composition de la maison de l'évêque de Toul, au
commencement du seizième siècle. |