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1870 - Repli de l'armée française et passage à Blâmont le 8 août (2)


Dans le précédent article 1870 - Repli de l'armée française et passage à Blâmont le 8 août, on voit le passage du 8ème régiment de cuirassiers le 8 août,. Le lendemain c'est le passage du 3ème (9 août 1870 - 3ème cuirassiers en repli sur Blâmont).

Mais le 8 août, on voit ici avec le 4ème cuirassiers, que comme dans les autres récits, la troupe cantonne sous le déluge, et les officiers sont chaleureusement accueillis chez les habitants.


Notes de guerre du capitaine Billot, du 4e régiment de cuirassiers : 1870
M. Billot de Göldlin
Éd. H. Champion (Paris), 1913

Lundi 8 Août 1870. - On arrive à Sarrebourg; les maisons s'ouvrent à notre arrivée ; le gaz éclaire les rues que nous parcourons, et on va camper dans une prairie située au-delà de la ville. Notre campement établi, nous avisons une auberge où nous espérons trouver des vivres ; en y arrivant, nous la trouvons envahie par des officiers d'artillerie, qui avaient déjà fait main basse sur tout ce qui s'y trouvait.
Nous revenons au campement, et on repose un instant sur une couverte de cheval étendue sur l'herbe ; le jour commence à paraître peu après. Nous apercevons un moulin, situé non loin de notre campement; la meunière veut bien nous faire à déjeuner, on fait un repas copieux : une soupe au lait, une carpe, et un poulet.
Les hommes reçoivent de la viande et du biscuit, et un champ de pommes de terre, situé près du campement, est, en un instant, sacrifié à la marmite.
Un tas de bois, situé dans la cour du meunier, sert à la cuisson des aliments et le meunier se désole de voir ses pommes de terre et sa provision de bois disparaître ainsi, entre les mains de ceux qui devraient le protéger. On le rassure, en lui faisant comprendre qu'au moyen d'une expertise, faite le lendemain, la commune le rembourserait de ses pertes.
C'est à Sarrebourg que j'ai vu commencer le pillage des récoltes, qui n'a fait que de s'accroître à mesure qu'on avançait. Les troupes d'Afrique ont donné, trop vite, l'exemple du pillage des denrées, qui s'est communiqué à nos hommes, avec une grande rapidité. C'est aussi dans ce même campement que j'ai vu se produire les premiers actes d'indiscipline.
Un cuirassier fait feu, d'un revolver, sur un de ses camarades, à la suite d'une discussion vive ; ces hommes, en viennent aux mains ; le colonel de Vandœuvre, du 1er cuirassiers, qui se trouvait peu éloigné de ces hommes, veut intervenir pour les séparer ; son autorité est méconnue. J'interviens aussitôt, parce qu'un homme de mon escadron était du nombre des querelleurs ; grâce à l'influence que j'avais sur lui, l'affaire fut aussitôt arrêtée. D'autres marques d'insubordination se montraient sur d'autres points, au sujet des corvées de distribution.
Enfin, à midi, on sonnait à cheval pour le départ.

Départ de Sarrebourg à une heure de l'après-midi : on annonce un succès de nos armes à Bitche. Nous cheminons vers Blamont, le temps est couvert et nuageux ; à mi-route, la pluie commence, pour ne cesser, un instant, qu'après notre arrivée. La division Duhesme nous précède, et nous fermons la marche de notre division.
On arrive à Blamont à 7 heures du soir, par une pluie torrentielle, notre régiment campe dans une prairie située avant d'entrer en ville, entre la route et la rivière.
Cette prairie, qui reçoit les eaux des hauteurs voisines, ne permet pas aux hommes de se coucher, ils s'accroupissent de leur mieux sous leurs petites tentes en se plaçant sur les bottes de paille que leur donnent les habitants.
Dans la ville, on offre des lits aux officiers, qui sont très flattés du bon accueil qu'on leur fait et de la gracieuse hospitalité qu'on leur offre ; nous dînons, avec d'Orcet, chez un boucher sortant du 1er régiment de carabiniers.

Mardi 9 Août 1870. - Départ de Blamont à une heure et demie du matin ; la pluie, qui n'avait cessé de tomber pendant toute la nuit, continue pendant toute la route.
La marche est pénible, les hommes et les chevaux, peu nourris, sont très fatigués.
On arrive à Lunéville à huit heures du matin ; les habitants, consternés, se portent sur notre passage, et cherchent avidement ceux qui ne sont plus, et auxquels on avait serré la main huit jours avant; nous allons mettre pied à terre dans nos anciens quartiers, où les chambres restent à la disposition de la garde mobile qui les occupe; nos anciens propriétaires de logements viennent au devant de nous, pour nous offrir l'hospitalité, et nous nous trouvons très heureux de retrouver notre ancien lit : il nous semblait ne l'avoir jamais quitté.
La brigade Duhesme arrive à midi, et campe dans le Bosquet; les gardes mobiles continuent d'arriver en foule ; on les arme et ils partent aussitôt sans être habillés ; quelques-uns se munissent de képis, mais ils ne peuvent en trouver assez ; de sorte que beaucoup d'entre eux n'ont aucun signe distinctif.

Mercredi 10 Août 1870. - Départ de Lunéville à onze heures et demie du matin ; on prend la route de Bayon. [...]

 

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