| Nancy illustré : mondain, 
thermal, littéraire, artistique, sportifAoût 1913
 
 LES SAPEURS-POMPIERS DE NANCY
 (à propos de leur présence à la Revue du 14 Juillet)
 C'est un livre qu'il faudrait écrire sur ce 
corps d'élite pour rappeler ses origines déjà anciennes, les services nombreux 
qu'il a rendus, le dévouement dont il a donné tant de preuves, pour exposer les 
transformations heureuses que son organisation a subies et décrire son matériel 
se perfectionnant sans cesse jusqu'à devenir le plus beau de France.Mais, hélas! la place dont nous disposons est bien réduite ; c'est donc une 
simple monographie que nous allons faire, heureux d'apporter, nous aussi, notre 
modeste part de chaude sympathie et de véritable admiration, à ces braves gens, 
jadis souvent et à tort raillés et qui, aujourd'hui, se sont imposés à l'estime 
et à la reconnaissance de leurs concitoyens.
 I. - Historique de la constitution C'est en 1524 que notre duc Antoine prend les 
premières mesures pour combattre les incendies.Soixante-quatre ans plus tard, Charles III, dans un règlement, fixe les 
attributions du Gouverneur « en cas de feu advenant ». Il ne s'agit, dans ce 
document, que d'un pouvoir de police pour requérir le public de travailler à 
l'extinction du feu, ce qui constitue un rudiment d'organisation en cas 
d'incendie.
 Le 10 janvier 1704, le Conseil de Ville promulgue une ordonnance de police pour 
prévenir les incendies. Cette ordonnance prévoit deux mesures, l'une préventive, 
l'autre pour combattre le feu. En ce qui concerne cette dernière, elle décide 
que « les officiers de police doivent se rendre au feu ainsi que les ouvriers de 
la ville ; que de leur côté les bourgeois doivent éclairer les rues par des 
lumières placées à leurs fenêtres ; que les voisins du sinistre sont tenus à 
faire couler l'eau de leurs puits dans les rues et d'y établir des retenues ».
 Un autre règlement de police du 29 mars 1755 contient des prescriptions 
générales nouvelles. Six bourgeois sont désignés pour conduire chaque pompe; ils 
reçoivent chacun 20 livres, mais « s'ils ne sont pas prompts et exacts ils sont 
frappés d'une amende de 25 livres ». Douze charpentiers et couvreurs sont 
désignés pour aller aux échelles. Enfin le règlement indique qu'il sera donné 
aux personnes désignées pour combattre le feu « une médaille de métal pour 
servir à cette occasion seulement ».
 Le 17 octobre 1782, le feu détruit l'hôtel du marquis d'Alsace, un des édifices 
dus à Stanislas et faisant partie de ses ensembles d'architecture. L'attention 
est portée sur les imperfections du service. La question se pose si sérieusement 
que comme solution on décide la création d'un Corps de Sapeurs-pompiers, origine 
véritable et directe de la Compagnie des Sapeurs-pompiers municipaux. Claude 
Mique, architecte du roi de Pologne, devient le premier commandant des Pompiers 
de Nancy.
 Peu d'événements importants sont à signaler jusqu'en 1884, époque à laquelle 
s'accomplit une véritable révolution dans le Corps des Sapeurs nancéiens.
 Le 25 mai, ces derniers étaient réunis, place Stanislas, pour être passés en 
revue et y reconnaître un sous-lieutenant. Le choix de l'officier n'étant pas 
celui des hommes, au moment où le maire, M. Voland, après avoir donné lecture du 
décret de nomination, ordonne de fermer le ban, personne n'obéit. 
Cet acte 
d'insubordination a pour conséquence la dissolution de la Compagnie.
 Le 10 août suivant, sur de pressantes instances de la Municipalité, M. 
Albert 
Barbier accepte la lourde tâche de reformer la Compagnie. C'est un homme 
d'initiative et d'organisation. Sous son habile et sage commandement, 
d'heureuses transformations vont s'opérer.
