Histoire des
ordres monastiques, religieux et militaires, et des
congrégations séculières de l’un & de l’autre sexe
Tome huitième : Sixième & dernière Partie, contenant
toutes les Congrégations Séculières de l’un & de l’autre
sexe & les Ordres Militaires & de Chevaleries qui ne
sont soûmis à aucune des Règles de Religion
Maximilien Bullot
Ed. Coignard, Paris, 1719
CHAPITRE LVI.
Des Chevaliers de l'Ordre du Levrier au Duché de Bar.
L'AN 1416. plusieurs
Seigneurs du Duché de Bar s'unirent ensemble & formerent
une Societé dont la marque étoit un Levrier aïant à son
col un collier où étoient écrits ces mots tout un,
qu'ils devoient porter. Ils promirent de s'aimer les uns
& les autres, de garder leur parole, de défendre celui
d’entre eux dont ils entendroient dire du mal de l'en
avertir. Tous les ans ils élisoient entre eux un Roi &
s'assembloient au mois de Novembre le jour de saint
Martin & au mois d' Avril le jour de saint Georges, & si
quelqu'un avoit fait quelque faute il en étoit repris
par le Roi & par cinq ou six autres de la Societé. Ils
devoient se trouver à ces Assemblées sur peine d'un marc
d'argent, à moins qu'ils n'eussent une excuse legitime.
Personne ne pouvoir être reçu dans la Compagnie que par
le Roi, & huit ou dix des plus distingués, & avec
l'agrément du Duc de Bar, qui promit de proteger &
d'aider ces Chevaliers de toutes ses forces. Si
quelqu'un faisoit tort ou causoit quelque dommage à l'un
de ces Chevaliers, celui qui avoir été offensé devoit en
demander justice au Duc de Bar, s'il étoit son sujet, &
s'il ne l'étoit pas, il devoit la demander à son
Seigneur naturel, avant que de venir aux voïes de fait ;
& en cas de refus, ils étoient obligés de prendre la
défense de celui qui avoit reçu du dommage ; comme il
est plus amplement specifié dans les Lettres de
l'établissement de cette Societé, dont voici la teneur.
A tous ceux: qui ces presentes Lettres verront. Nous
Thibaut de Blamont, Philbert Seigneur de Beffroymont,
Eustache de Conflans, Richard de Hermoises, Pierre de
Beffroymont Seigneur de Ruffin, Regnaut du Chastelet,
Evrard du Chatelet son fils, Mansart de Sus, Jean
seigneur d'Orne, Philippes de Noveroy ,Ovy de Lendes,
Jean de Laire, jean de Serocourt, Erlart d'Outenger,
Jean de Beffroymont Seigneur de Sontois, Jean de Maretz,
& Joffroy de Bassompiere Chevaliers, Jean Seigneur de
Rodemars, Robert de Sarrebruche Seigneur de Commercy,
Edoüard de Grandprey, Henry de Breul, Mery de la Vaux
Jeoffroy d'Aspremont, Jean des Hermoises, Robert des
Hermoises, Simon des Hermoises, Franque de Leuze, Aubry
de Boulanges, Henry Despeneaut, François de Xorbey, Jean
de Lou, Hugues de Mandres, Huart de Mandres, Philibert
de Doncourt, Jean de Sampigny, Colin de Sampigny, Arnoul
de Sampigny, Alardin de Monsey, Hanse de Neuclin, le
Grand Richard d'Aspremont, Thierry d'Annols, Thomas d'
Outanges, Jaquenin de Nicey, & Jaquenin de Villars
Escuyers. Salut, sçavoir faisons, que nous regardans &
desirans vivre en honneur & en paix, avons avisé que nos
ferons ensemble une Compagnie durant l'espace de cinq
ans entiers, commençans à la datte des presentes : C’est
à sçavoir que nous tous dessus nommez, avons juré aux
Saints Evangiles de Dieu, & sur nos honneurs, que nous
nous aimerons & porterons foy & loyauté les uns envers
les autres, & se nous sçavons le mal ou domage l'un de
l'autre, que nous le detourbérons à nos pouvoirs, & le
feront sçavoir les uns aux autres, ledit tems durant, &
cette presente alliance & Compagnie avons juré envers
tous & contre tous, excepté nos Seigneurs naturels & nos
amis charnels, & durera cinq ans entiers, comme dit est,
& se nul vouloit quelque chose demander & requerir, nous
en venrions à jour & à droit pardevant notre tres R.P.
