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Le Canton de Blâmont - E. Delorme - 1927 (1)

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Edmond DELORME
LUNEVILLE ET SON ARRONDISSEMENT
Tome II
1927

CHAPITRE XIII - LE CANTON DE BLAMONT

Le Canton de Blâmont compte 33 Communes, peuplées de 7.741 habitants. (1)
Des neuf Cantons de l'Arrondissement, c'est donc le plus riche en villages C'est aussi, de tout l'Arrondissement, le plus riche en terres. Il groupe, en effet, 23.054 hectares, dont 9.763 sont terres arables, 5.946 des prés, 4.489 des bois. 3.456 hectares de terrains n'ont pas de désignation spéciale.
Sur les trente-trois communes, huit ont un territoire de plus de mille hectares. Leintrey en a 1.543 ; après lui, viennent: Domèvre, avec 1.479 hectares ; Embermenil, avec 1.408; Frémonville, 1.303. Six de ces localités ont plus de 200 hectares de prés, dix, plus de 100, et trois, 100 hectares. Dix-neuf villages ont donc 100 ou plus de 100 hectares de prés.
Bien que ce Canton ait eu le douloureux privilège d'être compris dans la zone rouge, six Communes seulement ont encore des étendues importantes de terres restées incultes, représentant plus de cent hectares pour chacune d'elles: Vého, avec 240 hectares; Emberménil, 241; Domjevin, 182; Domèvre, 133; Vaucourt 133; Gondrexon, 115.
Les terres font partie d'un vaste ensemble qui, dépassant la Vezouze, au Nord, se prolonge, au Midi, jusqu'aux Cantons de Badonviller et de Cirey, et s'arrête, à l'Est et à l'Ouest, à des coteaux élevés. Le tout représente une cuvette peu profonde, dont le fond est, en dehors des vallées, surélevé par des coteaux arrondis. Les vallées sont nombreuses et assez larges, en suivant. le cours de la Vezouze, de la Blette, de la Verdurette et de leurs affluents.
Le sol est argilo-calcaire et, par endroits limités, calcaire. Il est de culture laborieuse, mais fertile et favorable aux bons rendements. 1.510 hectares sont consacrés à la culture du blé 1.818 à celle de l'avoine, 234 au seigle, 150 à l'orge (Statistiques de 1926). Avec les céréales, les fourrages sont ses productions les plus communes. Dans les fonds et le long des cours d'eau l'osier est très cultivé et, qu'il soit façonné sur place ou transporté en nature, à l'étranger, il est l'objet d'un commerce actif et lucratif. Un seul village, Buriville, en fournit 1.000 quintaux annuellement.
Les grands établissements industriels se comptent par unités et ne se trouvent que dans les localités les plus importantes.
Les villages, agricoles, sont construits sur les cours d'eau, le plus souvent sur des ruisselets.
Le pays est sain, sévère par endroits, très riant surtout dans sa partie sud. Il est desservi par trois voies ferrés. Les routes sont très belles.
Les villages portent les noms de :
Arncnoncourt, Ancerviller, Autrepierre, Avricourt, Barbas, Blémerey, Buriville, Chazelles, Domèvre-sur-Vezouze, Domjevin, Emberménil, Fremenil, Frémonville, Gogney, Gondrexon, Halloville, Harbouey, Herbéviller; Igney, Leintrey, Montreux, Nonhigny, Ogéviller, Reclonville, Reillon, Remoncourt, Repaix, Saint-Martin, Vaucourt, Vého, Verdenal, Xousse.

