1906 - Inventaires de
Nancy - Temples et synagogues
Nous avons reproduit
dans les articles Inventaires
des Eglises à Nancy (1/2) et
Inventaires des Eglises à
Nancy (2/2) les comptes-rendus dans
l'Est-Républicain des péripéties lors des inventaires
des églises de Nancy.
La loi du 9 décembre 1905 (JO du 11 décembre 1902)
concernant la Séparation des Églises et de l'État porte
dans son article 2 que « les établissements publics
du culte sont supprimés » et dans l'article 3 : «
Dès la promulgation de la présente loi, il sera procédé
par les agents de l'administration des domaines à
l'inventaire descriptif et estimatif :
1° Des biens mobiliers et immobiliers desdits
établissements ;
2° Des biens de l'État, des départements et des communes
dont les mêmes établissements ont la jouissance. »
Sont concernés par les inventaires les biens religieux
relevant du régime concordataire organisé de 1802 à 1808
:
-
l'église catholique avec
le traité de concordat signé avec le Saint-Siège le 26
messidor an IX (15 juillet 1801),
-
l'église catholique et
les cultes protestants (relatifs aux traditions calvinistes
et luthériennes) par les articles organiques du 18 germinal
an X (8 avril 1802)
-
le culte israélite par
l'extension du régime concordataire de deux décrets du 17
mars 1808
La circulaire du 2 janvier
1906 (Direction générale des Domaines) insiste sur
« Si les biens de l'établissement ont toute autre provenance,
(acquisitions à titre gratuit ou onéreux régulièrement
effectuées depuis le 7 thermidor an XI), l'inventaire indiquera
les affectation de toute espèce dont ils pourraient être grevés.
Il est essentiel, en effet, de connaître, le cas échéant,
l'existence et la nature de ces affectations, puisque les biens
mobiliers et immobiliers grevés d'une affectation charitable ou
de toute autre affectation étrangère au culte, (telle, par
exemple, qu'une affectation scolaire), seront attribués par les
représentants légaux des établissements supprimés (art. 7 de la
loi), ou par décret (art. 8), aux services ou établissements
publics ou d'utilité publique dont la destination est conforme à
celles des dits biens.
Le deuxième chapitre de la description comprendra les biens de
toute nature appartenant à l'État, aux départements ou aux
communes et dont l'établissement n'a que la jouissance. De cette
catégorie sont, notamment, les édifices mis à la disposition de
la nation pendant la période révolutionnaire et qui, en vertu de
la loi du 18 germinal an X, servent à l'exercice public des
cultes ou au logement de leurs ministres (cathédrales, églises,
chapelles, temples, synagogues, archevêchés, évêchés,
presbytères, séminaires) ainsi que leurs dépendances
immobilières et les objets mobiliers qui les garnissaient au
moment où lesdits édifices ont été remis aux cultes (art. 12 de
la loi).
Quant aux églises ou presbytères acquis ou construits depuis le
concordat, ils peuvent appartenir, soit aux communes, soit aux
fabriques, suivant les règles de droit commun et, notamment,
d'après les principes inscrits dans les articles 552 et suivants
du Code civil.
On devra considérer, d'ailleurs, comme étant demeurés la
propriété de l'État les objets d'art achetés par lui et qui ont
été concédés aux établissements dans un intérêt public et pour
encourager les beaux-arts. »
On voit donc bien que si les « cathédrales, églises,
chapelles » sont concernées, le sont aussi les temples et
synagogues.
Le 2 février 1906, l'Est-Républicain annonce
« L'inventaire de la synagogue
Dimanche matin, on procédera à l'inventaire du mobilier de la
synagogue de Nancy, rue de l'Equitation. »
L'inventaire de ce dimanche 4 février 1906 est signalé dans le
journal du jour par un simple entrefilet : « à 9 heures -
Inventaire de la synagogue, rue de l'Equitation »
Malgré des rubriques persistantes et quotidiennes sur les
inventaires « à Paris », « en Province », et les comptes-rendus
détaillés de l'inventaire mouvementé de nombreuses églises
catholiques, nous n'avons pas trouvé de détail complémentaire
sur l'inventaire de la synagogue de Nancy (ni aucune autre
d'ailleurs, y compris Lunéville et Blâmont), ce qui laisse
supposer une absence totale d'incidents.
Pour les temples protestants, les opérations se sont déroulées
dans le même calme :
Est-Républicain du 5 février 1906
« A Toul
Au Temple protestant
(De notre correspondant particulier de Toul)
L'inventaire du temple protestant de la rue du Ménin, à Toul, a
été fait, samedi, à 2 heures 1/2 de l'après-midi, par M. Gustave
Georges, inspecteur des domaines.
M. le pasteur Durand, de Nancy, et M. Schaal, propriétaire à
Toul, rue Porte-de-Metz y assistaient.
Les opérations commencent par la sacristie, située dans une
petite maison attenant au temple, où se trouve logé la
sacristie. Assis à une table sur tréteaux, M. Gustave Georges
écrit, sous la dictée du pasteur, tous les objets mobiliers et
les évalue. D'abord, une bibliothèque de 100 volumeses, puis
viennent les candélabres, des livres de cantiques, des nappes,
des chaises, etc., etc. Leur évaluation ne donne lieu à aucune
réclamation, et forme un total approximatif de 549 fr.
Puis M. l'inspecteur ayant demandé à visiter le temple, les
portes lui sont ouvertes. Les murs nus sont blanchis à la chaux
; à droite et à gauche, sont des bancs fixés sur plancher. Une
croix dorée, sur un drap de velours cramoisi, est le seul
ornement du temple. Un harmonium, datant de 1865, se trouve
placé à droite, prés d'une planche collée au mur, et portant: «
Cantiques du jour ». avec quelques numéros.
M. le pasteur fait remarquer que le terrain sur lequel le temple
est bâti, a été acheté, le 10 juillet 1862, aux époux Gérard,
Lambert Claude et Eviot Marianne, pour la somme de 4,500 fr.,
par acte passé devant Me Viller, notaire à. Toul; le temple
lui-même a été édifié, en 1865, par souscription publique. Une
cloche datant dc la même époque fait aussi partie de
l'inventaire, ainsi que la grille de la cour. Un jardin assez
vaste court, tout, autour de l'édifice et sert de potager au
sacristain. D'un commun accord, le terrain est évalué 5.500 fr.
et M. l'inspecteur des domaines, après avoir déclaré que
l'inventaire sera continué à Nancy. le 6 février, déclare
l'opération terminée, et ajoute qu'il est très heureux de
constater « de quel grand esprit de conciliation a fait preuve
M. le pasteur Durand ». »
Et enfin, pour Nancy, au 8 février 1906 :
« Au temple protestant
M. Georges, inspecteur des domaines, vient de clôturer
l'inventaire des biens du conseil presbytéral protestant.
A cet effet, il s'est transporté a la sacristie du temple, rue
Chanzy, où il a inventorié les 13 titres de renie d'un revenu de
1,049 fr, que possède le conseil. M. Georges a donné ensuite
lecture-de ses procès verbaux des inventaires du mobilier du
temple et des biens que possède le conseil presbytéral, tant à
Nancy qu'à Toul.
Celle lecture n'ayant motive aucune observation.lcs procès
verbaux ont été signés par le président du conseil, M. le
pasteur Nyegaard, et par MM. Lederlin et Matthis, membres
délégués.
Avant de se retirer, M. Georges a demandé au pasteur à qui
appartenait l'horloge placée au fronton de l'église ?
« Celle horloge, a répondu M. le pasteur Nyegaard, est la
propriété de la ville de Nancy. »
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