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Olry de Blâmont (1426-1506)
(notes renumérotées)
Voir aussi Le Blâmontois réuni à la Lorraine - 1503 - 1459 - Olry de Blâmont, évêque-élu de Metz


Histoire de la ville de Toul et de ses évêques
A.D. Thiéry
Tome II
Ed. 1841

OLRY DE BLAMONT
SOIXANTE-ONZIÈME ÉVEQUE.

(1495.) René II nourrissait depuis long-tems dans son esprit des projets d'envahissement sur la ville de Toul, et désirait voir succéder à Antoine de Neufchâtel un prélat dont le dévouement à toute épreuve pût remplir ses vues ambitieuses. Il ne s'agissait de rien moins pour ce prince, que d'amener le nouvel élu à se dépouiller en sa faveur de toute l'autorité temporelle dont jouissaient les évêques de Toul, sur leur ville épiscopale et sur le territoire toulois. Le duc de Lorraine, pour arriver à cette fin, jeta les yeux sur Olry de Blamont, son parent, fils de Thiébaut, comte de Blamont et de Marguerite de Lorraine, fille de Ferry Ier, comte de Vaudémont. Olry, après avoir été à la fois chanoine de Toul, de St.-Dié, de Metz et de Verdun, et avoir manqué successivement les évêchés de ces deux dernières villes, par l'opposition de la Cour de Rome, se présenta donc aux suffrages du Chapitre de Toul. Les chanoines, gagnés par René, entretenaient Olry dans l'espérance du succès de sa prochaine élection, lorsque, contre toute attente, le pape Alexandre VI leur fit connaître que, s'étant réservé la collation de cet évêché, il le destinait à Jean de Marades, son camérier d'honneur, et Espagnol d'origine. Cette notification de la part du Souverain Pontife, contraria au dernier point les chanoines, tant parce qu'elle les forçait de manquer de parole au duc de Lorraine, que par la crainte qu'ils avaient de voir un étranger s'asseoir sur le siège de Toul. Ils adressèrent au Pape des remontrances, et lui firent observer que leur Église étant pauvre, elle avait besoin d'un prélat riche, jouissant d'une grande influence dans le pays, afin qu'il plût aux peuples et aux princes, et qu'il lui fût possible de rétablir le temporel ruiné de l'Évêché. Alexandre demeura inflexible; c'est alors que les chanoines, vivement pressés par René, ne tinrent aucun compte de la signification papale, et élurent Olry de Blamont, en dépit des menaces d'excommunication du Souverain Pontife. Celui-ci, apprenant la conduite du Chapitre, lui adressa de vifs reproches sur le mépris qu'il faisait de son autorité, et lui déclara que l'élection d'Olry étant nulle, il nommait Jean de Marades. Le duc de Lorraine ne recula pas devant l'obstination d'Alexandre; il redoubla d'efforts pour faire triompher son protégé, et mit dans ses intérêts le clergé et le peuple du diocèse. Il envoya Olry près de l'empereur Maximilien, avec des lettres dans lesquelles il exposait à ce prince l'importance qu'il y aurait pour l'empire germanique que l'evêque de Toul fût un homme d'un dévouement et d'une fidélité éprouvés, afin qu'il sût toujours résister aux prétentions des rois de France, dont le royaume touchait aux frontières de l'Évêché. Maximilien répondit au duc, par lettres datées de Worms, du 11 juillet 1495, qu'ayant vu les actes d'élection d'Olry de Blamont, et que s'étant informé des bonnes qualités de ce prélat, il avait fait prier le Pape et les cardinaux de confirmer son élection; qu'au cas contraire, il leur avait déclaré qu'il ne permettrait jamais que l'Église, la cité et le pays de Toul, fussent d'une nature et condition différente que les autres Eglises de l'Empire et de la nation germanique. Que si le Pape persévérait dans son refus, il retirerait et réunirait à sa couronne les régales, comté, terres et domaines que les évêques de Toul tenaient d'elle, et qu'il commettrait, pour les régir sous sa suzeraineté, lui, René II, duc de Lorraine, comme le prince le plus voisin, et le plus en état de les bien gouverner. Par les mêmes lettres, l'Empereur faisait défense aux chanoines de la