BLAMONT

Le chef-lieu de Canton, qui porte ce nom, est une petite ville coquette, de 1.347 habitants, riche d'un long et beau passé.
Bâtie sur la Vezouze, au centre d'une région fertile et bien cultivée, dont les Petites Vosges ferment l'horizon elle conserve des restes historiques d'un réel intérêt.
Vue à quelques centaines de mètres de distance, de la voie ferrée Lunéville-Blâmont-Badonviller, elle se détache, étalée sur la prairie dans laquelle serpente une rivière, et limitée par deux collines, l'une à droite, l'autre à gauche. Ses maisons sont dominées à gauche, par un important édifice, une ancienne demeure palatiale, et au-dessus, par des ruines élevées ; à droite, est son église.
Le première impression, favorable, que laisse cette petite ville vue ainsi à distance, s'accentue quand on y pénètre ; ses rues sont bien tracées et propres, ses maisons sont cossues, certaines luxueuses. Blâmont respire le calme et le silence.
Il est d'accès facile, étant desservi par deux voies ferrées et une très belle route. Il n'est qu'à 30 kilomètres du Chef-Lieu de l'Arrondissement, Lunéville.

Il a ses historiens :
MARTIMPREY de ROMÉCOURT, s'est attaché à l'Histoire de ses Seigneurs, de ses Sires.
LEPAGE a dépouillé un dossier important d'Archives relatives à la ville et cependant lui manquaient ceux, anciens, de la Seigneurie de la Cité, qui, comme il nous l'apprend, avaient été détruits lors de l'incendie de 1636.
Quoi qu'il en soit, il est intéressant de le suivre, dans la description qu'il nous donne des Chartes, des actes de donation, des ordonnances, des règlements d'administration locale, des redevances, en particulier de celles des maîtrises, des «  hanses », des bouchers, boulangers, des marchands ambulants ; des serments des Seigneurs et des habitants, de l'état de; la forteresse à diverses époques, etc. Il nous apprend, qu'en 1624, notre illustre graveur lorrain, Jacques Callot, séjourna à Blâmont et que le Duc de Lorraine Henri lui assigna une redevance en nature, de 900 réseaux, moitié blé, moitié avoine, à prendre sur la recette du domaine de la Prévôté, «  pour lui donner sujet de s'arrêter au pays, en considération de son art de graveur en taille douce » (O. C., p, 157).
M. É. AMBROISE, dans son livre sur les Vieux Châteaux de la Vezouze, nous a donné maints détails curieux sur Blâmont et son Comté.
L'Abbé BERNHARDT, dans son étude sur Baccarat, a longuement parlé des Comtes de Blâmont, voués de Deneuvre, et a recueilli sur eux, des documents inédits.
Enfin, M. J. COLIN, en 1920, a consacré un opuscule surtout aux Industries et aux Oeuvres Sociales de cette ville. (2)

