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1459 - Olry de Blâmont, évêque-élu de Metz

Voir aussi Le Blâmontois réuni à la Lorraine - 1503 - Olry de Blâmont (1426-1506)


Les cahiers lorrains
No 4 - Octobre 1967

OLRY de BLAMONT
évêque-élu de Metz (1459)

Lorsque Conrad Bayer de Boppart, évêque de Metz, mourut le 20 avril 1459, Georges de Bade, chanoine de Cologne et coadjuteur depuis le mois de juin de l'année passée, se présenta devant le Chapitre afin d'être mis en possession de l'évêché. Le grand archidiacre Jean Bayer, mécontent que son oncle ne l'ait pas choisi à sa place, contesta ses droits et engagea les chanoines à élire un nouvel évêque.
Le 23 mai, il convoqua le Chapitre, mais treize seulement des vingt neuf chanoines répondirent présent. Ils délibérèrent cependant, en présence de Guillaume d'Haraucourt, évêque de Verdun et des principaux abbés bénédictins du diocèse. Leur choix se porta sur Olry de Blamont.
Les chroniques évoquent l'affaire : «  De quoy, après la mort dudit seigneur Coinraird, évêsque, sortit entre eulx une dissention pour faire élection d'ung aultre evesque ; car audit temps pendant, pape Pius second réserva à luy l'élection pour celle fois seulement, et leur fist faire inhibition, sus peine d'excomuniement, qu'ils n'y procedaissent plus avant. Mais aulcuns y procédèrent et fut esleu maistre Olry de Blamont ... » (1).
Le nouvel élu «  remercia d'abord ses confrères de l'honneur qu'ils lui avaient fait, et ne signa qu'avec répugnance l'acte de son élection » (2), mais il dut vite changer d'avis puisqu'il se rendit sans tarder à Mantoue auprès de Pie II pour essayer de faire valoir ses droits. Le pape le reçut assez séchement, «  déclara son élection clandestine, nulle et téméraire, et les chanoines qui l'avaient faite, furent obligés quelques temps après, de recourir à Rome pour obtenir l'absolution des censures qu'ils avaient encourues en cette occasion ».
«  Le douziesme jour d'aoust, fut ordonné de part messeigneurs du chappistre de la grant église qu'ils n'iroient point à la dicte église, ne en chappitre, ne en habit jusques tant qu'ils auroient remission de cour de Rome ou aultre nouvelle, pour les dissentions et périls qui estoient entre les chanoines ; car les uns soutenaient ledit Seigneur Olry de Blamont, comme esleu pour evesque, et la plus grande partie soustenoient George de Bauden, pour administrateur evesque et pasteur : et aussy le soutenoit nostre saint père le pape Pius deuxième, et n'en vouloit point d'aultre. Et fut ordonné à Mantoue par le pape et le Sgr George de Bauden, pourtant qu'il estoit trop jeune, qu'il serait trois ans administrateur evesque et pasteur de Mets, et annoncé par les paroisches de Mets qu'on le tint tel...
«  L'an dessusdit (1459), maistre Arreti, chanoine de Mets, fut envoyé à Rome vers le pape, pour impetrer absolution pour les chanoines qui avoient fait election contre le mandement dudit pape » (3).
Qui était Olry de Blamont ? Le fils de Thiebault de Blamont et de Marguerite de Lorraine, le grand oncle du duc régnant. Chanoine de Verdun, de Saint-Dié et de Metz, trésorier du chapitre de Toul, il allait devenir, après son échec sur le siège de S. Clément, protonotaire apostolique et abbé de S. Mansuy de Toul. Louis XI, plus tard, le créera conseiller de son Grand Conseil et l'autorisera à ajouter aux armes de sa famille : de gueules à deux bars adossés d'argent, un écu d'azur à la fleur de lys d'or qu'il posera en chef entre les têtes des deux barbeaux.
Après avoir évincé Olry, Pie II donna, par un bulle du 11 juillet 1459, l'administration de l'évêché de Metz à Georges de Bade, et le 4 août, ce dernier faisait prendre possession du siège par Marc de Bade, son frère, lui aussi chanoine de Cologne. Le grand archidiacre Jean Bayer forma alors opposition à la nomination dies vicaires généraux et il incita le Dauphin, le futur Louis Xl, ainsi que le duc de Bourgogne, Philippe le Bon, à intervenir à nouveau auprès du Souverain Pontife.

