Revue d'histoire de
l'Église de France
Année 1940 - Volume 26 - Numéro 110
M. LE CHANOINE PAUL FIEL
La mort du chanoine Paul
Fiel, survenue le 31 décembre 1939, prive notre Revue d'un
excellent collaborateur en même temps qu'elle enlève au groupe
si dense et si érudit des historiens de la Lorraine un de ses
représentants les plus qualifiés.
Lorrain en effet, le chanoine Paul Fiel l'était par ses
origines, étant né à Ancerviller en Meurthe-et-Moselle en 1879
et toute sa vie devait s'écouler au coeur même de la Lorraine, à
Pont-à-Mousson d'abord, où il fut élevé au petit séminaire
(1893-1896), puis à Nancy : c'est au grand séminaire de cette
ville qu'il reçut l'enseignement et la formation solides que
donnaient alors les abbés Vacant et Mangenot, Mgr Jérome et Mgr
Ruch.
Sorti du grand séminaire comme diacre en 1902, il rejoint à Rome
son cousin le cardinal Mathieu; il se révèle alois un esprit
curieux, s'intéresse aux recherches historiques et se crée de
multiples relations qu'il garde toute sa vie fidèlement : car il
ne se passa guère d'années que le chanoine Fiel ne retourne
faire à Rome un séjour de quelques semaines. Peut-être s'y
serait-il fixé s'il n'avait été rappelé par Mgr Turinaz qui le
nomme vicaire à la cathédrale Saint-Georges de Nancy et aumônier
de l'école professionnelle, titre qu'il devait garder jusqu'à
sa mort et qui devait lui permettre d'exercer autour de lui,
durant de longues années, une influence toujours grandissante.
Après la Grande guerre, le chanoine Fiel devient l'auxiliaire
dévoué de Mgr Thouvenin qui avait été chargé de la
reconstruction
des églises dévastées du diocèse. Celle d'Ancerviller était de
leur nombre : le chanoine Fiel s'attacha plus particulièrement à
sa restauration, il obtint que le nonce présidât sa consécration
et c'est dans cette église de son village natal qu'il repose
maintenant.
Les nombreuses études que le chanoine Fiel nous a laissées
reflètent ses origines lorraines et l'attachement qu'il avait
gardé pour l'Italie. Il publie en 1913, en collaboration avec
Auguste Serrière, un gros ouvrage Apostolat d'un prêtre lorrain,
l'abbé Oster; Gustave III et la rentrée du catholicisme en
Suède, en même temps qu'une étude sur le Chapitre de Saint-Jean
de Latran, seigneur en Guyenne. Il collabore régulièrement à la
Revue historique de la Lorraine et au Pays lorrain, où il donne,
de 1935 à 1936, des articles sur Nicolas Cordier, sculpteur
lorrain à Rome, et sur Monseigneur Thouvenin et la bataille de
Sainte-Geneviève de Nancy. Il publie en 1933 des Lettres
inédites de Mgr Perraud à l'occasion de son élévation au
cardinalat et retrace les Infortunes de Joseph Dumesnil, évêque
de Volterra, dans les Mémoires de l'Académie de Stanislas
(1934). Il avait tout récemment donné à notre Revue un article
particulièrement documenté sur le Vicaire général Birot et la
question des nominations épiscopales (octobre-décembre 1939, p.
473-490).
Le chanoine Paul Fiel était chevalier de la Légion d'honneur,
associé correspondant de l'Académie de Stanislas depuis le 21
novembre 1932, il avait été élu membre titulaire de la même
Académie le 15 mars 1933.
Michel François. |