Le Jour de gloire,
anecdotes, traits de bravoure, actes d'héroïsme, les beaux exploits, etc., etc.
Éd. B. Sirven (Paris)
Belle mort d'un enfant.
C'est à Domèvre, un petit village de Lorraine
dont le nom fut cité à plusieurs reprises dans les communiqués officiels, qui
fut pris et repris, abandonné et réoccupé, finalement bombardé par les
Allemands, et dont cinq maisons seulement sont encore debout.
Pourquoi les Allemands tirèrent-ils sur un enfant de ce village. Maurice Claude,
à peine âgé de quinze ans, qui reçut trois blessures affreuses? Quelles furent
les tortures que ce pauvre petit endura? Quel affreux traitement les barbares
lui infligèrent-ils? Nous saurons tout cela plus tard, ou plutôt nous
l'imprimerons lorsqu'il sera permis de tout dire.
Qu'il suffise, pour le moment, d'indiquer que là, comme partout, les Allemands
se conduisirent avec la plus insigne lâcheté.
Depuis plusieurs jours, Maurice Claude est à l'ambulance du château, une
religieuse veille à son chevet. Les Allemands ont refusé à sa mère de le
soigner, d'apaiser ses souffrances sous des baisers. Maurice Claude va mourir.
Pris de remords, peut-être - sait-on jamais ! - le colonel allemand vient le
voir.
En français, il lui demande :
- Eh bien, mon ami (mon ami!) vous ne souffrez plus maintenant?.
L'agonisant tourne péniblement la tête.
On sent qu'il rassemble toutes ses forces.
Et très fier, les yeux fixés sur les yeux de cet ennemi et refusant sa pitié, il
jette, haletant :
- Je n'ai jamais souffert. je meurs pour ma patrie.
Epuisé par son effort, l'enfant laisse retomber sa tête sur l'oreiller, puis
murmure.
- Vive la France !
L'officier allemand, souffleté par cette réponse, recule.
Et le petit paysan achève de mourir.
L'apostolat de la jeunesse pendant
l'année de la guerre, ou Entretiens familiers destinés aux maisons d'éducation,
collèges, pensionnats, écoles et aux familles
Abbé Léon-Joseph Bretonneau,..
Éd. P. Téqui (Paris), 1916
C'est à Domèvre, un petit village de
Lorraine, un enfant, Maurice Claude, à peine âgé de 15 ans, reçut des Allemands
trois blessures affreuses.
Quelles furent les tortures endurées par ce pauvre petit? Quel affreux
traitement les barbares lui infligèrent-ils? Nous ne pourrons le dire que plus
tard lorsqu'il sera permis de tout dire... Qu'il suffise, pour le moment,
d'indiquer que là, comme partout, les Allemands se conduisirent avec la plus
cynique lâcheté contre les habitants.
Claude est à l'ambulance, les Allemands ont refusé à sa mère de le soigner,
d'apaiser ses souffrances sous des baisers. Maurice Claude Va mourir... Le
colonel allemand vient le voir. En français, il lui demande :
- Eh bien, mon ami, vous ne souffrez plus maintenant?...
L'agonisant tourne péniblement la tête. On sent qu'il rassemble toutes ses
forces. Et très fier, les yeux, fixés sur les yeux de cet ennemi et refusant sa
pitié, il jette haletant :
-^ Je n'ai jamais souffert... je meurs pour ma patrie!...
Et il acheva de mourir en murmurant : « Vive la France! »
"Sur le champ de bataille" :
recueil de traits d'héroïsme, de lettres de soldats, de récits de bataille de la
guerre de 1914...
Abbé Blain des Cormiers
Éd. G. Beauchesne (Paris), 1914
« Je n'ai jamais souffert, je meurs pour ma patrie! »
Le petit Maurice Claude, du village de
Domèvre en Lorraine, a été blessé à mort par les Allemands qui ont envahi le
pays. Transporté à l'ambulance du château, il va mourir à quinze ans, séparé de
sa mère à qui les Allemands ont refusé la consolation de le soigner et de lui
fermer les yeux.
Le colonel allemand vient voir le moribond, remords ou politesse de bourreau à
sa victime, qui sait ? En français, il lui demande :
« Eh bien, mon ami, vous ne souffrez plus, maintenant ? »
L'agonisant tourne péniblement la tète ; très fier, les yeux fixés sur les yeux
de cet ennemi dont il refuse pitié, il jette haletant :
« Je n'ai jamais souffert., je meurs pour ma patrie! »
Epuisé par l'effort, l'enfant laisse retomber sa tête sur l'oreiller, puis
murmure :
« Vive la France! »
Soldats de France
Jehan Des Mauges
Éd. A. Mame et fils (Tours), 1915
En Lorraine, au village de Domèvre, le petit
Maurice Claude est blessé gravement.
Transporté à l'ambulance du château, il va mourir à quinze ans, séparé de sa
mère, à qui les Prussiens ont refusé la consolation de le soigner et de lui
fermer les yeux.
Le colonel allemand vient voir le moribond : remords ou politesse du bourreau à
sa victime, qui sait?
En français, il lui demande :
« Eh bien, mon ami, vous ne souffrez plus maintenant? »
L'enfant tourne péniblement la tête.
Très fier, les yeux fixés dans les yeux de cet homme, dont il refuse la pitié,
il jette, haletant :
« Je n'ai jamais souffert., je meurs pour ma patrie! »
Puis, épuisé par l'effort, laissant retomber sa tête sur l'oreiller, il murmure
encore :
« Vive la France ! »
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