Pour retrouver l'origine de Blâmont dans notre Histoire Lorraine, nous devons la rechercher ailleurs et plus loin que dans les Chartes du Moyen Age. Une route romaine le reliait au nord des chemins passant par Niderhoff. Car Niderhoff était traversé par la voie militaire qui, du Donon, allait rejoindre celle de Metz à Strasbourg. De Blâmont, un embranchement s'échappait vers Avricourt et un autre vers Ancerviller.
Je ne sache pas qu'on ait trouvé, à Blâmont même, des ruines romaines et des restes antérieurs à la Période Gallo-Romaine.
Il est question de son pagus, dans un acte de donation à l'abbaye de Senones, en 661 ; puis dans une lettre d'Evêque en 938, et encore dans un partage entre Charles le Chauve et Louis le Germanique, au XIIe siècle (GROSSE).
Au Moyen Age, c'est une ville forte. Ses Comtes, ses Sires appartiennent à la branche cadette des Comtes de Salm-Salm ; Ils portent sur leurs armes les mêmes, «  Saumons » que ceux de la branche aînée, mais sans crossettes.
Hommes de guerre vaillants, ambitieux, querelleurs, (3) habiles à saisir toutes les occasions qui leur étaient offertes de développer leur puissance, voire à les faire naître, ils poursuivent avec esprit de suite, la réalisation de leurs desseins. Ils s'appuient sur une troupe solide, que tous les habitants de leurs villages doivent fournir, aussi leur seigneurie est-elle bientôt la plus compacte et la mieux organisée de la région.
Ils ne prennent pas part aux Croisades, qui ont anéanti tant de Chevaliers et ruiné tant de leurs biens; ils ne consentent pas à faire profiter leurs bourgeois de la Loi libérale de Beaumont. et, quand Charles le Téméraire dévaste la Lorraine, leur alliance familiale, avec le Bourguignon les met à l'abri de ses déprédations.
Puissants et forts, ils sont recherchés par les Religieux, dont les possessions entourent leur territoire et même, par places, le segmentent; ils sont leurs protecteurs désignés, leurs voués. L'Évêque de Metz les compte parmi ses suzerains, ce qui ne les empêche pas d'être sans cesse en lutte avec lui, ce qui ne les arrêta pas davantage de construire, près de leur Place Forte de Deneuvre, la haute Tour des Voués et d'élever, à courte distance de leur Forteresse de Moyen, le Château Fort de Magnières, qui est pour celle-là une menace constante.
Grâce à leur politique avisée, peu scrupuleuse et ferme, ces Sires, organisateurs et réalistes, arrivent bientôt à posséder l'un des Comtés les plus importants. de la Lorraine. Il avait l'étendue du Canton actuel. L'Assemblée Nationale ne l'a pas subdivisé.
Le plus illustre de ces Sires, celui auquel on donna le nom de Grand, fut Henri Ier. Son tombeau a été retrouvé dans les


Sceau de Henri Ier
d'après Bernhardt

ruines de l'Abbaye de Saint-Sauveur ; c'est l'un des monuments les plus beaux que possède le Musée Lorrain. C'était un guerrier entreprenant et superbe. On dit qu'ayant pris part aux tournois célèbres de Chauvency, où son élégance, sa taille, sa beauté, la richesse de son costume et celle des hommes de sa suite, avaient impressionné la noble assistance féminine, et quand ses hérauts d'armes clamèrent son nom et son titre, «  les Dames moult se merveillèrent de sa taille et de sa beauté. et dirent: «  Une roiauté il dut Diex avoir donné. »
Après Henri Ier marque Thiébaut Ier, son petit-fils, qui porta à l'apogée la fortune du Comté. II est en lutte constante avec les Évêques et s'agrandit aux dépens de ses Parents.
Thiébault II, allié du Téméraire, ne prend pas part à la bataille de Nancy. S' il est épargné par les Bourguignons. il n'échappe pas à la fureur dévastatrice des Suisses et des Allemands, venus au secours du Duc de Lorraine. René II. Son Château est pris d'assaut et la ville est rançonnée (1477).
Du temps de René II, le dernier Comte de Blâmont Olry, évêque de Metz, concède à ce Duc son Comté, à condition que les franchises de ses habitants soient sauvegardées. La cession (1503) donna lieu à un cérémonial imposant, à des serments, que Lepage a signalés. Après signature de l'acte, on se rendit à la Porte Bas de la ville, proche de la halle, vers le bourg. Là, le


Portrait de Christine de Danemark
d'après une médaille de la Monnaie
Dessin E. DELORME