Cathédrale, sous peine d'encourir son indignation et d'être privés de leurs fiefs relevant de l'Empire, de recevoir aucun autre évêque qu'Olry de Blamont, qu'ils avaient élu selon les règles canoniques (1). Maximilien recommandait en même tems à René d'appuyer de tout son crédit l'élection d'Olry, de protéger ce prélat dans la poursuite de ses droits seigneuriaux, comme évêque légitime de Toul, et de mettre incontinent sous le séquestre tout le temporel de l'Évêché. Le duc de Lorraine, satisfait de la bonne volonté de l'Empereur, se mit en mesure d'exécuter les intentions de ce prince ; mais il avait bien des obstacles à vaincre, avant d'atteindre le but de ses désirs. Jean de Marades, le compétiteur d'Olry, avait obtenu d'Alexandre VI un interdit sur tout le diocèse, et après beaucoup de difficultés était parvenu, au moyen de quelques ecclésiastiques gagnés, à le faire publier dans les villes de Toul et de Nancy, d'où il se répandit bientôt dans les autres localités. Deux partis se formèrent alors, l'un pour Jean de Marades, et l'autre pour Olry de Blamont: le premier de ces partis voulant l'exécution de l'interdit, et l'autre s'y opposant; de là des discordes telles, et une exaltation générale si vive, que de part et d'autre on courut aux armes, et que le sang faillit couler. Mais, comme ceux qui soutenaient Jean de Marades étaient les plus faibles, ils payèrent leur attachement à sa cause par la confiscation de leurs biens, par l'exil et par la prison. Enfin, après une lutte déplorable, quelques personnes sages et influentes du diocèse travaillèrent à concilier les partis, et parvinrent à amener entre les deux compétiteurs à l'évêché de Toul, la transaction suivante:
«  Olry de Blamont et Jean de Marades, renonceront devant le Pape à toutes leurs prétentions sur l'Eglise de Toul, et Sa Sainteté sera priée par le très illustre prince René, roi de Sicile et de Jérusalem, et par le Chapitre de la Cathédrale, de permettre aux deux compétiteurs de se faire sacrer sous le titre d'évêques de Toul, à condition que le survivant demeurera évêque de cette ville, sans qu'il soit obligé de prendre de nouvelles bulles.
» Olry de Blamont, plus âgé que Jean de Marades, aura seul l'administration de l'Évéché.
» Jean de Marades aura la moitié du revenu de l'Évêché, et pourra commettre des personnes qui assisteront aux comptes que les receveurs d'Olry rendront, tant des fruits du temporel, que de ceux du spirituel.
» Le revenu qui a été mis en séquestre pendant la vacance du siège sera partagé entre les deux prélats.
» Jean de Marades travaillera auprès du Pape pour faire comprendre la ville et le diocèse de Toul dans le concordat Germanique (2), à l'instar de la ville et du diocèse de Metz. Le duc de Lorraine emploiera son autorité pour l'y faire observer, afin d'empêcher les gradués des universités de France de se mettre en possession des bénéfices.
» Olry » de Blamont suppliera le Pape de lever l'interdit lancé sur le diocèse; il procurera le retour dans leurs foyers, à tous ceux qui ont été exilés des étals de Lorraine; leur fera restituer leurs biens, leurs bénéfices, leurs privilèges, et les fera rentrer dans les bonnes grâces de René.
» Olry donnera à Jean de Marades, une indemnité de treize cents ducats. »
Ce traité fut adressé au Pape avec prière de le ratifier. Le duc de Lorraine lui envoya Hugues des Hazards, doyen du Chapitre de Metz, et l'abbé de Saint-Èvre, pour appuyer cette demande en son nom, et lui offrir ses excuses sur les troubles survenus dans le diocèse, à la suite de l'élection d'Olry. L'Empereur fit connaître en même tems au Souverain Pontife, qu'il ne consentirait jamais qu'un sujet espagnol devînt évêque d'une ville impériale frontière de la France; il joignit ses instances à celles de René, pour engager Alexandre VI à donner à Olry des bulles d'institution, le considérant comme le seul prélat capable de rétablir les affaires délabrées du diocèse de Toul.