Le 3 janvier 1460, Antoine de Croy, comte de Porcien, gouverneur du duché de Luxembourg et du comté de Chiny écrit de son côté au premier magistrat de Metz (4) afin qu'il reconnaisse Olry de Blamont.
«  Honnorables et sages, très chiers et très especiaulx amis, je me recommande à vous. Vous savez l'election faite en evesque futur de Metz de la personne de mon frère messire Olry de Blammont. Le dit messire Olry a nagaires esté par deca, et à son instance escrivent Monseigneur le Daulphin, Monseigneur de Bourgoingne, moy et aultres à notre saint Père, au Colège des Cardinaulx, et aultres en particulier, affin que ladite election puist estre conserveit, et pour ce, honnorab1es et sages, très chiers et especiaulx amis, que tous les dessus dits ont grande affection envers ledit messire Olry et voulenté de tenir la main à la confirmacion d'icelle election, et que ades vous lui avez esté favourable, j'escrips presentement par devers vous, je vous prie que en ensuivant ce que vous requièrent mesdisseigneurs, vous vueilliez continuer en votre dite faveur et assister audit messire Olry en toutes manières qui vous seront assistence. Et quant aucune chose vous plaira que faire puisse, je la feray voulentiers avec l'ayde de Notre Seigneur qui honnorables et sages, très chiers et très especiaulx amis, vous ait en sa sainte garde. Escript à Bruxelles le III jour de janvier. »
Olry n'obtint pas satisfaction, mais il renonça difficilement aux prétendus droits qui lui avaient été conférés car, en 1465, il signa encore évêque élu de Metz (5).
En 1484, au décès de Georges de Bade, Olry dre Blamont entra à nouveau en lice, mais le duc René II fit élire son oncle Henri de Lorraine-Vaudemont, déjà évêque de Therouanne, par ailleurs beau-frère d'Antoine de Croy.
Cela n'alla pas sans mal. «  Il y eut quelque difficulté en son élection, d'autant que la pluspart des Chanoynes et mesme des Bourgeois de la ville désiroient avec une très grande passion qu'un nommé Oulry de Blammont, qui avait esté desia esleu contre Georges de Badem, remplit ceste place : mais le duc d'e Lorraine, ayant mis des trouppes sur pied, et ayant envoyé le Seneschal de Bar, le Bai1lif de Nancy et le Baillif d'Allemagne vers les mesmes Chanoines, ils les fleschirent à porter leurs vœux sur Henry de Vaudemont, évêque de Therouanne ; de quoy la ville tesmoigna recevoir un très sensible desplaisir sur la jalousie, l'appréhension, et l'aversion qu'elle avait des Lorrains » (6).
En 1498, Olry obtint l'évêché de Toul grâce cette fois à l'entremise du duc René qui avait des visées politiques sur le comté de Blamont. «  Ses deux neveux, Louis et Claude étaient valétudinaires ; Claude, fils de Louis, dernier descendant de la famille de Blamont, n'avait point de santé. Olry, robuste vieillard, paraissait devoir leur survivre et recueillir leur héritage. Que deviendrait après lui le puissant comté ? René se le demandait. Pour se ménager les bonnes grâces de l'abbé commendataire de Saint-Mansuy et installer sur le siège de Toul un homme sur lequel il put compter, il résolut de présenter et de soutenir la candidature d'Olry de Blamont et celui-ci, par un traité secret, lui promit de lui abandonner, en cas de réussite, les terres de sa maison » (7).
Olry devait mourir octogénaire le 3 mai 1506 dans sa seigneurie de Mandres-aux-Quatres-Tours où il demeurait habituellement. Il fut inhumé dans la Collégiale de Deneuvre (8) .

H. TRIBOUT de MOREMBERT

(1) Les Chroniques de la Ville de Metz... publiées par J. F. Huguenin, Metz, 1838, p. 290.
(2) Histoire générale de Metz par des religieux bénédictins, Metz, II (1775), 655
(3) Les Chronique de la Ville de Metz, o.c., p. 291. Philippe de Vigneulles, Chronique (édition Bruneau), Metz, II (1929), 335, évoque l'affaire en quelques lignes.
(4) Archives de la Ville de Metz, AA 24, pièce 44. Original avec la signature autographe de A. de Croy et son sceau plaqué de cire rouge. Ce document est daté du 3 janvier, sans précision d'année. Il ne peut s'agir que de 1460. Au dos de la lettre, on lit : «  A honnorables et sages, mes très chiers et très especiaulx amis les Treize de la Ville et cité de Mets ». Précisons qu'Antoine de Croy (1385-1477) n'était pas le frère, mais l'oncle d'Olry. Il avait épousé en seconde noces en 1432 Marguerite de Lorraine dame d'Aerschot, fille du comte Antoine de Lorraine-Vaudemont et de Marie d'Harcourt.
(5) E. Martin, Histoire des diocèses de Toul, Nancy et Saint-Dié, Nancy, I (1900), 541 d'après une charte des Archives de Meurthe-et-Moselle.
(6) Meurisse, Histoire des évêques et l'église de Metz, Metz, 1634, 594.
(7) E. Martin, Histoire des diocèses, o.c., 542.
(8) Dictionnaire de Biographie française, Paris, VI (1952), 571-2.

 

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