Avant la famille
Hermant, c'est sous le règne des du ducs Léopold
(1697-1729) et François (1729-1737), que les membres de
la famille Hiezely vont exercer dans le Blâmontois les
fonctions de bourreaux, qu'ils continueront ensuite
dans les Vosges puis à Limoges.
Venus d'Allemagne (Offenburg, à 30 km de Strasbourg),
leur patronyme familial serait un diminutif de Hiesel,
hypocoristique allemand du prénom Mathias (selon le
Deutsches Namenlexikon de Hans Bahlow).
Pourquoi Jacques (Jacob) Hiezely a-t-il quitté
Offenburg avec ses deux fils (François-Joseph et Claude
Antoine), et son frère Jean-Georges (voir note 1), pour
se retrouver ainsi à Blâmont ?
En 1689, durant la guerre de la ligue d'Augsbourg
(1687-1697), la ville d'Offenburg est rasée par les
troupes de Louis XIV, dans la stratégie française de
terre brûlée du Palatinat pour ralentir l'avancée
allemande. Cette politique ne s'accompagne pas
cependant de massacres systématiques, les habitants
obtenant une semaine de délai pour évacuer les lieux,
avec même mise à disposition chariots pour ceux qui
souhaitent se réfugier en Alsace.
Pour plaisante qu'est cette hypothèse, elle ne semble
pas résister aux dates, puisque Claude-Antoine serait
encore né à Offenburg en 1700. Les deux frères ont
donc sans doute rejoint la Lorraine vers 1700-1701, dans
les premières années du rétablissement des Ducs
(1697), suite aux repeuplement du duché engagé par
Léopold.
On retrouve ainsi
cette famille exerçant les fonctions de bourreaux dans
les communes suivantes :
Baccarat
-
François-Joseph
Hiezely 1719-1739
-
Jean-Michel
Hiezely 1739-1777
-
Antoine Hiezely
1777
-
Georges-Antoine
Hiezely 1777-1793
-
Claude Hiezely
1790
Badonviller
Blâmont, où l'on
suppose que Jacques faisait office de bourreau dès son
arrivée en 1701 :
Bar-le-Duc
Bruyères
Charmes
Rambervillers
-
François-Joseph
Hiezely 1719-1739
-
Jean-Michel
Hiezely 1769-1770
-
Georges Antoine
Hiezely 1770-1777
-
Jean Joseph
Hiezely ?
-
Antoine Hiezely
1775-1786
Saint-Dié
Limoges
Ces communes ne
prononçaient sans doute pas suffisamment de sentences
pour assurer la rétribution du bourreau et de l'aide-bourreau.
Mais dans « Justice Criminelle
des Duchés », Charles Emmanuel Dumont
indique les modes complémentaires de financement des
bourreaux, qui perçoivent sur les habitants :
- le droit de havage, consistant à prélever argent ou
marchandises sur tous ceux qui apportent des denrées
aux marchés. Ce droit persistera jusqu'en 1775 (alors
que le droit des noces, perçu sur les nouveaux mariés,
n'existait plus depuis 1614).
- la riflerie, droit d'abattre et dépouiller, moyennant
paiement, les chevaux hors d'état de servir, et de
s'attribuer la peau des animaux.
- la vidange, droit de percevoir une rétribution sur
chaque fosse d'aisance au moment où on la vidait,
tâche dont le bourreau était chargé.
La révolution mettra fin à ces deux derniers
privilèges du bourreau, qui étaient spécifiques à
tout l'est de la France.
Mais c'est sans doute pour l'exercice du droit de
vidange que Jean Hiezely a dressé vers 1701 une carte
de la ville de Blâmont indiquant chaque propriétaire.
Par ailleurs, si l'on
conçoit aisément que le bourreau préfère entretenir
un aide-bourreau de sa famille, une généalogie
avancée (réduite cependant aux seuls membres ayant
une relation avec les fonctions de bourreaux) met
aussi en évidence que, comme, dans le cas de la famille
Hermant, le métier se transmet de génération en
génération, et que l'on ne contracte d'alliance qu'au
sein de familles exerçant la même profession.
On voit ainsi plusieurs alliances avec la famille Wolff
(venue de Sarrelouis en Allemagne, et qui exerce des
fonctions similaires sur la Moselle), les familles
Heidenreich, Lohri, Prosset...
Rappelons aussi que le premier des bourreaux de Blâmont
de la famille Hermant,
Jean-Jacques Hermant, épouse à Blâmont Françoise
Parisot le 11 novembre 1761, succédant ainsi comme «
maître des hautes et basses oeuvres » à son
beau-père, Nicolas Parisot,
Or, ce dernier, lui-même bourreau de Blâmont, et
l'époux de Françoise Hiezely : le passage des
fonctions des Hiezely aux Hermant est donc resté une
affaire familiale, passée des Hiezely aux Parisot, puis
aux Hermant.
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