Rupprecht Maria Luitpold Ferdinand,
aîné des treize enfants de Louis III de Bavière (1845-1921) nait
à Munich le 18 mai 1869.
Après ses études, il entreprend de nombreux voyages en Italie,
où il s'initie à la peinture de la Renaissance, pour laquelle il
fonde une collection privée (l'Académie bavaroise des sciences
le nommera membre honraire en 1911).
Le 10 juillet 1900, il épouse la duchesse Marie Gabrielle en
Bavière (1878-1912, nièce de l'impératrice Élisabeth d'Autriche
dite « Sissi ») dont il a quatre enfants (nés en 1901, 1902 1905
et 1909).
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En 1902-1903, il voyage en Asie Orientale (ses mémoires de
voyage seront publiés en 1923). Il se consacre ensuite à sa
carrière militaire pour atteindre en 1906 le commandement du 1er
corps d'armée bavarois, et l'inspection générale de la 4ème
armée en 1913.
Au commencement de la première guerre mondiale, Rupprecht
commande la 6ème armée allemande qui pénètre en
Lorraine. En août 1914, il réussit à contenir les Français
durant la bataille de Lorraine (défaite française de Morhange et
Sarrebourg, d'où le curieux titre de « vainqueur de Metz »)
et lance la contre-offensive dès le 20 août, sans toutefois
réussir à percer les lignes ennemies (bataille de la trouée de
Charmes, et échec sur Nancy-Epinal). Durant la guerre de
positions qui s'ensuivit, Rupprecht est élevé au commandement de
tout le front nord de la France, ajoutant à ses titres celui de
« vainqueur d'Arras » en 1915, . En 1916, Rupprecht
devient Generalfeldmarschall de Prusse et prend le commandement
du groupe d'armées « Prince héritier Rupprecht » (comprenant la
6ème armée, la 1ère, 2ème, 4ème,
7ème et 17ème en 1917).
En novembre 1918, la révolution à Munich lui fait perdre tout
droit au trône. Il quitte alors Bruxelles et rejoint
Berchtesgaden en passant incognito par les Pays-Bas.
Veuf en 1921, le prince Rupprecht se remarie avec la princesse
Antonia de Luxembourg (1899-1954), avec qui il a six autres
enfants (nés en 1922, 1923, 1924, 1926, 1927 et 1935).
Bien qu'antisémite, Rupprecht refuse de soutenir le putsch de
Hitler en 1923, le jugeant dangereux et irresponsable. En
1932-1933, il est au coeur des intrigues politiques, pressenti
pour constituer un gouvernement, tout comme il est approché par
le nazi Ernst Roehm de tendance monarchiste. La prise de pouvoir
de Hitler (et la nuit des longs couteaux en 1934) le classe
parmi les opposants au régime.
En 1939, pour échapper à une arrestation, Rupprecht décide de
s'exiler en Italie fasciste, notamment à Florence. En 1944, la
mainmise allemande sur l'Italie s'accentue : son ancien aide de
camp, Christian Theodor von Frauenberg, le cache des nazis à
Florence, mais sa femme et ses enfants sont arrêtés, et déportés
en camps de concentration (Dachau, puis à Flossenbürg) où ils
survivront.
Après la chute de Berlin en 1945, Rupprecht revient en
Allemagne, se consacrant principalement à sa collection d'art.
Il décède le 2 août 1955 au château de Leutstetten, près de
Starnberg, en dernier maréchal de la première guerre mondiale.
De toute évidence, la majorité
des abris et bâtiments dits du « kronprinz » sur le front de la
6ème armée allemande, et notamment en Lorraine, sont
relatifs à Rupprecht de Bavière et non à Wilhelm de Prusse. De
rang certes inférieur à ce dernier (héritier de l'empire),
Rupprecht n'est pas ignoré de la presse et choriques françaises,
mais il est surtout considéré comme objet de crainte (voir ainsi
la liste des personnes désignées pour violation des lois
et coutumes de guerre, en bas de l'article
Crimes allemands et procès de Leipzig
en 1921),
voire de respect, puisqu'il n'est l'objet d'aucune des
plaisanteries
ou caricatures qui accablent son homologue prussien.
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