Ces sollicitations réitérées opérèrent un changement sur la résolution du Pape, qui, du reste, voyait que le traité respectait son autorité, et que ses désirs étaient en partie remplis, puisque son camérier d'honneur devait rester évêque de Toul.. Alexandre expédia donc des bulles, à la fois à Olry et à Jean de Marades, et leur permit de se faire sacrer l'un et l'autre évêques de Toul. Tous deux nommèrent des vicaires-généraux, et des receveurs qui prirent, en leur nom, possession de l'Evêché, et qui s'en partagèrent le revenu.
Jean de Marades ne vint jamais à Toul; il habita Rome jusqu'à sa mort, qui arriva quelques années avant celle d'Olry.
Dès qu'Olry de Blamont fut installé sur le siège de Toul, le duc de Lorraine lui réclama le prix des démarches qu'il avait faites pour l'y établir, et ce prix n'était autre chose, comme nous l'avons dit, que la cession des droits régaliens de l'Évêque sur la ville de Toul et le pays toulois, c'est-à-dire, l'exercice de la souveraineté politique sur ce petit état. Olry, qui probablement avait fait une promesse imprudente, céda aux instances du Prince, et celui-ci s'empressa d'envoyer des commissaires au Pape et à l'Empereur, pour leur demander la confirmation de cet abandon. Le procureur-général de Lorraine et l'abbé de Saint-Èvre, qui étaient chargés de cette mission, échouèrent l'un et l'autre auprès de ces deux cours, et la ratification ne fut pas accordée. Maximilien fit défense à l'évêque de Toul de favoriser auprès du Pape aucune démarche qui aurait trait à une pareille aliénation. René ne se rebuta pas, et déguisant sa demande sous une autre forme, il sollicita de l'Empereur qu'il l'autorisât du moins à acheter le comté de Toul, que ses prédécesseurs avaient possédé autrefois, et qu'ils avaient vendu aux évêques. Il offrait de ne tenir ce comté que comme un fief de l'Evêché, pour lequel il rendrait hommage, soit à l'Empereur, soit à l'Évêque. René faisait valoir, à l'appui de ses sollicitations, l'avantage qu'il y aurait pour l'Empire de remettre ce comté entre les mains d'un seigneur laïque capable de le défendre contre l'ambition de la France, qui tôt ou tard, disait-il, l'arracherait des mains débiles d'un chef ecclésiastique. Les chanoines, qui n'avaient rien à perdre par cette cession, se joignirent au Duc, et appuyèrent sa demande auprès de l'Empereur. Les bourgeois, au contraire, qui craignaient que cette aliénation ne portât une grave atteinte à l'exercice de leurs franchises municipales, conjurèrent l'Empereur de ne pas y consentir, et leur prière fut exaucée. Tous ces refus ne firent cependant pas abandonner au duc René le projet qu'il avait conçu de réunir la ville de Toul à ses états. Ne pouvant arriver de vive force à ses fins, et voyant que le corps des magistrats municipaux alors en fonctions était le principal obstacle à vaincre, il prit le parti de temporiser et de chercher à séduire en sa faveur l'esprit des habitans. Au tems de l'épiscopat d'Olry de Blamont, la nomination du Maître-Echevin était au choix seul de l'Evêque, et ce premier magistrat de la cité jouissait ordinairement d'une influence considérable sur le conseil municipal et sur toute la bourgeoisie. Le Prince obtint facilement du Prélat cette importante fonction pour Claude de Calabre, fils naturel de sa maison; il réussit en outre à faire élire, à force de brigues, aux emplois d'échevins et de justiciers, quelques-uns des bourgeois les plus dévoués à ses intérêts. Cependant, malgré tant d'efforts, René ne put amener la magistrature touloise à se démettre en sa faveur d'une portion de son autorité; tout ce qu'il obtint, et c'était beaucoup, ce fut de la faire consentir à ce que les aides ou subsides qu'il levait en Lorraine fussent également perçus dans la ville de Toul. Cette concession, quoique momentanée, ne fut pas moins un précédent fâcheux pour l'indépendance des Toulois, et depuis ce tems, bien que René et quelques-uns de ses successeurs n'usassent pas dans notre ville d'un pouvoir souverain, cependant ils acquirent sur elle une telle influence, qu'ils nommèrent, pour ainsi dire seuls, plusieurs de ses évêques, et qu'ils disposèrent long-tems à leur gré des emplois civils et ecclésiastiques. Cet état de choses subsista jusqu'à la réunion de Toul à la France.
