Félicien Jean Baptiste Emile SIMON, né à Gérardmer le 23 août
1892, est brigadier au 1er escadron du 4ème régiment de chasseurs à
cheval (caserné à Epinal).
Le récit de sa mort à Blâmont le 5 août 1914 figure
dans le Journal de Marches et Opérations du 20ème
bataillon de chasseurs à pieds, auprès duquel il avait
été mis à disposition ce jour là. |
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Courrier de Félicien Jean Baptiste SIMON, du 4 août
1914 :
« Nous sommes aux avant-postes, où nous avons passé la nuit du 2 au 3. L'on s'attendait à une attaque imminente de la part de ces mangeurs de choucroute, mais ils n'osent pas s'y frotter, car tous les bataillons de chasseurs à pied sont là, et ils en ont extrêmement peur, d'après les dires des Alsaciens qui viennent pour servir sous le drapeau français, ils sont étonnés de voir avec quelle rapidité s'est faite la mobilisation.
L'on se sent fier d'appartenir à une telle nation qui, au moins, n'a pas flanché. C'est qu'on est sûr de sa force. C'est avec un grand espoir de rendre l'Alsace et la Lorraine à la France, et être tranquilles pour quelques années, car si l'on n'y va pas cette année, ce sera pour plus tard, et peut-être dans de moins bonnes conditions qu'aujourd'hui. Après tout, si l'on y va, c'est avec le grand espoir de vaincre.
Je dois partir dans quelques heures aux avant-postes.
Votre fils qui vous aime et qui vous engage à ne pas vous faire plus de bile qu'il ne s'en fait lui-même.
Gardez cette lettre, ce sera toujours un souvenir pour moi. »
JMO du 20ème Bataillon de chasseurs à pieds
« 5 août 1914. - Compte rendu du capitaine Davignon Commandant la 1re compagnie du 20e Bataillon de Chasseurs à Pied détaché au Clair Bois et qui disposait de 2 cavaliers du peloton
Jacotin, Escadron Montmarin, du 4ème chasseur à cheval. Le brigadier Simon, placé en vedette vers le bois de Trion vient d'être tué : transporté à Blâmont ; un paysan, de barbas, a eu le bras traversé d'un coup de lance. Un chasseur à cheval, qui accompagnait le Brigadier est blessé. Transporté à Blâmont. Le Brigadier était en train d'observer à la jumelle quand 3 uhlans sont apparus. Le brigadier s'est retiré vers le pont de Barbas a été blessé ainsi que le chasseur. ils ont cependant continué leur route, les uhlans sont arrivés et ont achevé le Brigadier ; le chasseur a cheval a tiré, a tué le cheval d'un uhlan qui s'est relevé. Le uhlan est parti emmené par ses camarades, laissant en notre possession son sabre, son cheval, qui avait été tué. Une patrouille immédiatement envoyée m'a confirmé ce renseignement. Les uhlans se sont retirés dans le bois de Blâmont. Le détachement envoyé à Blâmont pour prendre la vedette blessée ce matin, l'a ramenée ainsi qu'un chevau-léger bavarois blessé qui a été dirigé sur l'arrière pour être interrogé. Au moment où le détachement sortait de Blâmont pour revenir, une vingtaine de cavaliers ennemis s'y présentaient probablement pour enlever les 2 blessés. S'étant rendu compte de la présence des chasseurs à Pied, ils rétrogradèrent sans que le feu puisse être ouvert. Le chasseur à cheval
Godart, blessé en vedette, ne paraissait pas très gravement atteint.
Le brigadier Simon, tué, a été inhumé à Blâmont ; blessé mortellement,
il est un fait acquis que les cavaliers ennemis s'approchèrent de lui et lui tirèrent 2 coups de carabine dans la tête.
»
JMO du 4ème régiment de chasseurs
« 4 août 1914 - Le 1er escadron, cantonné à Nonhigny, envoie à 3 h,
le S.
Lieutt Roze en reconnaissance sur Domèvre, et à midi une reconnaissance sur Frémonville. A 14 h le capitaine avec la peloton Armand,
reconnaît Domèvre-Blâmont. Rien dans ces 3 villages ; quelques chevau-légers bavarois sont passés quelques instants avant. Les patrouilles envoyées sur Repaix, [...], Frémonville apprennent que l'ennemi à repassé la frontière.
Le soir, tous les détachements et patrouilles sont rentrés, l'escadron cantonne à Nonhigny
[...]