 
 Albert BARBIER
 Commandant les Sapeurs-Pompiers
 Il constitue d'abord un corps de 120 hommes, avec un premier poste permanent à 
l'Hôtel de Ville, composé de 3 hommes. En 1896, ce poste comprend deux équipes 
de 4 hommes chacune. En 1901, son effectif est porté à 16 hommes. C'est à ce 
moment que l'idée vient, pour la première fois, de construire une caserne pour 
les Sapeurs-pompiers, mais des considérations budgétaires empêchent la 
réalisation de ce projet.Enfin, en 1905, l'Hôtel de France, rue Gambetta, devient vacant. Sur les 
conseils de M. Barbier, la ville en fait l'acquisition.
 Alors le commandant, aidé de ses officiers et de son personnel, se met à l'oeuvre 
; tous les travaux de réfection sont effectués par les Sapeurs, la cour est 
pavée, les canaux refaits, les salles à manger deviennent des remises, des 
greniers, des dortoirs, les petites dépendances des lavabos, salles de bains, de 
douches et, les chambres d'hôtel, des logements. Il n'y eut comme dépenses que 
l'achat des matériaux.
 Nous avons visité en détail cette installation merveilleuse et parfaitement 
comprise. Elle fait honneur à ceux qui en ont eu l'initiative et surtout à ceux 
qui ont su la réaliser dans les meilleures conditions de commodité et d'hygiène.
 
 Le Personnel caserné
 2 officiers, 3 sous-officiers, 33 caporaux, chauffeurs et sapeurs
 II. - Le Matériel de jadis et celui d'aujourd'hui Le matériel du début était plus que rudimentaire. Il consistait en seaux et en 
seringues. On pratiquait de petits réservoirs, sous les combles des grands 
monuments, destinés à recueillir les eaux de pluie et à chacun de ces réservoirs 
était attachée une seringue.En 1524, le duc Antoine ordonne l'achat de « seilles » ou seaux de cuir bouilli.
 En 1593, on se préoccupe d'installer un matériel d'incendie dans la 
Ville-Vieille avec des guetteurs dans les tours de l'église Saint-Epvre et 
l'année suivante un second matériel est établi place Mengin.
 En 1627, on achète 4 seringues en cuivre analogues à celle de Troyes.
 Un inventaire du 17 novembre 1692 indique que la ville possède, à la Ville 
Vieille, 111 seaux en cuir bouilli, 2 grands crochets, 8 grandes échelles, 1 
falot de fer a mettre du goudron ; l'inventaire du 5 juillet 1695 établit ainsi 
le matériel de la Ville Neuve : « 122 seaux tant bons que méchants, 10 hors de 
service qu'il faut raccommoder et plusieurs à mettre en forme, plusieurs 
échelles et une grande à la halle ».
 Un autre inventaire du 6 juin 1701 contient, après l'énumération des seaux, 
échelles et crochets, cette curieuse mention-. « une petite pompe qu'on a fait 
venir autrefois de Strasbourg, mais je scay, par expérience, qu'il n'y a rien si 
utile que de bons seaux, échelles et crochets, toutes ces pompes et ces engins 
étant propres aux lieux où il y a des caneaux dans les rues et de l'eau nette ».
 Le 30 juin 1708, nouvel inventaire qui porte, après les seaux, « 2 pagniers 
cirés qu'on a fait venir de Champagne et que l'on disait être bons et qui ne 
vaillent rien ; l'on n'a pu s'en servir. Une pompe que l'on fit venir de 
Strasbourg, pas plus utile que les 2 pagniers ».
 En 1718, on est d'un avis contraire et la Ville fait venir de Strasbourg 2 
pompes a 80 tuyaux chacune qui sont remises l'une à la Ville-Vieille et l'autre 
a la Ville-Neuve.
 Une délibération du 1er juillet 1719 décide que l'on fera venir de Strasbourg 2 
grandes pompes comme les deux premières et 2 plus petites de moitié avec doubles 
tuyaux. L'année suivante ces pompes sont montées sur des chariots.
