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Nancy - Mai 1884 - Insubordination des pompiers


Dans l’historique Les Sapeurs-Pompiers de Nancy - 1913, est évoqué l’événement suivant en 1884 : « Le 25 mai, ces derniers étaient réunis, place Stanislas, pour être passés en revue et y reconnaître un sous-lieutenant. Le choix de l'officier n'étant pas celui des hommes, au moment où le maire, M. Voland, après avoir donné lecture du décret de nomination, ordonne de fermer le ban, personne n'obéit. Cet acte d'insubordination a pour conséquence la dissolution de la Compagnie. »

Comme on le voit dans les articles de presse ci-dessous, le maire de Nancy (1879-1888), François Volland (1838-1900), futur sénateur de 1886 à 1900, va réagir très vite à l’incident du 25 mai 1884, puisqu’il obtient dès le lendemain le décret du président de la République qui dissout la compagnie nancéenne.
Il faudra alors attendre le 10 août 1884, pour que soit nommé capitaine Eugène Albert Barbier (Paris 2ème, 14 septembre 1845-Nancy, 1er mai 1926). Ancien sous-officier pendant le siège de Toul en 1870, et lieutenant au 6ème bataillon du génie territorial, Albert Barbier est alors Conducteur des Ponts-et-Chaussées (il quittera son poste un peu avant 1900 pour établir un atelier de dessinateur dans sa maison, 4 quai Choiseul, et devenir photograveur-Imprimeur). Albert Barbier restera capitaine jusqu’à sa retraite le 4 novembre 1917, après avoir été nommé Chevalier de la Légion d’Honneur par décret du Ministre de l’Intérieur du 13 mars 1906.

On notera aussi le maintien du capitaine en second, Louis Gugumus, dont le nom restera nationalement, voire mondialement, connu, par son invention : la grande échelle.


L'Espérance : courrier de Nancy
28 mai 1884

INSUBORDINATION DES POMPIERS.

Un grave incident a marqué, dimanche matin la réunion des pompiers sur là place Stanislas où ils avaient été convoqués pour reconnaître les chefs nouvellement nommés : c’étaient MM. Noël lieutenant, promu au grade de capitaine ; Jendrë, sous-lieutenant, nommé lieutenant, et Muller nommé sous-lieutenant.
Or, au moment où M. le maire, accompagné de trois adjoints, et placé devant le front des troupes, prononçait le nom de M. Noël des protestations se firent entendre dans les rangs. Sur une observation de M. Volland faisant remarquer l’inconvenance de cette manifestation, les cris de : Non ! Non ! Jamais Noël ! se firent entendre avec une nouvelle insistance.
A leur tour, les clairons refusèrent d’exécuter les ordres du capitaine, et de sonner l’ordre de fermer le ban.
Devant cette mutinerie, M. le maire fit reporter le drapeau de la Compagnie à l’Hôtel-de- Ville, déclarant que cet insigne de l’honneur, de l’obéissance aux lois et de la discipline n’était plus à sa place dans une Compagnie qui refusait de reconnaître les ordres de l’autorité légitime.
Une demande de dissolution de la Compagnie a été transmise au Président de la République par l’intermédiaire du préfet.
Et si, en attendant la reconstitution de la Compagnie, un sinistre vient à éclater ?
Le cas a été prévu. M. le maire a fait appel à la bonne volonté de la garnison, et M. le général Qnénot s’est empressé de mettre la troupe à la disposition de l’autorité municipale pour le service des incendies.


L'Espérance : courrier de Nancy
30 mai 1884

L’INCIDENT DES SAPEURS-POMPIERS.
Voici quelques renseignements complémentaires sur l’incident de dimanche dernier :
« Une trentaine de sapeurs- pompiers, choisis parmi ceux qui n’avaient pas signé de protestation ont été convoqués lundi à la mairie, afin de prendre des mesures pour assurer la continuation du service des deux postes, de la foire et de la place.
» Nous apprenons, ajoute l’Impartial, qu’il se trouve dans ce nombre plusieurs protestataires, qui auraient répondu à l’appel de l'administration dans le but de prouver leur bonne volonté et celle de leurs camarades, mais qui seraient décidés à se retirer si une partie de la Compagnie était définitivement licenciée;
» Jusqu’à présent, les rebelles n’ont reçu aucun ordre ; ils ont conservé leurs armes et leurs uniformes.
» On dit que M. le capitaine Muscat aurait l'intention de donner sa démission, et qu’il se retirerait aussitôt que la Compagnie serait réorganisée.
» Tous les pompiers prétendent que leur manifestation à été toute pacifique. Ils n’ont jamais eu, disent-ils, l’intention de méconnaître l'autorité municipale, ni de blesser là susceptibilité de M. le maire qu’ils respectent et qu’ils aiment tous.
» M. Volland a pu en juger, par leur attitude après la déclaration qu’il leur a faite dimanche. Les rangs ont été rompus en silence, sans colère, sans un cri, et chaque pompier a regagné sa demeure.
» D’un autre côté, pas un poste n’a été abandonne et le service a continué comme de coutume. Ils repoussent donc, disent-ils, l’accusation de rébellion ou d’insubordination. ..
» Leur conduite à l’incendie de la rue Saint-Julien, où tous se sont rendus en toute-hâte, et la
manière dont ils saluèrent au passage les autorités civiles, prouvent assez leur bonne volonté et le respect qu’ils ont pour l’administration. Ils n’ont protesté, ajoutent-ils, ni contre le règlement, ni contre la discipline, mais seulement contre un homme qui avait été pris en dehors de la compagnie pour leur être imposé comme chef, tandis que dans leurs rangs se trouvent des hommes très capables qui ont droit à toutes leurs sympathies, qui méritent et attendent depuis longtemps un peu d’avancement.
»D’un autre côté tous les pompiers sont unanimes à reconnaître les capacités de M. Noël dans le service des eaux, ils se plaignent seulement de la façon un peu brusque avec laquelle il commande et on dit déjà bien haut que peut-être l’incident serait dos, si M. Muller donnait sa démission… »