5 août 1914. A 11 h 30 le Lieutt Arnaud, du 1er Escadron part avec 10 cavaliers en reconnaissance sur Blâmont et rentre à 17 h.
Etat des pertes éprouvées le 5 août 1914
Chevaux |
Noms |
Prénoms |
Grade |
Lieu de naissance |
Observations |
1 |
Simon |
Félicien |
Bier |
Gérardmer |
Tué le 5 août 1914 devant Blâmont |
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Godart |
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Blessé devant Blâmont (patrouille
Bier Simon) |
»
Les Archives de la Grande Guerre - avril 1921
« DE BACCARAT A SOMPUIS avec la 25e Brigade
(31 Juillet, 11 Septembre 1914.)
Mercredi 5 août. - [...] Comme il nous était interdit d'approcher de la
frontière à moins de dix kilomètres, les uhlans se sont enhardis
de jour en jour ; d'abord des reconnaissances au poteau- frontière, puis, un timide franchissement de patrouilles ;
depuis hier, ce sont des pelotons entiers qui circulent à peu près impunément sur notre territoire. Ce matin, ils
nous ont tué lé brigadier Simon, du 4e chasseurs à cheval de Baccarat, qui a été surpris pendant qu'il observait à
la jumelle, près de Blamont ; le cavalier qui était avec lui a été blessé. C'est notre première victime. En face de
nous, jusqu'à présent, il n'y a pas d'offensive bien marquée mais les Allemands ont pris toutes leurs précautions
pour nous empêcher de déboucher, routes barrées, abattis, fils de fer. Un de leurs avions a passé très haut dans la
matinée, se dirigeant vers Baccarat et Raon-l'Etape ; un des nôtres est également venu une heure plus tard
allant vers le N.-E.
»
Lettre du capitaine de Montmarin, du 18 septembre
1914 :
« J'ai le triste devoir de vous confirmer la triste nouvelle, si cruelle pour vous, que le commandant du dépôt du régiment a dû, conformément au règlement militaire, vous faire connaître officiellement.
La mort de votre pauvre fils a été un deuil cruel pour tous les officiers et cavaliers de l'escadron qui avaient eu le temps d'apprécier toutes ses qualités et savaient quels services il était capable de rendre en campagne.
Nommé brigadier, dès le début de la guerre, il avait été détaché auprès d'une compagnie du 20ème bataillon de chasseurs, commandée par le capitaine
Davignon. C'est en remplissant tout son devoir de soldat qu'il a trouvé la mort. La veille même, je l'avais cité à l'ordre pour son courage et l'initiative qu'il avait su prendre.
Son corps, relevé par nos soins, repose dans le cimetière de Blâmont.
Puissent les circonstances héroïques dans lesquelles votre fils est tombé au champ d'honneur, être un adoucissement à votre douleur. Je tiens, en tout cas, à vous présenter les condoléances de tous ceux qui, au régiment, l'avaient connu et apprécié.
Votre fils a été à l'escadron la première victime de cette guerre si douloureuse qui devait, hélas ! frapper cruellement dans nos rangs. »
Pour un autre récit de la mort de
Félicien Simon, voir Est-Républicain - 31
janvier 1915 - De Blâmont à Holzmiden
Maurice Marie Ernest Bracquemond, né à Orléans le 7 mars 1892,
tué à Blâmont le 8 août 1914, était soldat de 2de classe au 17ème bataillon de chasseurs alpins.
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Le JMO du 17ème BC signale pour la journée du 8 août :
« 17 h 30. Le receveur des Postes à Blâmont télégraphie à 4 h 30 qu'une patrouille de uhlans vient de traverser Blâmont. Le Lt de la 4ème Cie d'accord avec M. le Lt Chevron a envoyé
en reconnaissance 3 escouades commandées par le st Major. J'avais une escouade à Blâmont commandée par M. le Lt Miclot reconnaître Blâmont. Est-il occupé, y-a-t-il de
l'Infie ? en plus des chasseurs un peloton de cuirassiers et 3 cyclistes doit être à Blâmont à 17 h. Un cavalier vient me signaler un escadron (douteux) venant des bois de Verdenal allant vers Domèvre. »
Et dans les annexes :
« 18 h. Renseignements. Lt Chevron :
Reconnaissance sur Blâmont - Attaque de patrouille de Uhlans - 1 Uhlan tué
- 1 cycliste du bataillon (Chr. Bracquemont) tombe.
»
Rédaction :
Thierry Meurant |
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