Nous avons relaté dans l'article sur La chocolaterie
Burrus - 1913-1914, la destruction de la
chocolaterie implantée à Blâmont par l'industriel suisse Fernand Burrus (1884-1955).
La presse suisse apporte quelques informations
complémentaires et soulève quelques questions :
I - Témoignage de Fernand Burrus
Dans la Journal de Genève du 22 août 1914, Fernand Burrus apporte un
témoignage, dont il ressort :
- qu'il semble avoir en premier lieu regagné l'Alsace après avoir quitté Blâmont
;
- que l'état-major a bien occupé le château, mais Fernand Burrus accuse la
troupe, et non les officiers, d'avoir saccagé sa maison et consommé les
bouteilles de sa cave.
II - Témoignage controversé d'André Lahoussay
Dans l'Est-Républicain du 31 janvier 1915,
le vétérinaire André Lahoussay a donné sa relation des évènements à Blâmont. Les
éléments concernant le "citoyen suisse" sont repris dans La Gazette de
Lausanne du 12 février 1915.
Mais ce témoignage va appeler une réponse de Fernand Burrus :
15 février 1915 |
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Il en ressort que si la chocolaterie a sans doute été
incendiée le 12 août, les stocks ont été raflés par pillage dès le 8 août, et
n'ont pas donné lieu à négociation. Mais il est dommage que Fernand Burrus,
attaché à corriger un point qui attente à son honneur, ne donne pas d'autre
information. Car l'Allemagne va, à son tour, faire publier un démenti dans le
Journal de Lausanne du 5 avril 1915, signé du Staatsrat Ritter von Böhm,
ministre résident du Consulat de Bavière en Suisse :
5 avril 1915 |
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On y constate une information minimaliste, qui ne dément
ni le pillage, ni les menaces, ni l'installation de l'état-major, ne corrigeant
que le passage « Le prince de Bavière,
commandant en chef du 1er corps bavarois
s'était installé au château... ». Il est d'ailleurs exact que si le Kronprinz
Rupprecht de Bavière commandait la 6ème armée allemande, le 1er corps bavarois,
comprenant les 1ère et 2ème divisions, étaient sous les ordres du général
d'infanterie Oskar von Xylander (1866-1940) : c'est donc certainement de ce
général qu'il s'agit.
André Lahoussay aurait-il péché
par exagération, par ignorance, par lacune ? Car à plusieurs reprises dans son
témoignage, il évoque le
« général en chef
», au logis duquel il se rend dans la nuit du 13 août au 14 août pour obtenir
audience. Et pourtant il ne cite jamais son nom...
III - Notes complémentaires
Si Fernand Burrus a sans doute quitté Blâmont le 14 août pour l'Alsace, on
sait par la Gazette de Lausanne du 20 août 1914, qu'il est parvenu à
regagner la Suisse dès le lundi 17 août 1914 :
Et enfin, la
dernière mention dans la presse de l'exil en Suisse de Fernand
Burrus date de 1917 :
5 juillet 1917 |
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On retrouve cette information dans Le
véritable messager boiteux de Neuchâtel - 1918, sous la forme : « 25 juin
1917. - M. Fernand Burrus, négociant de Blamont, Meurthe et Moselle, en séjour à
Neuchâtel, en remerciement de l'aimable accueil qu'il a reçu chez nous, fait à
divers établissements d'utilité publique de la Ville des dons se montant à 2000 fr. ». Ce qui laisse penser que Fernand Burrus ne se considère qu'en séjour en
Suisse, et compte bien reprendre après-guerre son activité de négociant de
Blâmont. Sans doute l'état de l'usine et de son château l'en a-t-il dissuadé
après-guerre... |