délégué du Comte Olry, Gaspar de Muhlen, remit, aux Commissaires de René II, les clefs de la ville; il en fit autant à la Porte du Haut; «  que de longtemps n'avait été ouverte », puis à la Porte du Château : on sonna la grosse cloche et il y eut des manifestations d'enthousiasme. Mais, si les habitants furent scrupuleusement maintenus en franchise du temps de René II son successeur, le Duc Antoine, ne tint pas parole (4).
Le Château, demeure seigneuriale, était le douaire des Veuves des Ducs (1545). Christine de Danemark, veuve de François Ier l'habita; elle l'avait fait reconstruire. D'anciennes gravures, que Lepage signale, rendent bien compte, en particulier de son étendue, de la hauteur du bel édifice, des tours qui le flanquaient, de son ornementation extérieure. C'est une splendide demeure partiale de style gothique.
En 1548, la Reine de Hongrie vint à Blâmont. A cette date, on reprit les fortifications du Château et de la Ville.
En 1567, à l'occasion des fiançailles de Renée de Lorraine avec le Duc de Bavière, on y donne des fêtes magnifiques : tournois, courses de bagues, combats à la barrière, festins, danses, etc.. fête qui entraînent des dépenses considérables.
En 1593, la Reine Catherine de Médicis avait séjourné à Blâmont, avec le Roi Henri II, le Duc d'Anjou, le futur Henri Ill, et le Duc d'Alençon.

Blâmont a subi trois sièges, J'ai déjà parlé de celui que lui fit René II, en 1477.
Siège de 1587. - Le Duc de Bouillon avec des reîtres allemands, protestants, envahit la Lorraine et se présente devant Blâmont. Mathias Klopstein, issu d' une famille noble et catholique d'Allemagne, qui avait servi, dans ce pays, sous les ordres du Comte de Vaudemont, fils de Charles III, se porte au secours du Gouverneur Thomas Koecler et amène dans la Place deux compagnies de gens d'armes. En vain, les ennemis, en grand nombre tentent l'assaut du Château : ils sont repoussés et continuent leur marche vers l'Ouest du pays.
Siège de 1636, - Le Duc de Saxe Weimar, à la tête d'une Armée Suédoise, atteint Blâmont. C'est encore un Klopstein, le neveu de Mathias, qui défend la Place. Il fait mettre le feu à la ville, pour en ruiner les réserves. L'ennemi le presse; il donne plusieurs assauts, qui sont repoussés. Les Suédois éprouvent des pertes cruelles. Ils finissent par se rendre maîtres du château, si vaillamment défendu. Furieux d'avoir éprouvé une si grande résistance, ils massacrent les défenseurs et pendent Klopstein à la porte du Château.
Blâmont avait, au XVIe siècle, plusieurs enceintes ; une pour le Château Fort et ses dépendances, une pour le bourg et une pour le faubourg. Chaque enceinte avait ses Portes et ses Tours. Lepage nous parle des Portes d'Azie, d'en Bas, d'en Haut, de Vesse, Vaize ou Voize (Vezouze) ; des Tours de la Vènerie, Jacquot, Régnault, de l'Horloge, du Quartier du Châtelain. Il y avait deux ponts; l'un réunissait les deux faubourgs.
Les principaux défenseurs du Château Fort étaient des Archers, formant une Compagnie de 50 hommes, maîtres et compagnons compris. Ces Archers, pour continuer à s'exercer au maniement de leur arme, reçoivent une somme annuelles équivalant à 25 francs et de plus, en Carême, un demi-cent de carpes à prélever dans les étangs. La Chronique nous dit qu'il y avait, à Blâmont, de 1555 à 1580, une Fabrique d'Armes et d'Arquebuses, dans laquelle le Duc de Lorraine Charles III s'approvisionnait.
Nous possédons plusieurs belles gravures représentant Blâmont et son Château. Pour ma part, j'en connais trois. Elles montrent l'enceinte de la ville, avec ses murs peu élevés, flanqués de tours de hauteurs différentes et non couvertes, ses maisons et ses Couvents (5); puis, sur un monticule, un groupe de tours très hautes, les unes rondes, d'autres carrées, couvertes de toitures à pans, et des dépendances.
Au-dessous du Château Fort, à peu de distance, avec une façade principale tournée à l'Est, on voit la demeure, palatiale.
L'enceinte est en partie conservée, avec les deux tours qui flanquent la porte d'entrée. (6) Entre celle-ci et le Château Fort, se voient la Maison seigneuriale et des jardins.
De la Forteresse, il reste à l'Ouest, deux hautes tours, réunies par des murs élevés, et au Nord, en bordure de la voie ferrée, trois autres tours robustes, également réunies par une muraille en partie écroulée.
Avant la guerre dernière, le propriétaire de l'immeuble, M. Burrus, a eu la bonne pensée de faire assurer des réparations à la Forteresse, sans en changer le caractère. Il fut moins heureux pour la restauration de la Maison seigneuriale. Dans les