 Vers cette époque on fait l'essai d'un procédé imaginé par un Allemand pour 
l'extinction des incendies, consistant dans l'emploi d'un petit baril de poudre, 
placé dans un plus grand rempli d'eau et déterminant par son explosion dans ce 
milieu, une projection d'eau et un développement de fumée capables d'éteindre et 
d'étouffer le feu. L'expérience, est tentée le 17 février 1723 devant le duc 
Léopold, le prince de Portugal et toute la Cour; « ils ne furent pas trop 
contents du secret de M. l'Allemand», écrit Nicolas.
 L'Almanach de 1762 indique l'existence de 5 grandes pompes ; 2 sont au vieux 
magasin derrière Saint-Epvre, dans la Ville-Vieille, 2 dans la Ville-Neuve, 
derrière Saint-Sébastien, une au théâtre. Il fait en outre connaître le nombre 
de coups de la cloche du beffroi qui indiquera la Paroisse où est le danger : 1 
coup Notre-Dame, 2 coups Saint-Epvre, 3 coups Saint-Roch, 4 coups 
Saint-Sébastien, 5 coups St-Nicolas, 6 coups Saint-Fiacre et 7 coups 
Saint-Pierre.
 Une nouvelle division du matériel est faite en 1780. Paroisses Notre-Dame et 
Saint-Epvre, au Pavillon, 2 pompes avec leurs ajoutoires, 150 seaux et 7 boyaux. 
Paroisse Saint-Epvre, à la Comédie, 2 pompes avec leurs ajoutoires, 150 seaux et 
6 boyaux. Paroisse Saint-Sébastien, chez les Augustins, 1 pompe avec son 
ajoutoire, 100 seaux et 6 boyaux. Au Palais épiscopal, place de la Cathédrale, 1 
pompe avec son ajoutoire, 100 seaux et 6 boyaux. A l'Hôtel de la Police, la 
pompe pour les feux de cheminée et 22 seaux.
 Un mémoire de Despoid, du 17 décembre 1768, relate qu'il a fourni à la Ville une 
nouvelle pompe de sa construction ; devenu le fournisseur de Nancy, Despoid 
fournit dans les années suivantes un certain nombre d'autres pompes en « 
remplacement de celles usées » ; ces pompes comprennent un chariot à 4 roues, 
leurs caisses sont en menuiserie de bois de chêne et leurs balançoires en bois. 
Elles valent de 400 à 1.500 francs.
 Un arrêt du Parlement du 24 décembre 1782 ordonne «qu'il y aura toujours au 
moins 8 grandes pompes et 4 petites pompes de cheminée, avec les corps de cuir 
et leurs autres agrès en état de servir, la quantité de 500 seaux de cuir en bon 
état, des échelles, des perches, crochets également en bon état et en nombre 
suffisant, - qu'en outre les personnes chargées d'aller au feu, auront « un 
bonnet de cuir, tant pour les garantir que pour les faire distinguer ». Avec la 
création d'un corps de Sapeurs-pompiers, sous le commandement de Mique, a lieu 
une reconstitution du matériel.
 Différentes transformations s'opèrent encore dans la suite au cours du XIXe 
siècle, mais en ne réalisant que des améliorations du régime de 1782. Les plus 
importantes ne s'effectuent réellement que sous la direction de M. Barbier.
 En prenant le commandement de la Compagnie, celui-ci s'aperçoit vite que le 
matériel ne répond plus aux besoins d'une ville comme Nancy et son premier soin 
est de remplacer les pompes d'un modèle ancien, très lourdes, par conséquent peu 
maniables, par un matériel neuf, modelé sur celui de Paris, ce qui, à cette 
époque, constituait ce qu'il y avait de mieux, tant comme légèreté, solidité et 
bon rendement.
 
 Matériel automobile des Sapeurs-Pompiers
 Tout d'abord, le poste permanent de l'Hôtel de Ville est muni d'une petite 
pompe, avec dévidoir accroché après, pour faciliter les premiers secours.Les échelles constituent un train complet, depuis celles de 6 mètres, jusqu'à 
celles de 14 mètres ; ce matériel, lourd, est d'un maniement difficile. C'est 
alors qu'un officier de la Compagnie, le lieutenant Gugumus, invente l'échelle 
aérienne. Et le 1er février 1881, la Compagnie est dotée de 2 échelles 
aériennes, l'une de 20 mètres et l'autre de 15 mètres et tout le train des 
échelles anciennes disparaît.
