Prouesses
allemandes
Arthur Chuquet
Ed. Fontemoing et Cie, Paris, 1916
EMBERMÉNIL
A différentes reprises les
Allemands vinrent à Emberménil (1).
Le 18 octobre 1914, ils emmenèrent quatorze hommes.
Le 5 novembre, ils commirent deux assassinats.
Quelques jours auparavant, une femme de la commune, Mme Masson,
avait, dans les environs, rencontré des Allemands qui lui
demandèrent si des Français étaient à Emberménil. Elle répondit
qu'elle n'en savait rien, et les Allemands, poussant sur
Emberménil, y furent accueillis à coups de fusil par nos
troupes. Un détachement du 4e régiment bavarois arriva le 5
novembre. L'officier rassembla les habitants devant l'église et
prononça ces mots : « Qui de vous nous a trahis ? » Mme Masson
comprit le danger que couraient ses compatriotes. Intrépidement
elle s'avança. « C'est moi, dit-elle, qui ai parlé il y a
plusieurs jours aux soldats ; j'étais de bonne foi et, par
conséquent, je suis innocente; j'ignorais qu'il y eût des
Français à Emberménil. » On l'empoigna et la fit asseoir sur un
banc à côté d'un jeune homme de vingt-quatre ans, Louis Dîme. En
vain la population intercéda pour Mme Masson dont la grossesse
était visible. « Un homme et une femme doivent être fusillés,
répliqua l'officier, tel est l'ordre du colonel. Que voulez-vous
? C'est la guerre. » Huit soldats se mirent sur deux rangs et, à
douze mètres, par trois fois, ils tirèrent sur les deux martyrs.
Deux maisons furent incendiées, celle de M. Blanchin et celle
que Mme Masson habitait avec son beau-père.
(1) Emberménil, dans le canton de Blâmont, compte
près de 400 habitants ; c'est là que Grégoire; le constituant et
conventionnel, fut curé.
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