Château fort de Blâmont au XVe Siècle
Dessin de E. DELORME, d'après une gravure du temps


Costumes des Habitants du Blâmontois au XVe siècle d'après des gravures du temps
Dessin de E. DELORME


Ruines du château fort (Etat actuel)
Façade ouest avec ses deux tours, l'une a été restaurée


Façade nord avec deux de ses tours, la troisième est masquée
Dessin de E. DELORME, d'après nature

tours qui répondent à ses extrémités, on peut se rendre compte de l'épaisseur primitive des murs. Mais l'édifice a perdu son caractère gothique.
Cette demeure seigneuriale est aujourd'hui, grâce à l'initiative de M. A. de Turckheim, transformée en une Maison Maternelle, qui, dans des conditions d'hygiène et d'organisation remarquables, hospitalise de 80 à 100 enfants abandonnés, de 18 mois à 3 ans. Celle oeuvre, digne d'être visitée, est tout à l'honneur de son créateur et de ses collaboratrices.


La Demeure Seigneurale (état actuel)
Dessin de E. DELORME

De l'enceinte, de la Ville, du bourg, qui s'était développé au bas de la colline (le Blanc Mont), sur le haut de laquelle la Forteresse avait été bâtie, il reste encore, dans les jardins du côté de l'Est et aussi au Sud, des vestiges que la Ville aura certainement à coeur de conserver,
La plupart des maisons de Blâmont accuse les caractéristiques des reconstructions des XVIIe et XVIIIe siècles. Quelques-unes ont été édifiées au XVIe. Tout le faubourg a des maisons du XVIIIe siècle.
Sur la grande place de la ville, la Porte d'un Hôtel est du XVIe siècle ; deux portes d'une maison du XVIIIe siècle sont ornées de sculptures hardies, élégantes et remarquables. Cette maison fait un angle de la grande place.
En face de l'Eglise est une maison du XVIIIe siècle. Sa porte d'entrée mérite d'être remarquée. Enfin, dans une habitation située vis-à-vis du Cimetière, ont été conservés des débris d'un Établissement Religieux (statue, socles).
L'église actuelle n'est pas comprise dans «  l'ancien bourg », qui s'arrêtait à la Vezouze. Elle a été élevée, dans le faubourg de Giroville, à l'emplacement de l'Église primitive, dont on parlait déjà au XIIIe siècle et qui avait souffert de l'incendie de 1636. Ce faubourg avait été alors ruiné.


Porte de l'Hôtel des Vosges
Dessin de E. DELORME, d'après nature

L'Eglise nouvelle est de construction relativement récente, C'est une ogivale élégante, surmontée de deux tours.
Elle renferme des sculptures sur bois du XVIII" siècle, qui font partie de nos richesses archéologiques régionales.
La chaire en bois sculpté peut être comparée, quant à son aspect général et à sa décoration, à la chaire de l'Église Saint-Jacques de Lunéville, tout en étant moins majestueuse. C'est la même caisse historiée, le même ciel ; ce sont les mêmes guirlandes. Le dessin, que j'ai pris d'après nature et que j'en donne, me, dispense d'une plus ample description.
Les deux Confessionnaux sont admirables. Ils proviennent de l'Abbaye de Domèvre et sont l'oeuvre du Sculpteur FRANÇOIS, que