DISSOLUTION DE LA COMPAGNIE DE SAPEURS-POMPIERS.
Le Président de la République française,
Sur la proposition du ministre de l’intérieur,
Vu le décret du 29 décembre 1875 ;
Décrète : .
Article 1er. - La Compagnie de sapeurs-pompiers de Nancy est dissoute.
Article 2. - Le ministre de l’intérieur est chargé de l’exécution du présent décret.
Fait à Paris, le 26 mai 1884.
Signé : JULES GRÉVY.


L'Espérance : courrier de Nancy
2 août 1884

COMPAGNIE DES POMPIERS .
On lit dans le Courrier ;
« La Compagnie des sapeurs- pompiers de Nancy est sur le point d’être reconstituée ; peut-être même le décret est-il signé depuis lundi. M. Muscat, l’ancien capitaine, a absolument refusé de reprendre le commandement de la Compagnie. C’est M. Barbier, conducteur des ponts et chaussées, capitaine des Chasseurs nancéens, qui le remplacera. Le capitaine en second serait, nous assure-t-on, M. Roussel, secrétaire général de la mairie, toutefois nous ne donnons ce renseignement que sous réserve.
» M. Noël continuera à coopérer au service des incendies, mais seulement comme chef du service des eaux; des anciens officiers, deux seulement resteront à la Compagnie, MM. le docteur Valentin, chirurgien, et Gugumus, lieutenant.
» La nouvelle Compagnie sera moins nombreuse que l'ancienne, du moins dans lés premiers temps de sa reconstitution; elle ne comptera guère qu’une soixantaine de sapeurs dont la moitié au moins seront nouveaux venus à la compagnie.


L'Espérance : courrier de Nancy
8 août 1884

COMPAGNIE DES SAPEURS- POMPIERS .
Le Courrier a recueilli, sur l’organisation de la nouvelle compagnie des sapeurs-pompiers, les renseignements qui suivent :
« M. A. Barbier, conducteur des ponts et chaussées en sera le capitaine ; M. Roussel, secrétaire de la mairie, le capitaine en second; M.Gugumus conservera son grade. Les sapeurs- pompiers de la nouvelle Compagnie sont, à l’heure qu’il est, à peu près cinquante.
» Leur nombre ne sera pas supérieur, à moins qu’il ne se présente des sujets d’élite. M. Barbier a choisi ses hommes surtout parmi les charpentiers, les ferblantiers et les maçons, tous gens habitués aux échelles et aux exercices périlleux. Partant de ce principe élémentaire que les pompiers sont faits pour aller au feu, M. Barbier supprime le fusil, le casque de grande tenue, et ne donne plus aux pompiers qu’une tenue de service, veston, pantalon à raie rouge, casque noir et ceinture, et une tenue de ville absolument semblable à celle des pompiers de Paris : l’unique coiffure de ville sera le képi. Toutefois, les pompiers conserveront le sabre-baïonnette.
» Sur les cinquante pompiers, il n’y en aura guère plus de vingt de l’ancienne Compagnie. La plupart des sous-officiers et des caporaux seront nouveaux ; les hommes, soigneusement triés, ne seront définitivement admis que s’ils présentent toutes les aptitudes suffisantes. Les pompiers ne figureront plus aux revues ; ils ne sont en effet pas faits pour parader, et ceux-là seuls regretteront leur absence, pour qui l’attitude peu militaire de ces hommes dévoués était l’objet de sottes railleries.
» Ils seront répartis en différentes sections qui auront chacune leur service bien déterminé. M. Barbier voudrait même, et il espère pouvoir y arriver dans quelque temps, diviser les pompiers en deux groupes bien distincts : l’un s’occuperait du sauvetage des personnes et des valeurs, l’autre de la manoeuvre des pompes...
» On s’est occupé aussi de l'organisation d’un gymnase spécial pour les sapeurs- pompiers ; disons tout de suite que c’est là une création urgente. On aura à examner aussi, pendant qu’on est en voie de faire de si sages réformes, s’il ne convient pas d’augmenter le traitement dérisoire (60 fr. par an, 0.fr. 15 par jour environ) de ceux qui exposent si souvent leur vie pour sauver celle d’autrui.
» On nous assure d’ailleurs que M. Barbier n’a accepté les fonctions de capitaine qu’à condition que des réformes radicales seraient accomplies.
» La nouvelle Compagnie sera, à moins de circonstances imprévues, constituée demain ou après, et dimanche à sept heures du matin elle s’exercera pour la première fois. Ces exercices, et ici encore M. Barbier a raison, ne seront pas publics. »

 

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