Vers les derniers tems de son règne, René entra en hostilités avec les Toulois, au sujet de la rente de mille francs qu'ils lui devaient. Le Duc en réclamait le paiement, et refusait d'admettre la compensation que les bourgeois voulaient établir avec pareille somme qu'ils lui avaient prêtée pour son voyage de Naples. Ceux-ci persistant dans leur refus, la guerre leur fut déclarée, mais, comme ils étaient les plus faibles, ils succombèrent et subirent la paix, que le Prince leur accorda sous des conditions désavantageuses pour eux. Une clause du traité obligeait les bourgeois à faire dire une messe tous les jours à l'autel de Saint-Gérard, pour le repos de l'âme du duc Charles II.
Le même René, voulant toujours affermir davantage sa prépondérance dans l'évêché de Toul, offrit aux chanoines de leur acheter le château de Void, leur faisant entrevoir que, comme ils n'étaient pas en état de le défendre, les Français y mettraient bientôt garnison. Les chanoines refusèrent, mais le Duc s'en empara de vive force et y logea cent cinquante soldats. Il se mit de la même manière en possession de la forteresse de Vicherey, sous le spécieux prétexte de la protéger contre les ennemis de l'Évêché.
Toutes ces entreprises du duc de Lorraine contre la ville de Toul et le pays toulois, contribuèrent à y affaiblir considérablement le pouvoir politique de l'Évêque, et Olry de Blamont dut avoir plus d'une fois occasion de se repentir de sa coupable condescendance pour les projets ambitieux de son parent. Ce prélat, que son état d'obésité rendit de bonne heure inhabile aux affaires, fit choix pour le remplacer dans son administration épiscopale, tant spirituelle que temporelle, de Nicolas Le Sane, archidiacre, docteur en droit et conseiller du duc de Lorraine, homme d'une prudence consommée, et ami zélé de son pays, comme l'appelle le Nécrologe de l'Église de Toul (3), qui fit refleurir la discipline ecclésiastique, si négligée depuis les derniers troubles de la province, et adoucit d'une manière notable le sort des sujets de l'Evêché, dont la misère était alors extrême, en leur accordant des exemptions ou des diminutions de tailles et de redevances. Nicolas Le Sane fut un de ces bons ministres d'état que l'Histoire trouve si rarement l'occasion de signaler à la reconnaissance publique; car il fut le véritable ami du peuple, dans un tems où le peuple, surtout celui des campagnes, n'était considéré que comme taillable à merci.
Olry de Blamont n'habitait pas pour l'ordinaire la ville de Toul; il passait presque toute l'année dans son château de Mandres-aux-quatre-Tours, seigneurie dont il avait hérité du comte de Blamont, son neveu. Il légua par testament au duc René II, son cousin, cette même seigneurie, ainsi que celles de Deneuvre, d'Amermont et de Fougerolles (4).
Olry mourut le 5 mai 1506, à l'âge de 80 ans, et, conformément à ses dernières intentions, on lui donna la sépulture dans l'église de Deneuvre, où un tombeau lui fut élevé (5).
Huit ans auparavant, le 23 septembre 1498, l'empereur Maximilien était venu à Toul, et avait été reçu en grande pompe à la porte du Gué, par le clergé et par le corps municipal. Il fut conduit solennellement à la Cathédrale, et de là, attendu l'absence de l'Evêque, à la maison de l'archidiacre Le Sane, où il logea. L'Empereur, qui était accompagné du duc de Bavière et du comte de Nassau, repartit le surlendemain seulement pour aller coucher à Manonville, chez le seigneur de Beauveau. Pendant son séjour à Toul, Maximilien invita les magistrats de la cité à envoyer des députés à la diète générale qu'il avait convoquée à Ulm, pour le mois de novembre suivant.
L'évêque Olry de Blamont vit mettre la dernière main à la construction de la cathédrale de Toul. Fondé en 965, par saint Gérard, ce bel édifice ne fut entièrement fini que cinq cent trente-un ans plus tard, en 1496. [...]


(1) Dom Calmet, Hist. de Lorr. t. 2, p. 1348.
(2) Le concordat germanique passé en 1448, entre le pape Nicolas V et l'empereur Frédéric III, maintenait, dans toute l'étendue de l'empire d'Allemagne, les élections des évêques par les chapitres des églises cathédrales, et donnait au Pape seul le droit de les confirmer. Ce concordat fut en vigueur dans les trois évêchés de Toul, de Metz et de Verdun, jusque sous le règne de Louis XIV, où le pape Alexandre VII accorda à ce prince, en 1656, un induit pour étendre à ces mêmes évêchés le concordat de Léon X.