 
 Matériel automobile des Sapeurs-Pompiers
 En 1900, le commandant Barbier se rend à Paris et assiste aux essais d'une pompe 
automobile. Il en saisit tous les avantages. Aussi, à peine de retour, il 
propose au maire de faire l'acquisition d'un matériel de ce genre. Et le 1er 
février 1901, cette pompe nouvelle, la première employée en France, est mise en 
service.En même temps que la création de la caserne, le commandant Barbier propose à la 
Ville - ce qui est immédiatement accepté - d'acquérir une voiture automobile 
Dietrich de 24 HP pour permettre le départ rapide, en cas d'incendie, du 
personnel et des tuyaux, échelles, etc.
 Depuis 1882 la Compagnie possède une pompe à vapeur dont la chaudière tubulaire 
est détériorée par l'usage. Il va falloir l'expédier à Paris pour y faire les 
réparations nécessaires, quand, après avoir, étudié la question, le commandant 
imagine de supprimer la chaudière, de monter le corps de pompe directement sur 
un châssis automobile qui devra servir de tracteur et, au moyen d'un embrayage, 
procurer le fonctionnement de la pompe par un système de son invention. Un 
troisième départ est ensuite constitué par la transformation, sur les mêmes 
principes, de pompe automobile primitive.
 A cette époque le matériel se complète d'une petite voiture à bras, système 
Legagney, destinée au service des brancardiers, et d'un fourgon automobile pour 
les feux de cheminée.
 A cette époque l'Union des Femmes de France, désireuse de se ménager, en temps 
de guerre, un moyen rapide pour le transport des blessés, fait l'acquisition 
d'une voiture automobile aménagée en ambulance et la confie aux 
Sapeurs-Pompiers, avec autorisation de s'en servir pour les besoins de la Ville 
et au profit des victimes d'accidents.
 En 1912, sur la proposition du Commandant, la Compagnie achète une nouvelle 
pompe automobile, dernier modèle du genre, pouvant alimenter 6 lances avec un 
débit de 1.400 litres à la minute.
 Enfin, s'étant rendu compte que l'échelle Gugumus, remorquée par une pompe 
pouvait occasionner des accidents par suite de son déplacement latéral, pour 
obvier à cet inconvénient, l'administration municipale octroie tout dernièrement 
un chariot automobile qui, avec un dispositif nouveau et spécial, porte 
l'échelle ; de cette façon les dangers d'accident sont réduits et le service de 
l'échelle aérienne grandement et définitivement perfectionné.
 Actuellement le matériel comprend ainsi, une voiture de départ, trois pompes 
automobiles, une voiture automobile porteur d'échelles, une voiture automobile 
pour feux de cheminée, une voiture d'ambulance.
 Et ces jours derniers, en contemplant ce matériel, toujours en état de partir 
par un simple tour de manivelle, cette caserne si bien agencée, ces hommes de 
dévouement qui attendent, toujours prêts, que le devoir les appelle; nous 
songions à la somme de travail, à l'esprit de suite, à la ténacité qu'il fallut 
au commandant Barbier et à ses collaborateurs, pour arriver, avec le concours 
des municipalités qui se sont succédé depuis la refonte complète de la 
Compagnie, à doter notre ville d'un matériel et d'une organisation que l'on peut 
presque considérer comme unique en France, et qui ont, en tous cas, été le 
premier type d'un service automobile, et le modèle imité par plusieurs
 grandes villes.
 Nous ne clôturerons pas cet aperçu sans dire un mot des ateliers de menuiserie, 
et de ferronnerie dans lesquels les hommes de la Compagnie opèrent eux-mêmes les 
réparations et même les améliorations du matériel actuel. Cet entretien, 
constant et soigneux, qui s'étend aux bâtiments et aux locaux de la Caserne, se 
fait ainsi dans les meilleures conditions au point de vue de l'état et de la 
conservation des choses sur lesquelles il porte, et avec les avantages d'une 
précieuse économie pour le budget municipal.
