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Pillage, incendie et otages - Les ordres de Rupprecht ?
- Août 1914
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Dans Mein Kriegestagesbuch, édité en 1929, le kronprinz
Rupprecht de Bavière
(1869-1955) précise à la date du 28
août 1914 :
« Als ich auf der Fahrt nach Manonviller durch Blâmont gekommen
war, hatte ich den großen aber schmutzigen Ort mit bayerischen
Flaggen geschmückt gesehen, welche die Mannschaften aus
vorgefundenen Trikoloren durch Abtrennung ihrer roten Streifen
gefertigt hatten... Ich erlasse einen Tagesbefehl, in welchem ich
das strafweise Niederbrennen von Ortschaften untersage und vor
Plünderungen warne. Außerdem weise ich darauf hin, daß, wenn es
nötig ist, sich in einem Orte wegen des zweifelhaften Verhaltens
der Bevölkerung Geiseln stellen zu lassen, man die Geiseln nicht
bloß unter den angesehenen Leuten des Ortes wählen dürfe,
sondern auch aus den unbemittelten, die zu Ausschreitungen viel
mehr geneigt sind als die vermögenden Leute, die aus Angst um
ihren Besitz vor solchen zurückscheuen. »
« Quand je suis arrivé à Blâmont lors du trajet vers Manonviller,
j'avais vu ce grand, mais sale, lieu orné de drapeaux bavarois
que des équipes avaient fabriqués à partir de drapeaux tricolores
trouvés, en séparant leur bande rouge... J'adoptais un ordre du
jour dans lequel j'interdisais l'incendie punitif des villages
et mettais en garde contre le pillage. Je fis remarquer aussi,
que, lorsque il est nécessaire, de prendre des otages un lieu en raison du comportement
douteux de la population, on
devait non seulement choisir les otages parmi les gens
respectés du lieu, mais aussi parmi les déshérités qui sont
beaucoup plus enclins à des excès que les personnes fortunées,
qui reculent par crainte pour leur possession. »
On constate donc que :
- s'il est apparemment vrai que comme l'a affirmé le ministre
résident du Consulat de Bavière en Suisse en février 1915 (Voir
Gazette de Lausanne - 5 avril 1915), le
kronprinz Rupprecht n'a « jamais été installé à Blâmont », il a
bien traversé la ville en août 1914 (en se rendant le 28 août à Manonviller où les défenseurs français ont capitulé le 27) ;
- sa mise en garde concernant les incendies,
arrive un peu tard : lors de la première invasion, ses
troupes ont incendié Parux, Nonhigny, Béménil (10 août), Vaucourt (11 août),
Badonviller (12 août),... puis lors de la seconde invasion
Gerbéviller (24 août), etc.
- le choix des otages est donc préconisé « aléatoire »,
et on peut s'interroger sur l'intérêt d'otages sans
influence.
Rappelons aussi que Rupprecht de Bavière n'a pas rédigé seul ses
mémoires : il a été secondé par Eugen von Frauenholz
(1882-1949), qui était présent à Blâmont dès le 8 août (c'est
d'ailleurs l'officier allemand qui a pris les photos de
l'invasion rue de la Gare !). Lorsqu'on connaît les accusations
de crime de guerre contre Rupprecht après guerre (voir en 1919,
la liste des « violations des lois et coutumes de la guerre »), on comprend mieux l'intérêt pour ce témoin
(et/ou acteur)
pourtant direct des exactions allemandes, d'atténuer la
responsabilité de son prince en évoquant des ordres donnés
contre le pillage et les incendies, oralement cependant, et plus
de quinze jours après les premiers faits. |
Infanterie-Leibregiment auf dem marsch durch Blâmont - photo Rittmeister FrauenHolz -
8 août 1914
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