L'Eglise paroissiale

Chaire provenant de l'Abbaye de Domèvre (XVIlIe siècle)
Confessionnal provenant de l'Abbaye de Domèvre (XVIlIe siècle)
Dessins de E. DELORME, d'après nature

le Monastère avait su s'attacher. Les jours des portes sont encadrés d'arabesques résolument dessinées et, sur les montants de ces portes, courent des guirlandes de fleurs de grandeur naturelles, rendues avec une fidélité, une habileté étonnantes, qu'il serait difficile de surpasser. Ces confessionnaux ont été sculptés en 1762-63 (CHATTON).
Je signalerai enfin, dans cette Église, un baptistère en marbre, du XVIIIe siècle.
La Mairie et la Halle sont comprises dans un même bâtiment en bordure d'une place.
Un Monument aux Morts, pyramide de granit, a inscrit les noms des soixante-dix-neuf Victimes de la Grande Guerre.
Blâmont avait autrefois des Etablissements Religieux importants :
1° Une Collégiale, fondée en 1636, détruite pendant le siège de la ville, rebâtie en 1666 et aliénée pendant la Révolution
2° Un Couvent des Capucins, datant de 1627. Dans son enclos était une tour de 15 mètres de hauteur, dépendant des anciennes fortifications de la ville. Les Religieux la firent raser.
3° Un Couvent de Religieuses de la Congrégation, fondé en 1629, qui était situé probablement à l'emplacement de la Gendarmerie actuelle, de l'ancien Collège et de l'Ecole des Garçons. La Chapelle est désaffectée depuis que le Collège a cessé d'exister (J. COLIN).
4° Un hôpital, dû à la générosité d'un bourgeois de la ville et qui, depuis 1706, est desservi par les Soeurs de Saint-Charles, La. Supérieure a mérité la Croix de Guerre, pour sa belle conduite pendant les quatre années de l'occupation allemande
5° L'Ecole des Filles est un établissement ancien restauré.
Bon - Accueil. - L'ancien Couvent des. Capucins qu'on voit dans la rue de ce nom, est une somptueuse demeure, entourée d'un parc immense. Elle a été achetée après la Grande Guerre, par le Comité de la Croix Rouge Américaine et, grâce aux subsides de cette Société et à l'initiative du Docteur Hanriot elle est devenue une Oeuvre  d'Hygiène Sociale, comprenant : un Dispensaire, un Centre de Consultations pour les Nourrissons, une Salle de Réunion avec Bibliothèque, un Théâtre pour 500 places, une Maison de Retraite payante (J. COLIN).
Si Blâmont a perdu de ses Industries anciennes: une Fabrique de Draps, des Tanneries, Corroieries, Mégisseries; il a d'autres Manufactures, qui sont prospères.
En première ligne, il faut citer : l'important Etablissement de la Maison E. Bechmann & Cie, comprenant: 1° une filature, un tissage, une teinturerie de colon, et 2° une fabrique de velours, façon soie.
Les premières datent de 1825, la dernière de 1884.
La fabrication du velours façon soie, due à l'initiative de M. E. Bechmann, a importé en France une industrie monopolisée, jusqu'à lui, en Angleterre et en Allemagne. Elle a pris, dans la région une place considérable et a nécessité la création d'Etablissements de Coupe, à Blâmont, Badonviller, Ancerviller, Ogéviller, Harbouey, Domèvre.
Cette coupe, qui s'exécute avec une instrumentation toute spéciale et curieuse, est particulièrement délicate. Le lenteur de l'opération explique, pour qui en a été témoin, le prix élevé des produits obtenus.
Une autre industrie intéressante se consacre à la fabrication des fourches et outils de jardinage (Maison Fensh & Labourel).
Détruite par les Allemands, cette fabrique, qui datait de 1878, s'est rétablie avec tous les perfectionnements les plus récents en machines-outils.
L'industrie de la Broderie Perlée a des représentants à Blâmont.
Blâmont a 327 maisons. Il en avait 340, en 1836. Il a eu jusqu' à 924 ménages, en 1526, ayant les guerres. En 1697, il n'avait plus que 327 habitants. Depuis cette époque, sa population n'a guère dépassé 2.000 habitants.
Son territoire s'étend sur 741 hectares, dont 325 sont terres labourables, 143 des prés.

