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Picards en Lorraine - XVIIème siècle

Dés 1663 on note la présence de colons originaires de Picardie et du Vermandois, en particulier autour de Dieuze et Lorquin. L'intendant français Marc-Antoine Turgot évoque en 1697 l'exemption fiscale de douze années «  ce qui attira de nombreux Picards du Laonnais, du Soissonnais et du Valois, lesquels étant laborieux se sont retirés en ces pays-ci où ils forment des commencements de villages et agrandissent leurs bans dans les bois par défrichements ».

On voit ainsi que les terres lorraines, issues d'un duché très circonscrit, sont néanmoins agitées au cours des XVIIème et XVIIIème siècles par des mouvements de population, tant en immigration qu'en émigration (voir aussi Colons lorrains en Autriche - 1762-1773)



MADAME DE GRAFIGNY (1695-1758)
G. NOËL - 1913

Le grand-oncle de Mme de Grafigny, Callot, «  noble lorrain » et graveur immortel, en dessinant vers 1630 ses images fines et sèches de gueux et de soldats, avait illustré d'avance soixante-dix ans de l'histoire de Lorraine.
Pendant trois quarts de siècles, sur le sol piétiné, dévasté du malheureux duché, on ne vit guère autre chose que des soldats et des gueux. Et comme fond du tableau, des villes pillées, des châteaux éventrés, des chaumières brûlées, des champs retournés en landes, des forêts saccagées. On pourrait écrire en quatre mots l'histoire du pauvre petit pays pendant cette dure période : misère, désolation, ruine, mort.
«  Il ne restait plus, en plusieurs terres, que des broussailles au milieu desquelles paraissaient des masures et les restes des anciens villages (1). »
Pour empêcher cette terre de mourir tout à fait, quand le calme fut revenu, il fallut importer des paysans, comme on lâche du gibier sur un terroir dévasté par le braconnage. Près de Blâmont, on en fit venir de Picardie, ce détail resté dans les traditions locales entre mille autres pareils que l'on pourrait dire (2).
Vers la fin du siècle, aux environs de 1695, la charge écrasante et continuelle du logement des
troupes françaises achevait de consommer ce que les violences de la guerre n'avaient pas détruit : car ces malheureux, qui n'avaient plus rien pour eux-mêmes, devaient encore nourrir les soldats du roi de France établis sur leur pays.
Le duc Charles V de Lorraine, ayant attaché sa fortune à celle de son beau-frère l'Empereur, avait vu
ses États occupés par Louis XIV. Il était mort général impérial, dépouillé de son duché. Son fils Léopold vivait à Innsbrück dans les États de son oncle, entouré de quelques gentilshommes fidèles, mais à peu près sans ressources.

(1) D'AUDIFFRET, «  Mémoire sur le Duché de Lorraine par M. d'Audiffret cy-devant envoyé extraordinaire du Roy aux cours de Mantoue, de Parme et de Modène et à celle de Lorraine », mémoire conservé à la bibliothèque de Nancy. Jean-Baptiste d'Audiffret (1657-1733), géographe et diplomate, observateur fidèle et abondant, a étudié la cour et le peuple de Lorraine de 1703 à 1733. Il mourut à Nancy en 1733. Le résultat de sa surveillance politique est conservé, sous forme de dépêches, aux dossiers des Archives du ministère des Affaires étrangères. Dans le mémoire dont il vient d'être parlé, il résume ses connaissances et ses jugements sur la Lorraine et son peuple.
M. d'HAUSSONNViLLE, dans son Histoire de la Réunion de la Lorraine (4eme vol.), a fait de larges et fréquents emprunts aux dépêches diplomatiques de M. d'Audiffret ainsi qu'à son mémoire.
(2) D'Audiffret le dit aussi, en parlant du relèvement qui eut lieu par les
soins du duc Léopold : «  C'est à quoi a beaucoup contribué un grand nombre de sujets du Roy (de France) de diverses provinces et particulièrement de Picardie qui vinrent s'y établir. »
 


Histoire de Lorraine (duché de Lorraine, duché de Bar, Trois-Évêchés). II. De 1552 à 1789
Robert Parisot, Robert (1860-1930)
Ed. 1919-1924

[T. II p. 90]
Comme la France eut à soutenir deux grandes guerres pendant cette période, les habitants des duchés durent payer des contributions en argent, supporter des réquisitions, le logement des gens de guerre, sans parler des violences qui accompagnaient toujours à cette époque les passages de troupes. Ajoutons qu'en 1672, puis en 1679, le gouvernement français prit des mesures de rigueur contre les Lorrains qui avaient quitté le pays pour aller combattre sous les ordres de leur souverain légitime. Pourtant le roi de France s'occupa de repeupler le pays ; il fit venir dans les régions de la Seille et de la Sarre, qu'avait ruinées la guerre de Trente ans, des colons de la Picardie et du Vermandois.

[T. II p. 139]
La guerre de Trente ans réduisit de moitié, peut-être des trois quarts, la population des duchés. Il y eut un relèvement à la fin du XVIIe siècle, dû en partie à l'arrivée, durant la seconde occupation française, de colons venus de la Picardie, du Vermandois et de l'Auvergne. Le nombre des habitants alla sans cesse croissant au XVIIIe siècle.
Les duchés auraient compté 400.000 habitants en 1711, 760.000 en 1737, mais Andreu de Bilistein ne leur en accorde qu'environ 600.000 en 1762. En 1778 Necker évalue le nombre des habitants de la Lorraine et du Barrais à 834.000, en 1781 elle est estimée être de 1 846.218 âmes ; M. de Pommelles attribue aux duchés 923.000 habitants au moment de là Révolution. Aucune de ces évaluations ne repose sur un recensement exact de la population.

[T. II. p. 262]
Pendant la guerre de Trente ans, beaucoup de villages de langue allemande, situés entre la Seille, la Nied et la Sarre perdirent tous leurs habitants. Ceux qui ne furent pas massacrés périrent soit de la peste, soit de la famine, ou bien allèrent chercher ailleurs un refuge. Durant la seconde occupation française, le gouvernement de Louis XIV fit venir, pour repeupler ces localités désertes, des colons de la Picardie, du Vermandois et d'autres provinces du royaume. Ces nouveaux habitants ne parlaient que le français, et leurs descendants gardèrent la langue de leurs ancêtres ; c'est ainsi que, jusqu'en 1870, le français demeura seul en usage dans des villages, dont le nom; germanique rappelait que jadis ils avaient été occupés par une population de langue allemande.
 
 

  

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