 Il convient enfin d'ajouter que le corps des Sapeurs-Pompiers de Nancy effectue 
une moyenne annuelle de 70 à 80 sorties pour incendies, et des sorties 
quotidiennes, quand ce n'est pas plusieurs par jour, pour le service de la 
voiture d'ambulance, celui des feux de cheminée et pour accidents divers. Il est 
fait face à ces exigences et aux nombreux services de vigilance et de 
prévention, théâtres, établissements publics, avec un personnel de 36 hommes, 
outre les officiers.
 III. - A la Revue du 14 juillet 1913 Jadis les Sapeurs-Pompiers défilaient armés à la droite de la troupe lors de la 
Revue du 14 Juillet. Mais le commandant Barbier, ayant supprimé l'armement pour 
absorber ses hommes dans le service d'incendie, il n'en était plus ainsi depuis 
longtemps.Pourtant la population, fière de ses Sapeurs-pompiers, déplorait cette 
abstention, et dans les premiers jours du mois dernier, on proposa à M. Barbier 
de reprendre la tradition. Une question surgit alors : comment la Compagnie se 
présentera-t-elle ?
 Le Commandant tranche la difficulté en décidant que ses hommes se montreront à 
la Revue comme au feu, c'est-à-dire qu'ils défileront avec leur matériel 
automobile au complet. Il sollicite ensuite de M. le Général commandant le 20e 
Corps d'armée et de M. le Général commandant la 11e Division, l'autorisation 
nécessaire qui lui est accordée, après examen, avec un aimable et bienveillant 
empressement.
 Et le 14 juillet, nos Pompiers sur leurs machines, tenue de feu, dans un 
impeccable défilé, à la suite de la cavalerie, place Carnot, sont, comme nos 
soldats, longuement et chaudement acclamés.
 
 A la Revue du 14 juillet
 C'est, pour nos Sapeurs la récompense de plusieurs années de travail silencieux, 
de transformations incessantes, d'améliorations continuelles.C'est toute une révélation pour le plus grand nombre de nos concitoyens qui 
ignoraient le long effort auquel se livre notre Compagnie depuis l'époque de sa 
transformation, c'est-à-dire depuis bientôt trente années.
 
 Le défilé à la Revue
 IV. - Le Musée Après avoir parcouru la caserne de la rue Gambetta, admiré son agencement 
merveilleux, son admirable matériel, une surprise nous est encore réservée par 
la visite de son Musée.Non seulement nos Sapeurs sont fiers de leur organisation actuelle, des moyens 
dont ils disposent pour accomplir leur tâche, leur devoir le cas échéant, mais 
ils ont le culte du souvenir.
 Dans une des plus belles salles de la caserne, grâce à l'heureuse initiative de 
leur Commandant et avec le concours de quelques-uns de ses amis, s'est constitué 
un Musée, unique en son genre en France. Là se trouvent réunis : portraits, 
gravures, vieux parchemins, anciennes pompes, seaux primitifs, tenues de ville 
et de service et une complète collection de casques de Compagnies régionales, 
des principales villes de France et de l'Etranger.
 Nous y contemplons le portrait du premier commandant des Sapeurs-Pompiers de 
Nancy, Claude Mique, de vieilles gravures représentant les incendies les plus 
célèbres depuis les temps les plus lointains.
 Nous parcourons d'anciens documents, Ordonnances, décrets des Ducs de Lorraine, 
arrêts du Parlement, règlements des Administrations de la Cité. Nous lisons, 
entr'autres, avec émotion, cette page de service, arrachée au livre journalier 
et écrite au moment où entraient dans notre ville, en 1870, les premiers soldats 
allemands.
 En songeant aux pompes puissantes que nous venons de contempler, nous regardons, 
avec pitié, une reproduction de ces petites seringues qui servaient à nos pères 
il y a quelque 400 ans pour lutter contre le feu, les pompes a bras, si 
rudimentaires et si lourdes, les seaux modestes qui devaient causer tant de 
rudes fatigues â ceux qui s'en servaient.