PERSONNAGES ILLUSTRES ou DE HAUTE NOTORIÉTÉ

M. KLOPSTEIN. - Michel fait naître à Blâmont, en 1587, MATHIAS KLOPSTEIN, neveu du premier défenseur de la ville. J'ai rappelé le rôle de ce Gouverneur de Blâmont, pendant le siège de 1636, lorsque, attendant en vain des secours, il l'incendia, se retira dans le Château-Fort et, après avoir résisté à deux assauts soutenus par des forces considérables, il fut vaincu et supplicié, sans avoir songé à se rendre.
Lepage nous dit qu'un portrait de Klopstein se trouvait, en 1853, au Château d'Apremont, près de Saint-Mihiel. Il est sans doute détruit. Le Château de Châtillon possédait une autre toile représentant le siège de Blâmont par le Duc de Saxe Weimar. Une note manuscrite relatait ce siège. Les Blâmontais avaient des vêtements jaunes et rouges, un étendard à fond jaune orné de croix et d'alérions ; les soldats suédois, un uniforme bleu et un drapeau à trois couronnes. (7)

MASSON (CHARLES-FRANÇOIS-PHILIBERT), membre associé de l'Institut de France, né à Blâmont en 1762, mort à Paris en 1807, passa très jeune au service de la Russie. Il y fut nommé Major et Secrétaire des Commandements du Grand Duc Alexandre, qui devint Empereur de Russie. Paul Ier le renvoya comme révolutionnaire.
Il a écrit un Cours Mémorial de Géographie à l'usage du Corps d'Artillerie des Cadets, 1787; des Mémoires Secrets sur la Russie, 4 vol., 1802 et années suivantes; des poèmes et un roman: 2 vol, 1802.(8).

LOTTINGER, médecin et naturaliste du XVIIIe siècle, collaborateur de Buffon.

RÉGNIER (CLAUDE-AMBROISE), né à Blâmont le 5 novembre 1746, mort en 1814, fut l'un des personnages les plus considérables de l'Empire. Sa dépouille eut les honneurs du Panthéon, sous la Restauration.
L'ex-avocat de Lunéville et de Nancy, l'ex-conseiller du Prince de Salm-Salm, fut successivement membre de l'Assemblée Nationale, de la Constituante, de la Législative, puis Président du Conseil des Anciens, sous le Directoire. Il avait été incarcéré pendant la Terreur. Il devint l'un des principaux instigateurs du Coup d'État du 18 Brumaire.
Sous l'Empire, il est nommé Président du Corps Législatif, Sénateur, Ministre de la justice, Duc de Massa, Grand-Officier, puis Grand-Aigle de la Légion d'Honneur.
On a loué ses connaissances législatives étendues, ses capacités administratives, son esprit d'équité, la sûreté de son jugement, son amour de l'ordre. Il présida la Commission chargée d'étudier la Constitution Impériale et contribua à la Réorganisation des Institutions Juridiques du Pays.


Régnier, Duc de Massa
Dessin de E. DELORME, d'après nature

Les galeries de Versailles, le Musée Lorrain possèdent de ses portraits, en pied, en costume de Grand Juge. (9)

RÉGNEAULT (CHARLES), né à Blâmont en 1755, avocat à Lunéville, puis au district de Blâmont, fut élu député à l'Assemblée Nationale (1789 à 1791). Arrêté pour avoir protégé la fortune de plusieurs émigrés, il n'échappa à l'échafaud que par suite de la chute de Robespierre. Il fut ultérieurement attaché au Ministère de la Justice et devint collaborateur de Régnier, pendant quatorze ans. Il mourut en 1811.

