Le document reproduit
ci-dessous permet de comprendre la présence de "Alfred Merciot"
sur le monument au mort de la commune de Blâmont.
Car Alfred-Christophe-Jacob
MERCIO, fils d'Elisa Merciot (née à Blâmont le 5 janvier 1850),
est né allemand, en Alsace-Lorraine, le 20 décembre 1882 à
Strasbourg (le registre indique "Merciot"). L'indication "[père
ayant perdu la qualité de Français]" est sans doute fausse
(car il semble qu'il ne s'agisse pas d'un père n'ayant pas opté
à temps ou ne l'ayant pas souhaité, mais bien d'une absence de
père légitime - Voir note ci-dessous). Alfred n'obtient la nationalité française que
par décision judiciaire à l'âge de 10 ans, alors qu'il habite
Blâmont.
Membre de la société de tir de Blâmont en 1900, puis incorporé
au 37ème régiment d'infanterie, il entre en 1904 à
l'école militaire d'infanterie de Saint-Maixent. En 1907, il est
sous-lieutenant au 149ème régiment d'infanterie, en
garnison et domicilié à Epinal.
Le 1er avril 1909, il est promu lieutenant, et
épouse à Epinal en août 1909 Marie Hoffert (née à Nancy).
A la déclaration de guerre, il est lieutenant au 170ème
régiment d'infanterie (3ème bataillon 11ème
compagnie), et est tué le 12 décembre 1914 à Sacy
(Aisne). Le Journal des marches et opérations du 170ème
régiment précise : « Le reconnaissance des secteurs est
effectuée conformément aux prescriptions contenues dans l'ordre
du 11 décembre.
Vers 14 heures, alors qu'il circulait dans les tranchées
voisines de St Victor, le lieutenant Mercio de la 11ème
compagnie tombe mortellement frappé par un schrapnell. »
A la déclaration de guerre, Alfred Mercio habitait le fort d'Uxegney
: le jugement de décès a ainsi été transcrit à Uxegney (88) le 9
avril 1915, et Alfred Mercio figure aussi sur le monument aux morts
de cette commune.
* Note : l'acte de
naissance n'indique pas de père. Dans l'état du recensement de
1911, Elisa Mercio (née Merciot, à Blâmont) habite 113 rue des
Voileurs avec son époux, Emile Mercio, journalier domestique
chez Lafrogne, indiqué de nationalité française. Emile Joseph
Mercio est né à Héming le 19 mars 1860.
En 1886, Elisa Merciot habite déjà au 113 rue des Voileurs, avec
uniquement sa mère, sa soeur ainée et son fils. Dix ans plus
tard, les recensements ne mentionnent plus au 113, qu'Emile
Mercio, velouteur, et Elisa Merciot, velouteur, sans présence de
l'enfant.
Devant la proximité des noms "Mercio" et "Merciot", et en
considérant que les documents mentionnent les noms exacts, on
peut penser que le mariage (dont nous n'avons pas le lieu ni la
date) d'Elisa et Emile serait intervenu entre 1886 et 1893, et
qu'Emile Mercio aurait alors adopté l'enfant,
puisqu'Alfred-Christophe Jacob est nommé "Mercio" à compter de
1893 : peut-être est-ce même à l'occasion de cette adoption,
qu'il est apparu que l'enfant était né allemand (le recensement
de 1886 ayant éludé la question en présentant l'enfant de 3 ans
comme français), d'où la nécessité de le réintégrer dans la
nationalité française.
Nous avons écrit dans l'article Livres
d'or et monuments aux morts 1914-1918 qu'il conviendrait
sans doute de corriger le nom de "Merciot" en "Mercio" sur le
monument aux morts de la commune de Blâmont : en effet, le nom
du militaire décédé est alors "Mercio", même si son nom de
naissance est "Merciot". Car nos cantons frontaliers
soulèvent déjà d'énormes problèmes de nationalité à la veille de
la première guerre mondiale : mais si jusqu'en 2012 les communes
disposaient du libre arbitre pour les monuments aux morts, la
loi du 28 février 2012 impose de
faire figurer tous les soldats morts pour la France. Mais, et ce
n'est peut-être qu'un détail, est-ce le nom de naissance ou le
nom de décès ? Nous estimons qu'au seul titre de la loi, ce ne
peut être que le nom utilisé lors de la l'inscription "mort pour
la France", d'où l'ampleur de cette note.
Journal
officiel de la République française
2 septembre 1922
Le Ministère
de la guerre et des pensions [...] arrête :
Sont inscrits au tableau spécial de la Légion d'honneur, à titre
posthume, les militaires dont les noms suivent :
[...]
MERCIO (Alfred-Christophe-Jacob), mle 70, lieutenant: officier
d'une Bravoure et d'un sang-froid remarquables. Tombé
glorieusement pour le salut de la patrie, le 12 décembre 1914, à
Sacy. Croix de guerre avec étoile d'argent.
Bulletin officiel
du Ministère de la justice.
N° 69. JANVIER-MARS 1893.
TROISIÈME PARTIE.
DÉCLARATIONS DE NATIONALITÉ.
ACQUISITION ET RÉPUDIATION DE LA QUALITÉ DE FRANÇAIS.
[...]
430° LAZARUS (Marx), né le 15 septembre 1872 à Pfaffenhofen (
Alsace Lorraine), demeurant à Blamont (Meurthe-et-Moselle ) [
père réintégré dans la qualité de Français]
Déclaration souscrite le 20 janvier 1893, en vertu de l'article
18 du Code civil, devant le juge de paix du canton de Blamont.
[...]
507° MERCIO (Alfred-Christophe-Jacob), né le 20 décembre 1882 à
Strasbourg (Alsace), demeurant à Blamont (Meurthe-et-Moselle)
[père ayant perdu la qualité de Français].
Déclaration souscrite le 28 janvier 1893, en vertu de l'article
18 du Code civil, devant le juge de paix du canton de Blamont.
[...]
739° STREIFF (Louis-René-Édouard), né le 10 décembre 1872 à
Guermange (Alsace- Lorraine), demeurant à Harbouey
(Meurthe-et-Moselle ) [père réintégré dans la qualité
de Français ].
Déclaration souscrite le 30 décembre 1892, en vertu de
l'article 18 du Code civil, devant le juge de paix du canton de
Blamont (Meurthe-et-Moselle).
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