en Dieu, notre tres redouté Seigneur le Cardinal Duc de
Bar, Marquis du Pont, Seigneur de Cassel, lequel
notredit Seigneur nous a promis loyaument en parole de
Principie de nous aider & conforter de toute sa
puissance & de son pays & de toutes les choses dessus,
envers & contre tous ceux qui à jour & à droit ne
vouldront venir là où il appartient droit par raison, &
ferons un Roi de cette Compagnie, qui durera un an
entier, & nous tous qui ferons de cette Compagnie
porterons un Levrier, qui aura en son col un collet,
auquel sera escript, Tout ung, & tous les ans tienront
deux journées, la premiere à la Saint Martin d'yver, &
l'autre à la saint Georges en Avril, pour sçavoir s'il y
aurait aucune faute en ladite Compagnie, & se aucune
faute il y avoit elle seroit amandée par le Roy & par
six des autres alliez, & convenra que chacun soit aux
dites journées, sous paine de payer un marc d'argent
auxquelles journées on devroit envoyer se on avoit
excusation, soy excuser & payer sa part des dépens, & se
tenra la premiere journée à saint Michel, & ne peut on
mettre aucun en cette Compagnie que ce ne soit par
l'ordonnance de mondit seigneur, par le Roi d' icelle,
ensemble huit ou dix des plus grands d'icelle, lesquels
seront nommez es Lettres de celuy qui sera commis pour
sçavoir ceux qu’ils auroient élu. Et se aucun faisoit
tort ou domage à l’un de cette Compagnie, il devroit
requérir notredit Seigneur qu'il l'eut à jour & a droit
s'il estoit son sujet, & s'il n'estoit son sujet, devra
requerir le Seigneur de qu'il seroit sujet qu'il l'eut à
jour & à droit devant que on fit oeuvre de fait, & en
cas de refus, notredit Seigneur devroit aider la
Compagnie jusques à droit. Et nous tous serons tenus de
servir à nos depens celui à qui on feroit domage, qui
ainsi auroit requis tant que le pays du Duche de Bar &
Marquisat du Pont durant & pour le tems avenir : car se
paravent la datte des presentes, ou paravent ce que
aucun fut mis de cette Compagnie aucune guerre estoit
commencée, nous ne serons point tenus d'en aider l'un
l'autre, comme dit est par la maniere qui s'ensuit,
C'est à sçavoir un Banneret à trois hommes d'armes, un
simple chevalier à deux, un Escuyer à ung, huit jours
après que celui à qui on feroit domage, l'auroit fait
sçavoir au Roy de cette Compagnie, & que ledit Roi en
auroit requis, & se plus grand force y convenoit ou se
devrait renforcer au regard du Roy & de six de ladite
Compagnie, & toutes ces dites alliances, nous tous avons
faites & passées par le consentement dudit Seigneur & en
sa presence, & iceluy notredit Seigneur nous a promis
que se nous avions debat les uns aux autres de nous oir
& garder le droit de chacune partie sans longs procès,
comme bon Seigneur doit faire à ses sujets, & nous lui
devons garder son bien, Etat & honneur & proffit de
toutes nos puissances, comme bons vassaux doivent faire
à leurs bons Seigneurs, sans feintise ne entrepos aucun,
& ne pourra aucun de cette Compagnie prendre ne accepter
aucune autre Compagnie ou alliance au prejudice de cette
Compagnie icelle durant, sinon par la volonté &
consentement de notredit Seigneur. En temoing de ce nous
tous avons mis nos seels à ces presentes, & avons
supplié & requis notre dit Seigneur que pour plus grande
approbation de cette Luy plut mettre son scel à ces
presentes. Et nous Loys par la grace de Dieu Cardinal
Duc de Bar, Marquis de Pont, Seigneur de Cassel, à la
requeste des dessus nommez, avons fait mettre nostre
scel à ces presentes. Donné à Bar le derrain jour de May
l'an 1416.
Communiqué par M. de Clerambaut.
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