KLEIN (DOMINIQUE-LOUIS-ANTOINE), né à Blâmont en 1761, mort à paris en 1845, se distingua à Jemmapes, et prit part aux guerres de la Révolution, notamment aux Campagnes de l'Armée du Rhin. Général de Division en 1799, il est Chef d'Etat-Major de Masséna, à la bataille de Zurich. Il se signale pendant la campagne de Prusse (1806-1807), en particulier à la Bataille d'Eylau. Il prit sa retraite en 1808, fut nommé Sénateur et Comte de l'Em-


Le Général de Division Klein
Dessin E. DELORME, d'après une gravure

pire. Appelé, sous la Restauration, à la Chambre des Pairs, il y siégea jusqu à sa mort. (10)

Ecarts, - A quelque distance de Blâmont, une Usine, dite Usine des Champs, installée sur la Vezouze, a fabriqué de la grosse quincaillerie.
Ses bâtiments servent actuellement à une exploitation agricole.
Les autres écarts sont:
LE CLOS ou CHALET SAINT-PIERRE.
LE CHATEAU SAINTE-MARIE détruit par les Allemands, en 1914, est aujourd'hui restauré.
La FERME SAINT-JEAN et la FERME DU CARREAU.


(1) ANNUAIRE DE LORRAINE, Meurthe-et-Moselle; Nancy, A. Humblot & Cie, 1926.
La Statistique de 1915 attribuait à ce Canton 10.500 habitants.
(2) MARTIMPREY DE ROMÉCOURT: Les Sires et Comtes de Blâmont, Etude Historique : Journ. Soc. Arch. Lorr. T. XXXIX et XLI, 4 pl.
LEPAGE, AMBROISE, BERNHARDT: O. C
J. COLIN : Notice sur Blâmont et «  Bon Accueil»; 1926. Mazerand, Cirey.
(3) Un de ces Comtes avait promis. de défier dans quinze jours la Ville de Metz. Il fut vaincu près de Cirey, par l'Armée Messine.
(4) René II avait fait élever, au Comte Olry, un beau tombeau dans la Collégiale de Deneuvre. J'ai dit que, en 1789, ce tombeau avait été brisé et ses pierres dispersées.
(5) Ces gravures ne sont pas seulement précieuses parce qu'elles reproduisent fidèlement l'aspect de la Ville, le caractère de son Château et de ses maisons, mais parce qu'elles figurent des costumes d'habitants (seigneurs et manants). Elles ont été prises de la Côte de Barbas ou de la vallée de la Vezouze. Le Musée de l'Arrondissement montre des reproductions de ces gravures. Mon dessin est une réduction de ceux que j'ai donnés au Musée.
(6) Des sépias, reproduites par E. Ambroise, ont relevé les ruines du Château, en 1828. Un dessin de la Bibliothèque Nationale (Cabinet des estampes) représente les ruines des deux Tours qui encadrent la porte d'Entrée.
(7) LEPAGE, O.C. LALLEMENT LOUIS : Notes sur deux Tableaux qui se trouvent au Château de Châtillon, près de Cirey (Meurthe); Défense de Blâmont, 1636, etc. ; Journ. Soc. Arch. Lorr., T. VII.
(8) MICHEL, O. C.
NDLR : il s'agit d'une erreur : Charles François Philibert MASSON n'est pas né à Blâmont (54), mais à Blamont (25). 
(9) PAUL DELAVAL : Un ministre Lorrain sous l'Empire : Le Grand Juge Régnier, Duc de Massa ; 'Pays Lorrain', 1909, Bilbiographie et Portrait.
MARTIMPREY : Régnier, Duc de Massa, et sa famille ; Journ. Soc. Arch. Lorr. T. XXXV.
MICHEL, O. C.
(10) P. MARIN: La Grande Encyclopédie; Art. Klein.

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