 Puis ce sont les bonnets d'incendie et les casques, depuis le XVIIIe siècle, les 
tenues de ville et de service qui retiennent nos regards. Ici il faut l'avouer, 
c'est du regret que nous éprouvons ; en effet, l'habit dans le passé était plus 
riche que celui qu'endossent aujourd'hui nos Sapeurs-Pompiers ; mais en y 
réfléchissant nous reconnaissons volontiers que sous leur modeste livrée nos 
Sapeurs de l'époque, grâce à leur matériel actuel, peuvent accomplir meilleure 
et plus utile besogne. Les tenues étrangères nous retiennent également.
 L'âme des ancêtres, la tradition de courage et de dévouement des aïeux, 
noblement gardée et pieusement suivie, flottent parmi ces riches et inestimables 
collections.
 Nous nous arrêtons enfin devant une vitrine dans laquelle, sous une palme d'or 
et un ancien drapeau, sont renfermées les coiffures des officiers et sapeurs 
morts au feu ; auprès sont leurs portraits, et à côté de l'un deux, un morceau 
de la poutre noircie qui a, dans sa chute, donné
 la mort.
 V. - Morts au feu C'est avec émotion que nous saluons la mémoire de tous ces braves, victimes de 
leur dévouement.La liste en est déjà longue, nous la parcourons :
 7 juillet 1627. - Incendie du Palais ducal
 BOURA Démange, manouvrier.
 N..., (Nom et profession inconnus).
 18 décembre 1652. - Incendie de maison à la Ville-Vieille
 POIROT Vauthier, de Ludres.
 1681. - Incendie des Hôtels de Salm et des Grandes-Ecuries
 DUPRÉ Claude, concierge du petit Hôtel de Salm.
 14 novembre 1858. - Incendie Dermier
 ROUX Louis-Auguste, sapeur.
 22 novembre 1859. - Incendie Ponel
 DROUIN Nicolas, sapeur.
 GEORGES Nicolas, sapeur.
 REDONNET Joseph, sapeur.
 13 septembre 1894
 COLLIGNON Alphonse, sous-lieutenant.
 1er janvier 1896. - Incendie de la Préfecture
 THIÉBAUT Joseph, sapeur.
 
 Après cette émouvante lecture, nous nous retirons étonné, enchanté de tout ce 
que nous avons vu et appris. C'est l'histoire tout entière du Corps des 
Sapeurs-Pompiers de Nancy que nous venons de parcourir. Nous avons assisté à ses 
débuts si modestes, nous l'avons suivi dans ses multiples et heureuses 
transformations, nous avons pu apprécier ce que notre population doit surtout à 
l'homme remarquable qui, en ce moment, a l'honneur de la diriger.
 Déjà le Gouvernement a récompensé le dévouement de celui qui a su placer nos 
Sapeurs au premier rang des Pompiers de France en le nommant chevalier de la 
Légion d'honneur.
 Puisse ce modeste travail lui assurer la reconnaissance de ceux de ses 
concitoyens qui, en nous lisant, apprendront à connaître tout ce qu'il a fait 
pour notre Cité ; nous en sommes certain, ce sera pour lui une récompense d'un 
autre genre, mais à laquelle il ne sera pas moins sensible qu'à la première.
 Et enfin, avant de clore cette étude, qu'il nous soit permis d'émettre un voeu : 
que bientôt, pour les récompenser, eux aussi, de tout leur dévouement, la Ville 
veuille bien remettre à ces bons citoyens l'étendart qui fut repris en 1884 à 
leurs prédécesseurs, il sera en de bonnes et fidèles mains.
 Nous n'en doutons point, ce jour-là ce sera grande fête chez nos Sapeurs; ils 
ont été si longtemps à la peine, qu'ils peuvent bien, un jour au moins, être à 
l'honneur et à la joie.
 
	
		|  Le Musée du Feu
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Ed. DOMBRAY |