Marie Henry Appolon Louis Alexandre Napoléon
de Mirbeck nait à Barbas le 19 avril 1808 : il est le neuvième
enfant (sur douze) de Michel Nicolas de Mirbeck (1769-1848) et
de Marguerite Madedelaine Ludwig (1775-1855).
(voir son grand-père, Nicolas de Mircbeck, son frère
Edouard
Hyacinthe Wilhelm Nicolas de Mirbeck).
Notons que l'acte de naissance mentionne Appolon, avec deux p et
un l, alors qu'il fera usage ultérieur de Apollon. Quant à
l'acte de décès (ci-dessous), il mentionne Appollon avec
deux p et deux l.
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Destiné à une carrière militaire, Apollon
s'engage dans la cavalerie jusqu'au grade de maréchal des logis,
et sert sous les ordres de son frère,
Nicolas Pierre Joseph Alexandre de Mirbeck (1794-1878),
capitaine commandant le 2ème régiment de hussards
(reconstitué à Metz depuis le 26 janvier 1816, sous le nom de
'Hussards de la Meurthe »). C'est au sein de ce régiment qu'il
participe au 24 jours du siège d'Anvers en 1832 (intervention
française durant la guerre belgo-néerlandaise).
Deux mois avant d'être libéré du service
actif, le 9 février 1834, il épouse à Azerailles Anne Marie
Geneviève Carrière (1808-1880). C'est là que nait, le 15
décembre 1834, leur premier enfant Edouard Marie de Mirckeck.
Après le décès de l'enfant à Azerailles en 1836, âgé de 18 mois,
Apollon décide, avec son épouse, de rejoindre en Amérique du Sud
son frère ainé Franz Anton Nikolaus de Mirbeck (1800-1867, qui,
après avoir été garde du corps du roi, a émigré en Amérique du
sud).
En 1838, Apollon est en Uruguay. Le pays est alors indépendant
du Brésil (depuis le traité de Montévidéo du 28 août 1828) :
mais la guerre civile y oppose les " colorados " de Fructuoso
Rivera et les " blancos " de Manuel Oribe. Apollon de Mirbeck
soigne les blessés, dans le petit hôpital Campaña de Conception,
en Uruguay.
C'est ainsi qu'Apollon de Mirbeck, qui ne dispose d'aucun bagage
universitaire, s'installe comme médecin à Salto (ville
uruguayenne à la frontière avec l'Argentine), étudiant en
autodicate les traités de médecine, et la chirurgie par la
dissection de corps que lui livrent les prisons.
Sa fille Corina Maria Olgaria (1840-1906) nait à Salto le 28
juillet 1840, puis Apollon Enrique Nicolas (né le 26 décembre
1841 à Salto, qui meurt en bas âge).
Le « médecin » Mirbeck dispose d'une large
clientèle et d'une réputation suffisament établie dans la
province du Salto pour que, le 29 avril 1842, le vice-président
de la République le nomme médecin principal de la police, «
l'escadre nationale ».
Mais le Conseil d'Hygiène Publique de Montevideo, organisation
nationale de la santé et du contrôle des titres, doit
obligatoirement donner son approbation pour l'exercice de soins
médicaux sur le territoire uruguayen : Mirbeck comparait donc
devant ce Conseil pour examens les 24, 25 et 26 avril 1847, et
obtient, le 27 avril 1848, l'autorisation d'exercer la chirurgie
Le 22 juilllet 1852, Mirbeck est nommé par décret présidentiel
médecin de police du département de Salto.
Pour compléter concrètement la limitation imposée par le Conseil
d'Hygiène Publique à son domaine de santé, il comparait de
nouveau devant lui le 18 novembre 1858, et le 25 novembre 1858,
il est autorisé à exercer avec le titre de médecin. Il consolide
sa situation professionnelle, et se lie d'amitié avec le
botaniste et médecin français Aimé Bonpland (1773-1858), qui,
depuis sa retraite de San Borja au Brésil, descend
périodiquement à Montévideo en passant par Salto.
En avril 1861, Apollon de Mirbeck abandonne l'Uruguay pour
rejoindre son épouse, qui avait dû regagner la France pour
raison de santé. A cette occasion, la ville de Salto lui remet
une médaille de reconnaissance portant « Al Doctor Apollon de
Mirbeck eterno recuerdo de gratitud y amistad, los habitantes de
la ciudad de Salto del Uruguay, abril de 1861 » et au verso
« Al eminente y feliz operador, cirujano prudente y
perspicaz, consolador de la humanidad doliente, alma caritativa
y noble discípulo de sí mismo, Adiós 1861 ».
Apollon de Mirbeck rejoint d'abord à Saint-Dié son frère
Edouard Hyacinthe Wilhelm Nicolas de
Mirbeck (1806-1900), peintre, puis s'inscrit à la faculté de
médecine de Strasbourg, où on lui accorde, le 20 juillet 1861,
la dispense des examens, à l'exception de l'examen doctoral.
Rassemblant des observations recueillies en Amérique du Sud, il
soutient donc l'année suivante, le 13 mars 1862 à Strasbourg,
une thèse sur le tétanos (« Du tétanos chez l'adulte, et en
particulier du tétanos traumatique », publiée la même année,
indiquant l'auteur « Professeur en médecine et chirurgie du
Conseil d'Hygiène de Montevideo (Repub. Orientale),
ex-chirurgien et chef de l'Escadre Nationale »).
En 1866, il revient s'installer à
Saint-Maurice-aux-Forges, où il achète le manoir de La
Forge et exerce comme médecin, jusqu'à sa mort de
paralysie le 7 janvier 1891. Il est inhumé au cimetière
Saint-Maurice-aux-Forges à côté de sa compagne (décédée
depuis le 3 septembre 1880).
(Acte de décès du 7 janvier
1891 à Saint-Maurice-aux-Forges) |
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L'Est-Républicain -
13 janvier 1891
Le docteur de Mirbeck. - On nous
écrit de Badonviller :
« Samedi ont eu lieu, à Saint Maurice, près Badonviller,
les obsèques du regretté docteur de Mirbeck, décédé, le
8 janvier, dans sa quatre vingt-troisième année. II
était le doyen des médecins de notre région, où il
laisse de sincères et d'unanimes regrets, les campagnes
environnantes où il a porté jusqu'à la dernière heure
les ressources de son art et de son dévouement garderont
de lui un profond et affectueux souvenir.
« Le deuil était conduit par M. Malgras ancien procureur
de la République, gendre du défunt, et M. le docteur de
Mirbeck, de Saint-Dié, son neveu. Parmi l'assistance on
remarquait M. Fenal, de Pexonne, conseiller général, et.
M. le docteur Messier, maire de Badonviiler. Sur la
tombe. M. le docteur Hanriot, de Blâmont, a rappelé en
quelques paroles émues la vie de son vénéré confrère
dont il a énuméré aussi les solides qualités. » |
Il y a dans l'église de Saint-Maurice-aux-Forges, un vitrail
représentant Apollon de Mirbeck devant ses patients, et
aujourd'hui encore, à Salto en Uruguay, 10 kilomètres d'une
avenue Apolon de Mirbeck.
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