François Ier passa avec ce dernier Souverain Pontife, en 1516, un concordat qui abolit les élections des Évêques en France, et qui ne permit au Pape de leur conférer l'institution canonique que sur la nomination du Roi. Cette forme subsista en France jusqu'en 1790, où la Constitution civile du clergé dépouillant de fait le Pape du droit de donner l'institution canonique, en chargea le métropolitain ou le plus ancien évêque de la province. Quant au choix des évêques, la Constitution civile le confiait aux corps électoraux. Le concordat de 1801, en vigueur aujourd'hui, rétablit la forme fixée par celui de Léon X.
Bien que le concordat germanique dût légalement recevoir son application dans le diocèse de Toul, jusqu'en 1656, cependant, à dater de 1552, époque de l'occupation de la ville de Toul par les Français, plusieurs de nos rois se prétendirent en droit de pourvoir à la vacance du siège, à l'exclusion des chanoines et de toutes réserves des Papes. Dès 1634, Louis XIII nomma plusieurs fois directement a cet évêché, malgré les remontrances et l'opposition des uns et des autres.
(3) «  Secundâ die octobris obiit Nicolaus Le Sane, in utroque jure doctor, canonicus, archidiaconus de Portu, scholasticus in praesenti ecclcsiâ, vicarius generalis et officialis hujus episcopatus Tullensis, et regis Sicilise et Lotharingie ducis consiliarius, vir prudentissimus et patrioe zelalor eximius. »
(4) II est intéressant de lire les actes de prise de possession de ces seigneuries, qui sont insérés dans les Preuves de l'Histoire de Lorraine,par Dom Calmet, t. III, p. 338 et suiv.
(5) «  En nom de la sainte et individue Trinité, nous Olry de Blamont, par la grace de Dieu et du Saint Siége apostolique, évêque et comte de Toul, faisons savoir à tous, que en notre bon sens, advis et mémoire, sains de pensée, d'entendement et de corps, regardans et considérans que en ce mortel monde n'est chose plus certaine que de la mort, ne plus incertain que l'heure d'icelle, non voulant décéder sans premièrement faire, deviser et ordonner notre testament, ordonnance et dernière volunté, ne sans disposer, au salut de notre ame, des biens que Dieu notre Créateur nous a prêté, par ces présentes, faisons, devisons et ordonnons notre testament en la manière que s'ensuit : Premièrement, quand notre ame partira de notre corps, nous la présentons, rendons et recommandons à Dieu notre Créateur, à sa sacrée mère, la Vierge Marie, notre singulier refuge, suppliant dévotement qu'ils la veulent recevoir et colloquer en leur paradis.
» Item, élisons la sépulture de notre corps en l'église collégiale de monsieur saint Georges, de Deneuvre, devant le grand autel d'icelle, soubs la redouble de la votte du choeur, on lieu où faisons élever ung monument pour reposer notre dict corps. »
Olry de Blamont, après la fondation de plusieurs obits, institue pour son unique et universel héritier, son cousin, René II, duc de Lorraine, et continue ainsi: «  Nous recommandons à notre dict seigneur, cousin et héritier, tous nos serviteurs, principalement notre vicaire de Toul, le bailli de notre évêchié, messire Nicole Thierry et messire Cuguin, nos chapellains et secrétaires, Melchior Blonmeck, Olry Bayer, Phelippes Backet et Daniel, nos gentils-hommes, Mengenel, notre cousturier (tailleur), Nicolas Grégoire et Jean Barbier, nos chambellans, Jehan, notre boullangier, Hanus, notre cellerier, Jean Aubry, notre page, Sébastien, Antoine et Georges, nos cuisiniers, Claude le Trilleur et Claude, son frère, nos charretons (cochers), Hannus de Blamont, notre portier, Catherine, Isabelle et Mengette, nos mainagières. »
Testament d'Olry de Blamont, dans Dom Calmet, Hist. de Lor., t. 3, p. 350 des Preuves. Cette dernière clause nous donne une idée de la composition de la maison de l'évêque de Toul, au commencement du seizième siècle.

 

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